Tu viens d’ouvrir ton livre de cours et stupeur, tu ne te souviens plus de ce qu’est une tonalité littéraire. Pire encore, il en existe plusieurs ! Entre registres littéraires, tonalités ou tons, tu ne sais plus où donner de la tête ? Pas de panique, tu es au bon endroit. Dans cet article, on va plonger ensemble dans l’univers des tonalités littéraires pour en comprendre les subtilités, et surtout, te permettre de les repérer et de les utiliser dans tes propres rédactions. 🌟🔍
Qu’est-ce qu’une tonalité littéraire ? ✍️
Avant tout, qu’est-ce qu’une tonalité littéraire ? Pour te présenter les choses simplement, la tonalité littéraire, quelle qu’elle soit, est l’élément clé qui permet de produire de l’émotion et de créer une atmosphère particulière dans un texte. 📔
Lorsqu’un écrivain compose son ouvrage, il s’appuie sur les mots pour influencer les sentiments de son lecteur et produire un effet unique grâce à sa plume.
En d’autres termes, c’est comme si la tonalité était la couleur émotionnelle du texte, et chaque couleur évoque une sensation différente. 🌈
Afin de te donner un exemple un peu plus visuel, imagine que tu es posé devant un film comme Titanic. Le réalisateur James Cameron a utilisé des techniques de mise en scène, de musique et de jeu d’acteurs pour créer une ambiance spécifique : romantique, effrayante, excitante, triste, etc. Eh bien, la tonalité littéraire fonctionne de la même manière dans un texte écrit !
Registre littéraire ou tonalité ? 🤔
Tu l’as peut-être déjà remarqué, mais quand il s’agit de registre littéraire ou de tonalité, on a tendance à substituer les deux termes pour finalement parler de la même chose.
Pourtant, il existe une nuance entre le registre et le ton d’un texte.
Le registre englobe toutes les caractéristiques stylistiques, thématiques et émotionnelles qui donnent forme au ton et à l’ambiance globale d’un texte. C’est une catégorie plus vaste qui regroupe différents types de tonalités et de styles littéraires.
La tonalité, quant à elle, est ce qui crée une atmosphère spécifique et suscite des émotions chez les lecteurs. Elle donne le ton et le ressenti global du texte. 😮😍😢
Pour résumer les choses simplement, la tonalité et le registre travaillent ensemble pour façonner l’expérience de lecture.
Une dernière chose qu’il est important de retenir pour bien déceler les tonalités littéraires. Elles trouvent toutes leur origine dans les genres littéraires, sans pour autant se confondre avec eux. Par exemple, la tonalité tragique va dominer dans les tragédies, mais on peut aussi la trouver dans un roman épique ou un poème. 💐
Quelles sont les différentes tonalités littéraires ? 🎭
Que tu sois sur le point de passer ton bac de français, ou tout simplement avide de connaissances, tu as envie de connaître les procédés nécessaires pour analyser un texte. Alors, pour déceler la tonalité qui se cache dans un récit, on a deux petits conseils à te donner.
👉 Identifie l’effet que l’auteur a cherché à provoquer chez son lecteur,
👉 Mais pas que ! Il faut aussi déceler les procédés qu’il utilise pour y parvenir.
On t’explique tout juste en dessous. 👇
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La tonalité pathétique 😢
Le pathétique, qui provient du grec pathos et qui signifie « souffrance », cherche à provoquer chez le lecteur, c’est-à-dire toi, de la tristesse et de la compassion envers les personnages. Pour y parvenir, les auteurs de romans, mais aussi de théâtre, ont recours à des procédés bien connus comme :
- Le champ lexical de la douleur et de la souffrance ;
- Les exclamations ;
- Les questions rhétoriques ;
- Les interjections ;
- Les images violentes ;
- Les métaphores et les comparaisons ;
- Les hyperboles.
On retrouve chez Victor Hugo le pathétique, par exemple, dans son roman Le Dernier Jour d’un condamné :
« Et quand elle sera grande, si elle va jusque-là, que deviendra-t-elle ? Son père sera un des souvenirs du peuple de Paris. Elle rougira de moi et de mon nom ; elle sera méprisée, repoussée, vile à cause de moi, de moi qui l’aime de toutes les tendresses de mon cœur. Ô ma petite Marie bien aimée ! Est-il bien vrai que tu auras honte et horreur de moi ? Misérable ! quel crime j’ai commis, et quel crime je fais commettre à la société ! »
Tu as ici l’emploi du champ lexical de la souffrance, mais aussi des questions rhétoriques pour susciter la compassion du lecteur. Ça paraît simple comme ça, non ?
