Adepte ou non des vĂȘtements de seconde main, tu as surement dĂ©jĂ mis les pieds dans une friperie. Aux allures de grenier ou de concept store, les friperies font rage ces derniĂšres annĂ©es, et ce, pour plusieurs raisons : mode vintage, Ă©cologie, Ă©thique, prix⊠Surfant sur cette tendance, les fripes en ligne apparaissent en masse. Finalement, vrai ou faux bon plan ?
Pour lâoccasion, on a posĂ© des questions Ă Domitille, crĂ©atrice de la friperie online Amourette. Lâamour des vĂȘtements et du vintage a toujours fait partie dâelle et de la mĂȘme maniĂšre que la sĂ©rie Girlboss, elle lance son business pour financer ses Ă©tudes. Aujourdâhui, sa friperie en ligne est devenue son travail Ă plein temps avec son collaborateur Nicolas. Elle nous donne son avis sur cette nouvelle tendance !
Les origines des friperies đ§¶
Ces boutiques existent depuis le Moyen-Age, non, tu ne rĂȘves pas. La grande majoritĂ© de la population nâayant pas les moyens de sâacheter des vĂȘtements neufs se tournaient vers des tissus usagĂ©s (âfrepeâ). Au 15e siĂšcle, lâaristocratie sây intĂ©resse pour trouver des vĂȘtements rares ou uniques.
Lâindustrialisation fait disparaitre les friperies, car le coĂ»t des vĂȘtements neufs est de moins en moins Ă©levĂ©. Leur retour en force date des annĂ©es 80 grĂące aux amoureux du vintage.
La friperie en ligne, bon planâŠ
Elles sont en hausse ces derniĂšrs temps. Si certaines applications habits dâoccasion sont connues du grand public, dâautres passent davantage inaperçu.
On veut des noms ! đ·
- Les applis oĂč tu peux vendre et acheter : Vinted, Vestiaire Collectif
- Les shops : United Wardrobe, Crushon, Amourette, La Fourbi, Le porte-manteau sur Instagram
- Les grandes enseignes : Galerie Lafayette, Zalando
đ Liste non-exhaustive, of course đ
Lâaventure de Domitille, la crĂ©ation de sa friperie en ligne đ·
« Au tout dĂ©but, câest parce que je venais dâentrer Ă la fac en 2017 et que jâavais besoin dâun travail pour payer mon loyer et mes courses. Je vidais mon dressing sur lâappli Vinted et jâaimais bien mettre en valeur les vĂȘtements, puis mes amis et ma famille mâont confiĂ© leurs habits pour que je les revende ! Je me suis prise au jeu rapidement.
Jâavais quelques piĂšces vintage que jâavais chinĂ©es et revendu plus cher, et je me suis dit quâil y avait quelque chose Ă faire. Je savais quâil y avait beaucoup de vĂȘtements vintage existants, car je frĂ©quentais dĂ©jĂ beaucoup les brocantes et boutiques associatives.
Au bout de quelque temps, Nicolas mâa rejoint sur ce projet et nous avons continuĂ© tous les deux. Câest en 2020 que nous avons officiellement lancĂ© notre site internet et commencĂ© Ă ĂȘtre prĂ©sent sur des salons et Ă©vĂšnements vintage. Comme on a fini nos Ă©tudes, câest maintenant notre travail Ă plein temps. On a aussi investi dans une machine Ă broder pour se tourner vers de lâupcycling.«Â
Friperie rime avec petit prix
En tant quâĂ©tudiant, tu as certainement un budget serrĂ© et dans ces conditions, trouver des vĂȘtements pas trop chers peut parfois ĂȘtre un casse-tĂȘte. Le prix des habits, câest souvent le point positif qui ressort.
Les friperies en ligne nâĂ©chappent pas Ă la rĂšgle. Les fringues dâoccasion sont Ă©videment moins chĂšres. Cela peut ĂȘtre un bon compromis lorsqu’une paire de chaussures te fait de lâĆil, mais que le prix neuf est trop Ă©levĂ©.
đ Les applications de seconde main de vente/achat ont des articles aussi vieux que rĂ©cents. Bref, tu peux trouver tout ce que tu cherches Ă des prix cassĂ©s.
Lâavis de Domitille đ
« Dans beaucoup de fripes pro, les prix restent en dessous de ceux de la fast fashion! Câest dâailleurs ce quâon essaye de faire, on se fixe la limite de ne pas dĂ©passer les prix de Zara par exemple. Un pull toujours en dessous de 40âŹ, chemise en dessous de 25âŹ, les jeans, câest toujours moins de 35âŹ, pour de la qualitĂ© vintage, donc meilleure !
Sur le plan financier Ă©galement, je pense quâinvestir dans des piĂšces vintage, câest beaucoup plus intĂ©ressant, car un pantalon Zara va directement perdre de sa valeur, surtout si câest une micro trend ! Alors que je sais que si jâachĂšte un vĂȘtement des annĂ©es 70 un peu plus cher en friperie pro, il ne perdra pas de valeur et va mĂȘme en prendre, car câest de plus en plus rare ! »
đ Tu lâauras compris, cela reste souvent moins cher que la Fast Fashion.
