Tu tâes dĂ©jĂ retrouvĂ© dans un dĂ©bat sans rĂ©ussir Ă casser lâargument opposĂ© alors que tu le savais fragile ? đ Ou au contraire, tu ne savais pas comment formuler tes arguments ? đŹ
On est lĂ pour tâaider ! GrĂące Ă cet article complet, tu vas connaĂźtre les diffĂ©rents types de raisonnements et comment les manier. PrĂȘt ? Câest parti ! đ
PrĂ©sentation đ
DĂ©finition du raisonnement đ
Un raisonnement est un processus cognitif amenant celui qui l’emprunte Ă utiliser un ou plusieurs arguments pour parvenir Ă une conclusion.
đĄUn argument est une preuve qui appuie une affirmation. On lâutilise pour convaincre quelquâun. đŁïž
Mais sâil nây avait quâune conclusion, ce ne serait pas un argument, mais une affirmation. Par exemple : « Les sciences sont difficiles au collĂšge. » nâavance aucune autre information pour soutenir lâidĂ©e. Il n’y a donc aucun argument. đ§ââ
Bien sĂ»r, on peut apporter diffĂ©rentes informations pour argumenter. đ Câest la maniĂšre dont ces informations sont liĂ©es Ă la conclusion qui va dĂ©terminer le type de raisonnement.
Dans quels contextes sâen servir ? đ€
Tu peux te servir des raisonnements dans trois grands types de situations.
đ Les raisonnements sont utiles dans un dĂ©bat. đŁïž On ne trouvera pas les idĂ©es Ă ta place, mais tu peux utiliser les raisonnements pour les rendre cohĂ©rentes et logiques. đ§ź Note quâun dĂ©bat, ça peut ĂȘtre trĂšs large : une discussion argumentĂ©e, une dispute, une polĂ©miqueâŠ
đ Les meilleurs enquĂȘteurs se servent de raisonnements pour rĂ©soudre leurs affaires. đ”ïž Tu as peu de chances de devenir Sherlock Holmes, mais tu es quotidiennement confrontĂ© Ă de minis mystĂšres (le retard dâun professeur, lâattitude dâun amiâŠ).
đ Les textes argumentatifs enchaĂźnent raisonnements sur raisonnements pour prouver leur thĂšse.
Dans La controverse de Valladolid, Las Casas formule des arguments de diverses natures pour prouver quâil ne faut pas rĂ©duire les indiens en esclavage. â
Le savais-tu ? đĄ
La controverse de Valladolid est un roman qui retranscrit le dĂ©bat historique du XVIe siĂšcle sur le statut et les droits des populations autochtones d’AmĂ©rique. â
Elle oppose Juan GinĂ©s de SepĂșlveda, qui affirme que ces derniers nâont pas dâĂąmes, et Las Casas, qui dĂ©fend leur humanitĂ©.
Peut-ĂȘtre que tu nâĂ©criras jamais de livre philosophique, mais tu devras Ă©crire :
- des analyses littéraires,
- des analyses de discours,
- des analyses de textes philosophiques,
- des dissertations. đ
Maintenant que tu sais quand tâen servir, voyons en dĂ©tail quels sont les types de raisonnements ! đ
DĂ©couvre comment faire une dissertation et passer d’une note de 4,5 Ă 20/20 !
Les raisonnements logiques đ§ź
Les raisonnements logiques dĂ©fendent une idĂ©e. Le lien entre les informations donnĂ©es et la conclusion suit des principes logiques. Ăa ne veut pas dire pour autant quâils sont infaillibles ! â
Raisonnement inductif âŹïž
Le raisonnement inductif part dâun seul cas pour parler du gĂ©nĂ©ral. Plus concrĂštement, il utilise :
- les effets pour parler de la cause, âĄïž
- l’expĂ©rience pour parler de la thĂ©orie,
- un exemple pour parler dâune rĂšgle. đ
Câest ce que Sherlock Holmes utilise souvent. đ”ïž Il va observer la blouse (sa matiĂšre, son origine, ses tĂąches, ses marques) de quelquâun pour induire quâil Ă©tudie telle ou telle science, dans tel collĂšge ou tel lycĂ©e.
Mais tu nâas pas besoin dâĂȘtre extrĂȘmement intelligent pour lâutiliser. En rĂ©alitĂ©, tu tâen sers presque sans tâen rendre compte. đ
Par exemple, si tu penses aujourdâhui que tous les corbeaux sont noirs, câest grĂące Ă cette technique.
