On parie que t’as déjà entendu parler du célébrissime poème Chanson d’automne Verlaine à l’école, si ce n’est appris par cœur (et dans ce cas, remercie Verlaine parce qu’il est hyper facile à retenir) ! Imagine si tu tombes dessus au Bac, tu devras en faire un commentaire linéaire. Ça tombe bien : on va t’aider ! C’est parti 🚀
Chanson d’automne Verlaine : présentation
Fiche d’identité 📝
Auteur | Paul Verlaine |
Recueil | Poèmes saturniens |
Date | 1866 |
Composition | 3 strophes de 6 vers (sizains) Tétrasyllabes (vers de 4 pieds) et trisyllabes (vers de 3 pieds) |
Le contexte 📍
Verlaine n’a que 22 ans lors de la rédaction des Poèmes saturniens. Comme son nom l’indique, le recueil est placé sous l’influence de Saturne, la planète star de la mélancolie.
Or ceux-là qui sont nés sous le signe SATURNE,
Fauve planète, chère aux nécromanciens,
Ont entre tous, d’après les grimoires anciens,
Bonne part de malheur et bonne part de bile
Poèmes saturniens
« Les sages d’autrefois »
👉 Et COMME PAR HASARD, le blues, le spleen, la déprime, appelle ça comme tu veux, c’est la spécialité de Baudelaire, le grand idole du jeune Paul. Mais ce dernier s’inspire aussi d’autres mouvements littéraires :
- le Parnasse (pour la perfection de la forme)
- le romantisme (pour l’expression des sentiments)
- le symbolisme (pour la musicalité et la dimension spirituelle de sa poésie)
À lire aussi
✅ Si tu souhaites en savoir plus, on t’explique tout sur les Poèmes saturniens dans ce commentaire de Mon rêve familier !
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Chanson d’automne Verlaine analyse linéaire
Le principe d’un commentaire linéaire, c’est d’analyser l’extrait en suivant l’ordre du texte. D’un côté, tu n’as pas à te casser la tête pour trouver 3 axes thématiques de commentaire, de l’autre, c’est aussi une difficulté de respecter cet ordre !
💡 Tu dois malgré tout repérer 2 à 3 « mouvements » dans le texte (souvent, tu peux t’aider du découpage initial du texte, par exemple les strophes pour un poème) et leur idée principale à chacun. Voyons comment ça se passe avec Chanson d’automne de Paul Verlaine.
Idée de problématique 👇
Comment le poète exprime-t-il sa tristesse à travers l’évocation de l’automne ?
Chanson d’automne analyse : strophe 1
Mouvement 1 : la déprime de l’automne 🍃
👉 Les sanglots longs
- Ce vers crée une image intéressante : les « sanglots » sont normalement saccadés, mais ceux-ci sont « longs », pour souligner une idée de torpeur, d’immobilité triste.
- Les sons « an » et « on », qu’on appelle des voyelles nasales, expriment l’amertume.
👉 Des violons
- Pour garder la métrique de 4 syllabes, tu remarques qu’on est obligé de prononcer « vi-o-lons », ce qui n’est pas naturel. C’est ce qui s’appelle une diérèse : ce procédé permet d’accentuer le mot en question, ici les violons.
- Justement, le violon est l’instrument par excellence des musiques tristes, et ceux du poème sont personnifiés : ce sont eux qui produisent ces « sanglots longs » (métaphore de la musique).
💡 Le savais-tu ?
À cette époque, Verlaine est encore plutôt « sage » poétiquement, mais on entrevoit déjà son penchant pour la musique ! Plus tard, il cherchera à rendre encore plus mélodieuse sa poésie, et décidera d’adopter le vers impair, c’est-à-dire avec 5, 7 ou 9 syllabes. Chose très inhabituelle en poésie parce que ça « choque » l’oreille, mais révolutionnaire !
👉 Quoi de mieux que le vers impair pour présenter son idée, d’ailleurs :
De la musique avant toute chose
Et pour cela préfère l’impair
Plus vague et plus soluble dans l’air
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose
Poèmes saturniens, « Art poétique »
👉 De l’automne
- Ce troisième vers forme un contraste avec les 2 premiers : c’est un trisyllabe (3 pieds au lieu de 4) et il ne rime pas en « on » mais en « onne ». Ce schéma se répète, ce qui donne une certaine mélodie au poème.
