« L’existence précède l’essence ». Cette phrase aux airs mystérieux définit l’idée principale du courant de l’existentialisme. Si tu veux en apprendre plus sur ce mouvement philosophique qui s’interroge sur la liberté humaine, cet article est fait pour toi ! Et d’ici la fin, tu auras compris le sens qui se cache derrière cette citation. Prêt ? On y va ! 🚀
Aux origines de l’existentialisme
Définition et idées de base
Le mouvement existentialiste est un courant de pensée en philosophie qui place l’individu et la liberté de choisir au cœur de ses réflexions. De là découlent plein d’idées sur la responsabilité de chacun et sur l’absurdité de l’existence ! 🤯
Ça te semble confus ? Ne t’en fais pas, on va te détailler ça par la suite ! Pour le moment, retiens que selon ce courant, les êtres humains ne sont pas prédéterminés quand ils viennent au monde, et sont libres de leurs actes, ce qui peut les conduire à un état d’angoisse. 😧
Le déterminisme 👀
Le déterminisme est une théorie selon laquelle tous les événements qui surviennent dans le monde sont dus à un enchaînement de causes, qui mènent nécessairement à ce résultat. C’est l’opposé de l’existentialisme ! 😬
C’est Pierre-Simon de Laplace qui développe l’idée que la connaissance parfaite des lois naturelles, par exemple des lois de la physique, permettrait de prédire tous les phénomènes. Le philosophe Baruch Spinoza a particulièrement développé l’idée que les actions humaines découlent de causes antérieures, qui les ont rendues inévitables. 🤷
Tu peux le résumer en une phrase : ce qui est arrivé devait arriver.
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L’histoire de l’existentialisme 🕰️
Mais d’où vient l’existentialisme exactement ? Et bien comme de nombreux mouvements, le courant existentialiste se développe dans l’après-guerre. 🪖
L’existentialisme après la Seconde guerre mondiale 💥
Imagine un peu : de nombreux penseurs et auteurs ont été confrontés à l’horreur de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont été témoins de la Shoah, de combats d’une grande violence, et de l’usage de deux bombes atomiques, mais ont aussi connu l’expérience communautaire de la Résistance. Ainsi, c’est aussi une lutte de valeurs. ⚔️
Naturellement, 1945 est donc une période de remise en cause, particulièrement celle de l’Humanisme qui place sa foi en l’Homme. Toutes les croyances précédemment établies vacillent. Là où le Nouveau Roman remet en question les règles du récit classique, l’existentialisme se questionne sur les individus.❓
Face à tant de violence, il est légitime de s’interroger : les humains ont-ils un sens moral inné ? Quel est le but de l’Homme dans le monde ? Oui, oui clairement, ça pose les grandes questions. 😯
Des origines plus anciennes
Peut-être associes-tu l’existentialisme à Jean-Paul Sartre : si c’est le cas, tu n’as pas tort ! C’est bien le philosophe qui a fait le plus connaître le courant en le nommant et en le traitant de manière évidente avec L’existentialisme est un humanisme. 📘
Mais l’existentialisme trouve ses racines dans des penseurs plus anciens. Pascal puis Kierkegaard ont précocement développé des idées qui correspondent aux thèses existentialistes. En fait, dès 1930-40, le courant commence à prendre forme, et il ne lui faut que la poussée de la Seconde Guerre mondiale pour se populariser. 📈
Les auteurs de l’existentialisme ✍️
Bon, il est maintenant temps de se pencher sur ces fameux auteurs qui ont théorisé les idées du courant. Tu peux noter que la plupart ne se sont pas revendiqués existentialistes, voire ont refusé cette étiquette (quels rebelles !). Il s’agit plutôt d’un panel de penseurs dont les idées ont convergé à un moment donné. 💡
Les premières pensées du courant : les existentialistes chrétiens ✝️
Loin du XXe siècle, Pascal et Kierkegaard réfléchissent déjà à l’existence humaine. Mais, contrairement à nombre de leurs successeurs, ils laissent une large place à leur foi religieuse. 🙏
✅ Blaise Pascal (1623-1662), France
Pascal est un cas un peu particulier, car le but de sa pensée est de démontrer que croire en Dieu est essentiel à l’existence humaine. Mais des traces d’existentialisme se retrouvent néanmoins dans certaines idées : le fait que l’humanité ne peut être expliquée simplement, que l’existence individuelle est singulière et la vérité subjective. 🤔
Cependant, pour lui, cette angoisse face à l’incertitude et la finitude humaine peut être surmontée par la conversion au christianisme. ⛪
✅ Søren Aabye Kierkegaard (1813-1855), Danemark
Comme Pascal, Kierkegaard argumente sur l’impossibilité d’analyser l’humanité en s’opposant ainsi à Hegel, et rejette la philosophie quand elle cherche à créer une science de l’être. 🧑🔬
Les Hommes ne sont pas prédéterminés, mais changent, évoluent en passant par trois stades : esthétique (soumis à leurs passions), éthique (conduits par leur sens du devoir) et enfin religieux. Et oui, encore une fois la religion est vue comme une façon de répondre à l’angoisse qui naît chez l’Homme quand il prend conscience des choix qui s’offrent à lui. 😞
Les existentialistes athées
Les penseurs connus qui leur succèdent s’éloignent plus de la religion. Ce n’est plus Dieu, mais l’individu qui donne du sens à son existence qui en est dépourvue à sa naissance.
