T’as jamais entendu parler de ce poème et t’as besoin d’un coup de pouce pour mieux le comprendre ? Figure-toi que t’as de la chance : quand il écrit La lune blanche, Verlaine fait une petite pause dans les folies poétiques. Ça parle de nature, de love et de poésie. Basique, non ? Allez, c’est parti pour le commentaire et l’analyse ! 🚀
La lune blanche Paul Verlaine : présentation
Fiche d’identité 🔍
Auteur | Verlaine |
Genre | Poésie |
Recueil | La Bonne Chanson |
Date | 1872 |
Structure | Une alternance de 3 quintiles et 3 monostiches de 4 syllabes. |
Un recueil amoureux ❤️
Un contexte heureux
Un “ô” lyrique ? Oyé oyé, le poète est amoureux ! Quand il compose le recueil, le mec traverse une période de sa vie qui, on te le donne en mille, ressemblerait presque au BONHEUR.
Un truc tellement ouf pour lui que ça valait bien un recueil, non ? Parce que depuis la mort de son père en 1865, le bonheur, c’était pas vraiment ça. D’ailleurs, ça se ressent dans ses précédents recueils.
Sa rencontre avec Mathilde Mauté l’apaise temporairement. Entre 1869 et 1870, il adresse 21 poèmes à sa future épouse, réunis dans La Bonne Chanson.
On dit bien temporairement hein, parce qu’il rechute très vite dans la violence et l’alcool, divorce en 1874 pour se tailler avec Arthur Rimbaud, qu’il agresse avant de finir en prison (Mood). Romances sans Paroles (1874) est à nouveau beaucoup plus sombre.
Un lyrisme plus traditionnel ?
Le critique littéraire Jean-Michel Maulpoix, dans une étude très connue sur le lyrisme, explique que le lyrisme verlainien s’exprime par des vers impairs et la tonalité mélancolique. Ces caractéristiques sont un peu moins présentes dans ce recueil. En le lisant, n’oublie pas qu’il est directement adressé à une ado de 16 ans :
👉 Il la célèbre par un chant élogieux, à l’image des odes ou hymnes antiques. Le terme de “chanson” renvoie à une tonalité légère et joyeuse, comme l’adjectif mélioratif “bonne”.
👉 La forme est plus simple : beaucoup de rimes plates (AABB), les vers sont pairs.
Ça ne veut pas non plus dire que l’écrivain est devenu flemmard. Au contraire, son style poétique est en train de s’affirmer. Il est encore coincé entre :
- Les inspis’ romantiques et parnassiennes, très attachées aux formes traditionnelles (comme c’était le cas pour Poèmes saturniens).
Une dimension très musicale apportée par un style épuré et une forme simplifiée, comme dans Romances sans paroles.
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La lune blanche Verlaine : dans l’œuvre 📖
#️⃣ 1 : Une atmosphère réconfortante
💡 Fais gaffe !
Regarde la poésie suivante, “Le bruit des cabarets, la frange des tiroirs”, qui est pile à la moitié du recueil. Mathilde Mauté n’y est pas du tout évoquée. Bizarre, non ? Elle contraste aussi avec “La lune blanche” par son cadre urbain inquiétant.
En gros, Mathilde incarne une sorte de “paradis” qui rattrape sa vie pas du tout sexy 👇
Bitume défoncé, ruisseaux comblant l’égout, / Voilà ma route — avec le paradis au bout.
“Le bruit des cabarets, la frange des tiroirs”
Comme pour sa cousine Elisa, son amour de toujours, il est attiré par des femmes qui le comprennent et comblent sa solitude de mec qui ne trouve pas sa place dans le monde réel.
👉 Dans la poésie que t’étudies, son amante l’accompagne dans son propre univers poétique (où il fait poto-poto avec des arbres) et l’apaise.
Comme pour sa cousine Elisa, son amour de toujours, il est attiré par des femmes qui le comprennent et comblent sa solitude de mec qui ne trouve pas sa place dans le monde réel.
👉 Dans la poésie que t’étudies, son amante l’accompagne dans son propre univers poétique (où il fait poto-poto avec des arbres) et l’apaise.
#️⃣ 2 : L’inspiration symboliste
💡 Fais gaffe !