- « L’automne » est la saison phare de la déprime (n’est-ce pas ?). Il est ici associé aux violons avec un complément du nom, ce qui rend l’expression très imagée.
👉 Blessent mon coeur
- L’action arrive, violente, avec le verbe « blessent » : les sanglots ont un impact émotionnel.
- Le poète s’introduit dans le texte avec le simple possessif « mon », il reste presque absent. Il est passif face aux tourments de l’automne.
👉 D’une langueur
- Encore un drôle de contraste : le poète est « blessé » (donc une idée de certaine violence) par une « langueur » (c’est-à-dire un manque de vitalité, d’énergie… le contraire de la violence, quoi). On peut parler d’antithèse ici.
👉 Monotone
- Le dernier vers de cette strophe est composé d’un seul mot. Le signifiant (la forme du mot) correspond très bien au signifié (son sens) : « monotone » est un mot… monotone. Il est long, avec 3 syllabes qui sonnent presque pareil à cause de l’assonance en « o ».
- C’est le mot parfait pour exprimer la mélancolie qui traverse le poème, et il rime avec « automne », ce qui l’associe à lui.
💡 Le savais-tu ?
Verlaine n’est pas le premier et ne sera pas le dernier à utiliser cette jolie saison comme emblème de la nostalgie : Apollinaire, pour ne citer que lui, le fait par exemple dans son poème Les Colchiques.
À lire aussi
✅ Découvre le commentaire de « Il pleure dans mon cœur » de Verlaine !
Verlaine Chanson d’automne : strophe 2
Mouvement 2 : un chagrin douloureux face à la fuite du temps ⏳
📌 Tout suffocant
- Ok, on arrive sur de la vraie souffrance pas drôle, ce qu’on peut souligner avec la présence des sons [f] et [k], particulièrement durs.
- Le participe « suffocant » désigne l’auteur, mais on remarque encore une fois que celui-ci reste très effacé : il n’y a même pas de « je » jusqu’ici.
📌 Et blême, quand
- Un autre adjectif, qui décrit l’aspect physique du poète : pâle, maladif, bref, ça va pas fort pour lui.
- Ce vers est très disloqué : il commence par une conjonction de coordination « et » (ce qui ne serait pas grammaticalement correct si c’était une vraie phrase), il est coupé en 2 inégalement par une virgule et il s’arrête sur l’adverbe « quand », drôle de choix de mot pour finir un vers.
- Tout ça crée une suspension dans le vers, comme si le temps s’arrêtait.
📌 Sonne l’heure,
- Bah tiens, quand on parle du loup : le temps est là. On comprend donc que l’auteur est malheureux (c’est peu dire) à cause du temps qui passe.
- Ce topos de la fuite du temps, c’est-à-dire un thème vu et revu en littérature, existe depuis l’Antiquité avec le fameux Carpe diem de Horace !
📌 Je me souviens
- Le pronom « Je » débarque enfin, même s’il reste relativement passif : l’auteur se plonge dans le passé, dans ses pensées.
📌 Des jours anciens
- L’auteur réalise une rétrospective sur une époque désormais révolue, qu’il nomme sobrement « jours anciens ». On remarque qu’il reste très impersonnel : rien n’indique ce que sont ces « jours anciens », s’il s’agit de sa propre vie ou non.
- Il y a donc une forme de généralisation de son bad mood, qui est d’ailleurs renforcée par la rime en « ien » qui fait écho à « souviens ».
📌 Et je pleure
- Ce voyage vers le passé ne laisse pas notre pauvre Paul indemne, puisqu’il en souffre visiblement. Le constat est simple, implacable : « Et je pleure », en 3 petites syllabes, sonne comme une conclusion définitive.
- Il est donc clair que le narrateur regrette un passé désormais mort, qui lui revient à l’esprit à cause de la déprime que cause la grisaille automnale (honnêtement, on le comprend).
Chanson d’automne Verlaine : strophe 3
Mouvement 3 : l’abandon à la nature 🍂
✒ Et je m’en vais
- Bien que ce vers commence par le même mot que le précédent, il change de ton : le narrateur s’éloigne, ne reste plus immobile.
