Sir Thomas More, aussi connu sous le nom de saint Thomas More est dĂ©crit comme la voix de la conscience lors de la premiĂšre RĂ©forme anglaise et l’une des plus grandes figures du XVIe siĂšcle. Il est Ă la fois savant, juriste, thĂ©ologien et homme d’Ătat. Tu connais peut-ĂȘtre son Ćuvre LâUtopie qui a marquĂ© la naissance d’un nouveau genre littĂ©raire, celle de la vision d’une sociĂ©tĂ© parfaite. PrĂȘt Ă dĂ©couvrir la biographie de ce personnage emblĂ©matique ? Letâs go! đ
Fiche d'identité | |
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Nom | Thomas More |
Naissance | 7 février 1478 à Londres |
DécÚs | 6 juillet 1535 à Tower Hill |
ActivitĂ© | Philosophe, homme d'Ătat, romancier, juge, diplomate, poĂšte, thĂ©ologien, homme politique, historien, Ă©crivain |
Ćuvre principale | LâUtopie (1516) |
Famille et premiers pas đȘ
Fils de John More, un homme de loi, Sir Thomas More devient page du cardinal Morton, archevĂȘque de CantorbĂ©ry, entre 1490 et 1492. GrĂące Ă Morton, il entre Ă l’universitĂ© d’Oxford, puis en 1494, il poursuit ses Ă©tudes de droit Ă New Inn et Ă Lincoln’s Inn, oĂč il a comme maĂźtre Ărasme. Il devient avocat Ă 21 ans et dĂ©fend les marchands de la City. Il enseigne ensuite le droit jusqu’en 1510 et devient juge, Ă©lu par les Londoniens. đïž
đ° En 1505, il Ă©pouse Jane Colt, avec qui il a trois filles et un fils. Malheureusement, Jane dĂ©cĂšde en 1511. Il se remarie avec Alice Middleton, une veuve avec deux enfants.
đĄ Pour info
Ărasme, ça te dit quelque chose ? Oui, câest bien Erasmus comme le programme dâĂ©change ! Ărasme est un philosophe hollandais qui a beaucoup contribuĂ© au dĂ©veloppement de lâhumanisme, un mouvement intellectuel qui valorise la connaissance, la culture et la dignitĂ© humaine.
Contexte historique đ«
On peut dire que la pĂ©riode entre 1400 et 1600 est celle oĂč tout a changĂ© en Angleterre (et mĂȘme en Europe). Tu l’as bien devinĂ©, il s’agit de l’Ă©poque de la Renaissance durant laquelle on passait du Moyen Ăge aux Temps modernes. Pendant cette pĂ©riode, les gens ont renouvelĂ© leur vision de lâhumanitĂ© et ont commencĂ© Ă remettre en question lâimportance de Dieu.
Pourquoi dit-on « Renaissance » ? đ€ Il y a eu un renouveau dans les domaines scientifiques et artistiques inspirĂ© par l’AntiquitĂ©, faisant renaĂźtre les Ćuvres de celle-ci, dâoĂč le terme « Renaissance ».
đ Pour rappel
Quand Thomas More entame une carriĂšre politique, les rois d’Angleterre Ă©taient Henri VII (1504-1509) et Henri VIII (1509-1547). Ce dernier est cĂ©lĂšbre pour avoir initiĂ© la RĂ©forme anglaise en rompant avec l’Ăglise catholique romaine. Câest comme ça quâil Ă©tablit l’Ăglise anglicane et sa propre autoritĂ© religieuse en Angleterre.
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Une carriĂšre avec beaucoup de drama đŹ
Câest dans ce contexte que la carriĂšre de More se construit. DĂšs 1504, il rejoint le Parlement en s’Ă©levant contre les taxes demandĂ©es par le roi Henri VII pour une guerre en Ăcosse. Les ennuis commencent quand le roi enferme son pĂšre. Thomas prend une pause en France en 1508, mais revient avec lâarrivĂ©e d’Henri VIII en 1509, mais ça se ne passe comme prĂ©vu ! đŹ
âȘïž D’abord, il gĂšre les affaires du cardinal Thomas Wolsey, puis devient maĂźtre des requĂȘtes et rejoint le Conseil privĂ© du Roi. Il se lance dans des missions Ă l’Ă©tranger, comme les Pays-Bas en 1515 (c’est lĂ qu’il Ă©crit Utopie dont on te parlera plus tard), puis Ă Calais en 1517. En 1521, il devient trĂ©sorier de la Couronne et en 1523, il se retrouve PrĂ©sident de la Chambre des Communes.
RĂ©forme de la religion âȘ
Dans les premiĂšres annĂ©es du XVIe siĂšcle, lâhumanisme arrive en Angleterre et Ărasme (1466-1536) enseignait depuis deux ans Ă l’UniversitĂ© de Cambridge, formant toute une gĂ©nĂ©ration de thĂ©ologiens. C’est Ă Cambridge, en 1520, qu’un petit groupe d’acadĂ©miciens a Ă©tĂ© touchĂ© par les idĂ©es de Martin Luther, un moine et thĂ©ologien qui a provoquĂ© la rĂ©forme protestante en Europe occidentale.
