Climat en roue libre, décisions politiques douteuses, technologies de plus en plus pointues… Ces derniers temps, tu as dû remarquer que notre monde partait légèrement en cou… cacahouète. On en arrive presque à vivre des situations qui résonnent étrangement avec des réalités parallèles : les dystopies. De fiction à réalité, la limite est parfois fine ! Voici 3 faits d’actualité qui nous plongent dans une dystopie 👇
💡 Définition de dystopie
Aussi appelé anti-utopie ou contre-utopie, le genre littéraire et artistique de la dystopie vise à représenter une société fictive sombre et dangereuse.
1984, Chute Libre et crédit social
Comme elle nous fait de la peine, cette rousse mielleuse dans l’épisode Chute Libre de Black Mirror. Happée par sa notoriété sur les réseaux sociaux et obsédée par l’image qu’elle renvoie, on a un peu envie de la secouer et de lui dire de revenir sur terre.
Synopsis
La société dystopique dépeinte par cet épisode est régie par la course aux likes et à la popularité. Le principe est simple : chacun se voit attribuer une note allant de 0 à 5. Seulement, celle-ci est totalement tributaire de ses amis, sa famille, ses collègues voire d’inconnus. Tous les citoyens se notent entre eux si bien que la valeur des gens fluctue au gré des interactions et des gestes du quotidien. De quoi calculer tous ses gestes comme Lacie…
👉 De manière générale, la série Netflix se plaît à imaginer notre société dans le futur. Scenarii insensés et inimaginables, les dystopies mises en scène dans Black Mirror paraissent trop loufoques pour arriver dans un futur proche.
Pourtant, cet épisode en particulier semble puiser son inspiration dans des faits réels. Il s’inspire de la mise en place du système de crédit social (SCS) en Chine, un projet politique du gouvernement visant à encourager ses citoyens à mieux se comporter.
💡 Fun fact
En 2018, Black Mirror était l’un des termes les plus associés aux mots « crédit social » dans les tendances Google.
Le système de crédit social est un système de notation en phase de test depuis 2018. Tout comme dans l’épisode Chute Libre, les citoyens chinois peuvent se voir attribuer des notes plus ou moins hautes en fonction de leur respect – ou non – des lois. C’est via la reconnaissance faciale des millions de caméras dans les espaces publics que s’effectue cette surveillance.
👉 Par ce système de récompense ou de punition, le gouvernement cherche à élever le niveau de vertu des citoyens chinois, selon le chercheur Emmanuel Dubois de Prisque.
À l’instar de notre protagoniste aux cheveux de feu qui doit abandonner sa voiture toute propre après avoir perdu des étoiles, les citoyens peuvent être soumis à des restrictions partielles ou totales sur leurs dépenses. En cas de dettes ou de non-respect de leurs obligations légales, bye bye le billet de train ou d’avion.
En chiffres 👇
Selon une enquête de l’Associated Press, 17,5 millions de billets d’avion ont été bloqués en 2018 pour des délits de crédit social.
1984 en 2018?
Entre incitation et sanctions, le système fait l’objet de nombreuses spéculations pour les occidentaux… après avoir fait choux gras pour les réalisateurs et la presse (comme par hasard, comme dirait l’autre). Un reportage de 2019 intitulé “Chine, tout est sous contrôle” y a même été consacré.
Suivi par des milliers de téléspectateurs, cette édition d’Envoyé Spécial met en lumière le durcissement du régime politique chinois qui fait “froid dans le dos”, selon la critique. Basée sur l’intelligence artificielle et sur la surveillance, il ne manque pas de réveiller les craintes d’un nouveau 1984.
👉 Comme dans la fameuse dystopie de George Orwell, plus d’un milliard de Chinois vivent au rythme des technologies qui scrutent leur quotidien. On parle même de dictature numérique. La Chine serait-elle en train de réaliser la prédiction dystopique orwellienne en instaurant son propre Big Brother ?
D’autres questions sont alors soulevées : est-ce qu’en France, on est si loin de tout ça ? Dans le cadre du reportage Envoyé Spécial dédié au SCS, Élise Lucet s’entretient avec Jean-Gabriel Ganascia, président du comité d’éthique du CNRS. Ce dernier affirme alors qu’il existe déjà un crédit social sur Internet où “nous sommes notés en permanence”. Comme notre Lacie nationale dans Black Mirror… Non ? 🙃
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Avortement et (non) droits des femmes : une vraie dystopie ?
Tu as sans doute entendu parler de la série à succès The Handmaid’s Tale diffusée sur Hulu. Pour ta culture, c’est initialement un roman dystopique de Margaret Atwood publié en 1985. Bouquin comme film, l’œuvre nous plonge dans une Amérique post-apocalyptique organisée en castes et contrôlée par un mouvement religieux puritain, où les femmes sont considérées comme… des vieilles chaussettes 😶
Spoiler alert – ou pas vraiment – la République de Gilead est un État patriarcal et totalitaire dans lequel les femmes sont des propriétés de l’État. Privées de leur statut de citoyennes et de leurs droits les plus élémentaires, elles sont réduites pour la plupart à des esclaves sexuelles.
