On ne pouvait pas ne pas revenir sur ce classique de sociologie des mouvements sociaux ! Que ce soit en sciences politiques, sociologie, littérature ou même pour notre propre culture générale, c’est un indispensable à connaître ! Cet ouvrage revient sur un épisode qui a marqué l’histoire de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, le Freedom Summer de l’été 1964.
Alors, prêt à en savoir plus ? Let’s go ! 🚀
Qui est Doug McAdam ? 🧐
Doug McAdam est né le 3 août 1951. C’est un sociologue américain et professeur à l’université de Stanford. Il est reconnu pour avoir largement contribué à la sociologie des mouvements sociaux.
Il est également connu pour avoir développé la théorie de la mobilisation des ressources, qui examine comment les mouvements sociaux se forment, se développent et réussissent en mobilisant trois types de ressources : humaines, financières et organisationnelles.
Définition 📖
Mouvements sociaux : ce sont des actions collectives revendicatives visant à défendre une cause. Autrement dit, elles cherchent à remettre en cause l’ordre social ou à le transformer par d’autres moyens que le vote.
✅ Exemples :
- mai 68,
- la lutte pour les droits civiques aux États-Unis,
- les mouvements féministes,
- le mouvement altermondialiste.
Et puis, tu t’en doutes bien, il est notamment connu pour son enquête approfondie sur le Freedom Summer qu’on va découvrir tout de suite ! 🤩
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Petite présentation de l’ouvrage 👀
Cet ouvrage est paru en 1988 aux États Unis et bien plus tardivement en France, en 2012. Il s’est rapidement imposé comme un classique de la littérature sociologique américaine sur les mouvements sociaux.
Doug McAdam est trop jeune pour assister à l’évènement, mais il remarque plus tard que dans tous les grands mouvements des années 70, on retrouve systématiquement à leur tête des militants du Freedom Summer.
Dans cet ouvrage, il va donc retracer l’histoire de l’été 1964 au Mississippi et de ses répercussions sur l’avenir des participants et sur les mouvements sociaux de la fin des années 1960 et des années 1970.
💡 Pour info
L’auteur a passé six années consécutives sur cette enquête ! Il aurait été plus simple pour l’auteur de retrouver la liste des participants du Freedom Summer, mais il n’a pas réussi à le faire. Il a donc été obligé de se rendre au centre Martin Luther King Junior d’Atlanta qui conserve les dossiers de candidature de la campagne.
Il a envoyé 566 questionnaires aux personnes qu’il a réussi à retrouver et qui étaient toujours en vie. Il a ensuite sélectionné 80 personnes pour mener des entretiens qui se sont déroulés lors du printemps 1985.
Contexte historique du Freedom Summer ⏮️
Petit reminder 🧠
La guerre de Sécession s’est déroulée aux États-Unis entre 1861 et 1865. Elle oppose les États américains du Nord (Union) à ceux du Sud (Confédérés), deux régions aux économies, aux traditions et aux modes de vie fort différents, à tel point qu’ils aient fait sécession, en 1860 et 1861.
👍 le Nord était industrialisé et favorable à l’abolition de l’esclavage,
👎 tandis que le Sud était principalement agricole et dépendait fortement de l’esclavage pour ses plantations de coton.
💥 La principale cause de la guerre était la question de l’esclavage. Le Nord voulait mettre fin à l’esclavage, considérant qu’il était immoral, tandis que le Sud voulait le maintenir, car il était essentiel pour son économie.
Près d’un siècle après la fin de la guerre de Sécession, la ségrégation était encore bien installée dans les États du Sud. Les enfants noirs et blancs ne fréquentaient pas les mêmes écoles, les personnes noires devaient s’asseoir dans le fond du bus, du tram ou dans des wagons qui leur étaient réservés. Cela s’étendait même jusqu’aux WC et aux lavabos…
Mais dans les années 1950-1960, le mouvement pour les droits civiques lutte pour obtenir la déségrégation et l’égalité des droits dans la loi et dans les faits. Il a été marqué par le parcours de figures de la liberté telles que Rosa Parks, Martin Luther King et Malcolm X.
