En bref
- Le roman L’Étranger raconte l’histoire de Meursault, un homme qui semble indifférent à tout, même à la mort de sa mère, et qui tue un homme sur une plage.
- Son procès se concentre plus sur son absence d’émotions que sur son crime, car la société le juge pour son anormalité.
- Le livre explore l’absurdité de la condition humaine : face à un monde sans sens, Meursault trouve une forme de liberté et de révolte dans l’acceptation de son sort
Aujourd’hui, on te propose une fiche de lecture claire sur L’Étranger d’Albert Camus, une œuvre majeure de la littérature française du XXᵉ siècle. Cette fiche t’aidera à comprendre les enjeux essentiels du roman, à analyser la figure de Meursault et à cerner les grandes thématiques de l’absurde et de la condition humaine. Tu y trouveras un résumé précis, une analyse structurée et les clés de lecture indispensables pour approfondir ta compréhension de cette œuvre incontournable, traduite en plus de 68 langues et le troisième roman français le plus lu dans le monde !
Tout sur l’œuvre
Qui est l’auteur ?
Albert Camus est né en 1913 en Algérie et mort en 1960 à 47 ans.
Durant toute sa carrière, il exerce différents métiers tels que : écrivain, dramaturge, essayiste, philosophe, journaliste… Camus est reconnu comme étant un journaliste très engagé durant la Résistance à travers son journal Combat. En parallèle, il écrit des pièces de théâtre, des romans, des nouvelles, des films, des essais ou encore des poèmes. Il a reçu le Prix Nobel de Littérature en 1957.
Détails de publication
L’Étranger a été publié en 1942 (c’est le premier roman de Camus). Il fait 159 pages et l’histoire se situe surtout à Alger. Dedans, un homme français, Meursault, tue et se retrouve condamné pour le meurtre d’un homme arabe. Pourtant, Meursault n’a rien d’un criminel. C’est un homme ordinaire. À travers son histoire, Camus dresse un tableau pessimiste de la condition humaine.
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Le contexte d’écriture
Camus poursuit trois grands objectifs dans L’Étranger :
- Faire le portrait d’un personnage énigmatique par sa simplicité.
- Montrer comment les événements d’une vie peuvent échapper à la compréhension des autres.
- Dresser un tableau pessimiste de notre condition humaine.
La Seconde Guerre mondiale
1942, c’est une année plongée dans l’horreur de la Seconde Guerre mondiale. Pendant cette période, Camus ressent un profond sentiment de révolte face aux crimes commis par l’humanité. Il ressent un sentiment d’absurdité face à ce monde qui semble avoir perdu la tête. L’auteur mène un combat pour les libertés humaines et son roman l’illustre parfaitement !
La colonisation en toile de fond
Le roman prend place en Algérie, colonie française depuis le XIXᵉ siècle où la France exerce une domination culturelle et économique. Camus y dénonce les injustices coloniales et défend les droits humains, même s’il ne soutient pas explicitement l’indépendance de l’Algérie.
Son discours lors du Prix Nobel de Littérature en 1957 est resté célèbre : il y condamne les attentats frappant les civils en Algérie, et les injustices que connaît sa terre natale, en pleine guerre d’indépendance.
💡 D’où vient le titre L’Étranger ?
Le titre peut renvoyer à 3 interprétations.
Le personnage principal, Meursault, est un étranger par son indifférence, qui le différencie des autres hommes.
Meursault est étrange aux yeux du lecteur, car son cheminement de pensée n’est pas logique pour nous.
Meursault est étranger à sa propre vie. Il agit sans vraiment savoir la raison pour laquelle il agit de cette manière. Il reconnaît difficilement ses sentiments.
Les personnages principaux
Meursault
Personnage principal et narrateur de l’histoire.
Marie Cardona
Petite amie de Meursault. Elle est l’inverse de Meursault sur le plan émotionnel. Marie se montre ouverte et expressive.
Raymond Sintès
Voisin et ami de Meursault. C’est un personnage immoral, violent notamment avec les femmes.
Masson
Ami de Raymond, il prend part indirectement aux évènements survenus sur la plage.
