Le pouvoir en sociologie 👑

La notion de pouvoir est largement tombée dans le langage commun : le pouvoir de séduction, le pouvoir d’achat, le pouvoir de persuasion… Mais sais-tu réellement ce que c’est ? On t’en dit davantage sur ce concept, mais sous un œil sociologique ! Allez, let’s go ! 😉

Définition : le pouvoir en sociologie 🔖

Le pouvoir est une thématique qui anime l’histoire ou la philosophie. Depuis le XIXᵉ siècle, la sociologie et l’anthropologie s’en emparent à leur tour. Le pouvoir est une question essentielle qui émerge dans le raisonnement des sociologues pour comprendre le fonctionnement de la société et ses transformations. 🌍

🏛️ Si on réfléchit au pouvoir selon les anciens termes, d’autres idées émergent :

• Selon le grec ancien : arché (racine que l’on retrouve dans oligarque), c’est le pouvoir comme attribut, détenu par un chef, le supérieur hiérarchique qui fait partie d’un groupe privilégié. Les grecs utilisaient aussi kratos (racine que l’on retrouve dans démocratie ou aristocratie), du nom d’un personnage mythique de la Grèce antique. Kratos c’est le pouvoir de celui qui sait convaincre par un raisonnement logique.
• Selon le latin : Cicéron distingue deux autres termes du pouvoir dans la formule « cum potestas in popula auctoritas in Senatu sit ». Tout d’abord, potestas : au sens du verbe, une potentialité, une capacité d’agir qui appartient au groupe. Mais également auctoritas : reconnaître, encourager, augmenter la potestas, confirmer, donner de la valeur aux actions des humains.

Les termes du grec ancien nous livrent une idée descendante du pouvoir avec une idée de supériorité, alors que chez Cicéron, c’est une idée plus ascendante où le peuple possède le pouvoir.

Les théories sociologiques sur le pouvoir 📒

Chaque sociologue apporte une vision différente du pouvoir. Découvrons tout cela ensemble ! 🙌

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Thomas Hobbes et l’État de nature 🌪️

👤 Thomas HOBBES

• 5 avril 1588 – 4 décembre 1679
• Philosophe anglais
• Un des premiers philosophes du pouvoir
• Du citoyen (1642), Le Léviathan (1651)

Pour trouver une solution efficace au problème de la guerre et de la violence, il cherche à construire une mécanique du pouvoir. C’est dans ce cadre qu’il élabore une fiction féconde : l’État de nature. En fait, c’est toi qui inventais une histoire quand tu étais plus petit pour t’amuser, sauf que là, il le fait dans le but d’étayer sa théorie sur le pouvoir. 💭

L’État de nature n’est pas pensé comme étant une période historiquement située, mais plutôt comme la condition dans laquelle vivent les êtres humains quand il n’y a pas d’État. Autrement dit, c’est un peu l’anarchie ! 🤪

📌 Hobbes définit trois caractéristiques de l’État de nature :

• Caractère infini du désir : Hobbes part du postulat anthropologique que le désir de l’Homme est infini, et cela provoque une inquiétude constante, car l’Homme ne se contente jamais de ce qu’il peut obtenir.
• Liberté de tous : les individus ont tous les droits et ils sont libres de les utiliser. C’est le droit naturel, le droit de tous sur toute chose, rien n’empêche qu’un individu utilise sa force pour préserver sa vie et satisfaire ses désirs.
• Égalité des forces : pour Hobbes, les personnes sont égales, c’est-à-dire qu’elles ont le droit de s’attaquer et de se défendre. Les Hommes sont égaux dans leurs capacités, mentales ou physiques, à se nuire réciproquement seul ou en groupe. Personne ne peut être certain de ne pas rencontrer un rival plus fort, plus puissant ou plus rusé. En réalité, l’égalité réside dans la non-règle.

