MaĂźtre Corbeau, sur un arbre perchĂ©, tenait en son bec un fromage⊠Il est temps dâĂ©crire un commentaire sur Le Corbeau et le Renard et tu ne sais pas comment tây prendre ? Pas dâinquiĂ©tude, on va te donner toutes les astuces dont tu as besoin. Avec ça, le texte de La Fontaine nâaura plus de secret pour toi ! PrĂȘt ? Câest parti ! đ
| Fiche dâidentitĂ© | |
|---|---|
| Titre | Le Corbeau et le Renard |
| Ăcrivain | Jean de La Fontaine |
| Date de publication | 1668 |
| Genre | Fable |
| Registre | Didactique |
PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale đ«
Le Corbeau et le Renard est le deuxiĂšme texte du Livre I des Fables de La Fontaine. Il existe deux sources desquelles lâauteur sâest inspirĂ©es :
âïž La version dâĂsope (VIIe-VIe siĂšcles av. J.-C.),
âïž La version du fabuliste latin PhĂšdre (MacĂ©doine – 10 av. J.-C. – vers 54 apr. J.-C).
La derniĂšre a Ă©tĂ© traduite en français par Sacy en 1647. Cette fable fait Ă©galement partie du Roman de Renart, des rĂ©cits animaliers Ă©crits par diffĂ©rents auteurs en ancien français Ă lâĂ©poque mĂ©diĂ©vale. Bref, la fable est un genre qui existait dĂ©jĂ depuis longtemps : La Fontaine ne fait que le renouveler Ă sa maniĂšre.
Contexte dâĂ©criture đ
Ă lâĂ©poque de la publication de ce rĂ©cit, les Ă©crivains dĂ©pendaient du pouvoir royal. Sous le rĂšgne de Louis XIV, une monarchie absolue Ă©tait imposĂ©e aux Français. Les Ă©crivains nâavaient pas de libertĂ© de critiquer la royautĂ© ou le clergĂ©. Que fait Jean de La Fontaine ? Eh bien, il se sert dâanimaux pour transmettre des messages, souvent des critiques, dâune maniĂšre implicite.
âȘïž Livre I, dans lequel se trouve cette fable, est dĂ©diĂ© au fils du roi, le Dauphin, qui Ă©tait ĂągĂ© de sept ans. Le fabuliste dĂ©nonce alors les mĆurs de la sociĂ©tĂ© et les dĂ©fauts humains, tels que la vanitĂ©, la paresse, lâorgueil, etc. Câest aussi une maniĂšre dâinstruire le successeur du roi pour quâil devienne un bon souverain.
Je me sers dâAnimaux pour instruire les Hommes.
Jean de La Fontaine
Fabuliste
Personnages
Les deux personnages principaux sont⊠Roulement de tambour đ„⊠le corbeau et le renard !

Le corbeau đŠââŹ
En lisant les vers de La Fontaine, on peut facilement visualiser le corbeau, « perchĂ© » et tenant un fromage au-dessus du renard, donc en position dominante. On comprend dĂšs le dĂ©but quâil est issu dâune catĂ©gorie sociale plus Ă©levĂ©e que celle du renard pour plusieurs raisons :
â Possession dâun bien (fromage),
â Appellations de noblesse comme « Monsieur »,
â VanitĂ© : il veut montrer au renard quâil a une belle voix.
Le renard đŠ
Le deuxiĂšme personnage est un bon orateur et arrive Ă se servir de la parole pour obtenir ce quâil dĂ©sire. Le renard emploie des mĂ©taphores : « vous ĂȘtes le PhĂ©nix » et utilise un vocabulaire assez soutenu pour flatter son interlocuteur. Câest le renard qui prend la parole tout au long du texte jusquâaux derniers vers. Il utilise la rhĂ©torique dans ses formes les plus rusĂ©es : il tente de persuader le corbeau en faisant appel Ă ses sentiments. Compliment aprĂšs compliment, il arrive Ă obtenir du corbeau ce quâil veut !
đ Le renard est un flatteur, mais aussi un menteur qui se sert de mensonges afin de subvenir Ă ses besoins. Il est appelĂ© « MaĂźtre » mĂȘme si son discours et sa position le classent dans une catĂ©gorie sociale infĂ©rieure Ă celle du corbeau.
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RĂ©sumĂ© âš
Lâhistoire est assez simple : un renard croise un corbeau sur un arbre avec un air fier et orgueilleux, tenant un fromage. Le renard est rusĂ© et veut le lui prendre. Il commence par lui faire des compliments çà et lĂ et se demande si son « ramage » (chant dâoiseau) est aussi beau que son « plumage ». Le corbeau tombe dans le piĂšge, ouvre le bec et laisse tomber le fromage.
Le renard le prend et dit au corbeau quâun flatteur vit au dĂ©triment de « celui qui lâĂ©coute ». Câest-Ă -dire que derriĂšre les compliments, il y a toujours un intĂ©rĂȘt. Lâauteur ne critique pas la flatterie, mais dĂ©nonce plutĂŽt la vanitĂ© humaine.