Salamano
Vieil homme voisin de Meursault, paniqué quand son chien disparaît.
L’Arabe tué par Meursault
On ne sait rien de lui. Il est tué par 5 coups de feu.
L’avocat
Il s’occupe de la défense de Meursault à son procès.
Le procureur
Il réussit à faire condamner Meursault à la peine de mort.
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Résumé de L’Étranger
Le roman est structuré comme un diptyque, ce qui signifie qu’il est composé de deux parties de longueur similaire, qui se complètent.
Première partie (six chapitres)
La rencontre avec Marie
Le lendemain de l’enterrement, Meursault décide d’aller se baigner au port d’Alger. C’est là qu’il rencontre Marie, une ancienne collègue de travail. De là, une relation commence entre les deux personnages.
Aujourd’hui Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.
Les histoires de voisins
Dans son immeuble, Meursault croise régulièrement deux voisins : Salamano, un vieil homme qui vit avec son chien malade qu’il maltraite, et Raymond, un homme violent, connu dans l’immeuble pour ses comportements agressifs, notamment envers les femmes. Raymond confie à Meursault qu’il vient de frapper sa compagne, qu’il soupçonne de le tromper. Une scène particulièrement choquante décrit les violences conjugales qu’elle a subies.
Meursault apprend que la femme est Arabe, mais ne semble pas en tirer de réflexion. Raymond demande à Meursault de l’aider à tendre un piège à la femme, en écrivant une lettre manipulatrice pour la faire revenir, dans l’intention de la punir encore plus. Meursault accepte sans objection. Quelques jours plus tard, Meursault et Marie assistent à une scène violente : la femme revient et Raymond l’agresse de nouveau. Marie est choquée et voudrait appeler la police, mais Meursault reste passif (disant qu’il n’aime pas les agents). La police finit tout de même par arriver.
Raymond propose à Meursault et à Marie de passer une journée au bord de la mer chez son ami Masson. Entre-temps, Meursault croise Salamano, bouleversé par la disparition de son chien. Pourtant, Salamano maltraitait son chien parce qu’il était vieux et lent : il semble reprocher à son animal de vieillir, alors que lui-même est vieux et affaibli.
Le drame
Le dimanche, Meursault, Marie et Raymond partent pour la plage. Meursault indique que la veille, il a témoigné au commissariat en faveur de Raymond, et ses propos n’ont pas été confirmés par les agents. Raymond ne reçoit donc qu’un avertissement.
En route pour la plage, ils voient au loin un groupe d’Arabes que Raymond indique connaître, qui ont des comptes à régler avec lui. Une fois arrivés à leur destination, les personnages profitent de l’eau et du soleil. Meursault, Raymond et l’ami de ce dernier, Masson, partent se promener et rencontrent de nouveau les deux Arabes. On comprend alors qu’ils cherchent à défendre la femme que Raymond a agressée. La confrontation dégénère : Raymond et Masson sont les premiers à passer à l’attaque et donnent des coups de poing aux Arabes. Raymond est ensuite blessé au visage et au bras par un couteau. Il retourne ensuite à la maison de Masson pour se faire soigner.
Meursault apprend que Raymond est armé, et lui demande de lui confier le revolver pour éviter une embrouille. Plus tard, Meursault est seul sur la plage, et il a très chaud et sommeil. Il se dirige vers un coin ombragé où il rencontre l’un des deux Arabes. Une rixe éclate. Meursault se sent dans un état de semi-conscience. Accablé par la chaleur torride et aveuglé par le reflet du soleil sur la lame du couteau de l’Arabe, il sort le revolver et tire une balle sur l’autre homme, le tuant. Puis, sans raison claire, il tire quatre balles de plus dans le corps.
Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s’enfonçaient sans qu’il y parût. Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.
Deuxième partie (cinq chapitres)
L’arrestation de Meursault
Meursault est arrêté et conduit au commissariat ainsi que devant un juge où il subit plusieurs interrogatoires. Il se montre indifférent et ennuyé, et ne présente aucun regret pour le meurtre qu’il a commis. Meursault est mis en prison. Seul dans sa cellule, il souffre d’être privé de liberté. Pour faire passer le temps, il dort, lit et songe à ses souvenirs.