👉 La conception de l’État de nature est en pratique compliquée, car c’est un régime dans lequel tu es une proie potentielle pour tous les autres. Pour toutes les raisons qu’on t’a énoncé, l’individu vit dans l’instabilité, l’inquiétude et l’insécurité. En plus, comme tu t’en doutes certainement, la défiance mobilise une grande part de l’énergie des Hommes, ce qui les empêche de travailler à une amélioration collective de leur sort. En gros, chaque personne ne peut pas penser à l’amélioration commune de cette société, puisqu’il est très occupé à savoir si quelqu’un d’autre ne va pas le découper en pièces quand il dort. Ouais, c’est glauque, mais c’est l’idée !

Mais, imagine, chaque Homme se rend compte qu’il est nécessaire de sortir de cet État de nature et de rechercher la paix. Trop cool ! Mais comment y parvenir ? Comment transformer des relations hostiles en relations pacifiques ? 🤝

👉 Selon Hobbes, une seule solution : le Contrat social. La finalité de ce Contrat est que chacun doit renoncer à son droit naturel et au libre usage de sa force, de sa capacité de nuire à autrui. ✒️

Mais (oui, il y a beaucoup de mais), comment être sûr que, lorsque tu pactises avec une personne, ce pacte tiendra ? Toi-même, tu sais, que même dans Koh Lanta, toutes les alliances ne sont pas tenues… ⚡

Pour obtenir une garantie, il faut réaliser un transfert de droit au Léviathan… Ce Léviathan est le garant du pacte et le garant de l’ordre social (inexistant auparavant, tu l’auras compris). Pour ce faire, il faut que le souverain inspire la peur : la crainte de la punition du Léviathan doit être plus grande que le bénéfice de rompre le contrat. Les individus, dans ce cadre, ont plus d’intérêt à rester dans cette nouvelle société ordonnée, que de la quitter ou de perturber son ordre. Sinon, gare à la punition du Léviathan… 😱

👉 Hobbes est ainsi présenté comme un théoricien de l’absolutisme, c’est-à-dire un système de gouvernement où le pouvoir du chef est absolu. Si Hobbes préfère l’absolutisme, c’est parce qu’il pense que ce système est le plus apte à assurer la paix civile étant donné la nature des personnes perçues comme égoïstes, avares et hostiles.

Jean-Jacques Rousseau, penseur de la liberté 🕊️

👤 Jean-Jacques ROUSSEAU

• 28 juin 1712 – 2 juillet 1778
• Écrivain suisse
• Père de la démocratie moderne
• Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les Hommes (1755), Du contrat social (1762)

Jean-Jacques Rousseau est souvent mis en opposition avec Hobbes, mais ce n’est pas tout à fait juste. Il conteste de nombreux points défendus par Hobbes, mais pour autant il ne faut pas réduire sa position à une simple contradiction avec Hobbes. En fait, c’est à la fois une adhésion et une critique par rapport à Hobbes. Bon, toujours plus compliqué ces philosophes. Heureusement que les Sherpas sont là pour éclairer ta lanterne ! 🔦

👉 Quels sont les éléments essentiels pour différencier les deux réflexions ? Il y en a essentiellement deux. Pour comparer deux auteurs, quoi de mieux qu’un bon tableau récapitulatif ? 🤗

👉 Si tu l’as compris, Rousseau a une autre vision de la société : il pense que c’est à cause d’elle que les individus deviennent violents et agressifs. Ainsi, il préconise des lois pour leur permettre de conserver leur liberté et leur droit de participation politique. Rousseau est, par cette pensée, le père de la démocratie moderne. 🌟

Max Weber et la théorie du pouvoir légitime

👤 Max WEBER

• 21 avril 1864 – 14 juin 1920
• Économiste allemand
• Un des fondateurs de la sociologie
• L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1904), Économie et société (1922)

L’un des principaux philosophes et sociologues à envisager cette notion de pouvoir est très certainement notre cher Max Weber. Si tu ne le connais pas (euh, tu vis dans une grotte ?), on peut dire de lui qu’il est considéré comme l’un des fondateurs de la sociologie. Oui, rien que ça ! 😎

📌 Comment Max Weber définit le pouvoir ?