Si tous les corbeaux que tu vois sont noirs, alors tu finiras par en induire que tous les corbeaux sont noirs. â«
đ Câest lâexpĂ©rience qui confirme ta thĂšse. Cette logique est trĂšs utilisĂ©e en science, oĂč lâon se sert dâexpĂ©rimentations pour valider ou invalider les hypothĂšses. đ§ââ
đ Essaie de repĂ©rer le raisonnement inductif dans ce texte argumentatif :
« Jâaimerais sortir avec mes amis ce soir. Je sais quâil y a Ă©cole demain, mais ThĂ©o a le droit de sortir, lui. Donc pourquoi jâaurais pas le droit de sortir ? »
Tu as trouvĂ© ? La personne qui parle prend ThĂ©o pour lâexemple de la rĂšgle « Il y a le droit de sortir le soir. ». đ Cet argument soutient la thĂšse du locuteur.
Autre exemple : « La derniĂšre fois, le meurtrier Ă©tait un jardinier. DĂ©sormais, pour toutes les affaires criminelles, il faudra interroger tous ceux qui savent tailler un arbuste. » đł
Lâorateur utilise son expĂ©rience passĂ©e pour trouver une conclusion plus gĂ©nĂ©rale.
Ces arguments ont beau suivre les principes de la logique, ils sont assez fragiles. En effet, il suffit dâun contre-exemple, dâun corbeau rouge ou dâun tueur pĂątissier, pour dĂ©truire la conclusion. đ„
Câest dâailleurs lorsquâon ne trouve aucun contre-exemple Ă une thĂšse quâon la considĂšre solide. Par exemple, on sâest fiĂ© Ă la gravitĂ© de Newton car on nâobservait rien qui contredisait sa thĂ©orie. đ§ââ
Raisonnement dĂ©ductif âĄïž
Le raisonnement dĂ©ductif est lâinverse du raisonnement inductif. Il part dâune cause pour en dĂ©duire une (ou des) consĂ©quence(s).
Il est constituĂ© de deux parties : les prĂ©misses et la conclusion. âïž Les prĂ©misses sont des affirmations qui, combinĂ©es, engendrent une nouvelle idĂ©e : la conclusion.
Le raisonnement dĂ©ductif est trĂšs utilisĂ© en mathĂ©matiques. đ§ź Par exemple, les donnĂ©es dâun exercice et tes calculs sont les prĂ©misses qui te permettent de rĂ©pondre Ă la question.
La plupart des raisonnements déductifs se formulent ainsi :
- A implique B (prémisse) ;
- A (prémisse) ;
- B (conclusion).
⚠Si ça te paraßt flou, on a plusieurs exemples pour toi :
- Si jâĂ©cris des figures de style dans ma copie, alors jâaurai une bonne note au bac de français ; đ
- Jâai mis des figures de style dans ma copie ;
- Donc jâaurai une bonne note au bac de français. đ
Ou alors :
- Si jâhabite Ă Paris, alors jâhabite en France ;
- Jâhabite Ă Paris ;
- Donc jâhabite en France. đ«đ·
Ou encore :
- Si je révise bien mon discours, je réussirai mon oral ;
- Je révise bien mon discours ;
- Donc je rĂ©ussirai pour mon oral. đŁïž
Ces trois arguments sont valides : câest-Ă -dire quâils respectent la forme dâune dĂ©duction. Mais il nây en a quâun seul qui est vrai. â En effet, les premiĂšres prĂ©misses du premier exemple sont fausses.
đ On te conseille donc de faire attention : ce nâest pas parce que la forme est valide que les arguments sont bons.
Les raisonnements dĂ©ductifs sont en rĂ©alitĂ© une catĂ©gorie de raisonnement. On va ici tâen prĂ©senter deux.
Modus Tollens â
Le modus tollens, dérivé du latin modus tollendo tollens signifiant « mode qui, en niant, nie », est une forme de raisonnement déductif. Pour prouver que quelque chose est faux, il montre que sa conséquence est fausse (ou impossible).
Il reprend la structure quâon a vu plus haut pour la retourner :
- Si A alors B (prémisse) ;
- Non B (prĂ©misse) ; đ€„
- Donc non A. (conclusion).
