Grand personnage de lâhistoire française au siĂšcle dernier, tu lâas certainement vu passer dans tes cours de sociologie afin dâĂ©tudier les relations humaines et sociales. Philosophe, sociologue, journaliste, politologue, Raymond Aron Ă©tait un homme Ă plusieurs casquettes. đ§ą
Mais quelles ont Ă©tĂ© ses pensĂ©es et ses analyses durant sa longue carriĂšre ? Si tu souhaites le savoir, on tâinvite Ă coller avec dĂ©licatesse tes yeux sur lâĂ©cran et lire cet article !
Fiche d'identité | |
Date et lieu de naissance | 14 mars 1905 Ă Paris |
Famille | Son pĂšre est Gustave Ămile Aron et sa mĂšre, Suzanne Levy. |
Profession | Philosophe, journaliste et sociologue. Il a aussi Ă©tĂ© professeur des sciences sociales Ă lâuniversitĂ© et, Ă lâinstitut dâĂ©tudes politiques de Paris notamment. |
Livres | La sociologie allemande contemporaine (1935), LâOpium des intellectuels (1955), Paix et guerre entre les nations (1962), DĂ©mocratie et totalitarisme (1965), etc. |
Ses influences | Aristote, Alain, Max Weber |
Sujets sur lesquels il sâest exprimĂ© | Les relations internationales, la sociologie, le communisme, la Guerre froide, le conflit israĂ©lo-palestinien, etc. |
Date et lieu de décÚs | 17 octobre 1983 à Paris |
Raymond Aron, qui est-il ? đ€
Câest le moment dâen savoir un peu plus sur la vie tumultueuse de notre personnage principal du jour.
Son enfance đȘ
Le petit Raymond est issu dâune famille juive et de parents relativement aisĂ©s. Originaire de Lorraine, sa famille dĂ©cide finalement de sâinstaller Ă Paris, capitale française dans laquelle Aron passera la grande majoritĂ© de sa vie.
La fortune familiale des Aron permet aux trois enfants (Raymond et ses deux frÚres, Adrien et Robert) de poursuivre des études supérieures de qualité.
đ° Pour info
Il épouse, en 1933, Suzanne Gauchon, avec qui il aura trois filles, dont la sociologue et politologue française (tel pÚre, telle fille) Dominique Schnapper.
Ses Ă©tudes đ
Il Ă©tudie au lycĂ©e Hoche, situĂ© Ă Versailles et obtient son bac en 1922 (bien jouĂ© Ă lui !). Ensuite, il suit une classe prĂ©paratoire littĂ©raire dans le but dâĂȘtre reçu dans une grande Ă©cole.
Les Ă©tudes se passent plutĂŽt bien apparemment puisquâil intĂšgre l’Ăcole normale supĂ©rieure et, en 1928, Aron est reçu 1er Ă l’agrĂ©gation de philosophie. đ
La naissance de ses idĂ©es đ
Pas fĂąchĂ© avec les cours donc, quand il entre, en 1924, Ă l’Ăcole normale supĂ©rieure, il fait du copinage avec le fameux Jean-Paul Sartre. đšââ€ïžâđš
Lâenfer, câest les autres.
Jean-Paul Sartre
Philosophe
Oui, câest lui qui est Ă lâorigine de cette fameuse phrase. Avec lâavĂšnement des rĂ©gimes totalitaires dans les annĂ©es 20 et 30, Raymond Aron sâimagine aussi lâenfer et pour lui, il sâavĂšre, câest le totalitarisme. Il se prĂ©sente, dâailleurs, comme un dĂ©fenseur du libĂ©ralisme face Ă cette montĂ©e des extrĂȘmes. âïž
âïž DĂ©finition « libĂ©ralisme »
Le libĂ©ralisme est un courant de pensĂ©e qui met en avant les droits individuels tels que la sĂ©curitĂ© et la libertĂ©. Cette vision est fondĂ©e sur lâindividu et comme son nom lâindique, câest la libertĂ© qui en est le principe phare.
