La religion, un phĂ©nomĂšne qui a marquĂ© lâhistoire humaine pendant des siĂšcles avec sa diversitĂ© et surtout sa complexitĂ©. JusquâĂ nos jours, la religion continue dâavoir un rĂŽle essentiel dans les sociĂ©tĂ©s du monde entier. Dans cet article, on va essayer de comprendre ce quâest la religion et sa reprĂ©sentation en philosophie. PrĂȘt ? On y va ! đ
Les dieux sont nos métaphores, et nos métaphores sont nos pensées.
Alain
Propos sur la religion (1969)
DĂ©finition đ
La religion est le rapport qui existe entre lâhumain et le divin ou le sacrĂ© ainsi que les codes et les ordres qui lâencadrent. Ce rapport est souvent liĂ© Ă certaines croyances, des rites, des rĂ©cits, etc. Cela dit, la religion nâest pas simplement la croyance en un ou plusieurs dieux, ni la simple foi. Le critĂšre commun entre toutes les religions est la distinction entre le sacrĂ© et le profane. đ«
đ Ătymologie
Le terme âreligionâ, qui vient de religare en latin, signifie dâabord ârelier, attacherâ, ce qui relie les hommes au sacrĂ©. Aussi, religere a le sens de ârassemblerâ : la religion rassemble les gens qui exercent un culte.
đ Pour info
Sacré : ce qui est interdit et inviolable.
Profane : ce qui oppose la religion.
Comme tu le sais, la religion est prĂ©sente partout dans le monde et dans de nombreuses sociĂ©tĂ©s. Câest un phĂ©nomĂšne qui va au-delĂ de notre condition humaine et de notre comprĂ©hension rationnelle. En dâautres termes, il sâagit dâune rĂ©alitĂ© transcendante qui explique certaines choses qui dĂ©passent notre entendement.
CaractĂ©ristiques đ
La religion possĂšde plusieurs caractĂ©ristiques et mĂȘme si les religions sont diffĂ©rentes, elles ont gĂ©nĂ©ralement des points communs qui les placent sous la mĂȘme dĂ©finition.
âïž Les impĂ©ratifs moraux : tu le sais peut-ĂȘtre dĂ©jĂ , les religions ont des prĂ©ceptes qui servent de discipline morale et garantissent la stabilitĂ© sociale. Par exemple, dans la religion juive, âtu ne tueras pointâ est le 5á” commandement de lâAncien Testament.
đïž Lâau-delĂ : lâĂȘtre humain est conscient de sa finitude, de sa mort. Il sâinterroge alors sur ses origines, mais aussi sur lâau-delĂ , ce qui vient aprĂšs la mort. La religion donne une rĂ©ponse Ă cette interrogation, par exemple, la religion bouddhiste croit que mĂȘme si le corps meurt, lâesprit reste vivant et se rĂ©incarne aprĂšs la mort. Dâautres religions ont dâautres croyances, comme le paradis et lâenfer.
La religion est lâopium du peuple.
Karl Marx
đ Les rĂ©cits fondateurs : il sâagit dâhistoires qui ont une certaine valeur symbolique chez les croyants et qui reflĂštent les idĂ©es quâils ont sur la reprĂ©sentation du monde. Certaines religions ont des rĂ©cits communs, par exemple, le DĂ©luge, qui existe dans les religions musulmane et chrĂ©tienne.
đŻ Une pratique collective et/ou individuelle : il existe des religions qui se pratiquent collectivement, comme le christianisme, quâon ne peut pas sĂ©parer de lâĂglise, oĂč tous les fidĂšles se rĂ©unissent pour pratiquer leur culte. Mais cela ne signifie pas que la religion nâest pas pratiquĂ©e individuellement, au contraire. Les croyants peuvent pratiquer un culte tout seuls, par exemple, les musulmans font la priĂšre seuls ou avec dâautres fidĂšles.
Une religion est un systĂšme solidaire de croyances et de pratiques relatives Ă des choses sacrĂ©es, câest-Ă -dire sĂ©parĂ©es, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une mĂȘme communautĂ© morale, appelĂ©e Ăglise, tous ceux qui y adhĂšrent.