Super ambiance. On est à mille lieues d’imaginer que la violence et l’injustice dépeinte dans le livre ou l’adaptation cinématographique puissent un jour prendre vie. 👍 Et pourtant… on ressent une vague sensation de déjà-vu ! L’écrivaine rappelle dans une postface écrite pour les trente ans du roman que tous les évènements de The Handmaid’s Tale ont des précédents historiques.
Je m’étais fixé une règle : je n’inclurais rien que l’humanité n’ait pas déjà fait ailleurs ou à une autre époque.
Margaret Atwood
Autrice de La Servante Écarlate
👉 Atwood a fouillé dans les tréfonds des injustices les plus dérangeantes pour écrire sa dystopie. Les femmes de la République de Gilead n’ont pas le droit de travailler, d’avoir un compte en banque ou même de lire… à l’instar des femmes il n’y a pas si longtemps.
💡 Le savais-tu ?
Le droit de vote a été accordé aux femmes en 1944. Le port du pantalon pour les femmes était même illégal de 1800 jusqu’en 2013 ! Comme quoi, on revient de loin…
De la fiction… Ou pas
Si cette réalité parallèle fait bizarrement écho à des phénomènes déjà existants – mais révolus pour la plupart – elle est plus que jamais d’actualité. Dans The Handmaid’s Tale, l’avortement est un crime puni par la loi puisque les femmes sont utilisées pour repeupler la Terre désolée.
Une oeuvre, un contexte
La Servante Écarlate a été publié dans un contexte bien particulier. À l’époque, le président ultraconservateur Ronald Reagan avait mis en place un plan de répression de la contraception et de l’avortement.
La métaphore que représentait le roman à l’époque est remise au goût du jour trente ans plus tard, alors que Donald Trump signe une loi visant à bloquer le financement d’ONG internationales soutenant l’IVG. Plus tard, le 24 juin 2022, la Cour Suprême met fin à l’arrêt de 1973 garantissant le droit à l’interruption de grossesse pour les femmes aux États-Unis.
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De nombreuses marches de femmes manifestant pour leurs droits ont eu lieu par la suite. Certaines ont même revêtu des tenues de servantes écarlates, en référence à la série éponyme.
👉 Alors, fiction ou réalité ? Lorsque les horreurs du passé ressurgissent, on peut se demander si la dystopie est inventée de toute pièce ou constitue simplement un avertissement…
N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question.
Simone de Beauvoir
Moustache jaune, déforestation et air en bouteille
Alors que la majorité des films et romans dystopiques nous plongent dans des univers sombres, post-apocalyptiques et déprimants, le Lorax met en scène un petit être moustachu, des paysages colorés et des poissons qui dansent. On se croirait presque dans une utopie (ou un bad trip)
👉 Le film d’animation n’en reste pas moins une dystopie à part entière. Adapté du livre éponyme publié pour la première fois en 1971, il aborde des problèmes économiques et environnementaux très ancrés dans notre époque.
Le joli monde coloré où tout le monde vit sa best life est entièrement artificiel. Aucune plante ne peut y pousser : chaque fleur, chaque arbre et chaque pelouse est en plastique. Plus intéressant encore, tous les arbres ont été décimés à cause de l’industrialisation.
👉 Il y a plus de 40 ans, Dr Seuss formulait déjà une critique de la surconsommation et la production effrénée aux dépens de notre environnement. L’auteur serait ravi de voir où nous en sommes aujourd’hui 💀
Le 7 septembre 2022, le rapport du Réseau amazonien d’information socio-environnementale et géographique indique que le “point de non-retour” en Amazonie est atteint. Incendies, déforestation, la forêt que l’on surnomme les “poumons de la Terre” est mise à mal depuis des décennies.
💡 C’est quoi ?
Le collectif de chercheur indique que ce point de basculement est atteint lorsque la surface d’une forêt est détruite à hauteur de 25%. Entre 1985 et 2020, 26% de la surface amazonienne a disparu.
Avec plus d’un quart manquant – soit des millions d’hectares de forêt – l’Amazonie évoluerait alors vers un autre écosystème, comparable à celui d’une savane. C’est tout son fonctionnement qui va prendre cher ; les animaux seront moins nombreux et le trésor de biodiversité qu’elle représente s’effondrera. 👋
L’air, un luxe qui a un prix 🌬
Si le Lorax a tant gueulé, ce n’est pas pour du beurre. Pour ne rien arranger, la déforestation engendre des dégâts considérables sur les capacités d’absorption du carbone de la forêt. Tout comme dans le Lorax, la pureté de notre air pourra pâtir de la perte brutale de ces précieux hectares d’arbres.
Une étude publiée dans la revue Nature montre qu’au fur et à mesure des années de déforestation, l’Amazonie a fait un 360° et est passée d’un puits de carbone – c’est-à-dire un réservoir qui stocke le carbone – à une source de CO2.