👉 Le pouvoir, c’est lorsque qu’un individu A accompli une action qu’il n’aurait pas réalisée sans l’intervention d’un individu B. Tu sais, comme quand ton chat a le pouvoir de te faire lever de ton lit juste pour lui donner une poignée de croquettes… 😻

📌 Quels sont les fondements du pouvoir selon Max Weber ?

👉 Max Weber écrivait que le concept de pouvoir est sociologiquement amorphe : on peut lui accorder des définitions différentes selon ce que l’on souhaite mettre en évidence.

Mais ne t’inquiète pas, ce grand penseur a tout de même proposé sa définition du pouvoir. Selon lui, tout est question de légitimité : pour qu’un pouvoir puisse s’exercer, il faut que les gouvernés, donc ceux qui subissent un pouvoir, acceptent et reconnaissent une légitimité provenant du gouvernant. Cette légitimité est l’objet d’un idéal type. Que le chef soit un monarque, un président, il l’est parce que la population trouve une logique que ce soit lui qui décide plutôt qu’un autre. 🫵

Max Weber utilise trois différents mots pour qualifier le pouvoir dans Économie et Société :

• La légitimité charismatique (dictateur) est fondée sur la reconnaissance par la société du caractère exceptionnel du chef qui lui permet de se distinguer des autres individus. ✨
• La légitimité traditionnelle (monarque) repose sur le caractère obligatoire de la règle coutumière. Par exemple, dans certaines sociétés, on obéit par tradition au roi, au seigneur ou au chef de tribu. La volonté du changement est difficile, car elle rencontre de l’opposition. 🕰️
• La légitimité légale (président) se fonde sur la compétence, la validité du statut qui obéissent à des lois et des règles impersonnelles. C’est une autorité dans laquelle celui qui l’exerce a été choisi dans un ensemble de règles acceptées par le plus grand nombre. Cela conduit à une domination de l’État et de l’organisation bureaucratique.

Michel Foucault et le pouvoir disciplinaire

👤 Michel FOUCAULT

• 15 octobre 1926 – 25 juin 1984
• Philosophe français
• Le big boss de la notion de pouvoir (dès qu’on dit pouvoir en cours de sociologie, pense à lui)
• Les Mots et les Choses (1966), Surveiller et punir (1975)

Michel Foucault a radicalement transformé notre manière d’appréhender la question du pouvoir en prenant en requestionnant les évidences les plus répandues. 🤯

📌 Pourquoi et comment on passe à un art de punir à un autre ?

👉 Sur la base de l’étude généalogique que propose Foucault, il identifie trois grandes périodes de la punition :

1️⃣ La première forme de la punition est le temps des supplices. 🔪

📙 Foucault mobilise l’ordonnance de 1670 qui avait régi, jusqu’à la Révolution, les formes de la pratique pénale. Cette ordonnance fixe le type de peines. Une part considérable de peines se réduit aux supplices.

💡 Qu’est-ce qu’un supplice ? La mort supplice est un art de retenir la vie dans la souffrance. En fait, pour être un supplice, une peine doit répondre à certains critères : elle doit produire une certaine quantité de souffrance qui peut être mesurée assez précisément, et qui est hiérarchisée. La production de la souffrance met en corrélation le type d’atteinte corporel avec l’intensité de la durée de la souffrance et la gravité du crime, le rang de ses victimes. 😬

Pourquoi recourir au supplice public ? Cela a pour intérêt de servir de modèle et d’exemple et a un intérêt dissuasif qui marque l’autorité du pouvoir et le déséquilibre des forces. Ces supplices publics constituaient un rituel politique et faisaient partie des cérémonies par lequel le pouvoir se manifestait. 👑

