LâAfrique, continent avec une superficie 3 fois plus importante que celle de lâEurope et qui reprĂ©sente 20% des terres Ă©mergĂ©es dans le monde semble rester Ă lâĂ©cart du dĂ©veloppement et de la mondialisation. Ce continent symbolise bien souvent dans nos esprits la pauvretĂ©, la faim, la sĂ©cheresse et les guerres tribales⊠Toutefois, il est important dâaller chercher plus loin et dâĂ©tudier quelle place a le continent africain face au dĂ©veloppement et Ă la mondialisation afin de briser les potentiels prĂ©jugĂ©s.
VoilĂ un article pour en apprendre plus sur l’Afrique dans la mondialisation ! đ
Points forts et points faibles de lâAfrique dans la mondialisation âïž
đ± DĂ©finition mondialisation
Pour rappel, la mondialisation correspond Ă lâintensification des flux internationaux par un processus dâouverture des Ă©conomies nationales sur le marchĂ© mondial et par la libĂ©ralisation des Ă©changes.
Un espace gĂ©ographique riche, atout de taille pour lâAfrique face Ă la mondialisation đȘđŒ
Avec ses 30,37 millions de kilomĂštres carrĂ©s, lâAfrique est le troisiĂšme continent le plus vaste au monde et ce territoire regorge de richesses đž
đą Le continent africain est extrĂȘmement riche en hydrocarbures, notamment au Nigeria, en AlgĂ©rie, au Soudan ou encore en Libye.
Il concentre 8% des réserves mondiales de pétrole et plus de 10 % de la production pétroliÚre.
đ Les ressources miniĂšres sont Ă©galement trĂšs importantes : or, cuivre et cobalt sont prĂ©sents sur le territoire. Cela gĂ©nĂšre dâailleurs de gros conflits, particuliĂšrement en Afrique du Sud, au Congo et au Liberia.
đł Une richesse forestiĂšre et agricole non nĂ©gligeable : lâAfrique possĂšde 60% des terres arables non cultivĂ©es (inexploitĂ©es) au monde, elle pourrait donc devenir un acteur stratĂ©gique pour lâindustrie agro-alimentaire qui fait face Ă une croissance dĂ©mographique trĂšs importante et Ă de nouveaux enjeux de taille. Le continent possĂšde Ă©galement le 2e massif forestier mondial.
đ Tu lâas compris, lâAfrique est trĂšs riche en matiĂšres premiĂšres ! Câest un atout majeur pour le continent dans le cadre de la mondialisation et en faveur de son dĂ©veloppement. Dâailleurs aujourdâhui 64% des exportations africaines concernent les matiĂšres premiĂšres !
Câest cette spĂ©cialisation qui lui permet de sâintĂ©grer Ă la mondialisation.
Le problĂšme, câest que cette spĂ©cialisation des Ă©conomies africaines est fragile et insuffisante. Cela ne permet pas une croissance Ă©conomique stable et suffisante pour que le continent se dĂ©veloppe. đ
Des infrastructures inadaptĂ©es qui nuisent Ă lâintĂ©gration de lâAfrique dans la mondialisation đą
Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, la Banque Mondiale pointe du doigt le manque dâinfrastructure comme lâune des causes principales du faible dynamisme Ă©conomique en Afrique.
Ce dĂ©ficit concerne notamment lâĂ©lectricitĂ© et les routes. Or ce deuxiĂšme point pĂšse autant sur l’Ă©conomie du continent et son intĂ©gration dans la mondialisation que sur le quotidien des habitants et le dĂ©veloppement.
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Les routes đŁ
En Afrique, il y a peu de routes, la plupart des infrastructures sont des chemins ou des pistes.
đđŒ Les deux tiers de lâAfrique rurale vivent Ă plus de 2 km par rapport Ă la route la plus proche.
Cela limite les Ă©changes intracontinentaux, le dĂ©placement des biens, mais aussi des personnes et donc lâaccĂšs aux services. Des Ă©tudes ont par exemple montrĂ© que la mĂ©diocritĂ© des infrastructures de transports ajoute 30 Ă 40% aux coĂ»ts des biens Ă©changĂ©s sur le continent et rĂ©duit la productivitĂ© des entreprises de 40%.
