- Le Dormeur du val met en scène un jeune soldat qui semble dormir paisiblement dans un décor naturel magnifique.
- Le poème crée un contraste fort entre la nature vivante et la pâleur du corps immobile du garçon.
- Le dernier vers révèle la terrible réalité : le soldat est mort, ce qui dénonce l’horreur de la guerre.
Pourquoi Le Dormeur du val fait partie des grands classiques de la poésie française ? On te le fait découvrir dans cette fiche de lecture. Éloge de la nature, poème engagé et lyrique ou histoire d’un soldat mort, on te parle en détail de ce chef-d’œuvre de la poésie !
| Fiche d’identité 🔎 | |
|---|---|
| Titre | Le Dormeur du Val |
| Écrivain | Arthur Rimbaud |
| Date de publication | 1870 |
| Genre | Poésie |
| Registre | Lyrique |
Présentation générale du Dormeur du val
La naissance du Dormeur du val
Si tu ne connais pas encore Le Dormeur du val, hâte-toi de le lire ! Ce sonnet écrit en alexandrins est le second poème du Cahier de Douai, aussi appelé Recueil Demeny, de Rimbaud.
Le contexte d’écriture ✒️
Le Dormeur du val a été composé alors que Rimbaud n’avait que 16 ans. Marqué par l’horreur de la guerre, l’adolescent a voulu exprimer son indignation concernant l’effroyable conflit franco-prussien de 1870.
Après avoir fugué de chez lui, il a conçu ce chef-d’œuvre poétique. Comme la bataille de Sedan a eu lieu à moins de 20 kilomètres de sa maison située à Charleville (Ardennes), les écrivains modernes pensent qu’il s’est inspiré de cet événement pour écrire ses vers.
La forme du Dormeur du val
Le Dormeur du val est un sonnet, soit un poème de quatorze vers, composé de deux quatrains et de deux tercets.
👉 Un quatrain = 4 vers
👉 Un tercet = 3 vers
L’œuvre de Rimbaud présente différents types de rimes, ce qui nous montre que l’écrivain était un génie de la versification malgré son jeune âge.
| Nom des rimes | Schéma | Vers | Exemple |
|---|---|---|---|
| Croisées | ABAB | 1 à 8 | ère / ons / ère / ons |
| Plates | EE | 9 et 10 | omme / omme |
| Embrassées | FGGF | 11 à 14 | roid / rine / rine / roit |
💡 Le savais-tu ?
On voit souvent cette disposition de rimes dans Les Fleurs du mal (1857) de Charles Baudelaire. Ce n’est pas rien de comparer les schémas du Dormeur du val à ceux d’un poème aussi célèbre, tu ne trouves pas ?
Résumé général
Rimbaud dépeint la fin d’un soldat allongé (ou d’un déserteur exécuté). Le début du poème met en lumière une nature apaisante et l’autre moitié se focalise sur le jeune combattant.
Le contraste entre le cadre lyrique et la mort glaçante est évocateur de la colère de l’auteur et du contexte de guerre dans lequel il inscrit son œuvre.
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Analyse détaillée ✍️
Un cadre idyllique et vivace
Dans le poème, la nature est omniprésente, bienfaisante et harmonieuse. Elle réunit tous les éléments naturels possibles :
- « verdure » (v. 1)
- « rivière » (v. 1)
- « montagne » (v. 3)
- « rayons » (v. 4)
En dotant la nature de sentiments humains, Rimbaud lui apporte de la vivacité. Elle est par exemple maternelle envers le combattant : « berce-le » (v. 11).
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Elle paraît également vivante grâce aux verbes d’action utilisés : « chante » (v. 1), « accrochant » (v. 2) et « mousse » (v. 4) qui personnifient la « rivière », la « montagne » et le « val » (v. 4). L’adverbe d’intensité « follement » (v. 2) accentue, quant à lui, cette idée de nature foisonnante.
👉 En observant le premier quatrain, on remarque aussi l’utilisation de rejets. Ils donnent l’impression que l’on allonge les vers et apportent un nouvel effet de mouvement.