Petite vulgarisation : cette pensĂ©e libĂ©rale, quâon pourrait aisĂ©ment attribuer Ă la droite, va Ă lâencontre de celle qui prĂ©domine Ă lâĂ©poque dans le milieu « intellectuel ». â
Pour exemple, Jean-Paul Sartre, Ă lâinverse de Raymond Aron, se rapproche plutĂŽt des mouvements de gauche, voire communistes. Lâidylle entre les deux penseurs et philosophes va donc sâestomper en raison de leurs divergences dâopinions. Raymond Aron va sâefforcer toute sa vie de penser le monde Ă sa maniĂšre, peu importe lâavis dâautrui. đ
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Raymond Aron et sa vision de la politique đ
Ah la politique ! Un terme que tu vas souvent entendre dans ce portrait. Malheureusement ou heureusement, R. Aron Ă©tait passionnĂ© par ce sujet et les rapports de force entre les Ătats lâont toujours intriguĂ©s.
Le rĂ©alisme politique âïž
Tout d’abord, il faut savoir que Raymond Aron appartient au courant de pensĂ©e du rĂ©alisme politique. Pour lâĂ©cole rĂ©aliste, les relations internationales sont toutes rĂ©gies par la volontĂ© des Ătats de garantir leur sĂ©curitĂ© et de devenir toujours plus puissants. đȘ
En bref, bien quâil ait des divergences avec dâautres penseurs du rĂ©alisme politique, Raymond Aron, rĂ©aliste, explique que les dĂ©cisions des gouvernements en termes de politique Ă©trangĂšre sont prises selon un Ă©lĂ©ment qui prĂ©vaut : leur intĂ©rĂȘt personnel.
Cette vision sur la stratĂ©gie des Ătats sâoppose Ă lâidĂ©alisme politique, un avis qui sera vivement critiquĂ© par Raymond Aron. Ce dernier juge cette vision trop irrĂ©aliste. đ€
đïž DĂ©finition « idĂ©alisme politique »
Selon lâĂ©cole idĂ©aliste, le but premier des relations entre Ătats est le respect des droits de lâhomme et le maintien de la paix. Câest la diplomatie qui doit ĂȘtre de mise afin de lutter contre les guerres.
âȘ RĂ©alisme vs idĂ©alisme
On nâest pas lĂ pour prendre parti et voir qui a raison ou non, mais il semble tout de mĂȘme que lâhistoire ait, plus souvent, donnĂ© raison aux penseurs rĂ©alistes tels que Raymond Aron.
Dans son ouvrage Paix et guerre entre les nations (1962), il explique, quâĂ©tant donnĂ© quâaucune instance mondiale, supĂ©rieure aux gouvernements, existe, ces derniers peuvent user de la violence comme bon leur semble.đ©ž
En bref, les Ătats peuvent faire nâimporte quoi, car il n’y a aucun juge ou tribunal pour les punir. MalgrĂ© cette pensĂ©e, Raymond Aron reste modĂ©rĂ© et nâoublie pas le caractĂšre humain des dĂ©cisionnaires. đ
Eh oui, il est certes rĂ©aliste, mais cela ne lâempĂȘche pas de critiquer la vision trop animale de lâHomme et les thĂ©ories comme celle de Machiavel par exemple. Ce dernier voyait les hommes comme des chasseurs, agissant de façon immorale si le jeu en valait la chandelle. đ
La fin justifie les moyens.
Machiavel
Humaniste florentin de la Renaissance
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Sa critique de la politique française đ
Zoomons un peu et passons Ă notre cher pays quâest la France. Raymond Aron a aussi consacrĂ© une partie de sa vie Ă analyser la politique française et bon nombre de ses rĂ©flexions sur le sujet sont prĂ©sentes dans son livre DĂ©mocratie et totalitarisme (1965). đ
DÚs lors, Raymond Aron ne se prive pas de critiquer la IVe République (1946-1958). Il juge cette République comme corrompue et mettant à mal la démocratie française.
De plus, il conteste la gestion de la guerre dâAlgĂ©rie par les hommes politiques de la IVe RĂ©publique et dit mĂȘme que ces derniers sont incapables de mettre fin Ă ce conflit et de donner Ă l’AlgĂ©rie son indĂ©pendance. Ce que fera le gouvernement du gĂ©nĂ©ral de Gaulle en 1962. đĄïž
Le conflit israĂ©lo-palestinien đ„
En parlant du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, notre cher Raymond ne manquera pas de lui faire sa fĂȘte en 1967. Une annĂ©e marquĂ©e par la guerre des six jours qui a Ă©clatĂ© dans le contexte du conflit israĂ©lo-palestinien. AprĂšs la victoire de lâIsraĂ«l, Charles de Gaulle (le gĂ©nĂ©ral et ancien prĂ©sident, pas l’aĂ©roport) s’offusque de la fiertĂ© des Juifs sur le territoire français et affirme quâil reprĂ©sente un peuple « dominateur ». đŹ
đȘ La guerre des six jours
Câest un conflit qui a vu sâopposer lâarmĂ©e israĂ©lienne Ă ses voisins arabes (lâĂgypte, la Jordanie et la Syrie). Il sâest dĂ©roulĂ© du 5 au 10 juin 1967 et a bouleversĂ©, Ă travers la victoire dâIsraĂ«l, la situation gĂ©opolitique de la rĂ©gion.
