« Made in China ». On le voit Ă©crit partout, sur de nombreux produits vendus en masse sur les marchĂ©s occidentaux. La Chine Ă©tait considĂ©rĂ©e, depuis les annĂ©es 1990 et 2000, comme lââatelier du mondeâ, ce pays oĂč les grandes firmes mondiales, notamment occidentales, pouvaient profiter d’une main d’Ćuvre peu onĂ©reuse pour produire leurs biens de consommation Ă bas coĂ»t. đ
Mais il y a un gouffre entre le âMade in Chinaâ tel quâon le voit sur nos t-shirts et le plan « Made in China 2025â (MIC 25 pour les intimes) : la RĂ©publique Populaire de Chine (RPC) ne veut plus ĂȘtre lââatelier du mondeâ. Elle ne veut plus produire pour la planĂšte, mais produire par elle-mĂȘme, pour elle-mĂȘme. âïž
Ă lâheure de la montĂ©e en puissance de la RPC, le plan âMade in China 2025â peut-il lui permettre de rivaliser avec la grande puissance amĂ©ricaine dans les high tech ?
TroisiĂšme et dernier Ă©pisode de notre sĂ©rie sur lâaffirmation de la puissance de lâEmpire du Milieu. 3ïžâŁ
Ă lire aussi
Découvre les précédents articles de notre série :
â
L’affirmation de la puissance chinoise #1 : La stratĂ©gie du collier de perles Chine đż
â
L’affirmation de la puissance chinoise #2 : Le projet des nouvelles routes de la soie đ
Les objectifs du plan « Made in China 2025 » â
LancĂ© en 2015 aprĂšs plusieurs mois de rĂ©flexion, le MIC 25 fixe des objectifs chiffrĂ©s Ă atteindre dâici 2025. Au-delĂ des chiffres donnĂ©s dans chaque domaine par lâadministration de Xi Jinping, deux objectifs gĂ©nĂ©raux se dĂ©gagent.
Rattraper son retard technologique đ
En 2015, la RPC est dĂ©jĂ une grande puissance Ă©conomique : elle affiche mĂȘme le premier PIB Ă paritĂ© de pouvoir dâachat de la planĂšte depuis 2014. NĂ©anmoins, elle conserve un certain retard sur ses principaux concurrents dans les high tech, comme les Ătats-Unis ou encore son voisin japonais. En 2015, la Chine est seulement au 29e rang sur lâIndice mondial de lâInnovation, et mĂȘme si ses progrĂšs sont constants, elle nâest encore quâau 14e rang en 2020.
InspirĂ© du âIndustrie 4.0â allemand, le programme de Xi Jinping fait donc de lâinnovation une prioritĂ© et envisage de permettre Ă la RPC de monter en gamme pour se rapprocher dâun pays trĂšs innovant comme lâAllemagne. Il sâagit de passer des biens de consommation Ă faible valeur ajoutĂ©e Ă des biens high tech Ă forte valeur ajoutĂ©e.
Pour augmenter la qualité de sa production, la Chine mise sur 10 secteurs de pointe considérés comme prioritaires :
1ïžâŁ Technologies de lâinformation de nouvelle gĂ©nĂ©ration
2ïžâŁ Machines-outils avancĂ©es Ă commande numĂ©rique et robotique
3ïžâŁ Technologie aĂ©rospatiale, y compris les moteurs dâavion et lâĂ©quipement embarquĂ©
4ïžâŁ Produits biopharmaceutiques
5ïžâŁ Ăquipements mĂ©dicaux performants
6ïžâŁ Ăquipements Ă©lectriques
7ïžâŁ Machines agricoles
8ïžâŁ MatĂ©riel ferroviaire
9ïžâŁ VĂ©hicules Ă Ă©conomie dâĂ©nergie et vĂ©hicules Ă Ă©nergie nouvelle
đ GĂ©nie ocĂ©anique
La RPC se concentre donc sur des activitĂ©s dâavenir, Ă fort potentiel de croissance. Ce nâest quâainsi quâelle pourra maintenir son rythme de croissance dans les prochaines annĂ©es.
