Aaah, Le Spleen de Paris, un sentiment familier pour tout Ă©tudiant de province exilé⊠Eh oui, l’Ćuvre de Baudelaire, quoique mince, ne se limite pas qu’aux Fleurs du Mal ! Aujourd’hui, on te prĂ©sente l’Ćuvre posthume des Petits PoĂšmes en prose, ou pour respecter le titre de l’auteur, Le Spleen de Paris analyse et pistes de rĂ©flexion Ă l’appui !
Baudelaire Spleen de Paris : présentation
Fiche d’identitĂ© đ
Titre alternatif | Petits poĂšmes en prose |
Auteur | Charles Baudelaire |
Date | 1869 (posthume) |
Genre | Poésie (en prose) |
Composition | 50 poĂšmes en prose |
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â On te le rappelle comme d’hab, mais pour rĂ©aliser tes propres fiches de lecture, ça se passe en vidĂ©o !
Le Spleen de Paris analyse du contexte đ
đ Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIX° siĂšcle, la littĂ©rature française et notamment la poĂ©sie est en plein renouvellement. On veut de la mo-der-ni-tĂ© ! Justement, dĂ©jĂ en 1842, un type appelĂ© Aloysius Bertrand s’est dit que ce serait chouette d’Ă©crire de la poĂ©sie⊠sans vers. Il a donc inventĂ© les poĂšmes en prose avec son recueil Gaspard de la nuit.
Baudelaire est enchantĂ© par cette Ćuvre originale qui Ă©voque un Moyen-Ăge romantique, et a envie de s’en inspirer. Sauf que lui, il veut pousser la modernitĂ© Ă fond et parler Ă nouveau de la ville, ce thĂšme novateur qu’il avait dĂ©jĂ explorĂ© dans Les Fleurs du Mal.
L’idĂ©e m’est venue de tenter quelque chose d’analogue, et d’appliquer Ă la description de la vie moderne (…) le procĂ©dĂ© qu’il avait appliquĂ© Ă la peinture de la vie ancienne.
Charles Baudelaire
Dédicace du Spleen de Paris
C’est ainsi qu’il se met Ă Ă©crire plusieurs poĂšmes en prose, qu’il a l’intention de rassembler sous le titre Le Spleen de Paris. La rĂ©fĂ©rence Ă la section “Spleen et idĂ©al” des Fleurs du Mal est faite exprĂšs.
đ 40 poĂšmes paraissent dans diffĂ©rents journaux, et aprĂšs la mort de Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris est publiĂ© Ă titre posthume par ses amis. L’Ă©dition finale est intitulĂ©e Petits poĂšmes en prose, d’oĂč le fait que le recueil soit connu sous deux titres.
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Le Spleen de Paris analyse thématique
On ne peut pas te rĂ©sumer Le Spleen de Paris poĂšme aprĂšs poĂšme Ă©tant donnĂ© qu’il y en a pas moins de 50, mais cette fiche de lecture est lĂ pour te donner un aperçu global du recueil Le Spleen de Paris analysĂ© Ă travers ses thĂšmes rĂ©currents.
L’expĂ©rimentation poĂ©tique đ§ââïž
La premiĂšre chose qui frappe dans Le Spleen de Paris, c’est bien Ă©videmment la modernitĂ© de sa forme : Baudelaire n’est pas le premier Ă Ă©crire de la poĂ©sie en prose, mais c’est lui qui impulsera les plus grands poĂštes du genre comme Rimbaud puis les surrĂ©alistes.
đ En fait, Baudelaire en a eu assez des contraintes qui, selon lui, devenaient artificielles et ne servaient plus qu’Ă freiner son imagination. En supprimant la contrainte du vers, il rend sa poĂ©sie plus libre et donc plus fidĂšle Ă sa pensĂ©e. Mais on ne le formulera jamais aussi bien que le king lui-mĂȘme :
Une prose poĂ©tique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtĂ©e pour sâadapter aux mouvements lyriques de lâĂąme, aux ondulations de la rĂȘverie, aux soubresauts de la conscience”
Charles Baudelaire
Dédicace du Spleen de Paris
đ Ainsi, on retrouve dans Le Spleen de Paris des poĂšmes tirĂ©s tout droit des Fleurs du Mal, que Baudelaire a pour ainsi dire retranscrits en prose : la plus cĂ©lĂšbre de ces réécritures est sans doute “Un hĂ©misphĂšre dans une Chevelure”, qui est repris de “La Chevelure” des Fleurs du Mal. Mais il y a aussi une version en prose de “L’invitation au voyage” ou encore de “L’Horloge”.
đĄ Tips
On te conseille de comparer les deux versions de ces diffĂ©rents poĂšmes : c’est plus fun que de se contenter de les lire sans but, et tu admireras le talent de Charles Baudelaire pour rendre poĂ©tique le mĂȘme texte sans vers !