✅ Friedrich Nietzsche (1844-1900), Allemagne
Sa pensée est plutôt inédite puisqu’il s’éloigne très nettement de l’existentialisme chrétien. Pour lui, Dieu est mort (à partir du moment où l’on ne croit plus en lui), et l’individu doit rejeter tout système de valeurs prédéfini par la religion et la société. ❌
On retrouve chez lui l’idée d’une existence déterminée par la volonté individuelle. Il développe notamment la notion de sur-humain, celui qui est capable de dominer ses instincts et ses passions et dépasse sans cesse ses limites, et donc qui est libre de ses actes et de mener son existence comme il l’entend. En gros, c’est toi le boss et personne ne te dicte ta conduite ! 💪
✅ Jean-Paul Sartre (1905-1980), France
Sartre est celui qui a le plus développé l’existentialisme athée dans son livre l’Être et le Néant puis dans sa conférence L’existentialisme est un humanisme. Il décrit les concepts de liberté individuelle, de responsabilité et d’angoisse, mais aussi de morale subjective. Il relie le mouvement avec l’Humanisme puisque dans les deux, l’Homme et ses actions sont au centre de l’attention.
L’Humanisme 🧐
L’Humanisme est un courant de pensée de la Renaissance, qui se caractérise par un intérêt renouvelé pour les textes antiques. Il se préoccupe des Hommes plutôt que de la religion, et promeut la diffusion des savoirs. 📚 🧠
C’est surtout sa conception du courant philosophique que tu étudies, et c’est celle que l’on va te détailler par la suite. Sa contemporaine et compagne, Simone de Beauvoir a aussi participé à définir ces principes, particulièrement dans une optique féministe.
Les auteurs qui se refusent de l’existentialisme 🙅
Certains auteurs, malgré des idées qui se rapprochent de l’existentialisme, ont refusé l’étiquette du mouvement. C’est le cas de l’écrivain Albert Camus (1913-1960) qui dans ses discours et ses romans laisse transparaître une pensée existentialiste, notamment autour de l’absurde : l’Homme est jeté dans le monde, sans but donné à son existence. 🌍😥
Mais c’est surtout l’Allemand Martin Heidegger (1889-1976), qui est un auteur important. Pour lui, les animaux, les plantes, les pierres, ont une nature déterminée, alors que les Hommes se déterminent au fur et à mesure de leur existence. Le Dasein, qui peut se traduire par Être-là, c’est cet être capable de s’interroger sur son existence et de l’orienter. Il appelle à prendre conscience de la mort et de l’absurdité de la vie. Mais il ne faut pas se morfondre : va de l’avant en te donnant un but dans la vie. Pas si mal comme injonction ! ✊
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Les idées de l’existentialisme
Allez, entrons dans le vif du sujet : que te dit l’existentialisme ?
💡 Existence et liberté
Revenons un peu sur la citation de Sartre :
L’existence précède l’essence.
Avec le défilé d’auteurs que l’on t’a présenté, tu as pu commencer à comprendre le sens de cette phrase. Mais prenons le temps de l’analyser.
Dans cette citation il y a deux termes opposés : l’essence, qui est la nature d’une chose, et l’existence, qui est l’ensemble des actions et évènements qui marquent sa vie.
Prends une brosse à dents par exemple : lorsqu’elle est fabriquée, c’est dans l’optique de nettoyer les dents. Son nom est très clair sur ce point. Certes, tu peux la détourner de son usage et t’en servir pour brosser tes sourcils, mais son essence préexiste à l’usage que tu en fais. 🪥
Par opposition, figure-toi l’individu qui vient de naître comme une feuille blanche, vierge de toute inscription. Personne n’a déterminé son but dans l’existence. Sa personnalité n’est pas prédéfinie. Il n’est ni bon, ni mauvais, il est, tout simplement. On peut donc dire que cet individu n’a pas d’essence à la base. Mais attention ! Au fur et à mesure de sa vie, ses actions vont le changer : la feuille se couvre d’écritures, se froisse. C’est en existant qu’il va déterminer son essence. 👤
Et bien, c’est cela le sens de la phrase de Sartre : rien n’est écrit à l’avance, tu es la somme de tes décisions et de tes actions. Tu changes sans cesse, et ce n’est qu’au moment de ta mort que ton essence se « fige » (oui, quand tu es mort c’est difficile d’agir). 💀
➡️ L’existentialisme est donc fondamentalement une philosophie de l’action.