Le procès
Le procès a lieu un an plus tard. La salle du tribunal est bondée de témoins, journalistes et curieux venus assister à l’audience. Les témoins défilent les uns après les autres. On apprend que Meursault n’a pas pleuré le jour de l’enterrement de sa mère, ce qui provoque un sentiment de consternation dans la salle. Les derniers propos du procureur sont accablants.
J’accuse cet homme d’avoir enterré sa mère avec un cœur de criminel.
Pour la première fois de tout le procès, Meursault prend la parole et indique qu’il n’avait pas l’intention de tuer l’Arabe, mais que cela s’est fait à cause du soleil. Il prend conscience du ridicule de la situation et la salle éclate de rire.
Le verdict
Le moment des délibérations arrive et Meursault se montre confiant, en croyant à un verdict favorable.
Meursault aura la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français.
En attendant son exécution, il reste cloîtré dans sa cellule où les visites de l’aumônier rythment ses journées. Mais un jour, quand l’aumônier lui rend visite contre sa volonté, Meursault se met dans une colère noire et commence à insulter l’homme d’église.
Après que ce dernier soit parti, Meursault retrouve son calme et éprouve pour la première fois une sensation de bien-être qu’il n’avait pas ressenti depuis longtemps. Il souhaite qu’un grand nombre de spectateurs qui le haïssent viennent le jour de son exécution, afin d’apaiser sa solitude.
Le roman se finit avec Meursault, désengagé, prêt à accepter la haine pour sa propre liberté (représentée par la mort).
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Style d’écriture
Passons à l’analyse de l’œuvre. L’écriture dans L’Étranger est souvent qualifiée d’écriture blanche : un style simple, neutre, sans effets littéraires apparents. Cette sobriété reflète l’indifférence du narrateur face aux événements, même les plus graves, comme la mort de sa mère.
Le roman met aussi en lumière une difficulté à communiquer : Meursault semble étranger aux codes sociaux et émotionnels, ce qui accentue son isolement.
Thèmes principaux
“Le cycle de l’absurde”
L’Étranger est le premier titre de la tétralogie du “cycle de l’absurde“. Dedans, Camus traite d’une vision absurde de l’existence, et d’un décalage entre notre quête de sens et l’indifférence du monde.
On compte 3 autres écrits dans ce cycle
On évoque fréquemment “l’absurde camusien” pour désigner cette vision philosophique propre à Camus : une lucidité face à l’absurdité de l’existence, mais sans pour autant sombrer dans le désespoir.
Dans L’Étranger, l’absurde provient du caractère insensé et inexpliqué de la mort. La mort pose la question du sens de la vie. Après tout, à quoi bon de vivre si nous mourrons à la fin ? C’est là que naît le sentiment d’absurdité. Pour l’auteur, il s’agit de vivre malgré l’absurde, en pleine conscience de cette absurdité, et d’y trouver une forme de liberté.
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L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde.
Camus
La révolte
Il est indispensable d’en parler dans l’analyse de l’œuvre ! La révolte apparaît surtout dans la scène finale avec l’aumônier, où Meursault refuse qu’on lui impose un sens à sa vie. Il est en désaccord avec son avocat. Il répond sans mesurer les conséquences de ses propos au tribunal. En prison, il est amené à réfléchir au sens de l’existence. Il prend alors conscience du caractère absurde de la condition humaine lorsqu’il réalise sa mort prochaine.
Cette révolte résonne aussi avec la condition des Algériens sous domination coloniale : l’indifférence du personnage principal face à la société peut être vue comme un reflet de l’aliénation et de l’injustice vécues par les peuples colonisés, qui sont également réduits à des objets d’une société qui ne les reconnaît pas.
La mort
La mort occupe une place centrale dans le roman. Au début à l’annonce de la mort de la mère de Meursault, au centre quand le meurtre de l’Arabe a lieu et à la fin lorsque Meursault est condamné à mort. Le livre invite le lecteur à comprendre que la mort est omniprésente et qu’elle se manifeste sous différentes formes.