Les pièces du recueil n’ont pas de titre. “La lune blanche” n’est que le premier vers du recueil. À ton avis, d’où vient la source d’inspiration ? De la nature à la nuit tombée ? De la “bien-aimée” quasiment absente ? Surement un peu des deux 😉 Regarde “Clair de lune” des Fêtes galantes où les deux sont complètement mêlés !👇
Votre âme est un paysage choisi
Clair de Lune
Le poète teste, influencé par le mouvement symboliste et surtout par son pote Baudelaire. Dans les deux recueils de 1869 et 1872, il figure ses émotions à travers des références musicales et picturales : on croirait presque qu’il nous décrit un tableau ! Dans les Fleurs du Mal, “Harmonie du soir” ou “Le Jet d’eau” font penser à ça, non ?
👉 La particularité de Verlaine, c’est de se servir de cette figuration pour construire son propre univers poétique. Il a simplement tendance à se confondre, lui, avec le monde. Why not 🤷
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#️⃣ 3 : Une forme épurée
Au fil de ses œuvres, l’écrivain simplifie de plus en plus la forme poétique, dans la recherche de la musicalité. Retrouve ça dans le titre d’autres textes comme “Chanson d’automne” (Poèmes saturniens) 👇
Les sanglots longs / Des violons / De l’automne
« Chanson d’automne »
Et COMME PAR HASARD, celui-ci est aussi composé de vers de quatre syllabes !
💡 Le savais-tu ?
Depuis l’Antiquité, le vers traditionnel pour l’expression lyrique est l’octosyllabe (le vers de 8 syllabes). Dans le poème, il est coupé en deux. Là où ça se complique, c’est que ces vers de quatre syllabes sont réunis par cinq (quintiles), suivis d’un vers isolé.
En bref, l’écrivain fait trop le fou avec la forme, en composant un rythme impair.
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La Lune Blanche de Verlaine : le texte
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La lune blanche analyse
Si t’as bien compris, la structure est faite pour être décomposée en trois parties, chacune composée d’un quintile et d’un monostiche. C’est parti pour l’analyse ! 🚀
Propositions de problématiques
- Dans quelle mesure le paysage figure-t-il l’univers poétique de l’écrivain ?
- En quoi le poème est-il lyrique ?
- Comment la présence de la femme aimée se décèle-t-elle dans le poème ?
Mouvement 1 : La figuration de l’inspiration poétique 🎶
Quintile 1 : L’entrée dans un univers poétique
✒ La lune blanche
- Avec cette mention, tu entres dans un paysage lunaire. Le blanc est une couleur paradoxale : c’est à la fois la paix et la lumière et en même temps la froideur.
- Le pronom démonstratif “la” la présente comme une rèf’ commune. La nature est vue à travers un filtre poétique et mélancolique habituel pour l’écrivain.
Toi-même tu sais 😎
✒ Luit dans les bois ;
- Le fait de couper l’octosyllabe en deux, ça crée un enjambement : le verbe “luire” est renvoyé à la ligne. Ça instaure un mouvement descendant autant dans la lecture que dans le tableau : la lumière descend vers la forêt.
- L’opposition à la rime entre le blanc et les bois est accentuée par l’allitération en [b]. Elle instaure un contraste entre le noir (l’intériorité) et le blanc (le sentiment amoureux).
✒ Luit dans les bois ;
- Le fait de couper l’octosyllabe en deux, ça crée un enjambement : le verbe “luire” est renvoyé à la ligne. Ça instaure un mouvement descendant autant dans la lecture que dans le tableau : la lumière descend vers la forêt.
- L’opposition à la rime entre le blanc et les bois est accentuée par l’allitération en [b]. Elle instaure un contraste entre le noir (l’intériorité) et le blanc (le sentiment amoureux).
✒ Luit dans les bois ;
- Le fait de couper l’octosyllabe en deux, ça crée un enjambement : le verbe “luire” est renvoyé à la ligne. Ça instaure un mouvement descendant autant dans la lecture que dans le tableau : la lumière descend vers la forêt.
- L’opposition à la rime entre le blanc et les bois est accentuée par l’allitération en [b]. Elle instaure un contraste entre le noir (l’intériorité) et le blanc (le sentiment amoureux).
- L’allitération en liquides ([L]) et en labiales ([b] et [m]) évoque une musique douce et glissante vers le bas : c’est la parole poétique.
💡 Fais-gaffe !
La ponctuation crée la coupure rythmique avec les vers suivants qui fonctionnent aussi par paires.
✒ De chaque branche / Part une voix
- Facile ! Tu retrouves le même mouvement descendant. Cette fois-ci, c’est carrément la création poétique qui débarque pour faire naître le poème.
- Le déterminant indéfini “une” placé sous l’accent s’oppose à l’adverbe “chaque” : la source d’inspi est unique.
- L’allitération en [che] donne l’impression d’entendre un chuchotement : le lyrisme verlainien se fait en mode mineur. Il véhicule un état intérieur mélancolique.