Le sous Ă©quipement des ports đą
Le rĂ©seau maritime qui lie lâAfrique aux autres continents est beaucoup plus dĂ©veloppĂ© que le rĂ©seau de transport au sein du continent. Pourtant, les ports africains restent sous-Ă©quipĂ©s, la manutention des conteneurs est notamment trĂšs lente : jusquâĂ deux ou trois fois infĂ©rieure aux pays dĂ©veloppĂ©s. đ¶
Les inĂ©galitĂ©s de dĂ©veloppement entre les pays africains se retrouvent dans le dĂ©veloppement des ports : lâAfrique du Sud demeure le plus gros marchĂ© en termes de conteneurs, devant le port de Durban puis le port marocain TangerMed.
Les taux de croissance les plus Ă©levĂ©s sont affichĂ©s par les ports des pays exportateurs de pĂ©trole : Angola, Cameroun, NigĂ©ria. Au contraire, câest lâAfrique de lâEst qui enregistre le volume de trafic de marchandises le plus faible de lâAfrique Subsaharienne, cette rĂ©gion Ă©tant desservie essentiellement par les grands ports de Mombasa et Dar es-Salaam.
Un retard Ă©conomique et politique qui nuit Ă lâintĂ©gration de lâAfrique dans la mondialisation đ
Faiblesse sanitaire
Selon lâinstitut de sondage panafricain Afrobarometer, 66% des africains ont dĂ©clarĂ© avoir manquĂ© de soins nĂ©cessaires au moins une fois en 2024 Ă cause du coĂ»t des prestations, du manque de mĂ©dicaments ou de mĂ©decins. Les taux les plus forts ont Ă©tĂ© observĂ©s en Zambie, au Congo-Brazzaville ou encore en Gambie.
Face Ă ce dĂ©ficit sanitaire, les maladies mortelles font rage en Afrique et la population nâa pas les moyens de sâen protĂ©ger comme en Europe.
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Le paludisme et les maladies hydriques sont les premiĂšres causes de mortalitĂ©s infantiles. Et il faut savoir que le taux de mortalitĂ© infantile est extrĂȘmement Ă©levĂ© en Afrique. Triste record : plus de la moitiĂ© des enfants de moins de 5 ans morts dans le monde en 2022 vivaient en Afrique subsaharienne.
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Dans plusieurs pays africains (Afrique du Sud, Namibie, Botswana, Zimbabwe, MozambiqueâŠ) plus de 10% des adultes sont infectĂ©s par le VIH sans avoir accĂšs aux soins comme en Europe.
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La malnutrition touche environ 280 millions de personnes en Afrique.
Un frein politique au dĂ©veloppement đźđŸââïž
LâAfrique est souvent prĂ©sentĂ©e comme un bastion des rĂ©gimes autoritaires et dictatoriaux. On remarque plusieurs phĂ©nomĂšnes dans la politique du continent :
Les dirigeants sâaccrochent au pouvoir đ„
đ©đż Câest le cas en AlgĂ©rie : Abdelaziz Bouteflika, ancien membre de lâALN et candidat indĂ©pendant Ă l’Ă©lection prĂ©sidentielle de 1999 est Ă©lu cette mĂȘme annĂ©e avec 73% des votes et un retrait de tous les candidats adversaires. Il reste au pouvoir jusquâen 2019, date Ă laquelle il abandonne le pouvoir face aux manifestations, aprĂšs avoir proposĂ© de prolonger son quatriĂšme mandat de 2 ans.
đŹđŠ Câest aussi le cas du Gabon oĂč Omar Bongo a gouvernĂ© de 1973 Ă 2009, suivi de son fils Ali Bongo qui est au pouvoir depuis 2009.
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Et enfin, voici une pĂ©riode souvent inconnue dans l’histoire de l’Afrique : le gĂ©nocide allemand en Namibie
LâAfrique est aussi le continent le plus touchĂ© par la corruption. On y trouve les pays les plus corrompus au monde (selon Transparency International) : la Somalie (classĂ© 180e pays sur les 180 analysĂ©s par lâONG), le Soudan du Sud (178/180) ou encore le Soudan (172/180).