Analyse par vers đȘ±
On va maintenant analyser le texte en le dĂ©composant en plusieurs parties. Lâanalyse prend en compte les Ă©lĂ©ments les plus importants.
La rencontre đł
đȘ± Vers 1 Ă 4
Maßtre Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
MaĂźtre Renard, par l’odeur allĂ©chĂ©,
Lui tint Ă peu prĂšs ce langage :Â
Avec une alternance entre un dĂ©casyllabe (dix syllabes) dans les vers 1 et 3 et un octosyllabe (huit syllabes) dans les vers 2 et 4, La Fontaine nous prĂ©sente les deux personnages de lâhistoire : le Corbeau et le Renard. Tu lâas sĂ»rement remarquĂ©, il utilise des majuscules pour leurs noms, leur donnant ainsi une caractĂ©ristique humaine : câest ce que lâon appelle une personnification !
Une sorte de symĂ©trie se construit autour des deux personnages : lâun tient un fromage, lâautre tient le langage (le mĂȘme verbe est utilisĂ© dans les deux vers). Ils sont appelĂ©s par le mĂȘme titre, mais la posture du corbeau pourrait avoir une connotation magistrale, celle dâun maĂźtre qui enseigne. Paradoxalement (ironiquement, surtout), le fromage lui fait clouer le bec !
đĄ Ă noter
Tu as dĂ» le remarquer : il y a des rimes apparentes dans les quatre vers, mais aussi des mots avec le mĂȘme rythme.
-
Rimes : perchĂ© â allĂ©chĂ© / fromage â langage
-
Rythme : froma-, langa-
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Le charme de Monsieur Corbeau
đȘ± Vers 5 et 6
Et bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous ĂȘtes joli ! que vous me semblez beau !
Tu vois la longueur du v.6 ? Son apparence est quand mĂȘme marquante en termes dâallongement, il arrive comme un contraste par rapport aux autres vers, câest un alexandrin : on peut le diviser en deux parties, chacune contenant six syllabes : Que vous ĂȘtes joli ! â Que vous me semblez beauâŻ!
đ La rime de « Corbeau » et « beau » montre clairement lâanalogie créée entre les deux mots. Comme si câĂ©tait Ă©vident Ă partir du nom lui-mĂȘme : le corbeau est beau.
đ Remarque
En plus de la personnification des animaux Ă travers leurs noms (comme expliquĂ© plus haut), le fabuliste leur donne une autre caractĂ©ristique humaine, celle de la parole. Ici, le renard utilise une expression exclamative des plus simples « Que vous ĂȘtes⊠que vous me semblez⊠»
La flatterie mensongĂšre
đȘ± Vers 7 Ă 9
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte Ă votre plumage,
Vous ĂȘtes le PhĂ©nix des hĂŽtes de ces bois.
Zoom sur les dĂ©finitions đ
Afin dâanalyser ce passage, on va essayer de le dĂ©composer ensemble. Commençons par lâexplication des mots-clĂ©s :
1ïžâŁ Ramage : il sâagit du chant dâoiseau (on te lâa dĂ©jĂ dit, mais on te le rappelle quand mĂȘme !)
2ïžâŁ Se rapporte : est aussi beau queâŠ
3ïžâŁ Le PhĂ©nix : selon le Larousse, il sâagit dâun « oiseau fabuleux, qui vivait plusieurs siĂšcles, se brĂ»lait lui-mĂȘme sur un bĂ»cher et renaissait de ses cendres. » Il fait partie de la mythologie Ă©gyptienne.
4ïžâŁ Les hĂŽtes : les habitants.
La ruse du renard đŠ
« Rama– » et « pluma– » sâajoutent au mĂȘme rythme que lâon a vu plus haut (« froma– ») avec, bien sĂ»r, les rimes qui se terminent par « age ». Dans cette partie, le renard commence son discours par « sans mentir », rassurant le corbeau. Ironiquement, tout ce quâil dit est mensonge : le corbeau, avec son plumage entiĂšrement noir, nâa rien de spĂ©cialement beau.