✒ Sous la ramée…
- L’adverbe de lieu “sous” continue ce mouvement descendant ! (La répétition est le secret de l’enseignement, non ?)
- Les points de suspension introduisent l’enjambement vers la strophe suivante : ça crée un rythme dissonant et bancal, à l’image de la musique discordante du mélancolique.
Monostiche 1 : Le surgissement de la femme désirée
✒ Ô bien-aimée.
- On parle de rejet, pour la fin de la phrase. Ça introduit un effet de retardement : on sait enfin qui appartient cette mystérieuse “voix”.
Le “ô” lyrique a une fonction performative : il fait surgir la femme désirée. Elle vient habiter le monde intérieur et est source de création poétique.
- De même, la rime féminine en [ée] est suivie entre les deux strophes. C’est comme si la femme imprégnait la poésie petit à petit.
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Mouvement 2 : Une peinture mélancolique
Quintile 2 : Le paysage intérieur
✒ L’étang reflète, / Profond miroir,
- La structure se répète : une seule phrase s’étend sur six vers pour introduire un mouvement descendant vers la femme désirée.
- L’incise “profond miroir” t’empêche de savoir immédiatement ce qui est reflété (elle retarde le COD si tu préfères). Et pourquoi ? Suspens… Tu dois juste avoir l’impression que le fameux reflet prend tout l’espace.
✒ La silhouette / Du saule noir
- L’arbre est personnifié en une “silhouette”, qui évoque une forme humaine.
- La couleur “noir” s’oppose à la rime au “miroir” : il y a un contraste entre la lumière du reflet et obscurité. Et ça ne va pas te surprendre, cette noirceur qualifie la mélancolie verlainienne !
En bref : le monde poétique qui est décrit est un “miroir” lumineux de l’âme du solitaire, figuré par le saule. C’est renforcé par le pronom défini “du”. Capito ? 🙃
💡 Le savais-tu ?
Dans l’Antiquité puis au Moyen-Âge, on pensait qu’il y avait dans le corps humain un liquide, la “bile noire” qui rendait mélancolique !
✒ Où le vent pleure…
Bon bah là, on ne peut pas faire plus explicite : les éléments de la nature constituent une métaphore filée des émotions de l’écrivain !
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Monostiche 2 : L’union du poète et de l’amante
✒ Rêvons, c’est l’heure.
- Eh oui chez Paul, les bad moods font rêver et il invite même son amante à se joindre à lui : tu le vois par le verbe à l’impératif.
- Le “rêve” s’apparente ici à la langueur mélancolique : l’état idéal pour la création poétique.
- En bref : la nuit tombée, la mélancolie c’est le date parfait !
Mouvement 3 : Le réconfort du sentiment amoureux
Quintile 3 : Du tourment à la paix intérieure
✒ Un vaste et tendre / Apaisement
- Le sentiment “d’apaisement” imprègne l’univers poétique : il s’étale sur tout le vers.
- C’est accentué par le double qualificatif et notamment l’adjectif “vaste”. La “tendresse” pour le coup est à attribuer à la femme désirée.
✒ Semble descendre / Du firmament
- Le verbe “sembler” introduit un sentiment d’incertitude. Il rappelle l’instabilité de l’écrivain en proie à la mélancolie. La paix n’est que temporaire !
- Le complément d’objet indirect “du firmament” rappelle aussi qu’elle est extérieure au monde poétique et inhabituelle.
✒ Que l’astre irise…
L’avant-dernière strophe rappelle la première, dans un effet de boucle.
Monostiche 3 : Une temporalité brouillée
✒ C’est l’heure exquise.
- La fin très ambivalente ! Le démonstratif “c’est” montre une distance avec l’heure du sentiment amoureux (la sensualité est signifiée par l’adjectif exquis). Le rapport au temps est ainsi perturbé par le regard mélancolique.
Le terme “l’heure” renforce l’effet cyclique et la durée déterminée de cet instant de bonheur. On décèle finalement une forme d’urgence : à peine arrivé, le bonheur menace déjà de disparaître !
Voilà, tu sais commenter et analyser La lune blanche de Verlaine ! Si tu veux en savoir plus sur ses écrits les plus connus, va vite voir les autres analyses sur le blog 😉
Bonjour et merci pour votre analyse ! Je tenais à quelques précisions grammaticales : « la » dans « La lune blanche » n’est pas, me semble-t-il, un pronom démonstratif mais un article défini ; de même, « du » dans « du saule noir » n’est pas un pronom défini mais un article défini contracté