đĄExemple dâaffaire de corruption
Le scandale de la dette cachée au Mozambique : 19 personnes sont accusées dans une affaire de détournement de fonds.
En 2013 et 2014, trois entreprises publiques ont contractĂ© pour plus de 2 milliards de prĂȘts auprĂšs du CrĂ©dit Suisse et de la banque russe VTB pour financer des projets dâinvestissements en infrastructure alors que cet argent aurait en rĂ©alitĂ© Ă©tĂ© donnĂ© Ă des proches du gouvernement.
De mĂȘme, en Afrique se trouvent de nombreux pays rentiers dans lesquels la manne financiĂšre est trĂšs forte, mais la pauvretĂ© massive. Câest le cas du NigĂ©ria ou le pĂ©trole a rapportĂ© 300 milliards de dollars dans les 20 derniĂšres annĂ©es mais oĂč 60% de la population demeure sous le seuil de pauvretĂ©. đłđŹ
Le problĂšme de ce dĂ©ficit dĂ©mocratique est le cercle vicieux entraĂźnĂ© par une telle politique. Cela entraĂźne notamment le brain drain (fuite des cerveaux) : les Ă©lites quittent le pays pour travailler et vivre dans des pays plus dĂ©veloppĂ©s et plus dĂ©mocratiques. Il y a dĂšs lors une perte sĂšche de population bien formĂ©e et qualifiĂ©e, rendant dâautant plus difficile le dĂ©veloppement Ă©conomique des pays africains. đ§
LâinsĂ©curitĂ© pĂšse sur les Ă©changes en Afrique đŁ
LâinsĂ©curitĂ© diminue en Afrique depuis le dĂ©but du XXIe siĂšcle, mais elle continue Ă ĂȘtre le continent oĂč le nombre de victimes de conflits est le plus Ă©levĂ©. đ„
En 2024, on compte toujours une dizaine de conflits armĂ©s en Afrique. Ils peuvent opposer des Ătats entre eux ou bien des Ătats Ă des groupes terroristes.
Voilà les causes les plus fréquentes :
đđŒ Des guerres (communautaires ou ethniques par exemple) : en RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo, au Rwanda, au Cameroun, au Soudan…
đđŒ Des trafics : trafic de diamants en Angola, au LibĂ©ria, trafic de cannabis au Maroc, trafic de mĂ©thamphĂ©tamine au NigĂ©riaâŠ
đđŒ Les famines, comme dans la Corne de lâAfrique.
Les conflits armés conduisent à un triple problÚme.
- Dâune part, ils conduisent Ă la destruction du capital physique et donc des richesses du continent.
- Dâautre part, ils monopolisent une part non nĂ©gligeable du budget des gouvernements qui doit financer sa dĂ©fense (armes, armĂ©esâŠ) au lieu dâinvestir dans lâĂ©conomie nationale.
- En plus, les conflits et le climat dâinsĂ©curitĂ© nuisent Ă la confiance des acteurs Ă©conomiques et pĂšsent donc sur le climat des affaires : ils dĂ©tournent de potentiels investisseurs, ralentissent lâimplantation dâentreprisesâŠ
LâAfrique et la mondialisation : entre Ă©mergence et mal intĂ©gration đ
LâAfrique, une Ă©conomie extravertie qui sâouvre Ă la mondialisation âïž
Bien que lâAfrique soit toujours en retrait et en retard dans le phĂ©nomĂšne de mondialisation, elle reprĂ©sente seulement 4% des exportations lĂ©gales au monde.
LâAfrique, grĂące Ă sa croissance dĂ©mographique importante (la population a doublĂ© en 30 ans et est estimĂ©e aujourdâhui Ă 1,3 milliard dâhabitants) reprĂ©sente un bassin de consommation important et attrayant pour les entreprises.
Les FTN investissent en Afrique : en 2008 les IDE entrant en Afrique se sont Ă©levĂ©s Ă 70 milliards de dollars. đ°
Des liens Ă©troits entre lâAfrique et le reste du monde qui marque et limite sa place dans la mondialisation đ
La plupart des pays africains sont d’anciennes colonies europĂ©ennes, la reconnaissance de lâindĂ©pendance de ces Ă©tats a Ă©tĂ© tardive et marque encore aujourdâhui les relations du continent et des autres pays. On peut notamment souligner deux partenaires majeurs de lâAfrique : la France et la Chine.