Ici, non B et non A reprĂ©sentent lâinformation contraire. Par exemple, si A est « Jâai eu mon bac. », non A est « Je nâai pas eu mon bac. » đą
đĄ Voici deux exemples concrets pour illustrer le modus tollens :
- S’il a plu, le sol est mouillĂ© ;
- Le sol nâest pas mouillĂ© ;
- Donc il nâa pas plu. đ§ïž
Ou encore :
- Si le locuteur fait un bon travail argumentatif alors le discours réussit à persuader ;
- Le discours nâa pas rĂ©ussi Ă persuader ; đŁïž
- Donc le locuteur nâa pas fait un bon travail argumentatif.
Petit tips de la rĂ©dacâ âš
Tu es en sueur devant ton exercice de maths et nâa aucune idĂ©e comment prouver quâune affirmation est fausse ? đ§ź Le modus tollens est lĂ pour tâaider !
Suppose que lâaffirmation est vraie, et vois ce qui en dĂ©coule. Si tu tombes sur une absurditĂ© mathĂ©matique, genre 0 = 1, tu peux ĂȘtre sĂ»r que le point de dĂ©part est faux ! â
Syllogisme
Le syllogisme est un type de raisonnement déductif. Il a été exposé pour la premiÚre fois par Aristote dans Organon. Le philosophe a écrit le syllogisme le plus connu de tous :
- Tous les hommes sont mortels ;
- Socrate est un homme ;
- Donc Socrate est mortel. đ
On peut résumer sa structure ainsi :
- Si B fait partie de A ;
- Et que C fait partie de B ;
- Alors C fait partie de A.
Comme tu le vois, la premiĂšre prĂ©misse, appelĂ©e majeure, est une affirmation gĂ©nĂ©rale (sur lâhumanitĂ©). đ La deuxiĂšme, appelĂ©e mineure, est une affirmation spĂ©cifique (sur Socrate).
Il y a trois types de syllogismes :
- le catégorique,
- lâhypothĂ©tique, â
- le disjonctif.
Le premier consiste en une suite dâaffirmations, comme lâexemple de la mortalitĂ© de Socrate.
Comme son nom lâindique, le syllogisme hypothĂ©tique sâappuie sur des hypothĂšses pour en trouver une autre.
En tout cas, voici un exemple :
- Si tu ne mets pas ton rĂ©veil, tu vas rester endormi. â°
- Si tu restes endormi, tu vas rater ton cours. đŽ
- Donc si tu ne mets pas ton réveil, tu vas rater ton cours.
Ce syllogisme a une faiblesse : il prĂ©tend que tu ne peux ĂȘtre rĂ©veillĂ© que par ton rĂ©veil (coucou papa et maman). De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il peut ĂȘtre fragile puisque les prĂ©misses pourraient se rĂ©vĂ©ler fausses.
Le syllogisme disjonctif dresse plusieurs situations possibles. Le rejet dâune des situations amĂšne Ă accepter lâautre.
- Soit il pleut, soit le soleil brille ;
- Il ne pleut pas ; đ§ïž
- Donc le soleil brille. đ
Le problĂšme de ce syllogisme est quâil conclut quelque chose de faux sâil ne prend pas en compte tous les scĂ©narios. Par exemple, le ciel pourrait ĂȘtre couvert de nuages sans quâil pleuve. âïž
Mais peut-ĂȘtre que cette argumentation est trop terre-Ă -terre pour toi ? Rassure-toi, on a ce quâil te faut !
Raisonnement par analogie đïž
Les raisonnements par analogie consistent Ă comparer plusieurs Ă©lĂ©ments pour mettre en Ă©vidence leur(s) point(s) commun(s). đ€
Câest quoi une analogie ? đĄ
Une analogie est une ou plusieurs ressemblances entre plusieurs choses (ou personnes). Par exemple, tu vas aux mĂȘmes cours et tu passeras le mĂȘme bac de français que ton camarade. đ
Ă lire aussi
DĂ©couvre plein dâautres figures de style !
Ces deux Ă©lĂ©ments peuvent ĂȘtre complĂštement diffĂ©rents (comme un objet et un animal), mais la comparaison peut aussi consister en un « avant/aprĂšs ». La seule limite, câest ton imagination ! đȘ
Tu peux tâen servir pour prouver ta thĂšse lors dâun dĂ©bat. đŁïž Par exemple, tu peux affirmer : « Tim Burton est au cinĂ©ma ce que Picasso est Ă la peinture. » parmi dâautres arguments pour illustrer lâidĂ©e que le rĂ©alisateur est unique. đš
Note tout de mĂȘme que ce discours peut ĂȘtre compris diffĂ©remment selon lâavis de ton interlocuteur sur Picasso, voire ne pas ĂȘtre compris. Les analogies supposent que vous avez une culture commune. đ€
Tu peux aussi te servir de cette technique pour persuader quelquâun. đŁïžPrends lâexemple du film The Social Network.