Tu te doutes bien, cette provocation nâa pas laissĂ© Raymond Aron insensible. Qui plus est, il sâest senti blessĂ© en tant que citoyen français et de confession juive.
Il critique le discours de Charles de Gaulle et trouve que le but du prĂ©sident devrait ĂȘtre de calmer les tensions et non de raviver encore plus la flamme dâun tel conflit. đ„
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Raymond Aron et la Guerre froide đ„¶
Des conflits et encore des conflits. Cette fois, on va parler de la Guerre froide (1947-1991), un conflit idĂ©ologique entre lâURSS (Union des RĂ©publiques Socialistes SoviĂ©tiques) et les Ătats-Unis. Une guerre qui aura forcĂ©ment marquĂ© Raymond Aron, lui qui en a vĂ©cu la quasi totalitĂ©.
Sa critique de la politique soviĂ©tique đż
Si tâas bien suivi, tu sais que sa pensĂ©e relativement libĂ©rale et son amour pour la dĂ©mocratie ne vont pas faire bon mĂ©nage avec la politique de lâURSS. âčïž
En effet, Ă lâĂ©poque, Aron nâest pas un grand fan de la politique soviĂ©tique et prĂ©fĂšre soutenir la philosophie amĂ©ricaine. đșđž
La critique du totalitarisme đĄ
Auteur du livre DĂ©mocratie et totalitarisme (1965), Raymond Aron analyse aussi les rĂ©gimes totalitaires contre lesquels il lutte vivement. đ€Œ
Il se dresse, comme beaucoup de penseurs et de citoyens, en dĂ©fenseur de la dĂ©mocratie face Ă la vision soviĂ©tique et Ă leur politique. Aron la juge totalitaire et il la perçoit comme une menace Ă la stabilitĂ© en Europe. đȘđș Il fait partie de ceux qui ont peur que lâURSS prenne le contrĂŽle sur lâEurope et ne serait, en aucun cas, ravi de voir les SoviĂ©tiques dĂ©barquer Ă Paris.
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Son avis sur le communisme đ
Son opposition Ă lâURSS pendant la Guerre froide est double. Dâun cĂŽtĂ©, il dĂ©fend les dĂ©mocraties face au totalitarisme et Ă la politique soviĂ©tique et dâun autre cĂŽtĂ© sa vision libĂ©rale va Ă lâencontre des prĂ©ceptes lĂ©niniste-marxiste (rĂ©flexions dĂ©veloppĂ©es par Karl Marx puis LĂ©nine). â
đ Le communisme
Câest un ensemble de doctrines politiques et sociales qui sâoppose au capitalisme et qui est fondĂ© sur la suppression de la propriĂ©tĂ© privĂ©e au profit de la propriĂ©tĂ© collective.
Les communistes prĂŽnent le partage de biens entre les membres dâune communautĂ© et non la possession individuelle. Ce systĂšme inspirĂ© du marxisme viserait Ă faire disparaĂźtre les classes sociales.
En bref, il est aussi trĂšs critique envers le communisme. Dans LâOpium des intellectuels, publiĂ© en 1955, lâauteur Raymond Aron sâoffusque de lâinfluence du communisme sur la rĂ©flexion des « intellectuels » (philosophes, sociologues, etc.). đ±
En effet, ses anciens compagnons de route tels que Jean-Paul Sartre s’intĂ©ressent de prĂšs au socialisme et aux rĂ©flexions et idĂ©es de Karl Marx. De son cĂŽtĂ©, Aron voit cette influence dâun mauvais Ćil et compare le communisme Ă de lâOpium, qui est une drogue.
DâaprĂšs lui, les idĂ©es communistes agiraient comme une drogue sur les intellectuels, incapables de sâen dĂ©tacher et totalement aveuglĂ©s par cette idĂ©ologie.
