On parle d’une Ă©poque chargĂ©e : 1962, l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie. Au milieu de tous les livres, films et articles qui ont Ă©tĂ© publiĂ©s sur cette annĂ©e, on aurait presque tendance Ă zapper un chapitre crucial : l’histoire des harkis. C’Ă©tait une pĂ©riode oĂč prĂšs de 650 000 personnes sur 10 millions ont fait leurs valises pour quitter l’AlgĂ©rie. Aujourdâhui, on creuse leur histoire et leur place dans l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie !
đ Dans cet article, on s’est basĂ© principalement sur deux livres : AlgĂ©rie 1962 (2022) Ă©crit par Malika Rahal et La guerre d’AlgĂ©rie des harkis (2013) de François-Xavier Hautreux.
Contexte historique đ«
Avant dâentrer dans le vif du sujet, faisons un petit saut dans le passĂ© pour comprendre le contexte dans lequel tout cela s’est dĂ©roulĂ©. Retournons en arriĂšre pour mieux comprendre les circonstances et les Ă©vĂ©nements qui ont marquĂ© cette pĂ©riode.

La Guerre d’AlgĂ©rie : une brĂšve synthĂšse đ©đż
Ăa se passe le 1á”Êł novembre 1954, en plein hiver. Des explosions, des attaques, c’est le dĂ©but de la guerre d’indĂ©pendance algĂ©rienne. Un signal fort de la population qui en a ras le bol de la prĂ©sence française. Mais avant ça, le nationalisme algĂ©rien avait dĂ©jĂ Ă©crit sa propre histoire, et les coups de feu ne sont qu’un des chapitres les plus forts ! đ„
âȘ Flashback Ă 1830, plus de 120 ans (oui, ça fait un bail), depuis que lâarmĂ©e française aux ordres de Charles X a dĂ©barquĂ© sur les cĂŽtes algĂ©riennes, Ă l’est d’Alger. Au fil du temps, les « indigĂšnes » ont officiellement Ă©tĂ© rebaptisĂ©s « Français musulmans d’AlgĂ©rie » (FMA). Certains ont Ă©tĂ© dĂ©possĂ©dĂ©s de leurs terres, d’autres ont Ă©tĂ© relĂ©guĂ©s, Ă cause de la prĂ©sence française. Certains ont mĂȘme rejoint l’administration des terres et intĂ©grĂ© l’armĂ©e de la RĂ©publique.
đȘ Pour garder le contrĂŽle de l’AlgĂ©rie, la France a impliquĂ© de nombreux FMA, les a enrĂŽlĂ©s pour des missions de police dans les rĂ©gions oĂč les EuropĂ©ens Ă©taient rares. Il sâagit dâune sorte d’alliance paradoxale entre contrĂŽle et collaboration, si tu veux.
đĄ Le savais-tu ?
Une sĂ©rie de lois françaises ont créé une sorte de statut juridique assez spĂ©cial, celui de « sujet français ». Ăa servait Ă distinguer les « indigĂšnes » des « EuropĂ©ens ». Ces premiers Ă©taient techniquement français, mais ils Ă©taient coincĂ©s dans une zone grise : pas de droit de vote, pas de politique pour eux.Â
đ Ensuite, l’ordonnance du 7 mars 1944 et de la loi organique du 20 septembre 1947 a créé le statut de FMA. Ils pouvaient avoir une carte d’identitĂ© « normale », sans distinction. Ils ont mĂȘme eu le droit de vote. â ïž Mais attention, leur statut prĂ©cisait encore leur religion. Ă partir de 1956, toute personne voyageant entre la mĂ©tropole et l’AlgĂ©rie devait avoir cette carte en poche. Cette obligation s’est transformĂ©e en un outil de surveillance. đ”ïž
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Les harkis : entre deux fronts âïž
Le mot « harki » est un terme qui attire la colĂšre pour certains. Pourquoi ? Dâabord, ça veut dire « traĂźtre » pour beaucoup et câest surtout devenu un symbole, une mĂ©taphore. Plus de 60 ans aprĂšs leur enrĂŽlement dans l’armĂ©e française en AlgĂ©rie, les anciens auxiliaires se cachent derriĂšre un rideau difficile Ă percer, un sujet « tabou » mĂȘme.
