Nos voisins anglo-saxons ont connu, entre les années 60 et les années 90, un conflit sous haute-tension entre l’Irlande et l’Irlande du Nord. On va te raconter comment ces territoires en sont venus aux armes, l’implication de la couronne britannique et les conséquences du conflit pour les deux pays. 🇮🇪
Contexte historique du conflit irlandais 📖
La création de l’État libre d’Irlande 🕊️
Pour comprendre le conflit, il faut remonter en 1921, date du traité anglo-irlandais qui a mis fin à deux ans de guerre, mais qui a surtout donné un territoire à l’Irlande. En 1919, le Parlement irlandais a rédigé et adopté une déclaration d’Indépendance, qui a amené la guerre sur l’ensemble de l’île. 🏞️
Après deux ans de guerre sanglante, le premier ministre britannique, David Lloyd George, décide de brandir le drapeau blanc pour qu’un accord soit signé. Cela va avoir lieu le 6 décembre 1921 sous plusieurs conditions :
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L’État libre d’Irlande sera composé de 26 sur 32 comtés, les six restants resteront sous contrôle de la couronne.
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Si l’Irlande du Nord choisit de rester au sein du Royaume-Uni, une commission de modification du tracé de la frontière sera désignée afin de permettre aux régions catholiques d’Irlande du Nord d’être rattachés à l’Irlande.
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L’État Libre d’Irlande se doit obligatoirement de prêter allégeance à la couronne britannique et obtient le statut de dominion (état autonome de l’Empire Britannique ou du Commonwealth).
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L’État Libre d’Irlande se doit de régler une partie de la dette du Royaume-Uni (la Première Guerre mondiale a largement endetté la Grande-Bretagne).
Connais-tu les provinces irlandaises ? 🇮🇪
L’Irlande est composée de quatre provinces : le Munster, le Connacht, le Leinster et l’Ulster, qui représentent l’entièreté du territoire de l’Irlande du Nord et une parcelle de l’Irlande. 🍀
Suite à ce traité qui prend effet un an après sa ratification, l’Irlande va connaître deux années de guerre civile sanglante entre pro et anti-traité qui va provoquer la mort de 4 000 Irlandais. Il faut attendre le 11 décembre 1931 pour que le gouvernement britannique revienne sur plusieurs conditions du traité via le statut de Westminster et que l’Irlande devienne indépendante. 📝
Des idéologies plus qu’éloignées ⚔️
Suite au traité de 1931, l’Irlande du Nord reste un dominion tandis que l’Irlande prend son indépendance. Maintenant, tu dois sûrement te demander, quelle est la différence entre les deux pays ? Pourquoi ne peuvent-ils pas être unis ?
La naissance de ce conflit date du XVIIIe siècle avec les dissensions religieuses que l’on connaît encore aujourd’hui entre les protestants et les catholiques. La domination anglaise qui a duré jusqu’en 1922 et le patriotisme irlandais naissant ont fait que le territoire a été scindé en deux. ✂️
En plus des gouvernements britanniques et irlandais, des groupes paramilitaires, que nous allons voir par la suite, se sont immiscés dans ce conflit qui va connaître son paroxysme entre 1968 et 1998. 💥
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1968-1972 : le début des « Troubles » 🪖
Deux événements fondateurs 📆
Le 5 octobre 1968, des manifestants catholiques non-violents, qui sont en minorités en Irlande du Nord, déambulent dans les rues de Londonderry ou Derry, deuxième ville du pays. Dans cette protestation pour la reconnaissance des droits égaux pour catholiques et protestants, ces militants vont être attaqués par la police.
Il faut dire que la différence de traitement entre les deux communautés religieuses est si énorme qu’il a fallu que la situation s’envenime pour voir une intervention du Premier ministre nord-irlandais, Terrence O’Neill.