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Sur le ton pathétique, voici notre article sur le Malade imaginaire de Molière !
La tonalité tragique 😭
Le tragique a pour but de créer la terreur et la pitié du lecteur. En te présentant le spectacle d’un destin voué à la mort, l’auteur a recours à des figures et des procédés particuliers. Il met alors en scène des personnages nobles aux prises avec des forces qui les dépassent comme les malédictions, les passions destructrices, les Dieux ou encore la fatalité. 🏛️
Tu peux reconnaître cette tonalité grâce à l’utilisation :
- Des constructions passives ;
- Des interrogations et des exclamations ;
- De l’expression de la nécessité ;
- Des champs lexicaux faisant référence au destin, à la fatalité et à la mort inéluctable ;
- Des métaphores et des comparaisons.
On retrouve le tragique dans de nombreuses pièces de théâtre, comme dans Andromaque de Racine :
« Je ne sais de tout temps quelle injuste puissance
Laisse le crime en paix et poursuit l’innocence.
De quelque part sur moi que je tourne les yeux,
Je ne vois que malheurs qui condamnent les Dieux.
Méritons leur courroux, justifions leur haine,
Et que le fruit du crime en précède la peine. »
La tonalité polémique 😮
Le ton polémique est la forme qui cherche à provoquer chez le lectorat l’indignation en dénonçant une situation ou une personne. La tonalité polémique, du grec polemos qui signifie « combat », s’appuie sur :
- Un vocabulaire péjoratif ;
- Les répétitions ;
- Les questions rhétoriques ;
- L’hyperbole ;
- Les gradations.
Tu veux un exemple de tonalité polémique ? Penche-toi sur cet extrait du discours de Victor Hugo en faveur du suffrage universel qu’il a prononcé en 1850 à l’Assemblée nationale ✊ :
« Allez, faites ! Retranchez trois millions d’électeurs, retranchez-en quatre, retranchez-en huit millions sur neuf. Fort bien, le résultat sera le même pour vous, sinon pire. (Oui ! oui !) Ce que vous ne retrancherez pas, ce sont vos fautes (Mouvement) ; ce sont tous les contresens de votre politique de compression ; c’est votre incapacité fatale (Rires au banc des ministres) ; c’est votre ignorance du pays actuel ; c’est l’antipathie qu’il vous inspire et l’antipathie que vous lui inspirez. (Nouveau mouvement.) Ce que vous ne retrancherez pas, c’est le temps qui marche, c’est l’heure qui sonne, c’est la terre qui tourne, c’est le mouvement ascendant des idées, c’est la progression décroissante des préjugés, c’est l’écartement de plus en plus profond entre le siècle et vous, entre les jeunes générations et vous, entre l’esprit de liberté et vous, entre l’esprit de philosophie et vous. (Très bien ! très bien !) »
La tonalité épique ⚔️
Le ton épique souhaite susciter l’admiration du lecteur en exaltant les exploits accomplis par le héros. Du grec epicos qui signifie « qui concerne l’épopée », il raconte, à la manière des épopées, les hauts faits des personnages sublimes. 🛡️ Tu peux le reconnaître grâce à l’emploi :
- Des hyperboles ;
- Des gradations ;
- Des superlatifs ;
- Des verbes d’action ;
- Des champs lexicaux du combat et de la bataille ;
- Des personnifications ;
- Et bien d’autres encore.
