Tu as probablement entendu parler de la Marche des Fiertés LGBT+, communément appelée « Pride ». Cet événement annuel se déroule dans de nombreuses villes à travers le monde, généralement en juin. 🌈
Dans cet article, nous te proposons de découvrir les origines de cette manifestation, qui trouve ses racines dans des luttes militantes pour les droits des personnes LGBT+.
Prêt ? C’est parti ! 🎯
Tout le vocabulaire 🧐
Le mois de juin est ce qu’on appelle le mois des fiertés. C’est un symbole, un mois de sensibilisation et de célébration internationale qui met en avant la lutte LGBT+. On parle de fierté puisque, tout au long du mois, les personnes LGBT+ peuvent montrer leur appartenance à cette communauté et en être fières. 🎉
Lexique 📖
LGBT ou LGBT+: C’est le sigle LGBTQIA+ simplifié qui regroupe toutes les personnes qui ne sont ni hétérosexuelles ni cisgenres (être cisgenre signifie être en accord avec son genre assigné à la naissance, par exemple un homme né homme qui est heureux d’être un homme).
Le « L » correspond au mot « lesbienne », le « G » à « gay », le « B » à « bisexuel », le « T » à « transgenre » (inverse de cisgenre), le « Q » à « queer » (mot parapluie qui regroupe toutes les personnes non hétérosexuelles ou cisgenres), le « I » à « intersexe » (personne qui a des caractéristiques physiques appartenant aux deux genres), le « A » à « asexuel » (personne qui n’a pas d’attirance sexuelle) et le « + » à toutes les autres sexualités ou identités de genres… Qu’on ne décrira pas ici parce que ce serait trop long. 🤪
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La définition 🏳🌈
La marche des fiertés est une marche qui sensibilise le grand public aux fiertés, donc aux causes LGBT+. Le but ? Mettre en lumière ces enjeux, rassembler les personnes concernées et rappeler les droits encore en cours d’acquisition pour cette communauté.
Cette manifestation est plus ou moins militante selon la ville et la date mais elle est, surtout et toujours, très festive avec ses chars et ses danseurs. On appelle cela la Pride. ✨
Pourquoi une manifestation ou un événement militant ?
On parle de cela lorsqu’on évoque la Pride, car au-delà d’une célébration, elle reste avant tout une protestation politique. Historiquement, les Marches des Fiertés trouvent leur origine dans les luttes pour les personnes LGBT+, et elles continuent aujourd’hui de revendiquer l’égalité et la reconnaissance.
Tout le long du mois des fiertés, chaque week-end, il n’y a pas une, mais plusieurs Pride. Los Angeles, Montréal, New York, Rio de Janeiro, Londres, Paris… La célébration s’étend à toutes les grandes villes du monde !
À savoir ⚠️
Pour définir ces événements, le terme « Gay Pride » est le plus utilisé dans le monde depuis les années 1980. En France, cependant, il ne s’utilise plus pour une raison à la fois légale et inclusive.
Les premiers organisateurs français avaient déposé ce nom comme marque commerciale, obligeant la nouvelle association organisatrice à changer le nom en 2001. C’est ainsi que la “Marche des Fiertés” a été adoptée, un choix salué par de nombreux militants, car il reflète mieux la diversité de la communauté et inclut toutes les identités concernées, au-delà des seules personnes gays.
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Les origines de la Pride 🕰️
Maintenant que tu en sais plus sur les termes utilisés et que tu connais leur signification, on va te parler de l’histoire de cet événement. Eh oui, c’est important pour ta culture G (général ou gay 😉) ! Et, accessoirement, pour comprendre la présence des drapeaux arc-en-ciel à tous les coins de rue et sur (presque) tous les logos de tes marques et applications préférées au mois de juin (ça, on en parlera dans la FAQ). 🌈
Un contexte sociétal difficile
Pour comprendre la marche des fiertés, il faut comprendre le contexte dans lequel évoluent les personnes LGBT au XXème siècle. Si, au cours de la première moitié de ce siècle, l’homosexualité gagne en acceptation, elle reste néanmoins discrète, voire clandestine, et demeure illégale. En France, elle est surtout tolérée dans les cercles artistiques, mais rarement évoquée ouvertement, en grande partie en raison de l’influence des positions religieuses, notamment celles de l’Église catholique.
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Cependant, l’homosexualité (et on ne parle même pas encore d’identité de genre…) est toujours qualifiée de « vice » dans les milieux bourgeois, voire de « maladie nerveuse » ou de « trouble mental ». Le philosophe Sigmund Freud parle à cette époque de « variante sexuelle ».