Pour conclure
Ce roman, souvent considéré comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française, occupe une place à part dans l’histoire des lettres. À travers une écriture simple et une profondeur philosophique saisissante, Camus livre une réflexion universelle sur l’absurde, la liberté et la condition humaine. Étudier L’Étranger, c’est plonger dans une œuvre qui continue d’interroger notre rapport au monde, à la morale et au sens de la vie. Alors, n’hésite pas à relire ce texte essentiel, à en saisir les nuances et à te laisser interpeller par sa modernité. Bonne chance pour tes prochaines analyses !
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Les questions fréquentes
Quelle est la morale de L’Étranger ?
La morale de L’Étranger réside dans la confrontation de l’individu avec l’absurdité de l’existence. Meursault, par son indifférence, incarne l’idée que l’on ne trouve pas de sens profond à la vie, mais on analyse qu’il faut l’accepter pour être libre.
Qu’est-ce qui n’allait pas avec Meursault ?
Meursault semble manquer de réactions émotionnelles normales, ce qui le rend étranger aux attentes sociales.
L’Étranger est-il facile à lire ?
Oui, c’est relativement facile de le lire en termes de vocabulaire et de syntaxe, mais son style et son absence d’émotion peuvent rendre sa lecture plus difficile.
Pourquoi Meursault a-t-il tiré 4 fois de plus ?
Meursault tire 4 fois de plus sur l’Arabe après l’avoir déjà touché une première fois. Le texte insiste sur la chaleur accablante et l’aveuglement provoqué par le soleil, mais le sens exact de ce geste reste volontairement ambigu. Ce moment met en évidence l’incapacité de Meursault à expliquer ses propres actes et la distance qu’il entretient avec ses émotions.
Pourquoi Meursault semble-t-il indifférent à tout ?
Le soleil et la chaleur accablante déclenchent le meurtre. Meursault, aveuglé par le reflet sur la lame du couteau, tire une première balle. Il tire ensuite quatre autres fois sans raison claire, un acte qui symbolise l’absurdité de sa condition.
Pourquoi Meursault tue-t-il l’Arabe sur la plage ?
Le soleil et la chaleur accablante déclenchent le meurtre. Meursault, aveuglé par le reflet sur la lame du couteau, tire une première balle. Il tire ensuite quatre autres fois sans raison claire, un acte qui symbolise l’absurdité de sa condition.
C’est quoi, l’absurde, dans L’Étranger de Camus ?
L’absurde naît du décalage entre la quête de sens des humains et l’indifférence du monde. Dans ce roman de 1942, Meursault vit cette absurdité au quotidien. Sa révolte finale face à la mort montre son acceptation lucide de cette condition.
Pourquoi le roman s’appelle-t-il L’Étranger ?
Le titre renvoie à plusieurs idées. Meursault est un étranger face aux normes de la société, car il ne montre aucune émotion. Il est aussi étranger à sa propre vie et à ses sentiments. Son comportement le rend finalement étrange aux yeux des autres et du lecteur.
J’ai beaucoup aimé l’analyse de l’Étranger. Cela aide dans mon propre raisonnement
Merci beaucoup pour votre commentaire, nous sommes ravis que notre article puisse vous aider dans votre analyse de l’œuvre de Camus ! 🫶
L’Étranger d’Albert Camus m’a marqué par la figure de Meursault, un homme détaché des normes sociales et indifférent à la vie. À travers lui, Camus explore l’absurdité de l’existence humaine et la confrontation à la mort. Ce roman m’a fait réfléchir sur le sens de la vie, notre rapport à la société et à l’injustice.
Hello,
Merci pour ton commentaire très juste ! Meursault est en effet un personnage marquant, et la façon dont Camus traite l’absurde pousse à s’interroger en profondeur.
L’œuvre est exceptionnelle !
Bonjour,
On ne peut être que d’accord ! 😊 L’Étranger est une œuvre marquante à bien des égards. Merci pour ton message !
À bientôt,