La situation va encore plus se détériorer entre 1969 et 1972 avec deux évènements :
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Les émeutes de Bogside en 1969
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Le Bloody Sunday (ou dimanche sanglant) de 1972
Le basculement dans la guerre civile en 1969 💣
Lors du premier évènement cité, 15 000 protestants ont défilé dans le quartier catholique de Bogside à Derry. La division en trois circonscriptions inégales assurait la majorité aux protestants, pourtant minoritaires en nombre de voix. Cette ville a été le symbole de la discrimination religieuse, située sur la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. 🛃
La police de l’Ulster, proche des catholiques, ont gazé tout le quartier qui a renvoyé la pareille avec des cocktails Molotov. Selon les sources officielles, le bilan fut de neuf morts (huit catholiques et un protestant), de 750 blessés (dont 150 par balles), et d’environ 500 maisons détruites. ⛓
Ces affrontements vont pousser la création de l’Irish Republican Army (IRA) qui va s’impliquer via des attentats, ce qui va plonger l’Irlande du Nord dans une guerre civile.
1972, un dimanche rouge 🔴
Près de quatre ans après le début de la guerre civile, les affrontements entre les groupes catholiques et protestants n’ont fait qu’aggraver la situation. Si l’IRA défend les catholiques, des groupes comme l’Ulster Volunteer Force (UVF) et l’Ulster Defence Association (UDA) se sont créé pour défendre la cause protestante. ☦
Deux clans sont clairement distincts désormais dans ce conflit :
🟢 ⚪ On retrouve d’un côté les républicains nationalistes, pro-réunification et catholiques entre les deux Irlande avec l’Irish Republican Army (IRA) et sa branche politique, le Sinn Féin.
🔴 ⚪ De l’autre, nous avons les unionistes protestants qui souhaitent rester sous la couronne britannique.
Le 30 janvier 1972, à l’occasion d’une nouvelle manifestation catholique pacifique dans la ville de Derry, ce sont les soldats anglais qui vont commettre le péché capital. Malgré l’interdiction de défilé par les autorités, les 15 000 manifestants marchent dans cette ville-symbole du conflit, se voient bloqués dans le quartier de Bogside et tiré dessus par des parachutistes britanniques. 🪂
Sans avertissement, ils tirent sur une foule non-armée où 6 adolescents de 17 ans vont mourir parmi les 14 hommes décédés. Dès le lendemain, l’ambassade britannique à Dublin finira en feu. 🔥
Le savais-tu ? 🤔
U2, groupe irlandais au cas où si certains l’ont oublié, a dédié une de ses chansons éponymes au Bloody Sunday. 🎤
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Un pic de violence jusqu’au territoire anglais 📈
Des catholiques en colère (années 70) 🤬
Aucun des militaires anglais ayant participé aux fusillades n’a été inculpé ou jugé, contrairement aux manifestants catholiques envoyés en prison sans jugement. Le 21 juillet 1972, le Bloody Monday va montrer la colère des soldats de l’IRA qui vont faire exploser 22 bombes à Belfast, capitale de l’Irlande du Nord. 🇬🇬
Deux ans plus tard, l’Irish Republican Army continue ses attaques sur les deux Irlande. Dans la même journée, la République d’Irlande connaît des attentats à Monaghan (Ulster) et à Dublin qui feront 30 morts.
En vérité, il s’agirait supposément de l’œuvre de l’Ulster Volunteer Force (UVF), milice protestante, et des services spéciaux britanniques, selon l’historien Roger Faligot, auteur d’un livre sur le conflit. Pourtant, une tentative de cessez-le-feu a été faite en 1973 avec le traité de Sunningdale. Cet accord poussant les unionistes à partager le pouvoir avec les nationalistes tombera à l’eau l’année suivante pour les raisons qu’on connaît. 🗡️
Pas de négociation avec les terroristes (fin années 70-années 80) 🚫
En 1979, l’oncle de la Reine d’Angleterre, Lord Mountbatten, va mourir dans un des attentats de l’Irish Republican Army. Cette politique de la terreur du groupe paramilitaire va prendre un mur lors de la nomination de la nouvelle Prime Minister : Margaret Thatcher. 👩🏻💼
En 1981, le militant républicain Bobby Sands, imité par neuf de ses compagnons détenus à la prison de Maze près de Belfast, entame une grève de la faim pour réclamer le statut de prisonnier politique. Les dix grévistes vont perdre la vie, ce qui va provoquer un tournant dans le conflit. 🚰
Le savais-tu ? 🤔
Cette initiative avait déjà été engagée par le Sinn Féin, branche politique de l’IRA, en 1980 pour revendiquer les Five demands :
– Le droit de ne pas porter l’uniforme de prisonnier.