↪️ Exemple
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
👉 Ici, deux groupes syntaxiques débordent sur les vers suivants et rythment le poème.
Un poème synesthésique
En plus d’avoir l’air vivante, la nature sollicite quatre de nos sens. Les descriptions qui sont faites traduisent une expérience synesthésique. En poésie, c’est un procédé artistique qui fait appel à nos sens pour nous aider à visualiser des images.
- La vue : la nature est lumineuse et colorée
La lumière est présentée à travers les termes « soleil » (v. 3), « Luit » (v. 4), « rayons » (v. 4) et « lumière » (v. 8). Les adjectifs de couleurs comme « bleu » (v. 6), « vert » (v. 8) ou encore « pâle » (v. 8) complètent la description.
⚠️ Remarque
Le terme « glaïeuls » (v. 9) renvoie aussi aux couleurs puisque ce sont des fleurs vives. Dans ce poème, on peut interpréter qu’elles décorent le cadavre d’un combattant allongé sur son lit de mort verdoyant.
- L’odorat : « narine » (v. 12) et « parfums » (v. 12)
- Le toucher : « les pieds dans les glaïeuls » (v. 9) et « la nuque baignant dans le frais cresson » (v. 6) renvoient à la sensation de fraîcheur et au liquide
L’expression du toucher passe aussi par les positions : « dans son lit vert » (v. 8), « étendu » (v. 7), « la main sur la poitrine » (v. 13).
- L’ouïe : la nature « chante » (v. 1). La nature vivace et bienveillante comme si elle chantait une berceuse au combattant.
Une tranquillité ambiguë
D’emblée, on sait que l’homme est allongé et est comparé à un « dormeur » comme le suggère le titre. Son apparence nous donne le sentiment qu’il est à l’aise et fait une sieste sans casque ni képi militaire.
👉 Le champ lexical du sommeil contribue à la création d’une atmosphère paisible dans Le Dormeur du val : « bouche ouverte » (v. 5), « étendu » (v. 7), « souriant » (v. 9), « dort » (v. 9), « tranquille » (v. 14). On a une impression de torpeur, voire de léthargie.
À première vue, « la Nature » (v. 11) se change même en allégorie maternelle qui protège le combattant et fait preuve de douceur. La périphrase « trou de verdure » (v. 1) laisse penser que le garçon a trouvé une sorte de refuge où se reposer.
⚠️ La tranquillité qu’inspire le personnage est ambiguë. Bien que la nature semble accueillante, le soldat occupe une étrange place. Il est aux antipodes du cadre animé et flamboyant qui l’entoure puisqu’il est, lui, blême et immobile !
Une tension dramatique progressive
Le Dormeur du val met progressivement en avant le soldat. Au début, on a une présentation du cadre idyllique avant d’évoquer un garçon.
👉 Petit à petit, on sait qu’il est « pâle » et qu’il « dort » en « souriant » avant d’avoir une précision bouleversante : « Il a deux trous rouges au côté droit » (v. 14) 🕳️
Ce n’est qu’au dernier vers que la mort du combattant se confirme… L’indication n’est pas précise quant aux causes du décès mais elle a le mérite d’être claire : le dormeur porte les marques d’une baïonnette ou d’un fusil.
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L’arme à feu semble le plus plausible puisqu’elle ferait écho au « trou de verdure » du premier vers. Le refuge serait en fait un tombeau, les glaïeuls les offrandes du deuil et la chanson de la nature une sorte de chant mortuaire.
Là où Rimbaud est un vrai génie, c’est qu’il prépare le lecteur à la tragique réalité. Des expressions comme « Les parfums ne font pas frissonner sa narine » indiquent l’aspect funèbre de l’événement. Il n’y a plus de réactions sensorielles dans Le Dormeur du val.
👉 De même, la description du corps montre que le garçon n’est pas ensommeillé mais bel et bien mort : « il a froid » (v. 11) et il est comme un « pâle » « enfant malade » (v. 10).