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Le bec ouvert de la vanitĂ© đȘ
đȘ± Vers 10 Ă 12
Ă ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le corbeau est envahi de joie et pour prouver quâil avait une belle voix, il ouvre son bec et laisse tomber son fromage. On retrouve le mĂȘme ton comique : « ne se sent pas de joie », ce qui signifie quâil perd tout autre sentiment mis Ă part la joie. Cette forme dâhyperbole, une exagĂ©ration de langage, sert Ă ridiculiser le corbeau.
đ La rime continue le long des trois vers avec –oix et –oie avec des allongements dans v.10 et v.12 qui forment, encore une fois, des alexandrins.
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La leçon đ
đȘ± Vers 13 Ă 15
Le Renard s’en saisit, et dit : Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dĂ©pens de celui qui l’Ă©coute.
La posture des deux personnages est renversĂ©e. En utilisant lâimpĂ©ratif (Apprenez), le renard sâadresse Ă son interlocuteur avec condescendance. LâautoritĂ© magistrale du corbeau est ainsi perdue. Celui-ci est ensuite humiliĂ© par les premiers de la leçon : tout flatteur, un nouvel adjectif qui vient remplacer lâadmirateur dâil y a une minute et annule ses compliments.
Le renard se pose dĂ©sormais avec une supĂ©rioritĂ© mĂ©prisante. Les rĂšgles de politesse de cette Ă©poque ne permettent pas lâutilisation des impĂ©ratifs ou des questions quand on sâadresse Ă la noblesse. Souvent, on Ă©coute sans mĂȘme parler. « Celui qui lâĂ©coute » prend donc tout son sens : le corbeau est catĂ©gorisĂ© socialement comme celui qui Ă©coute.

La fin đ
đȘ± Vers 16 Ă 18
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute.
Le Corbeau honteux et confus
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Pour bien lâachever, le renard parle du coĂ»t de sa leçon (v.16) : il nâest pas seulement un maĂźtre, mais il se fait payer aussi. Dis-toi quâil existait une classe dâindividus qui sâimposaient comme hĂŽtes chez des riches citoyens, et devine quoi ? Ils les payaient avec des plaisanteries ou des flatteries.
âȘïž On comprend dĂ©sormais que les rimes en –age montrent le vĂ©ritable intĂ©rĂȘt du renard qui ne pensait que fromage ! De plus, lâoiseau est rĂ©duit Ă son simple statut de « Corbeau » qui ne chante plus, mais jure.
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La fable de l’orgueil et de la flatterie đ
Le Corbeau et le Renard de La Fontaine possĂšde plusieurs caractĂ©ristiques dâune fable. En plus de la simplicitĂ© du rĂ©cit, le texte est trĂšs court. Il est accessible aux enfants comme aux adultes sans pour autant tomber sous le coup de la censure. Voici dâautres ingrĂ©dients essentiels de ce texte qui fait de lui une fable :
âȘïž Le texte est poĂ©tique, Ă©crit en vers comme lâoctosyllabe ou le dĂ©casyllabe et parfois mĂȘme lâalexandrin. Lâauteur utilise un registre comique et ironique comme expliquĂ© plus haut. Cela renforce la lĂ©gĂšretĂ© du texte et le rend plus plaisant Ă lire.
Les animaux sont humanisĂ©s par la parole et les titres humains. Les deux animaux ne sont pas des mangeurs de fromage, on comprend ainsi que ce sont une image des hommes. De plus, les personnages ressentent des Ă©motions humaines, la honte et la confusion, et ont des dĂ©fauts humains comme lâorgueil.
âȘïž Enfin, il y a une morale derriĂšre le texte, un Ă©lĂ©ment central de la fable. Elle est introduite par le renard au prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale : « ⊠tout flatteur / vit aux dĂ©pens de⊠». Le fabuliste emploie typiquement un registre didactique, câest-Ă -dire pĂ©dagogique et instructif.

VoilĂ , tu es maintenant prĂȘt pour rĂ©diger ton commentaire sur Le Corbeau et le Renard ! Si tu as dâautres questions, nâhĂ©site pas Ă contacter un prof particulier de français qui pourrait tâaider avec tes cours. đ
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