Ă lire aussi
â DĂ©couvre notre article consacrĂ© aux ravages de la Fast Fashion.
Une conso Ă©cologique â»ïž
Acheter ses habits en friperie, câest aussi consommer mieux et de maniĂšre plus Ă©thique. En effet, acheter ses vĂȘtements en friperie en online, câest acheter des habits dĂ©jĂ existants et donc ne plus consommer les vĂȘtements venant dâĂȘtre produits. Il y en a pour tous les goĂ»ts, alors tu peux aisĂ©ment trouver la perle rare.
Lâavis de Domitille đ
« Au bout de 6 mois de friperie jâai arrĂȘtĂ© radicalement la fast fashion ! Voir autant de vĂȘtements, ça ne donne plus envie dâen acheter. Tout ce que je veux, je le trouve en vintage ou en seconde main !
Nous sommes de plus en plus Ă ouvrir des friperies online ou en local, souvent chacun Ă son univers et son thĂšme ! Il y en a des spĂ©cialisĂ©es annĂ©es 70 ou 2000, des sophistiquĂ©es, des streetwear, des spĂ©cialisĂ©es en luxe, et mĂȘme de lâoccasion plutĂŽt actuel. Le choix est vraiment Ă©norme ! »
Le vintage pour affirmer son style đ
Acheter des habits de seconde main sur des fripes en ligne, câest aussi lâoccasion pour toi dâaffirmer ton style en dĂ©nichant des fringues originales et uniques !
Et oui, au lieu de suivre les tendances qui sont dictĂ©es par les grandes industries de la mode, tu as la possibilitĂ© dâinventer et de crĂ©er ton style grĂące aux pĂ©pites dâoccasion.
Lâavis de Domitille đ
« Mais, comment trouver des pĂ©pites ?Â
Pour dĂ©nicher des bonnes piĂšces, si tu en as une en tĂȘte, tu te mets des rappels sur les applications de seconde main et tu regardes tous les jours !Â
En plus local, Clara Victoria a sorti une super appli qui sâappelle UNIQUE, oĂč tu as une map de toutes les friperies de France, il faut pas hĂ©siter Ă jeter un coup dâĆil partout oĂč vous allez.
Câest donc devenu tendance ?
Oui, complĂštement ! Les plus jeunes sây mettent de plus en plus ! Jâai bien vu la frĂ©quentation changer au fil du temps et câest tant mieuxâŻ! Je pense quâaller sâacheter des vĂȘtements en grande quantitĂ©, mais dâoccasion, câest une maniĂšre pour les accros du shopping de continuer dâune meilleure maniĂšre ! Les vĂȘtements actuels sâinspirent du vintage ! Du coup, câest facile pour les friperies de proposer des choses dans lâĂšre du temps ! »
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Et faux bon planâŠ
La friperie Ă la cote, mais est-ce vraiment un bon plan ? Il y a souvent des paradoxes, et câest aussi le cas dans lâĂ©mergence des friperies online. On discute du sujet ?
La fripe en ligne : une tendance qui fait grimper les prix ?
On te lâa dit, câest souvent des petits prix. Mais pas que ! En effet, la mode vintage est en plein essor et en gĂ©nĂ©ral, plus y a de demande, plus les prix augmententâŠ
đ Selon Domitille, il est toujours possible de consommer Ă petit prix, mais certaines piĂšces sont rares et sont donc plus onĂ©reuses. Pourquoi les prix augmentent vraiment ?
- Lâeffet tendance
- La rĂ©munĂ©ration des personnes qui cherchent les articles ou les remettent en Ă©tatâŠ
- La rareté de certains habits vintage
- La marque
Lâavis de Domitille đ
« Si Domitille et Nicolas ont fait le choix de la fripe online, câest notamment pour garantir des prix raisonnables aux habits dâoccasion :
Avec une boutique câest tout de suite plus compliquĂ©, il faut payer le loyer, les charges, les assurances, et ça monte trĂšs vite ! Quand on ajoute les taxes que lâon paye sur chaque paiement par les prestataires bancaires et les impĂŽts, les chiffres deviennent vraiment hauts. Ăa a donc un impact direct sur le prix des piĂšces vendues qui va monter pour couvrir toutes ces charges. »
VĂȘtement Ă©colo oui, mais la livraison ?
Lâun des problĂšmes soulevĂ©s par la consommation de vĂȘtement sur internet, câest bien Ă©videment lâimpact des livraisons. Avec la crise sanitaire, le nombre des livraisons en France et dans le monde a considĂ©rablement augmentĂ©.
Cela concerne particuliĂšrement lâindustrie de la mode. Mais alors, acheter dâoccasion et se faire livrer, est-ce un paradoxe ?