Encore une fois, nous allons te partager un extrait de Victor Hugo ! Dans son œuvre majeure Les Misérables, il utilise le registre épique 🇫🇷 :
« Toute cette cavalerie, sabres levés, étendards et trompettes au vent, formée en colonne par division, descendit d’un même mouvement et comme un seul homme, avec la précision d’un bélier de bronze qui ouvre une brèche, la colline de la Belle-Alliance, s’enfonça dans le fond redoutable où tant d’hommes déjà étaient tombés, y disparut dans la fumée, puis, sortant de cette ombre, reparut de l’autre côté du vallon, toujours compacte et serrée, montant au grand trot, à travers un nuage de mitraille crevant sur elle, l’épouvantable pente de boue du plateau de Mont-Saint-Jean. Ils montaient, graves, menaçants, imperturbables ; dans les intervalles de la mousqueterie et de l’artillerie, on entendait ce piétinement colossal. Étant deux divisions, ils étaient deux colonnes ; la division Wathier avait la droite, la division Delord avait la gauche. On croyait voir de loin s’allonger vers la crête du plateau deux immenses couleuvres d’acier. Cela traversa la bataille comme un prodige. »
La tonalité lyrique 🌹
Le lyrique se construit autour de l’émotion. L’objectif des auteurs utilisant ce ton est de mobiliser la sensibilité du lecteur en provoquant une réaction émotionnelle. En évoquant les sentiments personnels de manière poétique, le lyrique a recours 💌 :
- À la première personne du singulier ;
- Aux champs lexicaux liés aux divers sentiments ;
- À la musicalité des mots ;
- Aux exclamations et interjections ;
- Aux figures de style comme les métaphores, les comparaisons et les hyperboles.
Tu retrouves la tonalité lyrique chez Alfred de Musset, mais aussi dans des œuvres plus récentes comme Belle du Seigneur d’Albert Cohen, publié en 1968 💞 :
« Ô elle dont je dis le nom sacré dans mes marches solitaires et mes rondes autour de la maison où elle dort, et je veille sur son sommeil, et elle ne le sait pas, et je dis son nom aux arbres confidents, et je leur dis, fou des longs cils recourbés, que j’aime et j’aime celle que j’aime, et qui m’aimera, car je l’aime comme nul autre ne saura, et pourquoi ne m’aimerait-elle pas, celle qui d’amour peut aimer un crapaud, et elle m’aimera, m’aimera, m’aimera, la non-pareille m’aimera, et chaque soir j’attendrai… »
La tonalité élégiaque ☠️
Le ton élégiaque, qui vient du grec elegos et signifiant « chant funèbre », cherche à susciter de la mélancolie chez toi, le lecteur. Pour réussir son objectif, l’auteur te fait entendre une plainte causée par le deuil, une souffrance amoureuse liée à une séparation ou à la mort. Tu retrouves alors les procédés suivants :
- Les questions rhétoriques ;
- Les champs lexicaux de la mort, du deuil, du regret et de la souffrance 🏴 ;
- Les interjections ;
- Le vocatif comme « ô » ;
- Les hyperboles.
Savais-tu que dans son recueil Alcool, Apollinaire a utilisé le ton élégiaque ? Notamment dans son poème ultra-célèbre « Le Pont Mirabeau » pour faire référence au temps qui passe et à la rupture amoureuse. 💔
« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure »
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La tonalité comique 😂
Comme son nom l’indique, le comique a pour but de provoquer le rire chez le lecteur grâce à l’utilisation de certains procédés comme 🥸 :
- L’ironie ;
- La parodie ;
- L’humour ;
- La caricature ;
- Les répétitions et les jeux de mots ;
- Les situations comiques (quiproquo).
On retrouve notamment l’usage de la tonalité comique, des jeux de mots et des répétitions dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais 😆 :
« Brid’oison, à Figaro. — Qu’oppo… qu’oppo-osez-vous à cette lecture ?
Figaro — Qu’il y a, messieurs, malice, erreur ou distraction dans la manière dont on a lu la pièce, car il n’est pas dit dans l’écrit : laquelle somme je lui rendrai, ET je l’épouserai, mais : laquelle somme je lui rendrai, OU je l’épouserai ; ce qui est bien différent.
Le Comte — Y a-t-il et dans l’acte ; ou bien ou ?
Bartholo — Il y a et.
Figaro — Il y a ou.
Brid’oison — Dou-ouble-Main, lisez vous-même.
Double-Main (prenant le papier) —Et c’est le plus sûr, car souvent les parties déguisent en lisant. (Il lit.) E. e. e. e. Damoiselle e. e. e. de Verte-Allure e. e. e. Ha ! laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château… ET… OU… ET… OU… Le mot est si mal écrit… il y a un pâté. »
La tonalité oratoire 🧑🏫
Dans les textes où on peut retrouver le ton oratoire, le locuteur cherche à t’impressionner pour te convaincre ou te persuader. Tu retrouves alors :
- L’emploi de la première personne ;
- Les questions rhétoriques ;
- Les répétitions ;
- Les énumérations ;
- Les apostrophes ;
- Des images marquantes.
