Un petit point de syntaxe, ça vous dit ? Quoi ? Mais on faisait ça en primaire ! Et si je te disais que l’étude d’une langue propose une ouverture vers des domaines bien plus vastes que l’orthographe à l’état pur ? Les sciences du langage permettent de comprendre le fonctionnement du langage, comprendre certains aspects sociologiques, analyser un discours et avoir un regard critique, acquérir une méthode dans sa façon d’appréhender les langues, enrichir sa culture générale, s’exprimer, communiquer et bien d’autres choses encore !
Dans cet article introductif, nous nous concentrerons sur la linguistique générale (syntaxe et sémantique). Cela permet de poser des bases pour parler ensuite d’autres champs disciplinaires (phonétique articulatoire, histoire de la langue, création des mots…).
Allez, c’est parti , vive la Morphologie linguistique !
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Sémiologie et Morphologie ✏️
L’apparition du langage naît du besoin de communication. Notre question, finalement, c’est : comment comprendre une langue ? La sémiologie et la morphologie sont deux façons différentes de répondre à cette problématique.
• sémiologie : vision diachronique dia + chronos = à travers + temps
Il a deux notions principales à comprendre en sémiologie. Le signifié Sé « contenu » est concept à transmettre (partie mentale). Le signifiant Sa « expression » est le canal par lequel le signifié est transmis (partie sensorielle). Facile, non ?
- En principe, un nouveau mot créé est motivé/lien existentiel, car créé à partir d’un radical (ex : le signifiant « pompier » renvoie à la pompe utilisée pour éteindre les incendies). Elle peut être populaire, c’est-à-dire composée à partir de mots français, ou bien savante : formée avec des emprunts grecs ou latins.
- Les mots immotivés sont construits par transfert/figures de style : métaphore (ex : rapace pour malhonnête), argot (ex : quille pour jambe), métonymie (rapport de contiguïté, ex : Bordeaux pour vin/verre de Bordeaux).
- Certains mots ont perdu leur sens au fil du temps : ils sont conventionnels (ex : le plombier ne travaille plus le plomb, mais on sait encore à quoi il réfère) ou immotivés (ex : le signifiant nuage ne renvoie pas à la surface cotonneuse de son signifié).
• morphologie : vision synchronique sun + chronos = ensemble + temps
Morphologie, morphe, le mot Grec pour forme. Ben oui tiens, c’est vrai ça, comment on forme un mot ? Un mot est une suite de lettres séparée par une espace à l’écrit, donc on devrait pouvoir le construire avec des lettres, non ? Va dire ça à Saussure !
Convaincu que cette définition ne convenait pas à l’oral, ce mystérieux personnage a été le premier à s’autoproclamer « linguiste ». Il s’est rendu compte qu’à l’oral, les pauses ne correspondent pas forcément à l’espace matérialisé à l’écrit, ni phonologiquement (son) ni sémantiquement (sens). Du coup, pour étudier la langue, plutôt que de parler de mots, il a décidé de parler de morphème. Le morphème est la plus petite forme phonologique dotée de sens.
Il y a plusieurs types de morphèmes :
- Lexème : radical libre pour un mot simple (camion) ou combiné/lié pour un mot complexe (aim-)
- Grammème : flexion, dérivation ou composition (cerf-volant, arc-en-ciel)
Par exemple, in-volontaire-ment est composé du lexème volontaire et des grammèmes in- (dérivationnel) et -ment (flexion nominale).
💡 Pour aller plus loin : La conception du morphème comme un élément composé de plusieurs phonèmes pose problème dans le cas des allomorphes qui possèdent un sens identique, mais pas de régularité phonologique (i-rai / v-ais).
💡 Pour mieux schématiser cette idée, on utilise deux axes : la forme (axe paradigmatique, fonction endocentrique) et le sens (axe syntagmatique, fonction sémantique).
Et pour les mots ? Pour les mots, c’est exactement la même chose. On utilise la syntaxe pour décrire la forme grammaticale (nature d’un mot) et le sens (fonction d’un mot).
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Syntaxe : la forme grammaticale ou nature des mots 🌿
Les mots invariables
Les mots invariables sont sans doute les plus faciles à repérer. Parmi eux, tu peux retrouver :
- L’interjection (ah, oh, zut, etc.)
- La conjonction (relation entre deux propositions) : conjonction de coordination entre deux propositions principales (mais ou et donc or ni, car) et de subordination entre une proposition principale et une proposition subordonnée (quand, si, lorsque, pour que, vu que, si bien que, etc.)
