Alors que l’été bat son plein, la pression sociale pour avoir un corps “présentable” en maillot de bain est palpable… Pas toujours facile pour celles et ceux qui ne se retrouvent pas dans ces critères de beauté. Zoom sur les origines du fameux Bikini Body, que l’on nous sert tous les ans à des sauces différentes. 👇
Un Bikini Body, c’est quoi ?
Un concept qui ne date pas d’hier
Selon The Cut, cette idée de Bikini Body fait son apparition dans les années 60 aux États-Unis alors qu’une chaîne de salons d’amaigrissement nommée Slenderella International lançait sa campagne publicitaire. Les lecteurs du New York Times ou du Washington Post ont donc pu découvrir le programme prometteur de ces salons, qui garantissaient…
Une poitrine relevée, ferme, une taille de guêpe, des hanches fines et fermes, des jambes sveltes et gracieuses… Un corps prêt pour le bikini !
Slogan de Slenderella International
D’où vient le bikini? 👙
Avant le bikini body, il y avait juste le bikini. C’est l’ingénieur automobile (allez savoir…) Louis Réard qui crée ce deux-pièces un peu révélateur dans les années 40, à force de voir les femmes retrousser leurs maillots de bain pour mieux bronzer. Le concept est ensuite présenté dans un défilé parisien en 1946. Il fait scandale et sera même interdit sur les plages françaises trois ans plus tard !
Fun fact : la chaîne en question a vite été éradiquée de la carte. D’une part, après une enquête du Better Business Bureau qui jugeait leur concept un peu foireux et leur publicité un peu trop mensongère, mais aussi sur ordre de l’IRS, puisque que Lawrence Mack, le directeur, a comme qui dirait… “oublié” de payer ses impôts. 🫡
👉 L’obsession de la perfection pour rentrer dans ce fameux deux-pièces n’a cessé de croître par la suite. Slenderella International fut vite remplacé par d’autres chaînes similaires, aux concepts toujours plus révolutionnaires et promettant des corps toujours plus à même de fouler la plage.
La quête du corps parfait
Le slogan bête et méchant s’est donc pérennisé au fil des décennies, si bien que son impact perdure encore aujourd’hui. On remarque en effet que le corps qu’il décrit n’est pas si loin de ce que l’on considère comme parfait soixante ans plus tard…
Ça matche ? 💞
Alors que Tinder n’existait pas encore, il n’était pas rare de dédier des petites annonces pour trouver sa moitié dans le journal. Dans une parution du New York Times en 1988, on remarque quelques occurrences d’hommes à la recherche de femmes avec un « Bikini Body ».
Si l’on en croit les critères de beauté actuels, pour les femmes, le corps parfait est mince, svelte et bien proportionné tout en ayant des courbes avantageuses… Seulement à certains endroits. En somme, une poitrine généreuse – mais pas trop – des hanches et un fessier rebondi. Cerise sur le gâteau : aucune cellulite et zéro poil en vue. 👍
Pour les hommes, bien sûr, les muscles saillants sont de mise : des biceps et un bon 6-pack au profit du bide à bière.
Force est de constater que les femmes sont généralement plus touchées par ce phénomène sexiste, même si les hommes semblent de plus en plus en faire les frais. 🧍♂️
👉 Bien qu’il soit associé à une période spécifique de l’année – à savoir la période estivale – le Bikini Body reflète indubitablement les critères de beauté universels qu’impose la société.
Désormais intégré par le grand public comme objectif à atteindre à tout prix, le Summer Body est donc simplement un corps idéalisé que l’on n’aurait pas “honte” de présenter dans un maillot de bain deux pièces. Mais le concept s’étend bien au-delà de l’image que l’on renvoie sur plages de sable fin.
La tyrannie du bikini
Là est tout le problème : l’idée même du corps universel régit de plus en plus notre quotidien, et exclut tous ceux qui ne correspondent pas aux critères de beauté imposés.
👉 Manque d’estime de soi, comparaisons constantes, troubles alimentaires et mal-être, l’image idéalisée du Bikini Body s’impose comme tyran auprès de notre rapport à notre propre corps.
💡 Le savais-tu ?
Selon une étude du NEDA, 20 millions de femmes et 10 millions d’hommes souffrent de TCA au cours de leur vie. L’âge moyen d’apparition de ces troubles est d’ailleurs très inquiétant : 12 ans ! Il n’est pas exclu par l’étude que ces chiffres alarmants soient liés à l’exposition des jeunes sur les réseaux sociaux.
