Tu a pris option latin en seconde, ou la spécialité LLCA en première, et tu découvres une nouvelle notion : l’ablatif absolu latin. Mais qu’est-ce que c’est ? À quoi ça sert ? 😭 Surtout, don’t panic, on est là pour t’aider à y voir plus clair. Cet article est fait pour toi, qui découvres les joies de la grammaire latine. Tu es prêt ? C’est parti ! 🚀
Les déclinaisons ! 👈
On se permet de te rappeler que le latin est une langue à déclinaisons.
« C’est quoi une déclinaison ? » 😭 (dois-tu te demander derrière ton écran !)
Les mots (noms, adjectifs, pronoms, déterminants…) changent de forme pour indiquer leur fonction grammaticale, leur nombre (singulier ou pluriel) ou encore leur genre (masculin, pluriel, neutre).
Exemples : « Mon chat est heureux. » > « Felis mea felix est. »
« Je regarde mon chat. » > « Felem meam video. »
👉🏾 Le latin, l’allemand, le russe ou encore l’arabe en font partie.
Rappel sur le cas de l’ablatif 💡
En latin, il existe 6 cas : le nominatif, le vocatif, l’accusatif, le génitif, le datif et l’ablatif.
👉🏼 Ces cas indiquent tout simplement la fonction du mot ou du groupe de mots dans la phrase.
D’ailleurs, si on fait un comparatif, le latin, contrairement à la langue française, est une langue de concision : plus il y a de cas, moins il y a besoin de mots !
Exemple : Quoniam pulchram amat, Galba ad urbe exit. (7 mots)
Parce qu’il aime une jeune fille, Galba sort de la ville. (12 mots)
On t’a fait un petit tableau qui récapitule les différentes fonctions qu’ils remplissent (mais qu’est-ce qu’on est sympa, sérieux ! 😎)
Nominatif | Sujet, attribut du sujet |
Vocatif | Apostrophe (comment tu appelles les gens, quoi !) |
Accusatif | COD, attribut du COD (peut éventuellement être un complément circonstanciel s’il est précédé d’une préposition particulière !) |
Génitif | Complément du nom |
Datif | COI, COS (complément d’objet second) |
Ablatif | La plupart des compléments circonstanciels (de temps, de manière, etc.) |
👉🏼 L’ablatif est le cas qui nous intéresse particulièrement pour cet article.
On ne voudrait pas lui manquer de respect, mais l’ablatif est un cas un peu « fourre-tout » ! En fait, il a intégré les fonctions d’autres cas qui ont disparu.
D’ailleurs, on te rappelle que si tu veux une grosse piqûre de rappel concernant les classes grammaticales et les fonctions, on propose des cours de français chez les Sherpas !
On te donne quelques exemples de fonctions que l’ablatif remplit :
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il peut servir de complément circonstanciel (de moyen, de manière, de cause, d’accompagnement, de temps, de lieux…),
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il peut être complément d’agent (complément d’un verbe passif),
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il indique l’origine (né de, issu de),
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il peut être complément de provenance avec les verbes « demander », « recevoir », « emprunter » ou encore « obtenir »,
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il peut indiquer l’abondance ou la privation,
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il est employé après des comparatifs ou des superlatifs,
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il peut marquer l’éloignement ou la séparation,
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il est aussi complément de matière (or, argent, bois…) ou de prix (après un verbe d’estimation).
Pour briller en société ! ✨
Tu sais que l’ablatif est proprement latin ? Il n’existe d’en aucune autre langue !
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L’ablatif absolu latin, qu’est-ce que c’est ? 🤔
On ne t’a pas cité une autre fonction possible de ce cas un peu barbare : l’ablatif absolu.
L’ablatif absolu, c’est une tournure grammaticale propre au latin et très souvent employée. C’est pour ça qu’il est important de l’étudier !
C’est quoi un ablatif absolu ?