Lors de la Seconde Guerre mondiale, en raison de la montée du nazisme, les personnes LGBT+ sont persécutées et envoyées dans des camps de concentration en Europe, où elles sont visées pour être exterminées. Puis, au cours des années 60 aux États-Unis, les violences policières contre les communautés LGBT+ se multiplient, bien que la question principale soit alors liée à la ségrégation raciale. Ces événements marquent le début d’une prise de conscience et de la lutte pour différentes communautés.
Début de l’offensive : les émeutes de Stonewall ✊
Cap sur New York, dans le quartier animé de Greenwich Village, au Stonewall Inn, l’un des rares lieux à l’époque à tolérer les personnes LGBT+ dans la ville. Nous sommes le 27 juin 1969. L’ambiance est festive, de nombreuses personnes LGBT+ se retrouvent dans ce lieu considéré comme un refuge.
Dans la nuit du 27 au 28 juin, une violente descente de police a lieu. Pourquoi ? La danse entre hommes et le “travestissement” (désignant à l’époque le fait de porter des vêtements associés au genre opposé) sont alors interdits par la loi. Bien que de telles perquisitions aient été fréquentes, cette fois-ci, les personnes LGBT+ et les habitants du quartier décident de riposter. En fait, une drag queen (une personne qui adopte un genre exagéré ou théâtralement féminin) a lancé une brique sur un officier, déclenchant ainsi une véritable émeute. On parle d’ailleurs, en anglais, des Stonewall Riots.
L’altercation devient brutale et, sans que personne ne le sache à l’époque, marquera l’histoire. Plusieurs personnes sont arrêtées et violemment frappées par la police, des poubelles sont incendiées, et des ordures et bouteilles en verre sont lancées contre les forces de l’ordre.
Mais la riposte ne dure pas qu’une soirée. Les quelques jours qui suivent cet incident, les émeutes continuent. Les habitants et habitués du bar se révoltent contre l’homophobie ambiante et les lois discriminantes… Et surtout contre la police. 👮
La première « Gay Pride »
À la suite de ces émeutes, considérées comme l’une des premières ripostes LGBT dans le monde, des mouvements sont lancés pour ne plus que ça se reproduise. L’association Gay Libération Front (GLF) est créée peu après et organisera la première marche des fiertés. Il est alors question de commémorer les altercations de Stonewall Inn et de célébrer la fierté LGBT.
Le savais-tu ? 💡
L’association Gay Libération Front, littéralement « front de libération homosexuel » est née juste après les émeutes de Stonewall, à la suite de discussions entre personnes concernées. L’idée était alors de faire évoluer l’idée de la famille traditionnelle et, bien sûr, de dépénaliser l’homosexualité. Les créateurs de ce groupe sont, entre autres, les militants Craig Rodwell et son compagnon Fred Sargeant, ainsi qu’Ellen Broidy, sa compagne Linda Rhodes et Brenda Howard (on t’en parle juste après).
Cette association parle pour la première fois de « Gay Pride » (donc de fierté homosexuelle). C’est même son slogan !
Le 27 juin 1970, dans les villes de Chicago et San Francisco, les deux premières Pride du monde ont lieu. Le 28 juin, New York et Los Angeles suivent avec des rassemblements plus conséquents. 🌆
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Et la France, dans tout ça ? 🇫🇷
Chez les français, les premiers activistes (influencés par cette mobilisation américaine) commencent à se rassembler pour revendiquer la visibilité des personnes LGBT+. Avant cette première marche, plusieurs événements marquants ont eu lieu, comme la création du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) en 1971, qui a été l’un des premiers groupes à revendiquer publiquement les droits des homosexuels français.
La marche du 15 juin 1977 à Paris, bien qu’encore timide comparée aux grandes manifestations actuelles, a été une véritable explosion de joie et de solidarité. Elle a marqué un tournant important dans la visibilité des personnes LGBT en France et dans le monde.
L’impact du SIDA
Le virus du SIDA frappe de plein fouet la France dans les années 80, réveillant les foules et déclenchant de nouvelles revendications. François Mitterrand, alors candidat à l’élection présidentielle, s’engage à dépénaliser l’homosexualité. La loi interdisant les relations homosexuelles pour les moins de 21 ans sera levée le 4 août 1982. Aux États-Unis, la dépénalisation de l’homosexualité a commencé dans les années 70, mais c’est en 2003, avec l’arrêt Lawrence v. Texas, que la Cour suprême a invalidé les lois interdisant les relations homosexuelles, marquant une avancée majeure.