Pour ne rien arranger, un véritable business s’est créé autour du phénomène, nourrissant alors le besoin de rentrer dans le moule. Entre régimes et séances de sport, le Bikini Body est devenu un outil marketing, et ne manque pas de perpétuer l’ascension du slogan originel. 😮💨
Il suffit de scroller sur les réseaux sociaux pour en admirer l’étendue. À chaque publication, des corps considérés comme parfaits et “bikini ready” sont imposés à nous, parfois même contre notre gré.
👉 Que ce soit sur ton feed Instagram, dans tes recommandations YouTube ou lors de ton shopping en ligne, tu es bombardé de ces images et ta confiance en toi peut vite en prendre un coup.
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Mais penses-y : quand tu vas à la plage, est-ce que tu vois réellement ce type de corps à perte de vue ? Pas sûr… À moins que tu habites à Miami Beach. Mais la chirurgie esthétique, c’est une autre histoire. 😉
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Les retouches hors la loi
Eh oui, spoiler alert : au cas où tu ne savais pas, les corps que tu vois sur les réseaux sociaux ne reflètent pas vraiment la réalité.
Entre poses avantageuses, retouches à gogo et – au final, ce n’est pas tant une autre histoire – chirurgie esthétique, les corps que tu vois en ligne ou dans la rue te vendent une image du physique parfait qui est presque inatteignable pour le commun des mortels.
👉 Au vu du nombre croissant de contenus consommés et, parallèlement, d’images retouchées dans les magazines et les publicités, le ministère de la Santé a pensé le “Decret Photoshop” en 2017. Le but ?
Agir sur l’image du corps dans la société pour éviter la promotion d’idéaux de beauté inaccessibles et prévenir l’anorexie chez les jeunes.
Communiqué du Ministère de la Santé
💡 Le savais-tu ?
La loi prévoit une amende de 37 500 euros, ou jusqu’à un tiers des dépenses consacrées à la publicité par l’annonceur en cas de non-respect.
Mais, bien que la loi l’exige, tous les magazines ne font pas figurer la mention “photographie retouchée” de manière explicite. Et sur Instagram, aucune loi n’existe (encore ?) pour inciter les créateurs de contenus et autres influenceurs à mentionner ces pratiques. Comme quoi, il y a encore du boulot… 🤫
Le body positivisme
Il en va donc de la responsabilité des créateurs de contenus de contrôler l’image qu’ils renvoient aux populations influençables, en particulier les plus jeunes. Ces dernières années, de nombreuses figures très présentes sur les réseaux sociaux rejettent délibérément l’image du corps parfait et refusent d’adhérer aux critères de beauté imposés par la société.
👉 Fini le Bikini Body, c’est l’émergence du Body Positivisme. Des millions de publications sous le #Bodypositive sur Instagram encouragent les femmes à s’aimer telles qu’elles sont.
Et ce qui est marrant, c’est que le mouvement Body Positive a lui-même son histoire, parallèle à celle du Bikini Body. ☝️
- Ses racines apparaissent dès 1850, avec le Victorian Dress Reform Movement, alors que les femmes se battent pour l’arrêt du port du corset.
- Ensuite, c’est à la fin des années 60 que le mouvement reprend du service : Lew Louderback publie un essai appelé “More people should be fat !”
- L’organisation “The Body Positive” voit vraiment le jour en 1996, alors que les deux fondatrices se donnent pour objectif d’aider les femmes à revoir leurs standards de beauté.
Aujourd’hui, le flambeau a été repris par leurs contemporaines. On peut notamment citer Meghan Tonjes, qui s’impose en tant que figure emblématique du Body Posi. Elle explique :
“Aime ton corps et sois gentil avec toi-même. Tu as les mêmes droits que n’importe qui d’autre de porter ce que tu veux et de te sentir bien”. Tu l’auras deviné, ça inclut le bikini…
👉 Le vieil adage – celui qui dicte qui peut rentrer dans un deux pièces – est alors vite remplacé par un nouveau :
Tu veux un bikini body ? Enfile un bikini.
Le ton est donné : il n’y a pas de honte à être qui l’on est. Se défaire des diktats et s’affranchir des critères de beauté est primordial dans la quête de l’acceptation de soi.