Le savais-tu ? đĄ
The Social Network est un film qui raconte les origines de Facebook ! On y suit deux protagonistes : Mark Zuckerberg, le fondateur, et Sean Parker, qui le conseille et lâaide notamment Ă attirer les investisseurs. đ°
Sean Parker pense que mettre des publicitĂ©s sur Facebook ruinera sa popularitĂ© explosive. Mais la sociĂ©tĂ© veut devenir rentable. Alors l’investisseur prend lâanalogie suivante : « Câest comme si tu organisais la fĂȘte du siĂšcle et quâon disait quâelle devait se finir Ă 23 heures. »
đ Cet argument ancre le dĂ©bat dans la dimension du « cool ». Ăvidemment on nâarrĂȘte pas une soirĂ©e si tĂŽt, donc il ne faut pas mettre de la publicitĂ©. Ce discours dĂ©termine la dĂ©cision de Mark Zuckerberg.
On va te donner un autre exemple dâargument que tu pourras sortir en cours de français. Dans Les Cabales, Voltaire veut dĂ©fendre la thĂšse de lâexistence de Dieu. Il donne donc cet argument : « L’Univers m’embarrasse, et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger. » âČïž
Tu vois bien que son argumentation repose sur une comparaison. Mais en prenant dâautres images, les arguments pourraient dĂ©fendre la thĂšse de lâinexistence de Dieu.
Par exemple : « Câest comme le pĂšre NoĂ«l, certaines personnes croient quâil existe, mais câest faux. » đ
Ton premier cours particulier est offert ! đ
Nos profs sont passés par les meilleures écoles et universités.
Les raisonnements polémiques
Ă lâopposĂ© des raisonnements logiques, les raisonnements polĂ©miques se servent de la thĂšse opposĂ©e, voire de celui qui la dĂ©fend. đ€
Raisonnement critique đ
Le raisonnement critique consiste Ă critiquer les dĂ©fauts dâune thĂšse pour la rejeter. Tu peux tâen servir pour dĂ©fendre ton point de vue sans lâargumenter directement. đĄ
Les dĂ©fauts peuvent ĂȘtre multiples :
- une forme incorrecte,
- une information fausse, â
- une incohĂ©rence dans lâargument.
Voici plusieurs exemples :
- « Tu dis que tu nâas pas bu dâalcool, mais tu es positif au test dâalcoolĂ©mie. », đ·
- « Il dit que les extraterrestres lâont attaquĂ©, mais il nây a aucune preuve. », đœ
- « Tu penses quâil est 12 heures 13, mais le soleil vient de se coucher. ».
Pour formuler une critique pertinente, tu dois Ă©couter attentivement ton adversaire. đ Essaie aussi de rĂ©flĂ©chir aux potentielles alternatives quâil nâa pas mentionnĂ©es. Par exemple, « Soit tâes avec nous, soit tâes contre nous » ignore la possibilitĂ© quâon puisse ĂȘtre neutre.
Raisonnement par lâabsurde đ”âđ«
Le raisonnement par lâabsurde est assez proche du modus tollens. On montre quâune information est absurde (fausse ou impossible) pour prouver la vĂ©racitĂ© de son contraire.
Attention, il utilise lâabsurde, il nâest pas en lui-mĂȘme absurde. Au contraire, il repose sur le principe de non-contradiction. Ce dernier est une rĂšgle logique affirmant que deux informations contradictoires ne peuvent ĂȘtre vraies toutes les deux. â
VoilĂ deux exemples :
- Suppose que toutes les voitures soient vertes ; đ
- Si c’Ă©tait le cas, alors il n’y aurait pas de voitures de couleur bleue ;
- Cependant, il y a des voitures bleues ; đ
- Donc toutes les voitures sont vertes et il y a des voitures bleues. đ€
La derniĂšre proposition nâa aucun sens, donc la supposition initiale est fausse. â
- Suppose que tu aies bien révisé ;
- Donc tu connaitrais les rĂ©ponses au devoir ; đ
- Donc tu aurais une bonne note ;
- Or tu as obtenu 3/20 ; đ
- Donc tu nâas pas bien rĂ©visĂ© et tu as bien rĂ©visĂ©.