– Le droit à ne pas participer aux travaux de prisonnier.
– Le droit de libre association avec d’autres prisonniers et celui d’organiser des activités éducatives ou récréatives.
– Le droit à une visite, une lettre et un colis par semaine.
– L’entière restauration de la remise de peine perdue lors de la manifestation.
La mort de Bobby Sands créa une réaction mondiale, de la France avec François Mitterrand jusqu’en Inde qui lui accorda une minute de silence pour sa lutte anti-violence. Thatcher doit battre en retraite sous la pression internationale qui l’oblige à revenir sur sa décision de ne pas négocier avec les terroristes.
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Un dénouement plus qu’attendu (fin années 80-1998) 🔜
Qui veut la guerre prépare la paix 🕊️
Margaret Thatcher doit négocier avec des nationalistes modérés de l’Irlande et l’Irlande du Nord pour trouver un accord politique entre les nations. En novembre 1985, un traité est signé à Londres et apporte plusieurs avancées significatives :
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Selon l’Accord anglo-irlandais signé en novembre 1985, la province d’Ulster ne peut changer de statut que si la majorité de la population approuve la décision.
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Une coopération contre l’IRA.
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Dublin obtient un droit de regard sur les affaires nord-irlandaises, sur les intérêts de la minorité catholique.
Évidemment, l’Anglo-Irish Agreement ne plait pas aux unionistes, ni aux loyalistes. Mais le processus de paix n’a jamais été aussi avancé depuis le début de la guerre civile. Jusqu’en 1998, l’Irish Republican Army va continuer ses exactions dans le Royaume-Uni, tout comme l’Ulster Volunteer Force et l’Ulster Freedom Fighters. 🥷🏼
L’Irlande voit le bout du tunnel (années 1990) 🔚
Les communications entre les différentes parties devenant de plus en plus positives, les cessez-le-feu s’enchaînent. Tony Blair, Premier ministre anglais (1997-2007) du parti travailliste et Gerry Adams, président de Sinn Féin, se rencontrent à plusieurs reprises pour mettre un terme au conflit. 🏁
Les deux hommes décident de renouer le contact avec l’IRA pour stopper le combat. Le traité est ratifié entre les principaux partis d’Irlande du Nord, Londres, Dublin et l’IRA, le 10 avril 1998, date du Vendredi saint. Cet accord signé à Belfast donne à l’Irlande du Nord :
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l’élection d’une assemblée locale de 108 membres ;
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la création d’un conseil des ministres dirigé par un Premier ministre d’Irlande du Nord ;
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le désarmement des groupes paramilitaires (IRA provisoire, UVF, UDA, etc.) ;
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la création d’un conseil de coopération avec des représentants de la république d’Irlande et des 6 comtés d’Irlande du Nord ;
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un statut politique modifiable uniquement dans le cas de Référendum (indépendance).
Le traité de Belfast n’a pas plu à tout le monde à sa signature, les groupes extrémistes ou paramilitaires déclarant que l’Ulster a été vendue à l’Irlande. Cependant, les représentants politiques ont enfin compris la non-nécessité de cette guerre entre deux territoires voisins. 🏘️
Vingt-six ans après, les deux pays ne sont pas encore en total coopération, mais la situation est bien plus vivable qu’au XXe siècle.
Et voilà, maintenant, tu sais tout sur conflit irlandais, son histoire et son aboutissement. Tu veux en savoir plus sur la formation des pays en Europe ? Alors prends rendez-vous avec un professeur Sherpas pour un cours particulier d’histoire !