Qui Ă©taient-ils ? đ
Les harkis Ă©taient en fait des FMA recrutĂ©s par l’armĂ©e française entre 1954 et 1962, câest-Ă -dire pendant la guerre dâAlgĂ©rie. Ils formaient des unitĂ©s appelĂ©es « harkas » et travaillaient avec les troupes rĂ©guliĂšres pour le maintien de l’ordre. Ils Ă©taient des AlgĂ©riens qui se battaient contre d’autres AlgĂ©riens, soutenant les colons, contre leurs « frĂšres ». Donc, des traĂźtres Ă leur propre pays, des sortes de « collabos » Ă la française ! đ
Dâailleurs, savais-tu que le mot « collabo » remonte Ă la Seconde Guerre mondiale ? Eh bien, si tu veux en savoir plus, un prof particulier dâhistoire pourra tâaider avec ça !
Types de harkis đ€
Il y avait diffĂ©rents types de harkis pendant la guerre d’AlgĂ©rie :
âȘïž Harkas classiques : groupes attachĂ©s Ă l’armĂ©e française, divisĂ©s en sections, certains faisaient des travaux civils, d’autres maintenaient l’ordre.
âȘïž Harkis de Paris : une sorte de police auxiliaire mise en place en France pour aider pendant la guerre.
âȘïž RalliĂ©s : anciens membres du FLN (Front de LibĂ©ration Nationale) et de l’ALN (ArmĂ©e de LibĂ©ration Nationale) recrutĂ©s par l’armĂ©e française, surveillĂ©s pour des raisons de propagande.
âȘïž Commandos de chasse : groupes d’Ă©lite, mĂ©langeant soldats rĂ©guliers et quelques harkis, impliquĂ©s dans des interrogatoires et la torture.
âȘïž Beni-Boudouanes : une tribu qui a choisi de dĂ©fendre la France, guidĂ©e par leur chef.
âȘïž Harkettes de Catinat : une harka fĂ©minine a Ă©tĂ© créée Ă Catinat. Les femmes ont appris des compĂ©tences techniques comme le bĂ©tonnage et la pose de tuiles. Certaines ont Ă©tĂ© armĂ©es pour protĂ©ger les rĂ©coltes et les convois.
đĄ Pour info
Le FLN (Front de LibĂ©ration Nationale) Ă©tait un mouvement indĂ©pendantiste algĂ©rien qui luttait pour mettre fin Ă la domination française en AlgĂ©rie. L’ALN (ArmĂ©e de LibĂ©ration Nationale) Ă©tait la branche armĂ©e du FLN. Elle Ă©tait engagĂ©e dans des opĂ©rations militaires pour obtenir l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie.
Harki, un mot en Ă©volution âïž
AprĂšs 1962, de l’autre cĂŽtĂ© de la MĂ©diterranĂ©e, le sens de « harki » a Ă©voluĂ©. Ăa ne dĂ©signe plus seulement d’anciens combattants, mais un groupe installĂ© en France, composĂ© d’anciens Ă©lus, de fonctionnaires, et de leurs familles. Il existe des associations qui racontent leur histoire et qui ont construit leur mĂ©moire autour de thĂšmes fondateurs : la « fidĂ©litĂ© » dans les combats et l’ « abandon » par la France Ă l’indĂ©pendance.
Un mode dâexploitation ancien đ«đ·
Depuis la conquĂȘte en 1830, l’administration française avait toujours ralliĂ© une partie de la sociĂ©tĂ© algĂ©rienne : caĂŻds, aghas, bachagas, gardes champĂȘtres et policiers. Ils constituaient une petite sociĂ©tĂ© permettant Ă la France de consolider son pouvoir.
đ L’idĂ©e d’utiliser des auxiliaires ne vient pas seulement de la guerre d’AlgĂ©rie, mais l’ampleur du recrutement des FMA et autres auxiliaires est unique dans cette guerre. Avec environ 1 200 000 soldats rĂ©guliers en AlgĂ©rie, l’armĂ©e française a recrutĂ© des centaines de milliers de « Français musulmans ».