Ămile Durkheim
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LâĂ©volution de la religion Ă travers le temps đż
Tu le sais dĂ©jĂ , le lien entre la religion et lâHomme a connu pas mal de changements Ă travers les Ă©poques. La religion jouait un rĂŽle central dans les sociĂ©tĂ©s humaines archaĂŻques, car elle rĂ©gulait les relations entre les hommes et assurait la stabilitĂ© sociale, comme on te lâa prĂ©cisĂ© plus haut. âïž
Ensuite, pendant le Moyen Ăge, la raison est devenue l’adversaire de la foi, c’est-Ă -dire que la philosophie sâest opposĂ©e Ă la thĂ©ologie. Cependant, certains philosophes promouvaient la sĂ©paration de la foi et la raison, dâautres voulaient plutĂŽt mettre la philosophie au service de la thĂ©ologie. â
đ Pour info
La thĂ©ologie, c’est essentiellement Ă©tudier et rĂ©flĂ©chir aux questions religieuses en se basant sur les Ă©critures sacrĂ©es, les croyances Ă©tablies et la transmission traditionnelle.
đ La RĂ©volution française arrive et elle sĂ©pare le pouvoir religieux du pouvoir politique, instaurant la laĂŻcitĂ©. Avec celle-ci apparaĂźt lâesprit des LumiĂšres qui met en avant le culte de la raison pour remplacer celui de la foi. Le courant rationaliste promeut la science et relie la religion Ă la superstition, donnant ainsi vie Ă lâathĂ©isme.
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La laïcité
Selon le Larousse, la laĂŻcitĂ© est le âcaractĂšre de ce qui est laĂŻque, indĂ©pendant des conceptions religieuses ou partisanes.â Dans un pays laĂŻque, lâĂtat est sĂ©parĂ© des organisations religieuses et chaque citoyen a le droit et la libertĂ© de croire en la religion quâil veut.
La religion selon les philosophes
Comme tu peux lâimaginer, le concept de la religion a fait couler beaucoup dâencre chez les philosophes et câest normal. On parle ici dâun concept qui a une rĂ©ponse Ă la question existentielle : âpourquoi existons-nous ?â đ€
Pascal
Selon Pascal, la religion nâest pas liĂ©e au mental, mais plutĂŽt Ă lâĂ©motionnel : on Ă©prouve la prĂ©sence de Dieu. Mais la question qui se pose est la suivante : comment Ă©prouver le sentiment religieux ? Pascal affirme quâafin dây parvenir, il faut arrĂȘter de consacrer son temps Ă des activitĂ©s et des divertissements futiles. Il faut atteindre le silence intĂ©rieur. Ă partir de lĂ , lâĂȘtre humain ressent un vide ou un manque existentiel, et câest Ă ce moment-lĂ que Dieu apparaĂźtra. âš
DâaprĂšs Pascal, câest la recherche de la perfection qui pousse lâĂȘtre humain Ă se divertir pour avoir lâillusion dâĂȘtre satisfait ou comblĂ©. Cependant, la perfection est une caractĂ©ristique de Dieu. Alors, celui qui accepte le sentiment de manque comprend que ce vide est une marque de Dieu en lui.
Pari de Pascal âïž
Selon cet argument philosophique, il vaut mieux parier sur lâexistence de Dieu que sur sa non existence. Alors, il faut mener une vie moralement juste en se privant des plaisirs de la vie, car si Dieu existe, alors lâĂȘtre humain ira au paradis pour lâĂ©ternitĂ©. Si ce nâest pas le cas et quâil n’y a rien aprĂšs la mort, il aura perdu peu en se forçant Ă ĂȘtre vertueux.
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Descartes
Le raisonnement que Descartes met en avant est connu sous le nom de âlâargument anthologiqueâ. Le philosophe mathĂ©maticien a Ă©laborĂ© une dĂ©monstration mathĂ©matique pour prouver lâexistence de Dieu. Celle-ci estime que Dieu dĂ©tient toutes les perfections et puisque lâexistence est une perfection, alors Dieu existe. Autrement dit, Dieu est un ĂȘtre parfait, alors il possĂšde toutes les qualitĂ©s, dont lâexistence. â
J’ai conclu Ă l’existence Ă©vidente de Dieu, et que mon existence dĂ©pend entiĂšrement de Dieu dans tous les moments de ma vie, que je ne pense pas que l’esprit humain puisse rien savoir avec plus d’Ă©vidence et de certitude.