Lâavis de Domitille đ
« Câest vrai que câest une question quâon sâest tout de suite posĂ©e ! Nous avons commencĂ© nos emballages avec des pochettes en plastique classique, puis quand on a pu investir, on sâest tournĂ© vers une marque qui propose des enveloppes en amidon et qui sont compostables. MĂȘme si câest beaucoup plus cher, câest quelque chose qui Ă©tait presque obligatoire dans notre dĂ©marche !
AprĂšs, câest toujours mieux de se faire livrer localement en France des vĂȘtements dĂ©jĂ produits plutĂŽt que des habits de mauvaise qualitĂ© qui viennent tout droit de Chine en avion ! Je me dis quâon essaye de faire le maximum⊠En espĂ©rant que les transporteurs prennent une tournure plus green maintenant ! »
La âfastâ friperie, un business Ă l’allure vintage
Eh oui, il existe plusieurs types de fripes et cette diffĂ©rence est surtout fondĂ©e sur la provenance des vĂȘtements.
Sâil existe des fournisseurs dâhabits vintage, certains crĂ©ateurs de fripes sur internet continuent Ă chiner les piĂšces une Ă une. Lorsque les vĂȘtements proviennent de fournisseurs, on peut y voir un lien avec la Fast Fashion. Une telle tendance amĂšne les boutiques Ă se renouveler rapidement, bref, Ă faire du business. Câest souvent le cas des chaĂźnes de vĂȘtements vintage connues.
L’avis de Domitille đ
« On a contactĂ© des fournisseurs, mais cela ne correspondait plus Ă notre esprit, et ne pas choisir les habits ne nous intĂ©ressait pas du tout. Ceux qui nous laissaient choisir Ă la piĂšce Ă©taientt loin de chez nous, et trĂšs chers ! On prĂ©fĂšre rencontrer directement les particuliers Ă qui on achĂšte les vĂȘtements, câest plus humain et ça donne encore plus dâhistoire ! »
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Le cas des grandes enseignes : greenwashing ou vraie initiative ?
Si elles sont en plein essor, les grandes enseignes aussi se lancent dans la commercialisation des habits dâoccasion. Câest le cas par exemple de Zalando, de la marque Urban Outfitters ou encore des Galeries Lafayette. Mais quâest-ce que cette initiative vaut vraiment ?
Les choix de ces grandes enseignes ont parfois tendance Ă diviser lâopinion publique : vĂ©ritable intiative Ă©thique ou greenwashing ? Coup de com’ ? Business ?
đ La dĂ©marche de ces enseignes est de rĂ©cupĂ©rer les vĂȘtements des anciennes collections et de les revendre. Pour dâautres, il ne sâagit pas de rĂ©cupĂ©rer les habits de leur marque, mais de plusieurs et donc dâouvrir un onglet fripe en ligne sur leur site internet.
Ă vrai dire, il nây a pas de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale. Mais aprĂšs avoir fait un tour sur le site dâoccasion de grandes marques, il ne sâagit pas dâun bon plan petit prix Ă©tudiant, loin de lĂ âŠ
Est-ce que les marques se lancent dans la seconde main pour redorer leurs images ? Câest sĂ»r que câest une bonne publicitĂ© dans le contexte actuel. Mais on ne peut tout de mĂȘme pas rĂ©duire ces initiatives Ă un simple coup de communication, non ? đ¶
Quelques questions que tu peux te poserâŠ
- Est-ce que le fait de proposer des vĂȘtements de seconde main et des habits de fast fashion sur le mĂȘme site internet est Ă©thique ?
- Est-ce que la motivation dâune initiative est plus importante que lâinitiative elle-mĂȘme ?
- Est-ce que le fait que ce soit un coup de com affaiblit lâimpact positif de lâinitiative ?
- Faut-il ĂȘtre irrĂ©prochable pour entreprendre une dĂ©marche Ă©thiqueâŻ?
- Vaut-il mieux payer un peu plus cher un vĂȘtement en fripe et le garder longtemps ou consommer moins cher pour moins longtemps chez ZaraâŻ?
Alors, vrai ou faux bon plan ?
Dans toutes ces transitions, les paradoxes sont de mise. Il est souvent difficile dâavoir une rĂ©ponse exacte Ă toutes ces questions. đźâđš
LâĂ©mergence de ces boutiques dâoccasion sur internet rĂ©pond Ă une demande croissante liĂ©e au contexte actuel : prix, style moins conformistes, Ă©cologie⊠Aucun systĂšme nâest parfait et il y a souvent un pendant !
Le conseil de Domitille đ
« Je vous conseille le reportage dâHugo ClĂ©ment « Sur Le Front » qui montre que les vĂȘtements de mauvaise qualitĂ© sont vendus en export vers lâAfrique, et mĂȘme lĂ -bas, ils ne peuvent pas ĂȘtre utilisĂ©s. Ils finissent donc dans des bennes Ă ciel ouvert, notamment sur la plageâŠÂ »