L’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et [il] se définit ensuite.
Sartre
Mais alors ça veut dire que tu es libre ? Eh oui ! Si tu n’as pas de « destin » ou de but dans la vie qui te serait imposé, tu es complètement libre.
Et pas question de se chercher des excuses : même ne pas agir ou refuser de choisir est une forme de décision. Pour un existentialiste, si tu es enrôlé de force dans l’armée, tu as en réalité toujours la possibilité de te tuer, ou de déserter. Ça ne fait pas rêver, mais ça reste, techniquement, une option. 🤨
💡Responsabilité et mauvaise foi
Tu le sentais venir celui-là : la liberté de choisir, ça implique la responsabilité. 🫡
Puisque personne ne peut les prendre à ta place, ça veut dire que tu es entièrement responsable de tes décisions ! Pour les athées, il n’y a pas de divinité ou de puissance supérieure que tu peux blâmer pour ce qu’il t’arrive. Si jamais tu renies ta liberté en disant « c’est comme ça » ou « je n’avais pas le choix », tu fais preuve de ce que Sartre appelle la mauvaise foi. 🫤
Eh oui, tu te mens à toi-même ! La mauvaise foi sartrienne s’incarne dans l’exemple du garçon de café : c’est l’histoire d’un jeune homme qui agit exactement selon l’archétype du garçon de café, dans son ton et ses gestes, parce que c’est ce qu’il pense que l’on attend de lui. ☕
En somme, il cède à la pression sociale et agit comme si son essence était définie d’avance (comme s’il était une brosse à dents), au lieu de se tracer sa propre voie. ➡️
💡Angoisse
L’Angoisse est un terme que tu retrouves fréquemment chez les auteurs du courant. Pour eux, ce n’est pas juste de la peur : c’est une angoisse « existentielle ». C’est un peu comme si tu te penchais au bord d’un vide et que tu étais parcouru par une sensation de vertige. 😣
Sa cause est double : d’une part, plus tu réfléchis à ton existence, plus tu vois qu’elle est « absurde », dans le sens où elle n’a pas de but prédéfini. La futilité de l’existence est la première cause de l’angoisse. La deuxième est le fait de prendre conscience du libre choix : quand tu te retrouves face à l’infinité des possibles et que tu te rends compte de la responsabilité qui repose sur toi. 😰
Clairement, c’est un lourd poids à porter : ce n’est pas pour rien que Sartre dit que l’Homme est « condamné à être libre ». 🙍
💡Morale et autrui
Mais quelle est la place de la morale dans tout ça ? Si personne ne naît avec des valeurs, qui définit ce qui est bon ou mauvais ? 👿😇
Eh bien selon les existentialistes athées, ça serait chacun de nous (et pas la religion, logique !). Eh oui, Sartre ne voit pas petit : pour lui, quand tu fais un choix, tu définis ce qui est ton idéal, ce que tu conçois comme « l’humanité ». En agissant de telle ou telle façon, tu incites tous les autres à faire de même. 🌍
En somme, tu n’es pas seulement responsable de toi-même et de tes actes : tu es responsable de l’humanité tout entière ! Pas trop stressé ? 😅
Il n’est pas un de nos actes qui, en créant l’homme que nous voulons être, ne crée en même temps une image de l’homme tel que nous estimons qu’il doit être.