Le programme ambitionne de faire de la RPC le leader planĂ©taire dans ces high tech. Ce nâest quâainsi quâelle pourra supplanter les USA pour devenir la premiĂšre puissance technologique du globeđ„
Assurer son indĂ©pendance dans les high tech đ»
Ces 10 domaines clĂ©s sont aussi censĂ©s permettre Ă la RPC de rĂ©duire sa dĂ©pendance Ă lâĂ©gard des biens de haute technologie Ă©trangĂšre, voire dâassurer son indĂ©pendance. Il sâagit lĂ de la principale diffĂ©rence avec le programme allemand. Pour ses dirigeants, la Chine est en effet trop dĂ©pendante de lâextĂ©rieur, des autres grandes puissances et en particulier des USA, pour les high tech.
Lâexemple le plus parlant est sĂ»rement celui des semi-conducteurs. La Chine est le 1er marchĂ© du globe pour les puces Ă©lectroniques mais elle nâen produit pas assez : seulement 16% des semi-conducteurs sont fabriquĂ©s en RPC en 2017. Les semi-conducteurs demeurent ainsi le premier poste des importations de la Chine devant le pĂ©trole. DâoĂč une volontĂ© de dĂ©velopper la production nationale dans cette industrie.
đ En gĂ©nĂ©ral, la RPC veut permettre Ă ses sociĂ©tĂ©s de reprendre le contrĂŽle de son immense marchĂ© intĂ©rieur dans les high tech : elles sont censĂ©es fournir 70% des besoins domestiques dans les domaines concernĂ©s dâici 2025.
Ensuite, les firmes les plus innovantes doivent ĂȘtre en mesure dâaccroĂźtre leurs exportations, et de sâimposer sur les marchĂ©s de lâĂ©tranger pour devenir les leaders mondiaux đȘ
Besoin d’un prof particulier de gĂ©opolitique ? âš
Nos Sherpas sont lĂ pour t’aider Ă progresser et prendre confiance en toi.
Des exemples de rattrapage technologique đ
Huawei et la 5G đł
Huawei, câest lâun des exemples les plus connus de rattrapage dans les high tech. Il sâagit dâabord de lâun des leaders mondiaux de la vente de smartphones : Huawei est le numĂ©ro 2 mondial de la vente de smartphones en 2019, derriĂšre Samsung et devant Apple. La sociĂ©tĂ© est mĂȘme le premier Ă©quipementier (antennes, stations relais) dâopĂ©rateurs tĂ©lĂ©phoniques mobiles de la planĂšte. 1ïžâŁ
Elle est surtout en avance pour la technologie de la 5G et exporte (presque) partout sur la planĂšte. Cette entreprise innovante, dominante en Chine et sur les autres marchĂ©s, et la question de la 5G sont dâailleurs au cĆur de la guerre commerciale entre la RPC et les USA initiĂ©e par Donald Trump en 2018. đ„
Lâexclusion de Huawei du rĂ©seau 5G amĂ©ricain pour des raisons de sĂ©curitĂ© tĂ©moigne des craintes, non seulement stratĂ©giques, mais Ă©galement technologiques des USA face Ă la montĂ©e en puissance dâun gĂ©ant chinois.
Les Ătats-Unis ont mĂȘme Ă©tabli sous Trump un embargo sur lâexportation de logiciels et de composants Ă©lectroniques amĂ©ricains destinĂ©s Ă Huawei, ce qui a forcĂ© la crĂ©ation par la sociĂ©tĂ© de systĂšmes d’exploitation indĂ©pendants. En coupant lâaccĂšs des sociĂ©tĂ©s de RPC Ă la high tech amĂ©ricaine, le rival amĂ©ricain ne fait quâaccĂ©lĂ©rer la sinisation des high tech informatiques.
Tiktok et les BATX : les GAFA chinois đšđł
Mais il nây a pas que Huawei qui inquiĂšte les USA et suscite des tensions entre les USA et la RPC. De fait, dans le software informatique, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) viennent concurrencer de plus en plus les grands GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) amĂ©ricains. đșđž
A ces BATX vient sâajouter ByteDance, lâentreprise qui dĂ©tient le rĂ©seau social Ă©mergent TikTok, qui jouit dâun incroyable succĂšs depuis 2019. VĂ©ritable phĂ©nomĂšne planĂ©taire, lâapplication a dĂ©jĂ Ă©tĂ© tĂ©lĂ©chargĂ©e plus de 2 milliards de fois.