Autre élément qui nous met la puce à l’oreille : le mot « Tranquille » qui est fortement accentué par un rejet poétique au début du dernier vers. Rimbaud cherchait à le mettre en valeur. Dans la même idée, l’allitération en « r » du vers 14 ne suggère pas un ronflement, mais le râle d’un mourant.
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Les thèmes principaux du Dormeur du val
La nature
Dans Le Dormeur du val, la nature est au centre du poème. Rimbaud en fait un personnage à part entière. L’eau, la verdure et la lumière se combinent pour composer une scène d’une harmonie presque pastorale. Cette abondance d’images naturelles instaure d’abord une impression de calme et de beauté. Pourtant, cette nature apparemment paisible abrite un drame. Ce contraste entre la sérénité du cadre et la tragédie qu’il dissimule donne au poème toute sa force émotionnelle. La nature, protectrice et bienveillante en apparence, se révèle finalement le tombeau du soldat.
La guerre
Bien que le mot « guerre » n’apparaisse jamais, le texte en porte les marques. Le soldat étendu dans l’herbe témoigne de la violence du conflit franco-prussien. Par le biais d’une description poétique, Rimbaud transforme le champ de bataille en un paysage idyllique pour mieux dénoncer l’absurdité de la guerre sans en prononcer le nom. La beauté des vers accentue encore la brutalité de la révélation finale, sous la douceur de la nature se cache la mort d’un jeune homme, victime d’un affrontement qui le dépasse.
Le contexte dans lequel Rimbaud a écrit ce texte ne laisse d’ailleurs plus de place au doute : on assiste à la fin d’un combattant dans la fleur de l’âge, comme le montre la comparaison à un enfant.
- La vie et la mort 🏁
Le contraste entre la réalité et les espoirs du lecteur apparaît cruel. On apprend seulement explicitement au dernier vers que le combattant est mort. Le « trou de verdure » (v. 1) et les « trous rouges » (v. 14) expriment cette opposition entre la vie et la mort.
Le fait que le personnage semble dormir durant presque tout le poème crée une incompréhension. On a envie de lire, relire et re-relire encore le poème pour être certain d’avoir bien tout compris 😵💫
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Qui est Rimbaud ? 🧒
L’un des poètes préférés des Français est né le 20 octobre 1854 à Charleville ! Si tu viens de Marseille, manifeste-toi dans les commentaires, puisque Rimbaud est mort le 10 novembre 1891 dans cette ville.
Ce que l’on retient souvent de cet écrivain, c’est qu’il était un génie dans son domaine. Dès ses 15 ans, Rimbaud commence à faire de la poésie et se met à développer sa propre originalité en s’inspirant de grands auteurs comme Charles Baudelaire, Victor Hugo ou encore Théodore de Banville.
En cherchant à se défaire peu à peu de ses influences, il développe une nouvelle approche du métier de poète. Selon lui, il doit se faire « voyant », soit décrire l’inconnu en allant au-delà des perceptions humaines ordinaires.
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.
Arthur Rimbaud
Poète
Vers l’âge de 20 ans, il renonce subitement à la littérature pour apprendre d’autres langues et partir à l’aventure. Quand on sait qu’il a fait sa première fugue pour Paris à 16 ans, ça n’a rien d’étonnant.
Le voyage de cet explorateur le mène jusqu’aux bras de Paul Verlaine, auteur avec qui il échange quelques lettres. Séduit par la plume du garçon, Verlaine l’invite en 1871 à le rejoindre à Paris. Rimbaud, pressé de quitter Charleville, accepte sans réfléchir et fait ses valises. Direction la Ville Lumière ! 🔦
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
Arthur Rimbaud
Poète
Le courant passe si bien entre eux qu’en 1872, Verlaine quitte sa femme et part avec Rimbaud à Bruxelles. Leur relation, marquée par de fortes tensions, culmine en juillet 1873 lorsque Verlaine, sous l’emprise de l’alcool, tire sur Rimbaud et le blesse légèrement. Il est arrêté et condamné à deux ans de prison.