Sartre
En clair, si tu accomplis une action, c’est que tu estimes qu’elle est bonne, et donc tu établis les valeurs que tu voudrais que les autres suivent. 🚶🚶♂️🚶♀️
⚠️ Ce sont bien tes actes qui comptent ! Pour un existentialiste, penser à mettre le feu à la maison du voisin ou rêver d’aider les plus défavorisés, c’est du pareil au même. Tant que la pensée ne se concrétise pas, elle ne contribue pas à modeler tes valeurs. Bon, évite quand même d’avoir des pensées incendiaires. 🔥😂
Mais alors la morale absolue n’existe pas ? Selon ces penseurs, elle est en effet subjective et redéfinie en permanence. À différentes époques, dans différentes régions du monde, elle n’est pas la même. Je te mets au défi d’aller argumenter sur les vertus du féminisme avec des Grecs antiques ! 🤨
Pour les athées, cette subjectivité est renforcée par l’absence de Dieu : sans morale supérieure, ce sont les individus qui établissent ce qui est bien et ce qui est mal. ⚖️
Mais tu te dis peut-être que les autres aussi peuvent influencer tes valeurs ! En effet, on agit souvent conformément aux attendus d’une société. 🤔
Si tu ressens le jugement des autres, ou même de Dieu pour les croyants, il y a plus de chance que tu agisses selon ce que l’on attend de toi et ce qui est reconnu comme bon, plutôt que selon tes propres valeurs. Ce regard va même t’influencer dans ce que tu penses être juste, dans tes actions et donc éventuellement dans ton essence. En somme, autrui peut être un frein à ta liberté. ⛓️
En bref, ce que tu peux retenir est que pour les existentialistes :
-
l’Homme est libre et se définit par ses actes ;
-
face à une décision, l’Homme peut ressentir de l’angoisse et nier sa liberté ;
-
la morale est subjective et définie par chacun.
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L’impact de l’existentialisme sur la société
Le courant a été très populaire pendant les années 1950 jusqu’aux années 1960.
Un foisonnement d’œuvres 📚
Le mouvement a marqué la littérature du milieu du XXe siècle, particulièrement avec les pièces de Sartre telles que Huis Clos, ou son roman La Nausée. Il y a également les romans de Camus, particulièrement La Peste, mais aussi les œuvres de Simone de Beauvoir, de Gabriel Marcel et de Boris Vian. À vos marques… Prêts ? Lisez !
L’absurde 🙃
Le genre absurde que tu retrouves dans les pièces de Beckett et Ionesco peut être compris comme découlant de l’existentialisme : elles montrent l’absence de sens de l’existence. En revanche, elles ne témoignent pas particulièrement d’un engagement politique, ce qui les éloigne d’autres œuvres existentialistes. De vrais récits sans queue ni tête ! 🥴
Nécessité de l’engagement politique et lien avec le féminisme ✊
Mais c’est parce qu’il incite à l’action que l’impact que l’existentialisme sur son époque est intéressant. Même si c’est un courant pessimiste (angoisse, absurdité… ça ne respire pas la joie !), il pousse aussi à s’engager, y compris politiquement pour contrer l’absence de sens.
Je dois trouver une vérité […] une idée pour laquelle je puisse vivre et mourir.
Kierkegaard
Sartre a défendu l’idée que l’écrivain a une responsabilité politique et idéologique quand il écrit, et il s’est lui-même engagé pour défendre les idées socialistes. Pour lui, l’écrivain engagé est un écrivain libre, et un roman est plus qu’un divertissement : il peut être porteur d’idées politiques fortes.
Les mouvements revendicatifs du milieu du XXe siècle se sont largement inspirés de ces idées.
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Le structuralisme
L’existentialisme, qui est un mouvement qui prône l’individualisme, s’est affaibli (eh oui, rien n’est éternel) avec le développement du structuralisme : ce mode de pensée conçoit le monde selon des structures inconscientes entre les individus. Ainsi, les phénomènes sont expliqués selon leur place dans un système plus vaste ! 🪐
Simone de Beauvoir et le féminisme
La philosophe a offert une lecture féministe de l’existentialisme dans Le Deuxième Sexe.
On ne naît pas femme, on le devient.
Simone de Beauvoir
Cette célèbre phrase reflète l’idée que l’existence précède l’essence : c’est par leurs actions et par la pression de la société que les individus se conforment à l’image de « femme » qui est attendue d’elles. 👩
Or, pour Simone de Beauvoir, il n’y a pas plus de féminité ou de masculinité qu’il n’y a d’essence humaine unique. La notion d’essence féminine, c’est la tentative de figer les femmes dans un rôle pour mieux les contrôler.🔗
Et ça, ça ne plait pas du tout à la philosophe : ainsi figées, les femmes n’exercent pas leur liberté de choisir, car elles restent dans ce rôle social : femme au foyer, épouse, mère…
Simone de Beauvoir refuse aussi l’idée de rôles biologiques, puisque pour elle, par la civilisation, l’humanité s’est affranchie de ces impératifs de la nature et il n’y a plus que des individus libres. 👥
Et voilà, tu sais l’essentiel de ce qu’il te faut connaître sur l’existentialisme ! Il y a encore beaucoup de nuances que l’on n’a pas pu explorer, notamment entre existentialistes athées et chrétiens : donc si ça t’intéresse, n’hésite pas à approfondir tes recherches ou à prendre des cours particuliers de philosophie avec l’un de nos Sherpas!
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