👉🏼 C’est une proposition subordonnée, complément circonstanciel, exprimant la cause (parce que), le temps (une fois que, quand), la condition (à moins que, pourvu que) ou encore la concession (bien que, même si, malgré).
Seul le contexte permet de choisir le sens le plus approprié pour la traduction. ⚠️
Étymologiquement, « absolu » signifie « détaché ».
👉🏼 Cette proposition est syntaxiquement indépendante de la proposition principale : en d’autres termes, il n’y a aucun mot commun entre les deux parties de la phrase. 🙅
Les verbes doivent avoir des sujets différents.
Un exemple en français pour y voir plus clair 💡
« Une fois que les invités sont partis, Aline a pu se reposer. »
« Une fois que les invités sont partis » est une subordonnée circonstancielle de temps. Le sujet est « les invités » et le verbe est « partir » au passé composé.
Il n’y a aucun élément commun avec la proposition principale, on pourrait très bien la supprimer sans que cela ne vienne perturber la syntaxe de la phrase.
Cette subordonnée apporte des informations supplémentaires concernant les circonstances de l’action.
👉🏼 Avec l’ablatif absolu, c’est pareil.
Construction de l’ablatif absolu latin 🏗️
L’ablatif absolu est composé de deux mots. Il n’y a PAS de conjonction du subordination pour l’introduire ( ce qui rend son repérage difficile, ainsi que sa traduction !)
Un verbe à l’ablatif soit au participe parfait (« ayant été fait ») soit au participe présent (« qui fait ») soit au participe futur (« qui sera fait ») | un groupe nominal ou pronominal à l’ablatif + éventuellement un attribut du sujet |
À noter 📝
Le participe futur n’existe pas en français contrairement aux participes passés (aka parfait en latin), et présent.
Il se construit à partir du supin (5e forme du verbe latin) dont on remplace la terminaison par -urus, -ura, -urum (il se décline comme un adjectif de la première classe).
👉 Il indique ce que l’on va faire.
Exemple : « Ave Caesar, morituri te salutant. » > « Ave César, ceux qui vont mourir te saluent. »
Voici des exemples de jolis petits ablatifs absolus :
« Partibus factis, sic locutus est leo. » | Mot à mot : < Les parts faites >, le lion parla ainsi. Peut se traduire : « Une fois les parts faites (ou effectuées), le lion parla ainsi. » Partibus : nom + factis : participe parfait |
« Hostibus victis : populus romanus laetus est ». | « Les ennemis ayant été vaincus, le peuple romain est heureux. » hostibus : nom + victis : participe parfait |
« Urbe capta, Romani non desperaverunt. » | « La ville prise, les Romains ne désespèrent pas. » Urbe : nom + urbe : participe parfait |
« Pythagoras Superbo regnante in Italiam venit. » | « Sous le règne de Tarquin le Superbe, Pythagore vint en Italie. » Superbo : nom + regnante : participe présent |
« Cicerone consule mortuus est. » | « Il mourut sous le consulat de Cicéron. » Cicerone : nom + consule : nom > Il n’y a pas de participe pour le verbe être (ESSE) en latin ! |
« Caesare venturo, Phosphore, redde diem. » | « Quand César arrivera, Phosphore, tu rendras le jour. » Caesare : nom + venturo : participe futur |
Fun fact rien que pour toi parce qu’on souhaite ta réussite
La locution latine « vice versa » que tu utilises fréquemment en français… est un ablatif absolu (OMG ! 😱).
Vice (nom à l’ablatif signifiant « tour » ou « à la place de » + versa (participe parfait du verbe versare qui signifie « tourner » : les choses ayant été tournées, renversées, inversées.
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Des exemples connus dans la littérature latine 📚
Pour faire tes versions latines, on te conseille d’abord de traduire mot à mot l’ablatif absolu. Ensuite, trouve le sens le plus approprié et le plus élégant.