Ils ont servi localement, dans des unitĂ©s spĂ©ciales, tandis que l’armĂ©e rĂ©guliĂšre vivait dans des casernes. En gros, recruter des auxiliaires revenait Ă armer des paysans pour combattre ou dĂ©noncer leurs voisins. La France a utilisĂ© cette stratĂ©gie comme jamais pendant sept ans !
Entre histoire et mĂ©moire đ
Les harkis et les autres auxiliaires ont une histoire bien Ă eux, liĂ©e au colonialisme et Ă la guerre. Leurs histoires s’Ă©tendent mĂȘme aprĂšs 1962, dans l’AlgĂ©rie indĂ©pendante et la relation avec la France.
đ Depuis les annĂ©es 1980, deux questions marquent leur histoire pendant la guerre :
âïž Leurs conditions de dĂ©mobilisation et leur massacre en 1962.
âïž Les raisons qui les ont poussĂ©s Ă rejoindre les unitĂ©s auxiliaires.
En effet, de nombreux historiens et sociologues ont cherché à comprendre leurs motivations.
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La fin de la guerre et le sort des Harkis â
Ăa y est, le 18 mars 1962, les accords dâĂvian ont Ă©tĂ© signĂ©s. C’est la fin de la guerre, et Ă partir du 19 mars Ă midi, le cessez-le-feu est en vigueur. Fini les combats. L’AlgĂ©rie est sur le chemin de l’autodĂ©termination. Mais attention, la pĂ©riode aprĂšs la guerre est tout sauf paisible ! â ïž
đ„ Câest Ă ce moment-lĂ que les violences Ă©clatent. Des EuropĂ©ens et des AlgĂ©riens sont visĂ©s Ă cause de ce qu’ils ont fait pendant la guerre. Ăa pousse certains Ă quitter l’AlgĂ©rie et parmi eux, les anciens harkis. Les meurtres et enlĂšvements font les gros titres, mais ce n’est pas tout. Il y a aussi des formes de violence moins directes, comme des menaces et des confiscationsâŠ
Et lĂ , c’est le flou. Les victimes ne sont pas bien dĂ©finies. Les exactions visent les anciens harkis, mais aussi des gens importants et des « Français de souche ».
đĄ Remarque
Tu sais, compter les violences en 1962, c’est compliquĂ©. Beaucoup de supplĂ©tifs quittent l’armĂ©e française Ă la derniĂšre minute, certains rejoignent mĂȘme l’ALN et d’autres partent en France. Tout ce mouvement rend difficile le calcul prĂ©cis. En plus, les rumeurs qui circulent aprĂšs le cessez-le-feu compliquent encore plus les choses.
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L’intĂ©gration des Harkis en France đ«đ·
Au lendemain de l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie, la situation politique est assez floue et des affrontements entre factions nationalistes perdurent jusqu’en septembre. Cependant, la question des harkis nâest pas une prĂ©occupation majeure pour les dirigeants algĂ©riens et français.
đ Le 11 novembre 1962, Pierre Vidal-Naquet, un historien français, Ă©crit dans Le Monde, Ă propos du sort des harkis :
« Quâils aient ou non torturĂ©, les harkis par leur seule prĂ©sence inspiraient la terreur. [âŠ] Les rĂ©sistants algĂ©riens ont sans doute le droit de mĂ©priser les harkis et de les tenir pour des traĂźtres, le gouvernement français ne lâa pas et il est dâailleurs trop Ă©vident que ces hommes, mĂȘme ceux qui ont commis, sur ordre, des crimes, sont des victimes autant que des coupables, des victimes de lâordre colonial et du mythe de lâAlgĂ©rie française. »
Le grand dĂ©mĂ©nagement vers la mĂ©tropole âïž
AprĂšs l’indĂ©pendance, l’armĂ©e française organise le transfert d’environ 10 000 AlgĂ©riens en mĂ©tropole. Ce groupe principalement constituĂ© d’anciens harkis est dĂ©placĂ© pour Ă©chapper aux violences et Ă l’instabilitĂ© en AlgĂ©rie. D’autres milliers d’AlgĂ©riens trouvent refuge dans des postes militaires français aprĂšs le 3 juillet 1962.