⚠️ Foucault explique que l’on a affaire à un type de pouvoir qui rencontre une limite : il y a le risque d’une rébellion. Le rassemblement public est indispensable, c’est le but même des supplices, mais en même temps la présence de la foule est toujours une arme à double tranchant. Si le but de ces manifestations publiques est bien d’inspirer la crainte et le respect du pouvoir, elles peuvent aussi déboucher sur de la protestation. 💥

2️⃣ On entre dans une deuxième période de la punition : l’âge de la sobriété punitive. 🩸

On considère les anciennes méthodes comme des méthodes barbares. La mise en scène de la souffrance disparaît au profit de punitions plus discrètes et pudiques. Il s’agit de toucher le moins possible au corps du condamné pour atteindre en lui quelque chose qui n’est pas le corps. 🧠

C’est pour cette raison que la guillotine est choisie et utilisée à partir de 1792. Bon, on ne peut pas dire qu’elle ne touche pas du tout au corps, mais c’est un peu plus direct que le supplice. La guillotine est vue comme un instrument porteur d’une vision humaniste : faire mourir sans souffrir, rapidement, et sans condamner la famille. ☠️

3️⃣ La troisième période de la punition : celle que Foucault qualifie de disciplinaire. 🚨

👉 Cette forme punitive apparaît au tournant du XVIIIᵉ et du XIXᵉ siècle. Cette forme de peine vise la correction et son lieu est la prison. La prison est envisagée comme un lieu susceptible de transformer les Hommes pour que ces derniers puissent être restitués à la société. On considère alors que l’isolement dans la cellule est susceptible de créer un choc à partir duquel le condamné échappe aux mauvaises influences. Mais surtout, on considère que le condamné réalise un travail sur lui-même, un retour sur lui-même de manière à le faire revenir à de bons sentiments. Bon, on n’est pas certain de ça, mais si Foucault l’a dit, alors…

🌈 Idéalement, tout le monde y gagne quelque chose : la société retrouve un individu transformé, docile, soucieux de se transformer, et l’individu se trouve réconcilié avec sa société, capable d’y trouver sa place.

🏛️ Il y a un élément architectural qui répond bien à ce nouveau besoin de transformation de l’individu : le panoptique.

👉 C’est un type d’architecture carcérale imaginée par le philosophe Jeremy Bentham. L’objectif de cette structure est de permettre à un gardien, logé dans une tour centrale opaque, d’observer tous les prisonniers. Ceux-ci sont enfermés dans des cellules individuelles autour de la tour et dont la silhouette se découpe par les fenêtres de chaque cellule. 🗣️

☀️ Dans ce cas, il y a une dysmétrie de visibilité entre les gardiens et les prisonniers. L’effet majeur est d’induire chez le détenu un état conscient de visibilité permanente. Comme le détenu doit se conduire comme si la surveillance était permanente, cela a des conséquences sur ses actions : le détenu devient son propre gardien, il finit par intérioriser le regard qui le surveille au point d’exercer cette surveillance contre lui-même. Ce dispositif automatise le pouvoir et désindividualise le pouvoir.

Ainsi, Foucault imaginait que ce type de pouvoir puisse se répandre dans la société et la politique. 🌍

Pierre Clastres & James Scott et le pouvoir horizontal 🤝

👤 Pierre CLASTRES

• 17 mai 1934 – 29 juillet 1977
• Ethnologue français
• Celui qui voit autrement que par la culture occidentale
• Chronique des Indiens Guayaki : ce que savent les Arché, chasseurs nomades du Paraguay (1972), La société contre l’état (1974)

👤 James C. SCOTT

• 2 décembre 1936
• Anthropologue américain
• Figure majeure de l’anthropologie anarchiste
• Zomia ou l’Art de ne pas être gouverné (2009), Homo Domesticus : une histoire profonde des premiers États (2017)