Leibniz
Leibniz met en Ă©vidence un argument dit âcosmologiqueâ en posant la question suivante : âpourquoi y a-t-il quelque chose plutĂŽt que rien ?â En gros, il se demande pourquoi des rĂ©alitĂ©s, des choses, la Terre et lâunivers existent-ils ? Selon lui, puisque la non-existence aurait Ă©tĂ© plus simple, lâexistence doit donc ĂȘtre la consĂ©quence dâune intentionnalitĂ© quâon appelle âDieuâ. âïž
Leibniz sâexprime alors sur la nĂ©cessitĂ© dâavoir une raison Ă lâorigine du monde, en disant que la science ne sait pas expliquer les raisons de la crĂ©ation du monde. Les rĂ©ponses ne se trouvent donc pas dans la rationalitĂ©, sinon on aurait dit que la crĂ©ation du monde a Ă©tĂ© causĂ©e par rien. Or, la religion explique quâil sâagit dâune intelligence originelle quâon peut nommer âDieuâ.
Dieu dit : Que la lumiĂšre soit ! Et la lumiĂšre fut.
GenĂšse
Kierkegaard
Selon Kierkegaard, la foi religieuse est une alternative de la raison chez le croyant, car ce dernier est certain de ce quâil croit : sâil a des doutes sur lâexistence de Dieu, il aura perdu la foi. Par exemple, Abraham a acceptĂ© de sacrifier son fils Ă la demande de Dieu. Il nâa pas doutĂ© une seule seconde que son fils serait sauvĂ©. Dans Crainte et tremblement (1843), Kierkegaard explique quâAbraham a laissĂ© âsa raison terrestreâ.
Câest par la foi quâAbraham quitta le pays de ses pĂšres et fut Ă©tranger en terre promise. Il laissa une chose, sa raison terrestre, et en prit une autre, la foi.
Sartre
Pour Sartre, la religion limite l’individu en lui imposant un sens prĂ©dĂ©fini par un Dieu crĂ©ateur. Cette idĂ©e va Ă l’encontre de sa vision existentialiste qui met en avant la libertĂ© de chacun Ă donner un sens Ă sa propre vie, sans l’intervention d’une divinitĂ©. Sartre pense que pour ĂȘtre vraiment libres, nous devons rejeter l’idĂ©e d’un Dieu crĂ©ateur, car cela nous empĂȘche de dĂ©cider pleinement de notre propre existence.Â
Ainsi, il considĂšre que l’athĂ©isme est essentiel pour prĂ©server cette libertĂ© fondamentale. Selon lui, ĂȘtre libre signifie exister avant d’ĂȘtre dĂ©fini par quoi que ce soit d’autre que nous-mĂȘmes, nous permettant ainsi de façonner notre propre destin plutĂŽt que d’ĂȘtre dĂ©terminĂ©s par une force extĂ©rieure.
Dieu, c’est la solitude des hommes… Si Dieu existe, l’homme est nĂ©ant.
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Freud
Plus rĂ©cemment, Au XIXe siĂšcle, Freud explique, dans ses Nouvelles confĂ©rences sur la psychanalyse (1932), que la religion est faite pour rassurer lâĂȘtre humain. Selon le psychanalyste, le besoin dâĂȘtre protĂ©gĂ© et aimĂ© par Dieu vient du besoin affectif que lâĂȘtre humain ressent comme lorsquâil Ă©tait enfant. Il sâagit Ă©galement dâun besoin intellectuel, car la religion aide Ă comprendre le monde qui nous entoure et Ă rĂ©pondre aux questions existentielles. đ
Nous le savons dĂ©jĂ : lâimpression terrifiante de la dĂ©tresse infantile avait Ă©veillĂ© le besoin dâĂȘtre protĂ©gĂ© – protĂ©gĂ© en Ă©tant aimĂ© – besoin auquel le pĂšre a satisfait ; la reconnaissance du fait que cette dĂ©tresse dure toute la vie a fait que lâhomme sâest cramponnĂ© Ă un pĂšre, Ă un pĂšre cette fois plus puissant.Â
Et voilĂ , on arrive Ă la fin de cet article. On espĂšre que tu lâas trouvĂ© utile et si tu as besoin dâune aide plus personnalisĂ©e pour comprendre les notions philosophiques, des cours de soutien en philosophie en ligne peuvent tâĂȘtre utiles. Allez, Ă bientĂŽt ! đ