La Françafrique đ«đ·
La âFrançafriqueâ est un terme souvent employĂ© par les mĂ©dias pour dĂ©signer la relation privilĂ©giĂ©e, mais souvent pointĂ©e comme nĂ©o-coloniale entre la France et lâAfrique. Il a Ă©tĂ© employĂ© pour la premiĂšre fois par FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny en 1955 (alors prĂ©sident ivoirien) pour rendre compte de la volontĂ© de la part des Ătats africains de garder une certaine proximitĂ© avec la France. Cette coopĂ©ration prend en compte :
đ Des accords de coopĂ©ration militaire. La France intervient au Mali et a des bases militaires au SĂ©nĂ©gal, Ă DjiboutiâŠ
đ Des accords commerciaux
đ° Des aides financiĂšres
La Chinafrique đšđł
Depuis les années 2000 les relations sino-africaines se sont beaucoup développées, toutefois elles restent trÚs inégalitaires en fonction du poids géographique, politique et économique des pays africains.
Les principaux partenaires africains de la Chine sont : lâAngola et le Nigeria pour le pĂ©trole surtout et la RĂ©publique du Congo, premier producteur mondial de cobalt.
Les investissements directs chinois ont reprĂ©sentĂ© plus de 3 milliards de dollars en 2022. Les acteurs chinois investissent particuliĂšrement dans la construction d’infrastructures en Afrique.
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LâAfrique : un territoire inĂ©galement intĂ©grĂ© Ă la mondialisation đ
Le continent africain est en rĂ©alitĂ© sĂ©parĂ© entre plusieurs Afrique(s) qui sâopposent. LâAfrique du Sud, membre du G20 et 5e partenaire des BRICS est trĂšs bien intĂ©grĂ©e au commerce international tandis que 33 des 46 PMA (pays les moins avancĂ©s) du monde se situent en Afrique.
Les espaces trĂšs intĂ©grĂ©s đđŒ
Trois interfaces majeures sont ouvertes Ă la mondialisation et au commerce international :
- LâAfrique du Sud
- Le Maghreb
- Le Golfe de Guinée
đŠ On parle notamment des Lions Africains (en rĂ©fĂ©rences aux Tigres et aux Jaguar asiatiques) : AlgĂ©rie, Maroc, NigĂ©ria, Afrique du Sud, Ăgypte et Angola. Ces pays reprĂ©sentent Ă eux-seuls 65% du PIB (produit intĂ©rieur brut) du continent.
Les espaces semi-intĂ©grĂ©s đ€đŒ
Certains pays africains sont dynamiques, mais pas assez pour accĂ©der vĂ©ritablement au commerce international et se dĂ©velopper. Câest le cas du Bostwana, du Soudan du Nord et de la Namibie.
Les espaces en marges đđŒ
Il ne faut surtout pas oublier que lâAfrique hĂ©berge le plus grand nombre de PMA. On peut citer le Sahel, la Corne de lâAfrique et Madagascar qui sont les rĂ©gions les plus pauvres et les plus isolĂ©es au monde.
Conclusion sur lâAfrique et la mondialisation
Tu lâauras compris, lâAfrique est un continent riche mais inĂ©galement dĂ©veloppĂ© et intĂ©grĂ© Ă la mondialisation. Cette derniĂšre est un espoir pour les pays africains, mais ne peut pas devenir une rĂ©alitĂ© pour le continent entier tant que celui-ci ne se stabilise pas : rĂ©partition des richesses, diminution des conflits, avancĂ©e dĂ©mocratiqueâŠ
Ce sont ces enjeux à la fois économiques et politiques qui limitent son développement et son intégration dans la mondialisation.
La conclusion ne peut ĂȘtre que nuancĂ©e : la croissance Ă©conomique des pays africains se confirme, la dĂ©mocratie progresse et le continent sâintĂšgre peu Ă peu au marchĂ© mondial, mais de maniĂšre inĂ©gale.
Je trouve le cours trÚs intéressant