Rimbaud mourra à seulement 37 ans d’un ostéosarcome (une tumeur prenant naissance dans l’os) du genou. L’écrivain devenu explorateur et commerçant laissera derrière lui près de 180 lettres, des descriptions géographiques et des poèmes.
↪️ Petite liste
- Les Étrennes des orphelins (1869)
- Le Rêve de Bismarck, écrit sous le pseudonyme Jean Baudry (1870)
- Le Bateau ivre (1871)
- Le cœur supplicié (1871)
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Quiz récapitulatif 💫
Envie de dormir avec le dormeur du val ? 😪
Maintenant que Le Dormeur du val n’a plus de secrets pour toi, tu vas pouvoir rendre à ton professeur un commentaire littéraire extra ! On espère que notre fiche de lecture t’a aidé à mieux comprendre le génie de Rimbaud et ce que son œuvre a de si palpitant.
FAQ ✅
Quel est le thème principal du poème Le Dormeur du val ?
Le thème principal du poème Le Dormeur du val est la tragédie de la guerre, suggérée avec pudeur par Arthur Rimbaud. Le poète décrit d’abord une nature lumineuse et paisible avant de révéler, à la fin du texte, la mort d’un jeune soldat. Sans jamais nommer le conflit, Rimbaud met en évidence l’absurdité de la guerre à travers le contraste entre la beauté du paysage et la brutalité de la mort. Le poème n’est pas une dénonciation directe, mais une évocation poignante de la jeunesse sacrifiée.
Quels sont les 2 champs lexicaux principaux dans Le Dormeur du val ?
Deux champs lexicaux dominent le poème : celui de la nature et celui de la mort.
Le champ lexical de la nature apparaît dès le premier vers, avec des termes comme « verdure », « rivière », « herbe », « soleil » ou « mousse », qui évoquent la vie et la douceur. En parallèle, le champ lexical de la mort s’insinue progressivement : des mots comme « dort », « froid » ou « deux trous rouges au côté droit » annoncent discrètement la fin tragique du soldat. Cette coexistence renforce l’opposition entre la vie et la mort, cœur du poème.
Quelles sont les figures de style dans le poème Le dormeur du val ?
Rimbaud emploie de nombreuses figures de style pour renforcer le contraste entre la beauté du décor et la mort du soldat.
La métaphore apparaît dès le premier vers avec « un trou de verdure », qui transforme la vallée en un refuge naturel.
L’euphémisme (« il dort ») adoucit la réalité de la mort et crée un effet de surprise au dernier vers.
Enfin, l’antithèse structure tout le poème : la lumière, la vie et la nature s’opposent à l’obscurité, au sang et au silence de la mort. Ces procédés donnent au texte sa force émotionnelle et son ambiguïté poétique.
De quoi parle vraiment le poème Le Dormeur du val ?
Le poème décrit un jeune soldat qui dort dans un décor naturel paisible. Arthur Rimbaud crée un contraste fort entre la beauté de la nature et la violence de la guerre. La chute finale révèle la mort du soldat, une victime du conflit franco-prussien de 1870.
Pourquoi Arthur Rimbaud a-t-il écrit ce poème ?
Arthur Rimbaud écrit ce poème en 1870, à seulement 16 ans. L’adolescent vit près de la bataille de Sedan et subit l’horreur de la guerre franco-prussienne. Il compose ce sonnet pour exprimer son indignation face à la brutalité du conflit.
Quelle est l’image la plus forte du Dormeur du val ?
Le poème oppose deux images pour créer un effet de surprise. Il débute sur un « trou de verdure », un refuge naturel plein de vie. Il se termine avec la vision de la blessure mortelle du soldat : « deux trous rouges au côté droit ».
Comment la nature est-elle représentée dans le poème ?
La nature est pleine de vie, presque un personnage. Elle est décrite comme une mère qui protège le soldat avec douceur, comme le montre le vers « berce-le ». Cette représentation harmonieuse et sensorielle renforce le choc de la découverte finale de la mort.