TikTok et WeChat (rĂ©seau social propriĂ©tĂ© de Tencent) apparaissent ainsi comme de sĂ©rieux concurrents pour le gĂ©ant Facebook, et leur percĂ©e, notamment aux USA, suscite de vives rĂ©actions. Lâadministration Trump les a ainsi menacĂ©es dâĂȘtre exclues des USA en 2019, avant que WeChat nâobtienne un sursis et que TikTok sâassocie aux amĂ©ricains Oracle et Walmart. âïž
Alors que lâindĂ©pendance des rĂ©seaux sociaux en Chine est assurĂ©e par la censure des rĂ©seaux Ă©trangers, WeChat et surtout TikTok ont dĂ©jĂ rattrapĂ© une partie de leur retard sur le leader Facebook dans leur quĂȘte de domination du cyberespace global.
Les voitures et batteries Ă©lectriques đâĄïž
Les voitures Ă©lectriques font partie de ces fameux domaines clĂ©s dans lesquels la RPC doit monter en puissance. Son marchĂ© automobile, le premier du globe, sâoriente de plus en plus vers les voitures Ă©lectriques.
Certes, Tesla y vend le quart de ses vĂ©hicules, mais des constructeurs nationaux se sont Ă©galement dĂ©veloppĂ©s. Le vĂ©hicule de la sociĂ©tĂ© dâElon Musk a mĂȘme Ă©tĂ© dĂ©trĂŽnĂ© en RPC par la mini EV de Wuling Hongguang, vendue Ă 3 500 euros pour quatre places.
Surtout, la RPC est le premier producteur de batteries Ă©lectriques, que lâon retrouve dans les vĂ©hicules verts. En particulier, le leader mondial en la matiĂšre est CATL, une sociĂ©tĂ© chinoise, tandis que BYD et OptimumNano font aussi partie des grands producteurs de batteries. đ
đ Au rattrapage dans les vĂ©hicules Ă©lectriques sâajoute donc une domination de la RPC dans les batteries Ă©lectriques.
Tu as peur dâoublier toutes les informations contenues dans cet article ? DĂ©couvre 6 techniques de mĂ©morisation ultra-efficaces pour tout retenir !
Les moyens mis en Ćuvre pour atteindre les objectifs du âMade in China 2025â đ€
BĂ©nĂ©ficier des technologies Ă©trangĂšres đ
đ” Le premier moyen de monter en gamme est de se tourner vers les meilleures technologies Ă©trangĂšres. Il faut pour cela investir Ă lâĂ©tranger, soit par lâachat direct de licences, soit par les IDE (Investissements Directs Ă lâĂtrangers) : les entreprises et investisseurs chinois peuvent acquĂ©rir des high tech Ă©trangĂšres en rachetant ou en investissant dans les sociĂ©tĂ©s innovantes qui les dĂ©tiennent.
đ€ Ces high tech peuvent Ă©galement bĂ©nĂ©ficier aux industriels chinois dans le cadre des fameuses joint-ventures. Pour intĂ©grer les marchĂ©s de la RPC, des firmes Ă©trangĂšres sâassocient Ă des sous-traitants locaux. Ici, ce sont bien les IDE extĂ©rieurs en Chine qui permettent de rĂ©aliser des transferts de technologie.
Investir dans la R&D nationale đ°
Lâautre moyen consiste Ă investir directement en Chine, Ă augmenter les dĂ©penses nationales de Recherche et DĂ©veloppement (R&D). Cet investissement est dĂ©jĂ trĂšs consĂ©quent : la RPC prĂ©sente le 3Ăšme budget de R&D de la planĂšte, derriĂšre les Ătats-Unis et le Japon. đ„
Mais elle ne compte pas sâarrĂȘter lĂ , et souhaite rattraper son retard sur ses deux concurrents. Dâautant plus que ce retard existe Ă©galement en part du PIB consacrĂ©e Ă la R&D : avec des dĂ©penses Ă©quivalentes Ă 2,23% de son PIB en 2019, la RPC est notamment derriĂšre la CorĂ©e du Sud, le Japon, lâAllemagne et les USA.
La hausse de ces dĂ©penses permet de favoriser la recherche et la formation supĂ©rieure en RPC : des centaines de milliers de scientifiques y sont formĂ©s chaque annĂ©e dans des universitĂ©s de plus en plus renommĂ©es. La formation de cadres de recherche est notamment trĂšs importante pour innover et monter en gamme. đŹ
NĂ©anmoins, elle accuse toujours un retard en termes de âqualitĂ©â de R&D. De fait, les dĂ©penses consacrĂ©es Ă la recherche fondamentale ne reprĂ©sentent que 5% des dĂ©penses de R&D en RPC, contre 17% aux Ătats-Unis.