Peut-être qu’on finira, nous aussi, par devoir consommer de l’air en bonbonne comme les habitants de Thneedville où une économie s’est créée autour du manque d’oxygène ! Certains ont déjà sauté sur l’idée et vendent de l’oxygène en canette ou en bouteille. De l’air pur tout droit venu des montages Suisses ou Finlandaises pouvant coûter jusqu’à 170$ 🤨
👉 Le petit industriel cupide dans Le Lorax devenu milliardaire en vendant de l’air a peut-être raison quand il dit “Plus on polluera, plus on vendra”. Dystopie, coïncidence, anticipation ? Ça vaut le coup de surveiller et de prendre un bon bol d’air frais, tant qu’il est encore gratos.
Parcoursup : puisse le sort vous être favorable
Naaaan, celui-la c’est pour rire… Ou presque. Penses-y, il y a quand même un concept. On compte au moins une ressemblance entre Hunger Games et la plateforme la plus détestée des lycéens : de pauvres innocents qui ont trimé toute leur vie, lancés dans une arène sans foi ni loi pour se battre à mort jusqu’à la victoire. Sauf que dans la dystopie de Suzanne Collins, à la fin, il n’en reste qu’un !
On te rassure, Parcoursup est moins sanglant et on a toutes les cartes pour t’aider à t’en sortir indemne. Regarde tous nos conseils et gagne les jeux annuels sur cette plateforme de l’enfer !
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6 dystopies à voir pour se faire du mal👇
La science-fiction est une description de la réalité.
Ray Bradbury
Auteur de science-fiction
Irréelles et inconcevables il y a quelque temps, les dystopies revêtissent aujourd’hui des accents prophétiques. On remarque que les préoccupations du 21e siècle sont très souvent au cœur des œuvres de contre-utopie.
👉 Réchauffement climatique, catastrophes écologiques, guerres civiles, inégalités… Tant de belles choses à mettre en scène sur fond de violons. Voici quelques films à regarder et leurs résumés approximatifs made in Sherpas.
L’environnement
Soleil vert est un film dystopique de Richard Fleischer sorti en 1973. Il dépeint un monde ravagé par la surpopulation, asséché par les températures assommantes. Le manque de nourriture et l’épuisement des ressources poussent les habitants de New-York à se nourrir exclusivement de petites pastilles.
👉 Le mieux dans tout ça ? Il se passe en 2022. Une mise en garde à remettre au goût du jour !
Considéré d’une part comme utopie, d’autre part comme dystopie, Interstellar est indubitablement un lanceur d’alerte écologique. Dans cette science-fiction mondialement célèbre, on est plongés dans un monde post-apocalyptique où les ressources ont été épuisées jusqu’à la moelle.
👉 La seule solution ? Aller voir si l’herbe est plus verte chez le voisin – le voisin habite sur une autre planète – ou voir s’il y a de l’herbe tout court.
Les droits humains
Tchou tchouuuu, c’est le train des problèmes ! Suite à un cataclysme climatique, la planète est plongée dans une ère glaciaire. Les derniers survivants se regroupent dans un train qui ne s’arrête jamais. Bienvenue à bord du Transperceneige, une sorte d’arche 2.0 qui accueille les plus riches à l’avant – ils s’y mettent vraiment bien – et les plus démunis à l’arrière. Évidemment, ça va barder… ✊
Quoi de mieux que cette trilogie iconique pour rester dans le thème des inégalités sociales ? Alors que la Terre a été décimée, les ultra-riches s’éclatent devant des jeux sanglants annuels organisés pour massacrer les pauvres. Entre satyre de la télé-réalité et écho aux inégalités actuelles, Hunger Games ravira amateurs de bagarre et de science-fiction et autres défenseurs des masses opprimées.
Les lois liberticides
2038 : les guerres et les attaques virales ont façonné Londres. Niveau politique, un régime dictatorial et brutal fait la loi et dicte les normes sociales. V, un combattant de la liberté (un anarchiste, quoi) va se battre pour instaurer un changement politique et social.
💡 Avis aux flemmards de la littérature : V pour Vendetta est à la base une bande dessinée en plusieurs tomes !
On termine avec un peu de littérature. “Un roman du futur”, c’est comme ça qu’est décrit Farenheit 451 par son auteur, Ray Bradbury. Ce roman dystopique dépeint une société dans laquelle la détention de livre est un délit car elle répand la culture, la réflexion et surtout, l’esprit critique.
👉 Certains affirment que cette dystopie de 1953 retrouve une certaine résonance sur notre époque, notamment avec la censure de certains pays. Et toi, t’en penses quoi ?
La dystopie : une piste pour devenir meilleurs ?
Les auteurs de science-fiction prévoient l’inévitable. Bien que les problèmes et les catastrophes puissent être inévitables, les solutions, elles, ne le sont pas.
Artiste et romancier
Histoires loufoques et improbables… Vraiment ? Quand on s’y penche un peu, on remarque que les plus grandes dystopies sont le reflet des déviances de notre société. Chaque phénomène en germe, chaque petite crainte de l’humanité et chaque grand enjeu de notre monde actuel a déjà fait l’objet d’un gros banger dans le genre dystopique.
Qu’on soit adepte de science-fiction ou non, la dystopie amène ses lecteurs et ses spectateurs à repenser leur manière d’agir. Autrement, la fiction pourrait bien se transformer en réalité…