👉 Pierre Clastres et James Scott font tous les deux le même constat : dans la culture occidentale, le pouvoir s’accomplit essentiellement dans une relation sociale caractéristique de commandement, d’obéissance, de relations hiérarchisées et autoritaires. La coercition (action de contrainte) est ainsi l’essence du pouvoir dans la culture occidentale. Et ils n’ont pas tort, surtout quand on repense à la théorie d’Hobbes et son effrayant Léviathan… 😬

Pour réaliser leurs recherches, ils s’appuient sur l’expérience directe du terrain. C’est un peu le rôle des anthropologues, n’est-ce pas ? 😉

Pierre Clastres est un des spécialistes des indiens Guayaki du Paraguay, tandis que James Scott s’intéresse quant à lui aux territoires d’Asie du sud-est. Dans les deux cas, ils sont confrontés à des sociétés sans chef, voire sans État du tout. ❌

Pourtant, contrairement à l’État de nature imaginée par Hobbes, ici, il n’a pas de chaos… Tout va pour le mieux. Tu vas voir que grâce à eux, une autre histoire est possible ! 🤩

Pierre Clastres

Au sein des sociétés indiennes qu’il étudie, Pierre Clastres montre que l’idée de commander, de donner un ordre ou d’avoir à obéir y est totalement absente. Pour le moment, la caractéristique la plus remarquable d’un chef amérindien consiste dans son manque complet d’autorité sur son groupe.

Mais comment dire d’un chef qu’il est chef s’il n’a aucun pouvoir et aucune autorité ? Tu as deux heures. 😝

👉 Bon évidemment, on va te dire ! En fait, Clastres observe que le fonctionnement de ces sociétés fonctionne avec un type particulier de pouvoir qui ne présente pas une forme contraignante du pouvoir.

🗿 Il isole trois caractéristiques essentielles du chef amérindien, qu’il observe de manière récurrente :

• Le chef est un faiseur de paix : il a une fonction pacifiante, de maintien de cohésion. Il n’est pas celui qui sanctionne, il ne prend pas parti, il cherche à réconcilier, à apaiser les querelles, il n’use pas de sa force ou de son autorité. 🕊️
• Le chef doit être un orateur talentueux : pour essayer de rétablir l’ordre, il ne dispose que du seul prestige de l’usage de la parole. En limitant cette action de pouvoir à la prise de parole, le groupe s’assure qu’il n’y aura pas de déplacement de force. Le devoir de parole du chef est la garantie qui lui empêche de devenir un Homme de pouvoir. 💬
• Le chef est nécessairement un individu généreux de son temps : c’est quasiment une servitude. ⏳

👉 Ainsi, le chef est soumis à une haute surveillance de son groupe. En raison de l’étroit contrôle auquel le peuple soumet le chef, l’émergence d’un pouvoir autoritaire séparé du groupe est rendue impossible.

James Scott

James Scott s’intéresse lui aussi à une société asiatique tout autant intéressante : la Zomia. C’est une zone de résistance qui s’est formée contre les États et les nationalistes. ✊

De quelle manière peut-on échapper à l’État ? Ça te semble peut-être mission impossible, mais ils ont réussi, et on te montre par quels moyens ! 💨

👉 Scott dit que ne pas être gouverné n’est pas une chose simple, c’est véritablement un art à déployer. D’abord, parce que ceux qui ne veulent pas être gouvernés doivent lutter contre leur propre penchant à produire de l’État. Ensuite, puisque les populations encourent également le risque d’être rattrapées par le pouvoir étatique.

Pour conjurer ces risques, Scott a identifié trois moyens que ces populations ont élaborés pour rester hors de la mainmise de l’État :

• La géographie : en s’installant en altitude, dans des zones difficiles d’accès, ces populations pouvaient se tenir éloignées des contrôles, taxes, travaux forcés, réquisitions de guerre, épidémies associées à la concentration des populations en plaine. ⛰️
• Le type de culture : l’agriculture est discrète parce qu’elle ne doit pas se faire remarquer pour ne pas se faire accaparer. L’agriculture est volontairement dispersée et se confond avec l’environnement. Ces populations se déplacent dès qu’une menace se profile, elles se dirigent donc vers des pratiques d’agriculture qui permettent la mobilité : cueillette et agriculture sur brulis. 🍎
• Le refus de l’écriture : les communautés vont privilégier une culture de l’oralité et qui vont entretenir une grande méfiance à l’égard de la culture du texte, qui est perçue comme durable et définitive. 💬

