Pour de nombreuses personnes, le maquillage fait partie de leur quotidien. Si, aujourd’hui, il est le plus souvent utilisé par des femmes, savais-tu qu’à l’origine, en Égypte, il était utilisé sans distinction de genre ? Parce que trop (ou pas assez) de rouges à lèvres se baladent dans des sacs à main au moment où tu nous lis, revenons sur l’histoire de ce bâton coloré et de ses acolytes mascaras, blushs, poudres, etc.
De l’antiquité à la cour du roi 🫅
Dans l’imaginaire collectif (et dans de nombreux articles), on date les prémisses du maquillage à l’Égypte antique et à son khôl emblématique réhaussant le regard de Cléopâtre. Et si cette période a représenté une étape importante de l’évolution du maquillage, ses premières utilisations remontent en réalité à la préhistoire.
Les prémices du maquillage à la préhistoire 🦴
En effet, certains « produits » datant de plus de 100 000 ans ont été retrouvés en Afrique du Sud en 2008, dans la grotte de Blombos à 300 km du Cap, par un archéologue nommé Christopher Henshilwood.
Quels produits, te demandes-tu ? De la poudre d’ocre, qui aurait servi à protéger ou à décorer la peau de celles et ceux l’utilisant, retrouvée entre deux coquillages. Il faut croire que la légendaire brillance de la zone T ne plaisait pas trop aux hommes et femmes préhistoriques ! 😂
Antiquité : une protection UV non-genrée ? 🌞
Les mythes autour de Cléopâtre sont pourtant vrais : elle se maquillait bel et bien avec du khôl, comme nombre de ses compatriotes. Selon Radio France, d’ailleurs, « sa trousse de maquillage n’était pas si éloignée de la notre : khôl, fard blanc, fard à joues, crayon à sourcils, baume à lèvres. » 💄
Plus impressionnant encore, dans l’antiquité, les égyptiens créaient leurs propres formules de synthèse ! Et, oui, on a des preuves, pour les plus sceptiques d’entre vous. La CNRS (ndlr, le Centre National de Recherche Scientifique) a trouvé des flacons et produits vieux de 3 500 ans.
Au rendez-vous ? Des baumes à base d’ocre pour donner de la couleur aux joues, de l’albâtre, du blanc de plomb et du lait d’ânesse pour éclarcir la peau des nobles et, surtout, du khôl noir, bleu ou vert, pour protéger les yeux et, dans un second temps, embellir le regard.
Protection médicinale ? 🧬
Tu l’auras compris, le khôl a d’abord été créé dans un but de protection. Protection des rayons UV, d’abord, mais aussi du temps aride (sable, sécheresse, etc.). Le corps gras du crayon agissait alors comme une « membrane protectrice ».
Mettre du khôl devient aussi un geste esthétique, son nom original, « Mesdemet » signifie « qui rend les yeux parlants ». Le khôl est appliqué à l’horizontal, […] forme qui mime les yeux du chat, animal sacré pour les Égyptiens.
Derwell Queffelec
Journaliste – France Culture
Un maquillage non-genré en Egypte ? 👏
À l’époque, le maquillage n’avait pas de genre. En effet, les femmes, les hommes et les enfants en portaient, sans distinction.
Aujourd’hui, même si la société tend à changer, le milieu cosmétique et la publicité ciblent davantage les femmes.
Chez les Grecs, le maquillage est surtout utilisé dans une optique médicale. Mais… Les questions de genre entrent pour la première fois en compte : les femmes se maquillent toujours et deviennent même plus coquettes, mélangeant fards, baumes et sourcils marqués. Quant aux hommes, ils ne se maquillent plus que le mono-sourcil. Cependant, cette coquetterie a des répercussions sexistes : on caractérise les femmes (très) maquillées de courtisanes, ou de femmes célibataires recherchant l’attention. 🤨
À lire aussi
Tu veux en savoir plus sur l’évolution du droit des femmes ? Lis notre article !
👉 On te parle d’antiquité et ça attise ta curiosité ? Tu veux en apprendre plus ? Pourquoi ne pas prendre un cours particulier d’histoire en ligne avec l’un de nos Sherpas ?
Ton premier cours particulier est offert ! 🎁
Nos profs sont passés par les meilleures écoles et universités.
Moyen-Âge : mœurs diabolique et pâleur ⚪
Au début du Moyen-Âge, le mood est sévère, puisque le but ultime est d’être le plus pâle possible. Loin de nous la coquetterie et les couleurs, associés à la séduction et donc, évidemment, à Satan (ndlr, suite à la montée du Christianisme, CQFD), les critères de beauté mettent en avant la pâleur, la blondeur, une racine de cheveux reculée sur le front (attends, quoi ?!).
Fun fact 💇
Comment ça, les femmes du Moyen-Âge avaient une implantation capillaire reculée ? Malgré ce que vous pourriez penser à première lecture, non, ce n’est pas une question d’évolution de l’homme… Cette hairline était épilée. Ouch ! On aimait donc… La calvitie.
Soudainement, les diktats d’épilation d’aujourd’hui ne paraissent pas si pires (si) ! 😵💫
Il faudra attendre le XIème siècle pour revoir crescendo de la couleur sur les joues, les yeux ou les lèvres. Pour causes ? Au temps des croisades, le maquillage devient signe de richesse et l’anticonformisme, étonnamment, devient tendance ! Oui, c’est antinomique, on sait.