đ€· Mais comme tu peux lâimaginer, le processus de dĂ©placement s’avĂšre trĂšs compliquĂ©. Les anciens supplĂ©tifs doivent fournir des documents pour justifier leur dĂ©part, tandis que les civils ont besoin d’un visa pour se dĂ©placer. Ă leur arrivĂ©e, ils Ă©taient installĂ©s dans des camps.
En France, les harkis se retrouvent mal vus par la population française. L’image publique des anciens auxiliaires est polluĂ©e et certains mĂ©dias Ă©voquent mĂȘme des liens entre les harkis et l’OAS (Organisation de lâArmĂ©e SecrĂšte), un groupe extrĂ©miste.
đĄ Pour info
Les chiffres officiels ne racontent pas toute l’histoire, car de nombreux AlgĂ©riens ont Ă©galement quittĂ© le pays de leur propre initiative, cherchant refuge en mĂ©tropole pour des raisons de sĂ©curitĂ©.
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Reconnaissance envers les harkis en France đ
Depuis les années 1980, plusieurs lois et mesures ont été mises en place pour reconnaßtre et soutenir les anciens harkis ainsi que leurs descendants. Voici les étapes clés de cette reconnaissance :
đ CrĂ©ation de l’office ONASEC en 1982
En 1982, lâancien ministre Raymond CourriĂšre crĂ©e un bureau pour aider les rapatriĂ©s venus d’AlgĂ©rie. Mais ce bureau est dissous en 1986 Ă cause de nombreux problĂšmes.
đ Indemnisation spĂ©cifique en 1987
En 1987, des politiciens votent pour donner de l’argent spĂ©cialement aux anciens harkis et aux autres qui ont aidĂ© en AlgĂ©rie. Ils reçoivent une somme fixe.
đ JournĂ©e d’hommage et nouvelle lĂ©gislation
En 2001, Jacques Chirac introduit l’histoire des anciens auxiliaires dans les commĂ©morations rĂ©publicaines en inaugurant la premiĂšre « journĂ©e d’hommage aux harkis » le 25 septembre. Cette journĂ©e devient une commĂ©moration annuelle Ă partir de 2003.
En 2005, la loi du 23 février « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés » marque une nouvelle étape significative dans le processus de reconnaissance envers les harkis.
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Les questions fréquentes
Pourquoi on les appelle harkis ?
Le terme « harkis » provient du mot « harka », qui signifie mouvement en arabe et qui est utilisĂ© au sens de « groupe mobile ». Les harkis Ă©taient des supplĂ©tifs, principalement d’origine musulmane, engagĂ©s pour servir aux cĂŽtĂ©s des armĂ©es françaises pendant la guerre d’AlgĂ©rie.
Quelle est la différence entre les Pieds-noirs et les harkis ?
Les pieds-noirs font rĂ©fĂ©rence aux Français d’origine europĂ©enne qui vivaient en AlgĂ©rie. Les harkis Ă©taient plutĂŽt des supplĂ©tifs algĂ©riens engagĂ©s dans les services militaires.
Y a-t-il des controverses autour de la mémoire des harkis en France ?
Oui, il y a des controverses autour de la mĂ©moire des harkis en France. AprĂšs la guerre, certains harkis ont Ă©tĂ© maltraitĂ©s en AlgĂ©rie, tandis que d’autres ont Ă©tĂ© accueillis en France. Les gouvernements successifs ont mis en place des lois pour reconnaĂźtre leur place dans l’histoire et leur accorder des aides sociales, mais ces mesures ont Ă©tĂ© critiquĂ©es et dĂ©battues.
Et voilĂ , tu connais maintenant l’histoire des harkis ! Mais tu lâauras compris, il y a encore tellement de choses Ă explorer. Malheureusement, comme de nombreux chapitres de l’histoire, derriĂšre les gros titres et les dates, se cachent d’autres complexitĂ©s et nuances que lâon ne voit pas toujours au premier regard.