Selon notre fonctionnement occidental, l’État serait le destin de toute société. Finalement, ces deux auteurs nous montrent bien qu’une autre histoire est possible : une histoire qui n’est pas celle de l’imposition des États. Ça fait réfléchir, n’est-ce pas ? 🤓

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Le pouvoir dans la vie quotidienne 🏡

Désormais que tu as bien compris la notion de pouvoir selon différents sociologues, voyons ensemble de quelle manière le pouvoir se loge dans tous les recoins de la vie quotidienne. Et tu seras étonné de découvrir que le pouvoir se cache dans certains endroits que tu n’imaginais même pas ! 🤭

Le langage 💬

👉 Si nous n’irons pas aussi loin que le sémiologue et philosophe Roland Barthes, on peut effectivement que le langage est également un enjeu de pouvoir important.

1984, le célèbre roman de George Orwell en est le parfait exemple ! Le roman décrit un Ministère de la vérité qui s’occupe de l’information et de l’éducation. Ceci dans le but d’aider à produire une mythologie qui justifie le régime en place, justifie les guerres… Cela crée une nouvelle langue : la novlangue dans laquelle de nombreux mots disparaissent du vocabulaire. Si on supprime des mots, on empêche les personnes de communiquer et de réduire le risque que les personnes envisagent d’autres conditions de vie meilleures. Le discours critique est rendu purement et simplement impensable. 😵‍💫

L’hypothèse de Sapir-Whonf représente bien cette idée : la façon dont on perçoit le monde dépend du langage. S’il n’y a pas de mot pour décrire l’idée de la rébellion, qui y penserait ? De la même manière, les Inuits ont beaucoup plus de mot pour décrire la neige et la glace que nous, parce qu’ils y sont plus confrontés. ☃️

📍 Les mots ont donc le pouvoir de produire le monde social et à le transformer.

📺 Dans ce pouvoir linguistique, les médias jouent un rôle majeur : ils ont le pouvoir de nommer les choses. Selon Bourdieu, les médias produisent des discours sur l’effet du réel. Le simple choix des mots est significatif : parler d’émeutes entraîne une connotation par exemple. Émeute renvoie à émotions, ce qui revient à qualifier les actes de personnes qui se rebellent comme une action émotionnelle, qui n’est pas réfléchie ; ce qui disqualifie l’action. Intéressant, n’est-ce pas ? 😄

Agencements matériels 🏙️

Le langage n’est pas la seule forme de pouvoir si discrète. Une autre forme de pouvoir discrète : celle des agencements matériels et techniques qui permet d’assoir un pouvoir ou de faire émerger un contre-pouvoir. 🪑

↪️ C’est le cas du Panoptique, dont on parlait plus haut ! Ce dispositif fait croire au prisonnier qu’il est constamment surveillé, ce qui a pour conséquence son autocontrôle. Le prisonnier devient son propre gardien de prison. Dans ce cas, un dispositif architectural présente bien une forme de pouvoir puisqu’il agit directement sur les individus.

↪️ Donnons un autre exemple d’un dispositif qui a un plus grand pouvoir que les humains eux-mêmes. Le dos d’âne, ou de son autre nom le gendarme couché, émet une menace par sa simple présence. En déplaçant l’exigence morale de ralentir vers la contrainte matérielle et financière d’endommager son véhicule, le gendarme couché est un moyen plus efficace que le contrôle humain lui-même.

Et voilà, on espère que cet article sur le pouvoir en sociologie pourra t’aider à envisager autrement le monde ! On se dit à bientôt pour de nouveaux articles ! 👋