À lire aussi
Le Mississipi, terre d’inégalités et d’injustices 🤐
En parallèle, l’État du Mississippi demeure le plus conservateur et raciste avec des milices affiliées au Ku Klux Klan, mais aussi des bavures policières constantes envers la population noire.
💡 Le savais-tu ?
Les cagoulés blancs au chapeau pointu, ça te dit quelque chose ? C’est comme ça que sont vêtus les membres du Ku Klux Klan, cette organisation secrète raciste, suprémaciste blanche et d’extrême droite.
Elle est fondée en 1865 dans le sud des États-Unis après la guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage. Très vite, les membres de cette organisation secrète se mettent à brutaliser ou tuer les anciens esclaves en vue de les empêcher de faire usage de leurs droits civiques. Tu l’auras compris, son but est de restaurer la suprématie blanche par tous les moyens 😬
Et malheureusement, elle n’a pas disparu et reste toujours active dans certains coins des États-Unis.
C’est une terre où règnent injustices et non-droits et où les grands propriétaires terriens s’opposant à la mécanisation de l’agriculture, continuent d’employer à très bas coût de nombreux travailleurs afro-américains. Le seuil de pauvreté est donc très élevé chez la population noire.
Outre les inégalités raciales en termes de scolarisation, de revenus, de santé qui y sont considérables, le Mississippi se caractérise par le fait que la population noire n’a pas le droit de vote. Seulement 6,7 % des noirs sont inscrits sur les listes électorales. 🤐
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Le Freedom Summer, un projet qui rassemble 🫂
Dans ce contexte, le Freedom Summer de 1964 au Mississippi s’impose donc comme un temps fort de la lutte pour les droits civiques. ✊
C’est une campagne à l’initiative de plusieurs groupes de défense des droits civiques, dont le Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC), le Congress of Racial Equality (CORE), et la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP).
↪ Le but ? Inscrire les électeurs noirs sur les listes électorales de l’État du Mississippi. ✉️
Durant cet été, des milliers de volontaires, principalement des étudiants et des militants blancs et noirs, ont convergé vers le Mississippi. Cette campagne n’aurait pas été la même sans l’engagement d’environ un millier d’étudiants, majoritairement blancs, du Nord recrutés pour amener la reconnaissance au mouvement.
Le Freedom Summer, c’est donc avant tout le fruit de rencontres entre des syndicats afro-américains et des étudiants blancs du Nord rêvant d’une Amérique plus juste et éthique. 🫂 Ensemble, ils ont mis en place des Freedom Schools pour l’éducation, des centres de secours médicaux, et ont travaillé pour enregistrer les électeurs afro-américains sur les listes électorales officielles ainsi que sur les listes alternatives du Mississipi Freedom Democratic Party (MFDP).
🔎 Pour info
Cet été de 1964 au Mississippi était un véritable tournant dans l’histoire des droits civiques aux États-Unis. La preuve, outre l’inscription électorale de plusieurs milliers de noirs sur les listes électorales, le Voting Rights Act, qui protège le droit de vote des minorités, est adopté en 1965. 📝
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Analyse de l’ouvrage 🔍
Le Freedom Summer correspond à une expérience militante extrême qui pose un certain nombre de questions pour McAdam :
🤔 Qui sont ces militants ?
🤔 Sont-ils prédisposés à s’engager dans de telles conditions ?
🤔 Comment sont-ils sélectionnés ?
🤔 Comment vivent-ils la campagne, sa violence, ses risques ?
🤔 Quelles sont les conséquences biographiques de telles expériences ?
Résumé des thèses principales de McAdam ✍️
McAdam va procéder à une comparaison minutieuse des profils sociaux et des devenirs biographiques des volontaires :
- ceux qui se rendent dans le Mississippi d’une part,
- ceux qui ne sont pas retenus ou ceux qui ont abandonné d’autre part.
Cette comparaison lui permet de voir ce qui distingue les deux groupes avant la participation au Freedom Summer et surtout les effets de cette campagne sur les trajectoires des participants.