On peut l’étudier dans le roman de Gustave Flaubert Madame Bovary 📢 :
« Et qu’aurais-je à faire, messieurs, de vous démontrer ici l’utilité de l’agriculture ? Qui donc pourvoit à nos besoins ? Qui donc fournit à notre subsistance ? N’est-ce pas l’agriculteur? (…) N’est-ce pas l’agriculteur encore qui engraisse, pour nos vêtements, ses abondants troupeaux dans nos pâturages ? Car comment nous vêtirions-nous, car comment nous nourririons-nous sans l’agriculteur ? Et même, messieurs, est-il besoin d’aller si loin chercher des exemples ? (…) Mais je n’en finirais pas, s’il fallait énumérer les uns après les autres les différents produits que la terre bien cultivée, telle qu’une mère généreuse, prodigue à ses enfants. Ici, c’est la vigne ; ailleurs, ce sont les pommiers à cidre , là, le colza, plus loin, les fromages ; et le lin -, messieurs, n’oublions pas le lin ! qui a pris dans ces dernières années un accroissement considérable et sur lequel j’appellerai plus particulièrement votre attention. »
La tonalité satirique 😒
Lorsqu’on utilise le ton satirique, l’objectif est de critiquer quelqu’un ou quelque chose en se moquant pour dénoncer des vices et des défauts. Il est alors possible d’avoir recours, entre autres, à :
- L’ironie ;
- Le sarcasme ;
- L’invective ;
- Le vocabulaire péjoratif.
Verlaine utilise ce procédé dans son poème « Monsieur Prudhomme », extrait de son recueil Poèmes Saturniens 🙃 :
« Il est grave : il est maire et père de famille.
Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux
Dans un rêve sans fin flottent insoucieux,
Et le printemps en fleur sur ses pantoufles brille. »
La tonalité fantastique 🧙♂️
Le fantastique cherche à créer une atmosphère inquiétante et angoissante, afin de mieux provoquer la peur. Cette tonalité repose sur l’angoisse provoquée, poussant les lecteurs et les personnages à hésiter entre deux interprétations, l’une rationnelle et l’autre surnaturelle.
Pour le reconnaître dans les textes que tu as à étudier, tu peux rechercher :
- Les champs lexicaux de la peur, de l’étrange, du surnaturel ;
- Les modalisateurs exprimant le doute comme ;
- Les questionnements ;
- L’emploi du conditionnel ;
- La répétition ;
- L’hyperbole ;
- La personnification des objets ;
- Les hypothèses.
Dans Le Horla, Maupassant a recours à cette tonalité pour construire une ambiance angoissante dans son récit. 😱
« Or, ayant dormi environ quarante minutes, je rouvris les yeux sans faire un mouvement, réveillé par je ne sais quelle émotion confuse et bizarre. Je ne vis rien d’abord, puis, tout à coup, il me sembla qu’une page du livre resté ouvert sur ma table venait de tourner toute seule. Aucun souffle d’air n’était entré par ma fenêtre. Je fus surpris et j’attendis. Au bout de quatre minutes environ, je vis, je vis, oui, je vis de mes yeux une autre page se soulever et se rabattre sur la précédente, comme si un doigt l’eût feuilletée. Mon fauteuil était vide, semblait vide ; mais je compris qu’il était là, lui, assis à ma place, et qu’il lisait. »
Prêt à tester tes connaissances ?
Dorénavant, tu es un expert des tonalités littéraires ! N’hésite pas à préparer des fiches de cours et de révision pour t’aider à assimiler les caractéristiques propres à chacune. Tu peux également faire appel à l’un de nos Sherpas pour approfondir ces notions. 💪
Pour aller plus loin, on t’a même préparé un petit quiz. Prêt ? C’est parti ! 🚀💥
Bonjour, je suis en train d’étudier la lettre 110 des Liaisons dangereuses. Valmont raconte à Merteuil ses projets envers Tourvel et Cécile. Quelle tonalité attriburiez-vous à ce texte ? J’ai du mal à l’identifier, sachant que ce texte ne nous fait ni rire ni pleurer, qu’il n’est pas particulièrement « réaliste » ni oratoire, et pas vraiment satirique ou parodique de Rousseau. C’est un texte plutôt neutre qui a pour but d’informer Merteuil et le lecteur, sans être didactique. Merci pour votre aide !