âïž Protestantisme vs Catholicisme
Au XVIe siĂšcle, Martin Luther et Jean Calvin veulent rĂ©former l’Ăglise. Ils Ă©tudient, traduisent et enseignent la Bible en langage courant et propagent leurs idĂ©es religieuses. Leurs enseignements dĂ©clenchent des conflits qui, au siĂšcle suivant, contribuent Ă remodeler l’Europe.
Bien quâils aient des points communs, le catholicisme et le protestantisme ont Ă©galement pas mal de diffĂ©rences. En voici quelques-unes des plus importantes :
Catholiques :Â
âïž Reconnaissent l’autoritĂ© du pape.
âïž Lisent la Bible mais sont aussi attachĂ©s Ă la tradition.
âïž Prient les saints pour intercĂ©der.
Protestants :
âïž Rejettent l’autoritĂ© du pape.
âïž Mettent l’accent sur la lecture personnelle de la Bible.
âïž Ne prient pas les saints, privilĂ©gient la priĂšre directe Ă Dieu.
Le divorce d’Henri VIII đ«
Henri VIII monte sur le trĂŽne en 1509. En 1504, il Ă©pouse Catherine d’Aragon (nĂ©e en 1485), la veuve de son frĂšre aĂźnĂ©. Catherine donne naissance Ă plusieurs enfants, dont seule Mary, nĂ©e en 1527, survit. Le roi, ĂągĂ© de 36 ans en 1527, n’a pas d’hĂ©ritier mĂąle. ObsĂ©dĂ© par la nĂ©cessitĂ© d’avoir un fils pour assurer la stabilitĂ© du trĂŽne, il dĂ©cide de demander le divorce de sa femme pour Ă©pouser Anne Boleyn, une jeune demoiselle dont il est amoureux.
đ€· Comme tu peux lâimaginer, cela a gĂ©nĂ©rĂ© tout un dĂ©bat : le pape est-il compĂ©tent pour donner une dispense ou non ? Les rois anglais au Moyen Ăge avaient dĂ©jĂ restreint les droits du pape sur l’Ăglise de leur pays et affirmĂ© que les tribunaux royaux avaient la prioritĂ© sur les tribunaux pontificaux (celles du pape). Mais seul le pape ClĂ©ment VII pouvait annuler le premier mariage d’Henri VIII.
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La rupture avec Rome đ
Jusqu’en 1527, les relations entre Rome et Londres Ă©taient assez bonnes, mais la demande d’annulation du mariage du roi posait problĂšme au pape. La demande s’Ă©ternise pendant deux ans et le roi s’impatiente. Ne pouvant pas annuler son mariage par Rome, il fait prononcer le divorce par un tribunal anglais en mai 1533. ClĂ©ment VII rĂ©agit en excommuniant Henri en mars 1534. Des reprĂ©sentants du clergĂ© valident le nouveau mariage du roi sous la contrainte.
đ En novembre 1534, l’« Acte de SuprĂ©matie » votĂ© par le Parlement accorde au roi et Ă ses successeurs le titre de « Chef suprĂȘme de l’Ăglise d’Angleterre ». Ăa veut dire que tout le pouvoir ecclĂ©siastique (religieux) repose entre ses mains. Le statut du pape est devenu le mĂȘme que celui de l’archevĂȘque de Rome, sans autoritĂ© spĂ©cifique en Angleterre. Les archevĂȘques et les abbĂ©s ne sont plus consacrĂ©s par le pape, mais nommĂ©s par le roi, qui est Ă©galement le seul Ă pouvoir prendre des mesures disciplinaires.
Le roi fait adopter une loi qui conduit Ă la dissolution des monastĂšres entre 1536 et 1540. L’Ăglise, qui possĂ©dait un tiers des terres en Angleterre, en perd la moitiĂ© au profit de la Couronne. Moines et nonnes quittent leurs monastĂšres. Ce bouleversement est acceptĂ© par le clergĂ© et le Parlement, sauf par Thomas More.
đ Remarque
Câest vrai quâavec les idĂ©es de Luther, on croirait que lâAngleterre devenait protestante, mais en 1539, la loi des Six Articles qui a Ă©tabli la suprĂ©matie de la religion anglicane en Angleterre, a mis fin aux espoirs des RĂ©formateurs. Ă la mort d’Henri VIII, l’Ăglise d’Angleterre n’Ă©tait pas une Ăglise protestante, mais une Ăglise catholique sans pape.
Jugement et dĂ©capitation â°
En 1532, Thomas More se retire de ses responsabilitĂ©s sous prĂ©texte de douleurs Ă la poitrine, mais refuse Ă©galement d’assister au couronnement d’Anne Boleyn. Cette absence est mal perçue et lui vaut des ennuis. Il refuse de reconnaĂźtre l’Acte de succession du Parlement et il est emprisonnĂ© Ă la tour de Londres. JugĂ© coupable de trahison le 1á”Êł juillet 1535, il est condamnĂ© Ă ĂȘtre pendu, Ă©viscĂ©rĂ© et Ă©cartelĂ©. Le roi, avec une certaine clĂ©mence, change la peine en dĂ©capitation. Ainsi, le 6 juillet 1535, Thomas More subit la dĂ©capitation.