Ton premier cours particulier est offert ! đ
Fais-toi guider par un étudiant passé par une des meilleures écoles de France.
Un plan source de critiques : âPourquoi tout le monde hait Made in China 2025 ?â đ€Ź
Atteintes Ă la libre-concurrence et craintes des concurrents đŹ
Planification et financement public massif đ
Le MIC 25 repose sur un soutien majeur de lâĂtat aux sociĂ©tĂ©s chinoises des dix industries concernĂ©es : il finance les entreprises publiques et accorde des aides et subventions massives aux sociĂ©tĂ©s privĂ©es. Au total, le plan prĂ©voit 2160 milliards dâeuros de subventions nationales (sans compter les financements rĂ©gionaux donc), alors que le montant du programme allemand dont il sâinspire sâĂ©levait Ă 200⊠millions dâeuros.
đ Il sâagit donc bien dâun programme caractĂ©ristique dâune Ă©conomie planifiĂ©e, basĂ© sur un financement public dĂ©mentiel. Câest pourquoi les partenaires de la RPC au sein de lâOMC (Organisation Mondiale du Commerce) le considĂšrent comme une infraction Ă la libre concurrence.
Violations des rĂšgles de lâOMC â
Le centre de rĂ©flexion amĂ©ricain Council on Foreign Relations (CFR), dans son Ă©tude âPourquoi tout le monde hait Made in China 2025 ?â, dĂ©nonce les quotas dâautosuffisance qui âviolent les rĂšgles de lâOMCâ. Ce grand objectif de substitution aux industries Ă©trangĂšres constitue la principale diffĂ©rence avec le programme allemand, qui nâa absolument pas une telle dimension nationaliste.
Une telle aspiration Ă lâindĂ©pendance est considĂ©rĂ©e comme une entrave Ă la libre concurrence, et inquiĂšte les grandes firmes Ă©trangĂšres prĂ©sentes en RPC. Dâautant plus qu’au-delĂ de lâautosuffisance, lâobjectif est ensuite dâexporter et de sâimposer sur les grands marchĂ©s mondiaux : les leaders technologiques Ă©trangers craignent ainsi la montĂ©e en puissance des entreprises de RPC qui risquent de les dĂ©trĂŽner. đ
Selon le Council on Foreign Relations, une autre violation des rĂšgles de lâOMC rĂ©side dans les moyens mis en Ćuvre dans le cadre du programme, que nous avons Ă©voquĂ©s plus tĂŽt : les acquisitions de high tech Ă©trangĂšres et les transferts de technologie forcĂ©s, notamment. Surtout, lâĂ©tude du CFR dĂ©nonce une stratĂ©gie qui encourage souvent le cyberespionnage commercial. đ
Nous Ă©voquions plus tĂŽt lâexemple de Huawei : le gĂ©ant des tĂ©lĂ©communications est Ă©galement soupçonnĂ© de cyberespionnage. Plusieurs Ă©tats occidentaux, et en particulier les USA, se mĂ©fient de Huawei et de ses liens supposĂ©s avec le pouvoir de PĂ©kin. En effet, son fondateur et actuel patron, Ren Zhengfei, nâest autre que lâancien dĂ©lĂ©guĂ© de lâarmĂ©e de la RPC.
Un projet Ă lâorigine de la guerre commerciale sino-amĂ©ricaine ? đ„
La question du âMade in China 2025â a Ă©tĂ© et reste centrale dans les tensions commerciales entre la Chine et les USA. LâĂ©tude du CFR note en effet une coĂŻncidence trĂšs Ă©clairante : les premiĂšres sanctions douaniĂšres amĂ©ricaines ont Ă©tĂ© Ă©mises le 22 mars 2018, le jour mĂȘme oĂč lâadministration Trump publiait un important rapport sur les pratiques dĂ©loyales de la RPC, qui cite le MIC 25 Ă de nombreuses reprises.
Trump a donc mis la pression sur la RPC pour quâelle abandonne un programme qui menace les intĂ©rĂȘts des USA. đ DĂšs 2018, il affirmait avoir obtenu gain de cause.
Les Chinois se sont dĂ©barrassĂ©s de leur China 25 parce que je trouvais cela trĂšs insultant (…) parce que China 25 signifie quâen 2025 ils vont dominer Ă©conomiquement le monde. Cela nâarrivera pas.