Le Spleen de Paris analyse : la ville đ
Baudelaire aime la mer, mais c’est surtout un grand citadin. On le sentait dĂ©jĂ dans les “Tableaux parisiens” des Fleurs du Mal, mais avec Le Spleen de Paris, comme son nom l’indique trĂšs bien, c’est tout le recueil qui est imprĂ©gnĂ© de l’atmosphĂšre de la capitale.
đ L’une des raisons est que la ville incarne la modernitĂ© (on pense que t’as compris maintenant que Baudelaire est plutĂŽt un mec moderne). Eh oui, Ă l’Ă©poque de Baudelaire, les poĂštes romantiques Ă©crivaient plutĂŽt sur la campagne et la forĂȘt ! Mais chez lui, Paris devient carrĂ©ment un personnage Ă part entiĂšre.
đĄ Au passageâŠ
Quand on parle de l’Ă©quation ville = modernitĂ©, on pense bien sĂ»r Ă Baudelaire mais aussi Ă un autre poĂšte obsĂ©dĂ© de modernité⊠notre pote Guillaume Apollinaire ! On te renvoie Ă notre fiche de lecture sur les Alcools pour que tu comprennes Ă quel point son recueil est rĂ©volutionnaire (et COMME PAR HASARD, Paris y est lĂ aussi un main character) đ
đ L’autre raison, c’est que Baudelaire est fascinĂ© par l’expĂ©rience urbaine elle-mĂȘme : il est plongĂ© au milieu de la foule, mais plus seul que jamais (cf. “La Solitude”). Et, comme tu le sais sans doute, Ă Paris, on croise aussi bien les plus riches que ceux qui n’ont rien, ce qui ne laisse pas Baudelaire indiffĂ©rent.
Je sentis ma gorge serrĂ©e par la main terrible de lâhystĂ©rie, et il me sembla que mes regards Ă©taient offusquĂ©s par ces larmes rebelles qui ne veulent pas tomber.
Charles Baudelaire
“Le Vieux saltimbanque”
đ Il Ă©voque notamment ce thĂšme dans “Le joujou du pauvre”, qui montre un gosse de riches avec un super jouet, pourtant envieux d’un enfant pauvre qui joue avec un rat. L’argent ne fait pas le bonheur, comme on ditâŠ
đ Dans “Le Vieux saltimbanque”, il observe un vieux misĂ©rable tout seul au milieu d’une foire pleine de monde. ll se rend compte Ă la fin du poĂšme qu’il voit en lui son avenir, vieux poĂšte oubliĂ© par les gĂ©nĂ©rations suivantes.
Je viens de voir lâimage du vieil homme de lettres qui a survĂ©cu Ă la gĂ©nĂ©ration dont il fut le brillant amuseur.
Charles Baudelaire
“Le Vieux saltimbanque”
Entre mĂ©lancolie et Ă©vasion đ
On ne peut pas faire une fiche de lecture sur Le Spleen de Paris analysĂ© sans parler du spleen ! Encore une fois, ce recueil en prose a de grandes similaritĂ©s avec Les Fleurs du Mal sur le plan thĂ©matique, puisque comme on l’a vu, son titre rappelle la section “Spleen et idĂ©al” du recueil en vers.
RĂȘveries, portraits, anecdotes⊠Il n’y a pas de fil conducteur dans Le Spleen de Paris, qui est une sorte de mosaĂŻque de poĂšmes. Mais le recueil est quand mĂȘme unifiĂ© par un ton assez amer, entre ironie, humour noir et dĂ©sespoir.
đĄ Le savais-tu ?
Le fait que Les Fleurs du Mal ait Ă©tĂ© condamnĂ© par la justice a mis Baudelaire dans un sacrĂ© pĂ©trin, ce qui n’arrangeait rien Ă son mood.
đ Dans “La Chambre double”, ce n’est pas la premiĂšre fois que Baudelaire exprime son angoisse devant le temps qui passe et la fatalitĂ© inexorable de la mort qui l’attend au bout.
Oui ! le Temps rĂšgne ; il a repris sa brutale dictature.
Charles Baudelaire
“La Chambre double”
đ Pour tenter d’Ă©chapper Ă ses idĂ©es noires, Baudelaire convoque des thĂšmes familiers des Fleurs du Mal :
- La femme et le plaisir charnel dans “Portraits de maĂźtresses” et “Un hĂ©misphĂšre dans une chevelure”
- L’exotisme et le voyage dans “Le Port” et “L’invitation au voyage”
- Les drogues, alias les “paradis artificiels”, avec “Enivrez-vous”
- L’Ă©chappatoire ultime reste⊠la mort, Ă©voquĂ©e dans “Anywhere out of the world” (“N’importe oĂč hors du monde”).
Bref, c’est toujours aussi joyeux avec Charles Baudelaire ! đ„ł
On espĂšre que cette fiche de lecture sur Le Spleen de Paris analysĂ© et commentĂ© t’aura Ă©tĂ© utile ! On se revoit bientĂŽt pour un nouvel article đ