- La préposition (de, par, au lieu de, grâce à, suivant, excepté, etc.) : mot lié à la phrase (ex : il va certainement aller [à] la plage demain)
- L’adverbe : mot autonome que l’on peut ôter de la phrase (ex : il va [certainement] aller à la plage [demain])
💡 Pour aller plus loin : L’adverbe est invariable à deux exceptions près, les adjectifs adverbialisés (ex : une fenêtre grande ouverte) et le mot « tout », qui s’accorde avec un adjectif féminin à initiale consonantique ou avec un « h » aspiré (ex : une fenêtre toute neuve). Oui, nous les français, on est les champions des exceptions !
Les mots qui possèdent une nature variable sont appelés flexions. Parmi les flexions, on distingue :
Les flexions nominales : genre et nombre
- Sémantiquement, le nom (ou substantif) possède une définition alors que l’adjectif et le pronom ne possèdent pas de définition.
- Morphologiquement, le pronom remplace ou reprend le nom. Tu pourras retrouver plusieurs types de pronoms : le pronom possessif le mien, le tien démonstratif cela, celui personnel je tu il relatif/indéterminé aucun, quelqu’un, tout cardinal ils sont trois interrogatifs/exclamatifs qui est entré ? Quel enfer !
- L’adjectif s’accorde avec le nom : ce dernier peut être supprimable (adjectif qualificatif : beau, grand) ou non supprimable (article le, un, des, du, de la, trois déterminants possessifs mon, ton ou démonstratif ce, cet).
Les flexions verbales : temps, mode, personne
- Sémantiquement, il existe des verbes intransitifs et des verbes transitifs/attributifs (verbes d’appellation : nommer, élire et de modalisation : devenir, représenter, paraître).
- Un récap’ sur les modes (morphologie) et leur valeur (sémantique) ?
Modes impersonnels :
- infinitif : 1er groupe en – er sauf aller, 2e groupe en – ir et finissant par issant au participe présent, 3e groupe pour les autres
- participe présent : forme verbale invariable en « ant » qui peut s’employer comme verbe.
Attention, les adjectifs verbaux se différencient des participes présents par ant/ent, qu/c, ou gu/g (précédant/précédent, provoquant/provocant, fatiguant/fatigant) - gérondif : participe présent précédé de « en »Le participe passé est flexionnel (1er groupe : é, ée, és, ées, 2e groupe : e, ie, is, ies, 3e groupe : u, ue, us, ues ou i, ie, is, ies ou é, ée, és, ées ou t, te, ts, tes ou s, se, ses)
1. comme adjectif, il s’accorde en genre et en nombre avec le mot qu’il qualifie
2. conjugué avec être, il s’accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe
3. conjugué avec avoir, le participe passé s’accorde avec le COD s’il est placé avant le verbe. Il ne s’accorde jamais avec le sujet du verbe.
Modes personnels :
- l’impératif, c’est celui que tu utilises pour donner des ordres à ton petit frère (Rends-moi mon téléphone tout de suite !)
- le subjonctif, c’est plutôt réservé aux parents pour exprimer un souhait, une volonté (J’aimerais bien un nouveau téléphone…) ou un conseil (Avec un nouveau téléphone, je pourrais être joignable tout le temps vous savez…)
TEMPS SIMPLES | TEMPS COMPOSÉS CORRESPONDANTS (fait accompli) |
Présent
1er groupe : radical du présent de l’indicatif 2e groupe : radical de l’imparfait de l’indicatif 3e groupe : radical variable selon les personnes + terminaisons e, es, e, ions, iez, en | Passé
Auxiliaire être ou avoir au subjonctif présent + participe passé |
Imparfait
Radical du passé simple + sse, sses, ^t, ssions, ssiez, ssent | Plus-que-parfait
Auxiliaire être ou avoir au subjonctif imparfait + participe passé |
👉🏻 L’indicatif est le mode des faits réels, il exprime des actions et des vérités générales
TEMPS SIMPLES | TEMPS COMPOSÉS CORRESPONDANTS (fait accompli ou antériorité) – ne pas confondre les temps composés de la voix active avec les formes de la voix passive ! | |
Système du présent | Présent
1er groupe : e, es, e, ons, ez, ent 2e groupe : is, is, it, issons, issez, issent 3e groupe : s, s, t, ons, ez, ent x, x, t, ons, ez, ent ds, ds, d, ons, ez, ent
| Passé composé (oral)
auxiliaire être ou avoir au présent + participe passé fait passé, totalement achevé, sans date précise ni durée.