Donald Trump
45e prĂ©sident des Ătats-Unis
Oui, le dĂ©sormais ex-prĂ©sident amĂ©ricain a obtenu quelques concessions : le programme âMade in China 2025â a moins Ă©tĂ© Ă©voquĂ© Ă partir de 2018 dans les plans officiels de la RPC. Le projet initial a Ă©galement Ă©tĂ© inflĂ©chi pour permettre certains investissements extĂ©rieurs – notamment amĂ©ricains – en Chine.
Mais il ne faudrait surtout pas croire que le âMade in China 2025â et les ambitions chinoises ont disparu. Il sâagit toujours du grand programme de la RPC censĂ© lui permettre de dominer les high tech pour devenir la puissance la plus innovante du globe⊠et la premiĂšre puissance mondiale tout court Ă lâhorizon 2050. đ„
Gagne 4 points sur ta moyenne gĂ©nĂ©rale ! đ
En étant accompagné par un Sherpa, nos élÚves gagnent 4 points sur leur moyenne en un an.
Les risques pour la Chine elle-mĂȘme đšđł
Le programme a bien sĂ»r des bienfaits en Chine : il permet l’Ă©mergence de start-ups et la montĂ©e en puissance de grandes firmes chinoises dans des industries dâavenir.
NĂ©anmoins, on peut Ă©galement critiquer certains de ses aspects, et ce mĂȘme du point de vue des intĂ©rĂȘts de la Chine. De la mĂȘme maniĂšre que dans le cadre du projet des ânouvelles routes de la soieâ, le montant dĂ©mentiel des financements de la RPC peut nous interroger sur la capacitĂ© de lâĂtat Ă supporter un tel coĂ»t, et sur un possible creusement de sa dette souveraine. đ
Ensuite, ces Ă©normes subventions risquent dâĂȘtre Ă lâorigine dâune surproduction nationale, et mĂȘme dâune surproduction de biens bas de gamme dans des industries censĂ©es ĂȘtre haut de gamme. Les sociĂ©tĂ©s des domaines clĂ©s sont toutes soutenues et subventionnĂ©es, et ce sans forcĂ©ment prendre en compte leur productivitĂ© et la qualitĂ© de leurs biens.
Le risque pour les nombreuses sociĂ©tĂ©s nouvellement créées et qui bĂ©nĂ©ficient des subventions est Ă©galement celui dâune dĂ©pendance Ă lâĂ©gard de ces subventions. Câest notamment le cas dans les voitures Ă©lectriques : lâĂtat y investit massivement, notamment pour subventionner lâachat des vĂ©hicules Ă©lectriques. Mais, Ă terme, des faillites en masse des start-ups peu performantes de lâindustrie pourraient avoir lieu, notamment lorsque les subventions prendront fin. đ
Enfin, un dernier danger rĂ©side dans la concurrence entre les gouvernements locaux. De fait, ce sont principalement ces pouvoirs locaux qui mettent en Ćuvre les politiques du programme. Ils tendent ainsi Ă favoriser les entreprises locales dans leur dĂ©veloppement au dĂ©triment dâautres sociĂ©tĂ©s, et donc parfois au dĂ©triment de lâintĂ©rĂȘt national.
Conclusion sur le âMade in China 2025â đ
AprĂšs le projet dĂ©mentiel des « nouvelles routes de la soie » lancĂ© en 2013, le « Made in China 2025 » est adoptĂ© en 2015. Les ambitions de la RPC de Xi Jinping sont claires : promouvoir une « mondialisation Ă la chinoise » dans laquelle les routes seront chinoises, et les produits les plus innovants seront chinois. đ
Pour retrouver sa grandeur impĂ©riale passĂ©e, la Chine mise sur les technologies dâavenir. Pour dominer la mondialisation, elle entend monter en gamme et devenir la premiĂšre puissance technologique du globe. đ
Cependant, comme la BRI (Belt and Road Initiative), le MIC 25 suscite des craintes, ainsi que des critiques. Non seulement il viole les rĂšgles de la libre concurrence et pose des questions de sĂ©curitĂ© chez les partenaires de la RPC, mais il prĂ©sente aussi des limites du point de vue des intĂ©rĂȘts chinois, notamment du fait de la surdimension de ses subventions. đž
La montĂ©e en puissance de la Chine dans les high tech ne fait aucun doute : elle rivalise de plus en plus avec les pays les plus innovants, y compris avec les USA. La capacitĂ© du pays Ă supporter le coĂ»t de ses ambitions mondiales, elle, continue dâinterroger. đ€