La derniĂšre phrase se contredit, donc lâhypothĂšse est absurde. đ”âđ«
đ VoilĂ comment tu peux utiliser lâabsurde pour convaincre tes auditeurs que le camp opposĂ© a tort. Mais au-delĂ de critiquer leurs idĂ©es, tu peux aussi montrer les contradictions entre les propos des personnes et leurs comportements. đ€
Raisonnement contre la personne đ«”
Ad personam đ€Ą
La technique consiste Ă attaquer l’adversaire directement dans ses caractĂ©ristiques (Ăąge, taille, sexeâŠ). La critique nâa alors plus rien Ă voir avec les idĂ©es.
Ăvidemment, elle nâa aucune valeur argumentative. Si on te la prĂ©sente, câest pour que tu puisses la reconnaĂźtre. On te dĂ©conseille fortement de lâutiliser ! â
Câest Arthur Schopenhauer qui la formalise dans son Ćuvre La Dialectique Ă©ristique (ou Lâart dâavoir toujours raison). đ Il la dĂ©finit ainsi :
On dĂ©laisse complĂštement lâobjet et on dirige ses attaques sur la personne de lâadversaire.
Arthur Schopenhauer
Lâart dâavoir toujours raison
Le philosophe la qualifie de « stratagĂšme ultime », Ă nâutiliser que si tous les autres ont Ă©chouĂ©. â ïž
Pour un exemple plus rĂ©cent, certaines personnes reprochent le jeune Ăąge de Greta Thunberg pour disqualifier ses idĂ©es. đ§
Ad Hominem đ€
Le raisonnement « ad hominem » consiste Ă critiquer lâincohĂ©rence entre le comportement dâune personne et ses idĂ©es. đ
Elle est elle aussi dĂ©finie par Arthur Schopenhauer dans Lâart dâavoir toujours raison. đ
En contradiction avec quelque chose quâil a dit ou admis auparavant.
Arthur Schopenhauer
La Dialectique éristique
Note bien que cette technique ne remet pas en question la valeur des idées, mais seulement le comportement de celui qui les défend.
đĄCe nâest pas parce que quelquâun de peu recommandable affirme quelque chose quâil a tort. Un tueur en sĂ©rie a raison sâil croit en lâexistence de lâeffet de serre.
Les philosophes nâont pas Ă©chappĂ© aux critiques affirmant quâils ne suivent pas leurs propres conseils.
đ Par exemple, SĂ©nĂšque propose de se dĂ©laisser des plaisirs pour ĂȘtre vĂ©ritablement heureux. đ Mais il menait un train de vie fastueux et Ă©tait lâun des hommes les plus riches de Rome. đ° On lâa critiquĂ© pour cela, ce Ă quoi le philosophe rĂ©torquait quâil Ă©crivait sur la vie idĂ©ale du sage, non sur la sienne.
đ Un deuxiĂšme exemple plus rĂ©cent : Jean-Jacques Rousseau. Le philosophe des LumiĂšres a Ă©crit un traitĂ© sur l’Ă©ducation intitulĂ© Ămile ou De l’Ă©ducation (1762). đ Or, il a abandonnĂ© ses enfants Ă leur naissance. đ¶
Voltaire lui a reproché cette incohérence :
Voyez Jean-Jacques Rousseau, il traĂźne avec lui la belle demoiselle Levasseur, […] Ă laquelle il a fait trois enfants, qu’il a pourtant abandonnĂ©s pour s’attacher Ă l’Ă©ducation du seigneur Ămile.
Voltaire
Lettre Ă M. de Chabanon (1766)
Comme tu le vois, ad hominem nâest utile que dans une poignĂ©e de situations, puisqu’il ne critique pas les idĂ©es. Dâailleurs, quels contextes sont les plus favorables Ă chaque technique ? Câest ce quâon va voir juste en-dessous ! đ
Quel raisonnement choisir ? đ€
Toutes ces techniques fonctionnent différemment, et sont donc plus ou moins pertinentes selon le contexte.
DĂ©jĂ , les raisonnements qui sâappuient sur les thĂšses adverses demandent une importante prĂ©paration. Eh oui, comme le conseille Lâart de la guerre, il faut bien connaĂźtre ton ennemi pour pouvoir attaquer ses faiblesses. đ”ïž
Ensuite, certaines techniques sont plus rigoureuses que dâautres. đ§ź Les raisonnements dĂ©ductifs (modus tollens, syllogismes) et le raisonnement par lâabsurde seront plus efficaces pour convaincre un public de sceptiques. On te les conseille donc pour des dĂ©bats et Ćuvres scientifiques. đ
Mais si tu penses que les attentes du public sont plus basses, ou que tes arguments doivent ĂȘtre spectaculaires, on te conseille lâanalogie, le raisonnement inductif ou par lâabsurde.