Temps Modernes : vers un signe de noblesse ? 👑
Ce qui nous intéresse vraiment… C’est l’Époque Moderne. Temps de Renaissance, de l’aristocratie, de l’exubérance, surtout ! On te récapitule ce qu’il faut retenir, mis à part un manque d’hygiène flagrant (et reconnu).
Si la pâleur reste tendance, la couleur vient s’apposer sur d’autres attributs que nos teints. Les paupières et sourcils sont alors noircis, les joues, ongles et lèvres sont alors rougies – quoique certains historiens attestent que les lèvres étaient délaissées pour éviter d’attirer l’attention sur les dents de la cour… Faute au sucre ou à l’hygiène déplorable, en tout cas, celles-ci ne valaient pas le coup d’œil. 🦷
Pour atteindre la pâleur attendue et couvrir leurs imperfections, les aristocrates de la cour du roi s’enduisaient d’une pâte blanchâtre. C’est l’heure de gloire pour tous les produits éclaircissants à base de farine (ou de céruse)… Quitte à couvrir la crasse, autant y aller à fond ! 🤢
Pour la forme, on se parfume rudimentairement et on ajoute au coin de l’œil ou de la bouche une mouche (ndlr, ce petit point noir qu’on voit dans les films et séries représentant l’époque).
Question de mouche 🪰
Selon l’emplacement de la mouche, celle-ci avait une signification différente. C’était alors un moyen de passer un message, de parler de sa personnalité.
Voici certaines interprétations :
- front : « la majestueuse »,
- œil : « la passionnée »,
- nez : « l’effrontée »,
- milieu de la joue : « la galante »,
- coin de la bouche : « la baiseuse »,
- lèvres : « la coquette ».
On relève que ce ne sont que des noms féminins. On dit ça…
L’échelle de la noblesse 🪜
Les rumeurs disent vrai, les hommes de la cour et de l’aristocratie française se maquillaient ! Et même, sûrement, le roi Soleil. Ils ont recommencé cette pratique au début de la Renaissance, pour montrer leur pouvoir et leur noblesse.
Quand auraient-ils arrêté, te demandes-tu ? Peu après la révolution ! C’est aussi à ce moment où, comme en Grèce Antique, les femmes très maquillées ont commencé à être vues comme des femmes de mœurs légères — pour ne pas dire un autre mot. 😐
Dans les années 1 800, le maquillage devient officiellement, selon la société et pour les femmes qui en porte, un outil de séduction. 💋
Besoin d’un prof particulier ? ✨
Nos profs sont là pour t’aider à progresser !
Et aujourd’hui ? 🕰️
Aujourd’hui, tu le sais sûrement, le maquillage fait partie de nos quotidiens. À la télé, dans les rayons de supermarché, sur les réseaux sociaux, il est présent de partout ! Mais que s’est-il passé depuis le XVIIème siècle pour voir une telle ascension de popularité ? 🤔
Évolution et technologie du maquillage 🧑🔬
La fin du XIXème et le début du XXème siècle voient de nouvelles lois naître : les produits nocifs sont enfin retirés des compositions. En 1916, Guerlain est l’un des premiers à retirer la céruse. Et pour causes, les crèmes et soins commencent à devenir incontournables aux salles de bain. On s’intéresse donc (enfin) aux effets sur nos peaux !
À lire aussi
Envie d’en savoir plus sur les grandes inventions du XIXème siècle ? Compte sur nous !
En 1867, le premier rayon de maquillage est installé dans un magasin Altman & Company, permettant, en parallèle, d’apprendre aux femmes à se maquiller. En 1900, Guerlain invente le bâton de rouge à lèvres. En 1910, les poudres compactes avec houppette et miroir font leur apparition. On est en 1914, et c’est au tour de Maybelline d’inventer le mascara…
L’essor du cinéma pousse sur le devant de la scène (encore un peu plus) ces nouveautés, et démocratise le maquillage pour le plus grand nombre. Et c’est normal : qui ne veut pas ressembler à sa starlette préférée ? 👯
Pénurie de matières premières ❌
Lors de la seconde guerre mondiale, les entreprises ont quelque peu été mises en pause, tu t’en doutes ! Et ce, notamment à cause des stocks de vaseline et d’alcool qui, alors matières premières des produits de maquillage, étaient réquisitionnés…
Maquillage, art et influence 🤳
Autre étape marquante, la création de MAC Cosmetics en 1984, gamme de produits professionnels et innovants. De 1984 jusqu’à aujourd’hui, les inventions se sont multipliées, les technologies étant toujours au service de cette part de marché. 🍰
On remarque également (et évidemment) que les produits évoluent au rythme des tendances… Et des influenceurs ! Ont marqué les esprits la mode du crayon noir dans les muqueuses dans les années 2000, les sourcils foncés en 2016, les liners graphiques en 2022… Et probablement des milliers d’autres à venir.
Ce qui est sûr, c’est que le maquillage peut aujourd’hui autant être qualifié d’injonction que d’art, nombreux artistes utilisant le corps comme toile vierge. 🎨 On pense notamment à la compétition Glow Up, diffusée sur Netflix, et à tous les comptes instagram de talents bruts.
À noter que, depuis le Covid, le naturel reprend place sur de nombreux visages et, qu’aujourd’hui, de plus en plus d’hommes se maquillent en dépit des injonctions.
On espère que cet article t’a plu et qu’il t’a permis de mieux comprendre pourquoi nos salles de bains regorgent de produits colorés aujourd’hui. Si t’as besoin d’un coup de pouce et de soutien scolaire en histoire ou d’autres articles sur le sujet, pense à nous ! À très vite. 👋