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« Cantante eo, ne necessaria quidem causa excedere theatro licitum erat. » (Suétone) : « Pendant qu’il chantait, il n’était pas permis de sortir du théâtre, même en cas de nécessité. »
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« Artes repertae sunt, docente natura. » (Cicéron) : « Les arts ont été inventés grâce aux indications fournies par la nature. »
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« Quo facto civitatibus tyrannisque magnas imperaverat pecunias. » (Jules César) : « Après cela, il avait exigé de grosses sommes d’argent des villes et des tyrans de ces contrées. »
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« Nondum hieme confecta de improviso in fines Nerviorum contendit » (Jules César): « Bien que l’hiver ne fût pas encore terminé, il fondit à l’improviste sur le pays des Nerviens. »
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« Perdicca nuntiato satellitum adventu in limine domus suae constitit » (Quinte-Curce) : « Perdiccas, averti de l’arrivée des gardes, se tint sur le seuil de sa maison. »
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« Hoc nuntio audito dissensio inter Aetolos orta est » (Tite-Live) : « Quand on eut appris cette nouvelle, un désaccord eut lieu entre les Étoliens. »
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« Meleagro suadente ne a corpore Alexandri discederent, ad Euphraten fugam intendunt (Quinte-Curse) » : « Méléagre voulant les persuader de ne pas s’éloigner du corps d’Alexandre, ils s’enfuient vers l’Euphrate. »
Fun fact 😆
Jules César a écrit La Guerre des Gaules qui relate les conflits entre les peuples gaulois et Rome de 58 à 50 avant Jésus-Christ.
Voici un extrait : « Quibus rebus cognitis, Caesar Auximum proficiscitur » (« À cette nouvelle, César marche sur Auximum. »). Tu as remarqué ? Il parle de lui à la troisième personne. On pense qu’il avait peut-être un peu le melon !
On t’a donné cette phrase parce qu’il y a un bel ablatif absolu dedans ! Faut dire que le consul était assez fan de cette tournure latine. Sauras-tu le reconnaître ? Indice, c’est au début ! 😉
Cet article est fini. On espère qu’il t’a plu et que tu vas devenir un pro du latin. On sait que tu vas y arriver ! Rappelle-toi, chez nous, tu peux trouver un professeur particulier de culture G qui t’enseignera les influences gréco-romaines dans notre production artistique. À bientôt, sur le site des Sherpas !
Comment différencier l’ablatif absolu de l’ablatif normal ?
Bonjour !
Pour vous répondre, il n’existe pas d’ablatif « normal » à proprement parlé. En revanche,
Ce que l’on appelle l’ »ablatif absolu » est une construction spécifique, typiquement latine, tandis que les autres usages de l’ablatif ne forment pas une catégorie distincte mais correspondent simplement à ses diverses fonctions dans une phrase.
L’ablatif absolu
C’est une construction autonome dans la phrase, composée d’un nom ou pronom à l’ablatif, accompagné d’un participe (ou parfois d’un adjectif ou d’un autre nom).
Elle exprime une circonstance (temps, cause, condition, concession, etc.) et est indépendante du reste de la phrase. Elle se traduit souvent par une proposition subordonnée circonstancielle en français.
Exemple :
Urbe capta, cives fugerunt.
→ « La ville ayant été prise, les citoyens s’enfuirent. »
Les autres usages de l’ablatif
En dehors de cette construction, l’ablatif est utilisé dans diverses fonctions syntaxiques classiques, toujours en lien avec le reste de la phrase. Par exemple :
Moyen ou instrument :
Gladio pugnat. → « Il combat avec une épée. »
Lieu (souvent avec préposition) :
In urbe manet. → « Il reste dans la ville. »
Cause :
Timore tremit. → « Il tremble de peur. »
Complément d’agent (avec ab) :
Urbs ab hostibus capta est. → « La ville a été prise par les ennemis. »
Différence clé
L’ablatif absolu est une construction indépendante : on peut la retirer de la phrase principale sans en modifier la grammaticalité.
Les autres usages de l’ablatif sont intégrés à la syntaxe de la phrase, car ils dépendent du verbe, d’une préposition ou d’un substantif.