- On remarque d’ailleurs que les consonnes, en [j] et [v], s’adoucissent, contrairement à la strophe d’avant.
✒ Au vent mauvais
- Ce vers est intéressant car il personnifie en quelque sorte le vent, qui devient « mauvais ». Verlaine ne devait pas être fan des bourrasques automnales !
- Justement, l’allitération en « v » crée une vibration qui peut évoquer ce vent désagréable et annonciateur de jours tristes.
✒ Qui m’emporte
- Toujours passif, l’auteur devient plus que jamais le jouet des éléments : le vent est le sujet de la phrase et lui l’objet, alors que dans un rapport homme/nature, c’est normalement l’inverse.
- On pressent déjà venir la métaphore de la feuille morte, car c’est bien évidemment l’image qu’on a en tête quand on se représente un vent d’automne qui soulève les feuilles au sol.
✒ Deçà, delà,
- Les deux adverbes quasi similaires marquent une insistance forte, soulignée par la juxtaposition (le fait de lier deux mots par une virgule).
- Verlaine donne ainsi du mouvement à son vers, qui renvoie au mouvement des feuilles mortes soulevées par le vent au hasard, par-ci, par-là.
✒ Pareil à la
- La locution « pareil à », qui désigne Verlaine, prépare l’arrivée d’une comparaison avec un nom féminin bien déterminé (« la »).
- Encore une fois, le fait qu’il y ait si peu de syllabes par vers ralentit le rythme.
✒ Feuille morte.
- Ce dernier vers, composé de 2 mots seulement, est une conclusion bien préparée : c’est à une feuille morte que l’auteur se compare.
- Outre la présence morbide de la mort en filigrane, cette comparaison reflète très bien la tristesse résignée. Au lieu de lutter contre son chagrin, il se laisse emporter par le vent, passif du début à la fin dans le poème.
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Récap ! ✅
- Verlaine exprime sa nostalgie à travers l’image musicale d’un automne triste.
- Cette saison, qui marque la fin du cycle de la nature, lui rappelle douloureusement le temps qui passe et qu’on ne récupère jamais.
- Plongé dans sa tristesse, il se compare à une petite feuille morte impuissante, inerte et balayée par le vent.
À lire aussi
✅ Retrouve notre méthode pour faire une fiche de lecture en vidéo.
On espère que cette fiche de lecture t’aura aidé à analyser Chanson d’automne Verlaine ! On se retrouve bientôt pour un nouvel article 💖
FAQ ✅
Quel est le thème du poème Chanson d’automne ?
Le thème principal du poème « Chanson d’automne » de Paul Verlaine est le passage du temps, symbolisé par le changement de saison, en particulier l’arrivée de l’automne. Le poète exprime une mélancolie profonde en évoquant les souvenirs du passé, la décadence de la vie et la proximité de la mort. L’automne, avec ses feuilles tombantes et son ambiance mélancolique, sert de toile de fond parfaite pour ce thème.
Quels sentiments et sensations Verlaine Cherche-t-il à partager avec le lecteur ?
Verlaine cherche à partager une profonde mélancolie et une sensibilité à la beauté éphémère de la vie dans ses poèmes. Il y a une tristesse omniprésente et un sentiment de perte dans son travail. Dans « Chanson d’automne », par exemple, il exprime un sentiment de nostalgie pour les jours révolus, un sentiment d’isolement et une anticipation mélancolique de la mort. L’automne, avec son atmosphère de déclin et de perte, est souvent utilisé comme une métaphore de ces sentiments.
Comment Verlaine Exprime-t-il sa mélancolie ?
Verlaine exprime sa mélancolie à travers une utilisation subtile de la langue et des images poétiques. Dans « Chanson d’automne », la mélancolie est exprimée par l’imagerie de l’automne : les feuilles tombantes, les « sanglots longs » des violons, et le « blême » jour. Les motifs de la perte, du déclin et de la mortalité sont couramment utilisés pour exprimer la mélancolie. De plus, Verlaine utilise la musique de la langue – le rythme, la rime et l’assonance – pour créer une ambiance qui reflète et renforce la mélancolie du contenu.