đ Des siĂšcles plus tard, son courage est reconnu. En 1886, il est bĂ©atifiĂ© par l’Ăglise catholique, puis canonisĂ© en 1935. En 2000, le pape Jean-Paul II en fait le saint patron des gouvernants et des hommes politiques.
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Contributions majeures đ
Thomas More est bien lâauteur de LâUtopie, publiĂ©e en 1516, l’une des Ćuvres philosophiques les plus controversĂ©es du XVIe siĂšcle. Dans son livre, More cherche Ă critiquer son Ă©poque, dĂ©nonce les tendances tyranniques des monarques, l’accumulation de richesses chez les plus riches, ainsi que la facilitĂ© des Ătats Ă entrer en guerre. Est-ce que ça a rĂ©ellement changĂ© depuis ? Il reste Ă voir ! đ€·
LâUtopie, câest quoi ? đ
Thomas More est celui qui crĂ©e le mot « utopie ». Ce terme vient du grec et signifie « lieu qui nâest nulle part ». Le terme est apparu pour la premiĂšre fois dans le dictionnaire en 1611. Aujourdâhui, lâutopie dĂ©signe un genre littĂ©raire qui vise Ă dĂ©crire une sociĂ©tĂ© fictive idĂ©ale. đ
đ Le livre est divisĂ© en deux parties. La premiĂšre, sous forme de dialogue entre More et RaphaĂ«l Hythloday, un marin portugais, offre une critique de la sociĂ©tĂ© anglaise et europĂ©enne du dĂ©but du XVIe siĂšcle. Dans la seconde partie, Hythloday raconte son voyage fictif sur l’Ăźle d’Utopie et dĂ©crit un Ătat paĂŻen idĂ©alisĂ©, fondĂ© sur la raison et la philosophie.
Sur l’Ăźle d’Utopie, le bonheur social prime et les institutions sont conçues pour favoriser la stabilitĂ© communautaire. đ€© More propose diffĂ©rentes institutions et encourage la contestation du systĂšme actuel. LâUtopie est une sorte d’outil de critique et d’espoir de transformation sociale qui nous invite Ă rĂ©flĂ©chir sur les injustices et les incohĂ©rences du monde rĂ©el.
â Pour info
More connaissait les travaux d’Aristote et de platon et il est possible de voir le projet de sociĂ©tĂ© idĂ©ale explorĂ© dans une section de La RĂ©publique, un des dialogues de Platon (coucou Renaissance đ), comme l’une des influences pour son ouvrage LâUtopie. Eh oui, More nâĂ©tait pas le premier Ă parler dâune sociĂ©tĂ© idĂ©ale, câest juste le terme « utopie » qui nâexistait pas encore.
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L’hĂ©ritage de Thomas More âš
Comme tu peux lâimaginer, un tel homme a laissĂ© derriĂšre lui tout un hĂ©ritage qui perdure jusquâĂ nos jours. Hormis sa pensĂ©e et ses idĂ©es politiques, on le retrouve aussi dans la culture populaire.
Lâinstitut Thomas More đą
En 2004 naĂźt l’Institut Thomas More, un laboratoire d’idĂ©es europĂ©en et indĂ©pendant basĂ© Ă la fois Ă Bruxelles et Ă Paris. Cet institut, aussi connu sous le nom de Think tank, partage les valeurs du libĂ©ral conservatisme et se consacre aux enjeux europĂ©ens et aux relations internationales avec une attention particuliĂšre envers la France. đ«đ·
đ Cet institut a trois objectifs clĂ©s : influencer, Ă©changer et agir. Il mĂšne des programmes de recherche multidisciplinaires qui englobent plusieurs domaines tels que la vie en Europe, les dĂ©fis internationaux, l’immigration et l’intĂ©gration, la sociĂ©tĂ© et la culture, l’Ă©conomie et la compĂ©titivitĂ© et dâautres sujets.
Thomas More ou L’homme libre de Jean Anouilh đ
On retrouve l’hĂ©ritage de Thomas More aussi Ă travers l’art et la culture. Thomas More ou L’homme libre, une piĂšce de théùtre Ă©crite par Jean Anouilh en 1987, met en lumiĂšre les derniers moments humoristiques de la vie de Thomas More avant sa dĂ©capitation. Ă l’origine un scĂ©nario des annĂ©es 60, cette piĂšce Ă©voque un homme qui, malgrĂ© sa solitude, conserve une bonne humeur exceptionnelle tout en demeurant fidĂšle Ă ses valeurs.
Et voilĂ , on arrive Ă la fin de cet article ! On espĂšre que tu lâas trouvĂ© utile, nâhĂ©site pas Ă nous laisser un commentaire si tu as des questions. đ