đ LâOpium des intellectuels
Le titre de cet ouvrage est une rĂ©fĂ©rence directe Ă la citation de Karl Marx. Ce dernier avait qualifiĂ© la religion dâ« opium du peuple », mettant en avant lâidĂ©e selon laquelle la religion permettrait de rĂ©conforter les croyants et les empĂȘcherait de voir la vĂ©ritĂ© en face. Raymond Aron provoque volontairement avec le choix de ce titre, en se servant de Marx pour critiquer Marx.
La religion est lâopium du peuple.
Karl Marx
Critique de la philosophie du droit de Hegel, 1843
Câest sĂ»r quâavec cette critique du communisme et la parution de ce livre, les chemins de Aron et Sartre se sĂ©parent dĂ©finitivement. đ«Ą
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Son hĂ©ritage â
Tu croyais quoi ? Que le mec avait écrit toute sa vie pour ne pas laisser son empreinte sur le monde ? Eh bah non, il a bien évidemment laissé un héritage et ses réflexions originales, en avance sur son temps, marquent grandement notre époque actuelle.
Une Ćuvre controversĂ©e đ
MalgrĂ© ses rĂ©cits enrichissants et son analyse sur une multitude de sujets, Raymond Aron et sa pensĂ©e restent nĂ©anmoins vivement critiquĂ©s aujourdâhui. đ€ Au 40Ăšme anniversaire de sa mort, le philosophe et sociologue français ne fait toujours pas lâunanimitĂ© parmi ses pairs. Pour cause, deux points fondamentaux :
đŠ le libĂ©ralisme : il faut dire que ce courant de pensĂ©e est lĂ©gĂšrement critiquĂ© en France. Dans un pays oĂč le clivage gauche-droite a longtemps prĂ©valu en politique, le pays a souvent Ă©tĂ© divisĂ© politiquement entre ces deux parties (mĂȘme si ce nâest plus trop le cas depuis quelques annĂ©es).
Et la vision dâAron est catĂ©gorisĂ©e comme « Ă droite » sur l’Ă©chiquier politique et sans le vouloir, il se met dâoffice une partie de la population et aussi de penseurs Ă dos ;
â lâanti-communisme : son opposition idĂ©ologique avec Sartre et son image dâ « anti-communiste » ne lui aura pas valu que des amis. En parallĂšle, sa critique du socialisme soviĂ©tique pendant la Guerre froide, a fait de Raymond Aron, une figure controversĂ©e.
Son influence sur la sociĂ©tĂ© moderne âïž
Mais rassure-toi, on a aussi lâhabitude de bien parler des dĂ©funts en France. En effet, Raymond Aron aura laissĂ© une marque indĂ©lĂ©bile dans nos cours de sociologie et de sciences politiques. đŁ
Ses recherches et conclusions sur les relations internationales, les rĂ©gimes totalitaires et les rapports de force entre Ătats sont toujours Ă©tudiĂ©s aujourdâhui. đ
đ§ Ses mĂ©moires
Il publie ses mĂ©moires, le rĂ©cit de toute une vie, en 1983. Cette autobiographie, intitulĂ©e MĂ©moires – Raymond Aron (il ne sâest pas foulĂ©), relate un demi-siĂšcle de faits historiques et dâanalyse sur les relations sociales et humaines, du point de vue de Raymond Aron.
De plus, il faut noter qu’il a aussi Ă©tĂ© professeur pendant une grande partie de sa vie, ce qui lui a attribuĂ© le droit et lâopportunitĂ© de partager son savoir et son analyse Ă la jeunesse (ses Ă©lĂšves) de lâĂ©poque. Des Ă©lĂšves qui, dans notre sociĂ©tĂ© moderne, ont une rĂ©flexion sur les sciences sociales et humaines, peut-ĂȘtre hĂ©ritĂ©e, en partie, de leur ancien professeur Aron. đ§âđ«
Son influence sur la sociĂ©tĂ© ne sâest donc pas arrĂȘtĂ©e en 1983, annĂ©e de sa disparition. De plus, mĂȘme si certains ne veulent toujours pas entendre ses idĂ©es Ă contre-courant et sa pensĂ©e originale, il y aura toujours quelquâun pour sâen souvenir et enseigner la vision du monde de Raymond Aron. đ
Figure emblĂ©matique des sciences sociales et personnage atypique, Raymond Aron, ne tâest dĂ©sormais plus inconnu. Et si tu en ressens le besoin, nâhĂ©site pas Ă prendre des cours particuliers avec lâun de nos Sherpas afin de tâamĂ©liorer dans une matiĂšre ! đ