Deux groupes très similaires avant l’été 1964 🤝
Ce qu’il constate, c’est qu’avant l’été 1964 ces deux groupes ont des caractéristiques communes telles que :
👉 l’appartenance à l’élite sociale américaine,
👉 les études réalisées dans les mêmes universités prestigieuses,
👉 les origines géographiques semblables,
👉 leur affinité avec le mouvement, etc.
Néanmoins, les « présents » se distinguent des « absents » sur trois points :
✅ une plus grande disponibilité biographique (absence de contrainte familiale, conjugales, professionnelle et financière),
✅ une affinité de convictions à d’autres groupes de références (socialistes/marxistes, démocrates libéraux, groupe religieux, etc.),
✅ et une meilleure intégration sociale (ils sont déjà membres d’une organisation politique, syndicale ou religieuse et ont déjà des liens préexistants avec d’autres militants du projet).
Deux groupes avec un destin contrasté après l’été 1964 ⚡
Si les présents et les absents ne présentent pas beaucoup de différences avant l’été 1964, en revanche, ils connaîtront des destins fortement contrastés par la suite. Les trajectoires biographiques des étudiants présents ont profondément été bouleversées par leur participation à l’événement.
Un retour compliqué 😖
Le Freedom Summer a été l’occasion d’un décloisonnement social et culturel. La bourgeoise blanche découvre les communautés afro-américaines du Mississippi dans leur intimité : beaucoup de couples vont se former lors de l’été et les étudiants sont hébergés à bras ouverts chez les familles du SNCC.
Ces étudiants ont donc expérimenté et partagé les conditions de vie des populations noires du Sud durant le temps d’un été.
Les militants blancs expérimentent la rudesse des conditions de vie qui leur sont étrangères. Ils ressentent et voient de leurs propres yeux la violence, les discriminations et l’illégalisme généralisé. Quatre personnes sont tuées durant l’été, des dizaines de militants sont passées à tabac, plusieurs centaines sont arrêtées ; des églises, maisons et commerces sont incendiés.
Généralement éduqués dans une atmosphère optimiste et idéaliste, les volontaires n’étaient guère préparés au revers du rêve américain.
Freedom Summer, luttes pour les droits civiques de Doug McAdam, p. 144
La découverte de la réalité est donc très compliquée à supporter et génère chez eux une prise conscience mêlée de culpabilité, colère, tristesse et révolte. 😡
Des étudiants beaucoup plus tournés vers la politique 📣
Le Freedom Summer a une incidence importante sur les étudiants présents. Il conduit à une radicalisation politique et idéologique des volontaires. Arrivés pour la plupart libéraux et idéalistes, ils repartent avec des idées de gauche et révolutionnaires.
Pour de nombreux volontaires, la politique devient l’objet central de leur existence dans les années suivant la campagne. Certains abandonnent leurs études et continuent de militer, d’autres obtiennent des emplois militants rémunérés, d’autres se réorientent vers les métiers de l’éducation, de l’aide sociale ou de la justice.
Rupture avec leur classe sociale ⚡
Après avoir découvert de nouvelles manières de vivre, la plupart des volontaires éprouvent un sentiment de désajustement et de marginalité vis-à-vis de la société bourgeoise et blanche du Nord.
Certains remettent en cause leur croyance religieuse, d’autres s’efforcent de reproduire le mode de vie communautaire expérimenté dans le Mississippi. Cela passe également par la manière de s’habiller, les étudiants ayant participé au projet importent des caractéristiques vestimentaires afro dans leurs universités : Blue Jeans et chemise.
Impact du Freedom Summer sur les Sixties 💥
L’émergence d’une contre-culture ✊
Il y a l’émergence de la « contre-culture » et une re-légitimation du militantisme qui apparaissent aux États-Unis et qui touchent notamment les étudiants.
Définition 📖
Contre-culture : il s’agit d’un courant culturel qui s’oppose aux normes, valeurs et conventions de la culture dominante d’une société. Le terme se diffuse dans les années 70 pour caractériser les mouvements contestataires des jeunes envers la bourgeoisie et la domination culturelle.
Elle peut être le reflet d’un mécontentement envers le pouvoir établi, les institutions, les normes sociales, ou même la consommation de masse.