Dans le monde, l’avancée du SIDA a particulièrement touché les personnes LGBT+ et a exacerbé des stéréotypes négatifs à leur encontre. En France, on estime que plus de 30 000 personnes sont mortes du SIDA entre 1983 et 1995. Cela a contribué à la lenteur des progrès en matière de reconnaissance des personnes LGBT+ et explique en partie pourquoi la dépénalisation complète a pris autant de temps. C’est une situation tragique et inacceptable.
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Et aujourd’hui ?
En France, il a fallu encore lutter longtemps avant que le mariage gay soit légalisé en 2013 sous la présidence de François Hollande.
Aujourd’hui, l’événement de la Pride se diversifie : chaque combat a sa propre manifestation (il existe la Pride des banlieues, la Pride lesbienne, etc.). Cependant, toutes les minorités se retrouvent lors de la Pride classique, organisée aujourd’hui par l’Inter-LGBT (Inter-associative lesbienne, gay, bi et trans).
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Conclusion 🌈
Récapitulatif des grandes dates de l’histoire LGBT
1939-1945 | Extermination des LGBT en Europe |
27-28 juin 1969 | Début des émeutes de Stonewall, à New-York |
27-28 juin 1970 | Premières marches des fiertés mondiales |
25 juin 1977 | Première marche des fiertés en France, à Paris |
4 août 1982 | Dépénalisation de l’homosexualité des moins de 21 ans en France |
17 mai 2013 | Autorisation du mariage pour tous |
Pride : une célébration, mais une lutte infinie
C’est bon, tu connais maintenant la véritable histoire de la marche des fiertés et de cette période de l’histoire LGBT+ !
Même si la marche des fiertés est une célébration, cela ne veut pas dire que la lutte contre l’homophobie est terminée. Dans 64 pays, l’homosexualité est toujours criminalisée, et dans 12 d’entre eux, elle est passible de la peine de mort.
Ces réalités rappellent que la Pride demeure avant tout un acte de protestation, visant à sensibiliser et à revendiquer l’égalité des droits pour tous.
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Les questions fréquentes ✅
Quelles sont les villes les plus accueillantes pour les membres LGBT+ ?
San Francisco, souvent surnommée la « capitale LGBT », et Berlin sont des villes historiquement accueillantes pour la communauté LGBT+. Amsterdam est également une ville vue comme queer friendly, et les Pays-Bas sont d’ailleurs le premier pays à avoir légalisé le mariage gay en 2001.
L’histoire du drapeau LGBT 🏳️🌈
Le drapeau arc-en-ciel a été créé en 1978 par Gilbert Baker pour la Gay and Lesbian Freedom Day Parade à San Francisco. Initialement composé de huit bandes, il a été simplifié à six couleurs : rouge, orange, jaune, vert, bleu et violet, en raison de la difficulté à obtenir certains tissus. Ce drapeau est devenu un symbole mondial de la diversité et de l’unité au sein de la communauté LGBT.
Y a-t-il un drapeau lesbienne ?
Oui, créé en 2018 par Emily Gwen, le drapeau lesbien se compose de sept bandes horizontales dégradées du rose au violet, symbolisant divers aspects de l’identité lesbienne.
Pourquoi parler des droits LGBT toute l’année ?
Parce que la lutte n’est pas terminée ! Les droits des personnes LGBT, et en particulier des personnes trans, restent précaires, ce qui rend important de soutenir ces communautés tout au long de l’année.
Les pronoms, c’est quoi ?
En français, les pronoms désignent le genre d’une personne et sont généralement masculins (il) ou féminins (elle). De nouveaux pronoms, comme “iel” (mélange de “il” et “elle”), sont utilisés pour refléter une identité de genre non-binaire, à l’instar du pronom “they” en anglais.
C’est quoi le « rainbow capitalism » ?
Le « rainbow capitalism » ou capitalisme arc-en-ciel désigne la récupération par le capitalisme des symboles et revendications LGBT à des fins lucratives. On le voit lorsque des entreprises affichent le drapeau LGBT en juin ou vendent des produits aux couleurs arc-en-ciel, tout en finançant parfois des politiques anti-LGBT ou en pratiquant la discrimination en interne.
Quel est le rapport entre les droits LGBT et Mai 68 ?
Mai 68 a marqué un tournant dans les luttes sociales françaises, y compris pour les droits LGBT. Bien que les revendications LGBT n’aient pas été au centre des manifestations, l’événement a inspiré une remise en question générale des normes sociales et des autorités. Ce climat de libération a poussé à une plus grande visibilité des minorités sexuelles, favorisant la naissance des premiers mouvements LGBT en France.