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Futur simple
ai, as, a, ons, ez, ent Attention, courir, mourir, voir, pouvoir doublent leur r au futur !
| Futur antérieur
auxiliaire être ou avoir au futur simple + participe passé
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Système du passé | Imparfait
ais, ais, ait, ions, iez, aient
| Plus-que-parfait
auxiliaire être ou avoir à l’imparfait + participe passé
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Passé simple (écrit)
1er groupe : ai, as, a, âmes, âtes, èrent 2e groupe : is, is, it, îmes, îtes, irent 3e groupe : us, us, ut, ûmes, ûtes, urent is, is, it, îmes, îtes, irent ins, ins, vint, îmnes, întes, inrent
| Passé antérieur
auxiliaire être ou avoir au passé simple + participe passé
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Conditionnel présent
radical du futur + terminaisons au temps de l’imparfait | Conditionnel passé (équivalent du futur dans le système du passé)
auxiliaire être ou avoir au conditionnel présent + participe passé | |
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Syntaxe : la fonction des mots 📘
Les fonctions verbales
Les verbes possèdent aussi une fonction verbale, c’est ce que l’on appelle la voix active et la voix passive. Elle dépend de la forme verbale :
- Forme verbale composée d’un mot : le sujet accomplit l’action (voix active)
- Forme verbale composée de trois mots : le sujet subit l’action (voix passive)
- Forme verbale composée de deux mots : auxiliaire avoir où le sujet subit l’action (voix active) ou auxiliaire être, dans ce cas soit le sujet subit l’action (voix passive) soit il l’accomplit (voix active).
Les fonctions grammaticales : CO, CC, attribut
- Les compléments circonstanciels sont dits accessoires : ils sont supprimables et mobiles.
Ce sont des propositions subordonnées : adverbes (auparavant), groupe gérondif (en souriant) ou syntagme nominal prépositionnel (alors qu’il court…). Il existe des compléments circonstanciels de temps, de lieu, de moyen/manière, de cause/but, de concession .. - Les compléments d’objets sont dits essentiels, c’est-à-dire ni supprimables ni mobiles.
Pour un verbe transitif direct, le COD est pronominalisable (elle aime la nuit → elle l’aime) et peut être mis à la voix passive (elle aime la nuit → la nuit est aimée de/par elle).
Verbe transitif indirect (indirect = introduit par une préposition), le COI (à qui, de qui, par quoi… ?) est pronominalisable (la nuit est aimée de/par elle → elle est aimée par elle) et peut être mis à la voix active (la nuit est aimée de/par elle → elle aime la nuit).
💡 Pour aller plus loin : il est possible que tu rencontres de « faux COD » dont la sémantique change lorsqu’on les met à la voix passive (ex : il a un cartable noir → son cartable est noir, vivre sa vie → sa vie a été vécue). Ce sont en réalité des compléments d’objets internes.
Il y a aussi certains verbes transitifs que tu ne pourras pas mettre à la voix passive (ex : Paul part travailler → *), ils ont besoin d’un complément de progrédience. Et inversement, il y a certains verbes intransitifs que tu ne pourras pas mettre à la voix active (ex : il va à la plage → *), ils ont besoin d’un complément indirect/locatif.
- L’attribut du sujet/COD et son sujet/COD désignent la même chose ou la même personne. Ils s’accordent en genre et en nombre. On trouve un attribut du sujet/du COD après un verbe attributif. Morphologiquement, la forme grammaticale de l’attribut est variée : adjectif qualificatif (il est fou), nom (il est médecin), adverbe (c’est ainsi), infinitif (partir, c’est mourir un peu), proposition subordonnée (il est impossible de résister).
💡 Pour aller plus loin : Parfois, le sujet est multiple (les voisins arrivent-ils ?).
Il y a un joli mot bien compliqué pour dire qu’on inverse le sujet avec le verbe : la postposition. La postposition du sujet est obligatoire dans les phrases interrogatives et exclamatiques (n’est-elle pas rapide !), incise (dit-il), derrière certains adverbes (sans doute roulait-elle trop vite), mais facultative lorsque l’adverbe est en début de phrase (ici se dresse le bâtiment).
Conclusion sur la Morphologie linguistique ❤️
C’est tout pour aujourd’hui ! J’espère que cet article te permettra de faire le lien entre tes vieux souvenirs de syntaxe et le sens que l’on peut attribuer aux mots pour étudier la langue. Maintenant que tu as les bases, il ne reste plus qu’à courir te renseigner sur l’énoncé d’Émile Benveniste, la typologie d’un texte !
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