✅ Exemples :
mouvement hippie des années 60 ;
mouvement punk des années 70 ;
mouvement grunge des années 90, etc.
En effet, à leur retour dans leurs universités respectives, les étudiants bénéficient d’une forte légitimité militante, ils sont écoutés et respectés. Ils feront partie des leaders des mouvements sociaux des années 60.
✅ Exemples :
- dans le mouvement des Free Speech à l’automne 1964,
- dans le mouvement contre la guerre au Vietnam,
- dans l’écologie où ils réinvestiront des techniques militantes acquises au Freedom Summer.
La montée du féminisme 💖
Les femmes qui ont participé au Freedom Summer vont rester globalement plus militantes que les hommes, car elles ont trouvé dans le féminisme une cause de remplacement quasi immédiate aux combats pour les droits civiques.
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Les plus et les moins de l’ouvrage de McAdam ⚖️
Les plus 💖
✅ Approche longitudinale : il réalise une étude sur un temps long et regarde comment les personnes évoluent.
✅ Il se base sur plusieurs échelles d’observation : les expériences biographiques des participants et le contexte national et politique.
✅ Effort de compréhension des répercussions de l’engagement sur la biographie des acteurs.
✅ Cet ouvrage permet de comprendre que l’idéalisme ne suffit pas pour le militantisme et qu’il y a besoin d’une structure pour prolonger l’action collective.
Les moins ☹️
❌ Doug McAdam n’étudie pas les trajectoires des enfants des militants du Freedom Summer.
❌ Il ne revient pas non plus sur l’importance des origines sociales.
❌ La religion en tant qu’acteur central dans les biographies des volontaires n’est pas suffisamment exploitée. Il en parle beaucoup, mais ne l’étudie pas beaucoup. Pourtant, 25 % des volontaires appartiennent à un groupe religieux à la veille du Freedom Summer.
❌ Il parle également des communautés utopiques américaines, mais ne développe pas assez ce point. En effet, une fois rentrés chez eux, de nombreux étudiants se sentent en marge de la société bourgeoise du Nord. Ils désirent retrouver le mode de vie communautaire qu’ils ont expérimenté dans le sud, et pour certains plus radicaux, former des communautés utopiques.
💡Communautés utopiques
Les communautés utopiques américaines sont des individus qui ont cherché à mettre en place des sociétés idéales, souvent en réaction aux inégalités, aux injustices ou aux déséquilibres sociaux de leur époque.
Quelques exemples :
Les Shakers : fondée au XVIIIe siècle par Ann Lee, cette communauté visait à créer une société égalitaire basée sur le travail, la simplicité et la vie commune. Ils étaient connus pour leurs pratiques religieuses, leur artisanat de haute qualité et leur engagement envers la non-violence.
New Harmony : Robert Owen, un réformateur social britannique, a créé la communauté de New Harmony dans l’Indiana en 1825. Il cherchait à créer une communauté utopique basée sur le socialisme coopératif, où les ressources seraient partagées équitablement.
Brook Farm : créée en 1841 à West Roxbury, Massachusetts, cette communauté était basée sur les idéaux transcendantalistes et visait à créer une société égalitaire où le travail manuel et intellectuel serait valorisé de manière égale.
Ressources 🔥
Si tu as envie de creuser davantage le sujet, on te laisse une petite liste de ressources juste ici 👇
🎥 le documentaire Freedom Summer (2014) de Stanley Nelson Jr,
🎥 le documentaire 1964 : Le combat pour un droit | MPB, disponible sur Youtube,
📹 la vidéo Le Mississippi Freedom Summer | Dossiers FBI | True Crime Stories, disponible sur Youtube.
Conclusion ✨
En bref, cet ouvrage offre une analyse approfondie du Freedom Summer de 1964 et de son impact sur la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. Il met en lumière le courage des militants et montre comment leur mobilisation a contribué à des changements significatifs dans la législation et dans la société américaine.
On espère que tu as apprécié cet article, n’hésite pas à nous dire ce que tu en as pensé en commentaire ! Et si tu souhaites impressionner tes copains, n’hésite pas à prendre un cours particulier de littérature avec l’un de nos Sherpas ! 😉