Comme tu peux le voir, utiliser lâabsurde rĂ©unit le meilleur des deux mondes : il peut impressionner tout en Ă©tant trĂšs respectueux de la logique. đȘ
En revanche, on ne te conseille la technique ad hominem seulement lors dâun face-Ă -face avec une forte rivalitĂ© (comme dans une Ă©lection par exemple). Ăvidemment, il ne faut pas se baser que sur elle. â
Besoin d’un prof particulier ? âš
Nos profs sont lĂ pour t’aider Ă progresser !
Les avantages âš
RepĂ©rer les erreurs đ”ïž
ConnaĂźtre toutes ces techniques te permet de plus facilement repĂ©rer les erreurs de raisonnements. Elles peuvent ĂȘtre involontaires (ce quâon appelle des paralogismes) ou volontaires (les sophismes). đ
Le savais-tu ? đĄ
Un paralogisme est un raisonnement invalide formulé de bonne foi, sans intention de tromper. Le mot vient du grec ancien paralogismos, composé de para « contraire, à cÎté de », et de logos « raisonnement, raison ».
Au contraire, un sophisme est une argumentation faite pour tromper, qui semble ĂȘtre rigoureuse sans lâĂȘtre vraiment. Lâerreur se cache souvent dans la structure de lâargument, plutĂŽt que dans ses informations. đ
Par exemple, « « Rat » est composĂ© de trois lettres, le rat mange le fromage, donc trois lettres mangent le fromage. ». đ§  Tu te rends bien compte du problĂšme ? En voilĂ un autre plus subtil : « Tout ce qui est rare est cher ». Tout paraĂźt normal. Mais une voiture Ă 20 euros est rare sans ĂȘtre chĂšre. đž
Le sophisme, issu du grec ÏÏÏÎčÏΌα, soit sĂłphisma qui signifie « raisonnement trompeur », dĂ©signait Ă lâĂ©poque les discours prononcĂ©s par les sophistes.
Ce sont des orateurs, des professeurs dâĂ©loquences et les adversaires des philosophes. đŁïž Contrairement Ă ces derniers, ils se moquent de dĂ©fendre la vĂ©ritĂ©.
Ă lâheure des fake news, il est primordial de savoir dĂ©tecter les erreurs pour Ă©viter de se faire manipuler. ConnaĂźtre les diffĂ©rents types de raisonnement permet de se rendre compte lorsque les idĂ©es ne se justifient pas assez, ou reposent sur des infox. đ
Il faut réussir à ignorer le ton grave et les phrases chocs pour remarquer la fragilité des théories du complot par exemple.
Ă lire aussi
DĂ©couvre comment s’informer sur l’actualitĂ© !
Ătre convaincant đŁïž
Pour devenir un bon orateur, il faut dâabord connaĂźtre la thĂ©orie. đ Rien de mieux quâutiliser les idĂ©es des anciens pour dĂ©velopper ses propres compĂ©tences. đ§ Tu peux prendre les modĂšles dĂ©crits dans cet article pour rendre tes arguments solides et/ou frappants !
En plus, comme on te lâa montrĂ©, toutes les techniques ne sont pas adaptĂ©es Ă ta situation. Tu seras plus efficace en choisissant tes arguments avec prĂ©caution. đ€
đ Mais cela ne veut pas dire que tu dois ignorer toutes les autres techniques ! Ceux qui dĂ©fendent des idĂ©es opposĂ©es pourraient les utiliser. Il faut donc que tu les connaisses, et en particulier, leurs faiblesses.
Une fois que tu maĂźtrises bien la thĂ©orie, il ne te reste plus quâĂ pratiquer, en tâinscrivant par exemple dans un club de dĂ©bat. đ„ Devoir formuler des arguments concrets te permettra de dĂ©velopper tes capacitĂ©s de persuasion. đŁïž
Notre article est terminĂ©, on espĂšre que tu maĂźtrises les types de raisonnement ! On espĂšre quâils vont booster tes notes de philosophie et de français ! NâhĂ©site pas Ă nous laisser un commentaire ! â€ïž Si tu as besoin dâaide plus spĂ©cifique en philosophie, prends un cours particulier avec lâun de nos Sherpas !