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La beauté à travers l’histoire : de Marie-Antoinette à Kim K 👇
D’où vient-on ?
Comme tu as pu le deviner, le corps a toujours été soumis à des standards et des normes de beauté. Ceux-ci traversent bien évidemment les époques et varient grandement selon la culture, l’époque ou encore la religion.
Au temps de la préhistoire, alors que la fécondité était le critère le plus important – survie oblige – les femmes avec des formes étaient considérées comme les plus belles… Car aptes à porter un enfant.
Et c’est pas nous qui le disons, regarde plutôt cette statuette. La vénus de Willendorf n’est autre que l’une des plus célèbres figurines de la préhistoire. Les seins, le ventre et les cuisses de la femme représentées sont mis en valeur.
👉 Beauté = survie, tout simplement.
Ensuite, dans l’Égypte Antique, force est de constater que les femmes minces et élancées sont les plus représentées, tandis qu’en Grèce Antique, les corps musclés et athlétiques de femmes font rage. 🏋️
👉 Au fur et à mesure des siècles et des époques, les standards de beauté ont donc fluctué.
Au Moyen-Âge, les femmes aux tailles fines et aux petites poitrines sont les plus belles, alors qu’à la Période Classique, les poitrines imposantes et les bras potelés font fureur. C’est là que le teint pâle et les cheveux clairs ont leur moment de gloire.
Marie-Antoinette, on te parle… 🤪
👉 Par A+B et au fil des siècles, l’idéal féminin est constamment réinventé.
Au 20e siècle apparaît l’incarnation de la beauté made in Hollywood : la pin-up. Blonde sensuelle aux lèvres pulpeuses, la femme incarne alors la bonne santé et la maternité dans le contexte un peu incertain de la Seconde Guerre Mondiale.
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Tiens, c’est marrant
On remarque aussi qu’au-delà de l’apparence physique, le maquillage pèse lui aussi dans la balance. Il est tantôt proscrit (puisqu’il dénature les créatures de dieu) tantôt symbole d’opulence et de beauté. 💋
Et….. la boucle est bouclée. Le bikini entre dans le building et impose de nouvelles normes aux femmes, qui – notons le – sont soumises à des standards oppresseurs depuis la préhistoire ! 🤦
Un éternel recommencement
Bref, ça s’en va et ça revient ! Les codes ne sont pas inscrits dans le marbre. La preuve, malgré la popularité grandissante du Bikini Body, les années 90 voient l’explosion des mannequins avec le culte de la femme très mince, grande et longiligne. On ne sait plus où donner de la tête, nous.
Et aujourd’hui, on en est où ? Il semblerait qu’à l’ère des réseaux sociaux, un large panorama de corps sont mis en avant et par la même occasion célébrés grâce au mouvement Body Positive. 👏 Mais de grandes tendances émergeront toujours : that’s the way it goes.
Le meilleur exemple pour illustrer cette lubie de la beauté et cette quête de la perfection est probablement la famille Kardashian. Devenues des véritables symboles de la pop-culture du 21e siècle, les Kardashian/Jenner comptent à elles toutes près d’un milliard de followers sur Instagram ! 😶
Mais comme dirait Oncle Ben… « De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités. » Leurs figures voluptueuses, leurs tailles de guêpe, leurs lèvres pulpeuses et leurs nez retroussés véhiculent des standards toujours plus inatteignables que les jeunes filles tentent tant bien que mal de suivre.
On est loin d’être un magazine de potins, mais les rumeurs disent que Kim Kardashian elle-même aurait décidé de renoncer à ses implants fessiers – qui la caractérisaient pourtant depuis des années…
Santé, lassitude, pur esthétisme ou hasard complet, les raisons qui pourraient l’avoir motivée sont encore inconnues.
Au final, qu’y a-t-il a retenir de tout ça ? Que non seulement le concept de la beauté est subjectif, qu’il peut varier d’une époque et d’une zone géographique à l’autre, mais qu’il se renouvelle surtout constamment. Alors si le Bikini Body d’aujourd’hui peut tout à fait être le corset Victorien de demain – obsolète et démodé, pourquoi passer sa vie à courir derrière ?
Feeling beautiful has nothing to do with what you look like.
Emma Stone
Par contre si la mode des perruques du 18e siècle revient, on se casse.