Tu as déjà été fasciné par un personnage, que ce soit dans un livre ou dans un film ? Un « héros » dont les qualités et les actions t’ont fait rêver ? Mais as-tu déjà ressenti de l’admiration pour un personnage qui n’avait pourtant rien d’héroïque ou qui ne te paraissait pas conventionnel ? Dans ce cas, il doit s’agir d’un « antihéros ».
Ça tombe bien, dans cet article, on va te présenter tout ce qu’il y a à savoir sur cette figure aux multiples facettes, qu’on retrouve presque dans tous les univers de fiction : roman, cinéma, bande dessinée et pop culture. 🎬
Partons de la base : le héros
Le héros antique 🛕
À l’origine, un héros est, littéralement, un demi-dieu aux compétences surhumaines. Les grecs créaient des mythes autour de ces figures légendaires, étoffant leur système religieux par des histoires reliant les dieux et les humains, afin d’instaurer une proximité.
Une figure héroïque, comme Achille par exemple, incarne parfaitement le héros capable de transcender l’image de figure idéale. Et pourtant, il possède une part de vulnérabilité, à l’instar des hommes : son talon. Ce qui le rend parfait pour inspirer sans décourager. 🏹
Or, cette vision est depuis longtemps dépassée, et a laissé place à un type de héros beaucoup plus ordinaire.
Le héros au Moyen-Âge ⚔️
À cette époque, le héros est incarné par le preux et noble chevalier servant, qui se bat avec vaillance pour son roi et sa reine. Il est courtois, fait face à l’adversité et suit un code de conduite fondé sur des valeurs comme le courage, l’honneur et la vertu.
Le héros du Moyen-Âge, aussi bien réel comme Godefroid de Bouillon, chevalier à la bravoure inégalée d’après ce qu’on rapporte, ou légendaire comme Perceval dans la quête du Graal, était un homme d’armes qui combattait au nom du bien contre ce qui était considéré comme le mal.
Point orthographe
Le mot « un héros » en français vient du latin heros, qui vient lui-même du grec ancien hrôs, terme que le poète Homère utilisait pour décrire les hommes hors du communs et très courageux. Attention à ne pas confondre ! Il n’y a pas de « s » en anglais : on dira « a hero ».😉
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Le héros moderne 🦸
Bien sûr, au fil des siècles, les critères qui définissent ce qu’est un héros ont évolué, mais on va te lister les éléments représentatifs.
Traditionnellement, un héros incarne au moins une de ces caractéristiques :
– il accomplit des exploits remarquables,
– il se distingue par son courage extraordinaire ou fait preuve d’une force de caractère hors du commun,
– il a des qualités morales élevées, qui s’observent à travers ses actions.
Mais la définition moderne rend la notion de héros plus ambigüe. En effet, le héros peut être défini de façon assez vague et confondu avec le protagoniste – le personnage principal d’une œuvre. Progressivement, les auteurs n’inventent plus des héros archétypés, c’est-à-dire normés de manière univoque.
Il y a alors une multitude de héros différents, qui dépendent de l’imagination et du contexte.
À partir du XVIIe siècle, un héros est souvent un personnage qui ressemble au lecteur, faisant face au réel sans atout extraordinaire. Il affronte la vie dans des aventures, explore les sentiments les plus extrêmes, aspire à une ambition sociale ou s’interroge sur le monde. C’est le cas, en particulier, dans le roman d’apprentissage ou d’aventure. La littérature et le cinéma sont truffés de personnages aux motivations et aux qualités sorties des clous.
Or, cette définition amène à une question qu’il est légitime de se poser : est-ce qu’un personnage principal ne répondant à aucun des critères listés précédemment peut être considéré comme un héros malgré tout ?
Mais alors, un antihéros, qu’est-ce que c’est ?
Définir l’antihéros
Un antihéros est un personnage aux caractéristiques contraires à celles du héros traditionnel.
Petit Robert
Dictionnaire
La définition est on-ne-peut plus claire. Comme son nom l’indique, un antihéros est en quelque sorte l’opposé d’un héros. C’est tout ce qui est contraire à l’héroïsme traditionnel.
Autrement dit, un antihéros se caractérise par au moins un des traits suivants :
– absence de morale (amoralité) ou morale opposée à la vertu (immoralité),
– banalité voire médiocrité du personnage ; pas de grandeur ni de génie particulier,
– vulnérabilité, accès de faiblesse ou de déséquilibre (on aperçoit ses failles).
En quoi l’antihéros est-il un héros ? 😵
C’est absolument paradoxal, n’en déplaise à ceux qui aiment la logique implacable : un antihéros reste une sorte de héros à sa manière.
Regarde, si on prend une histoire manichéenne classique, avec un gentil et un méchant : le gentil est le héros, et le méchant est l’ennemi, l’opposant, celui qui entrave la quête ou l’ambition du héros. Donc le méchant de base est la négation du héros, son inverse complet.
En revanche, un antihéros n’est pas comme un méchant ou un ennemi nuisible et détestable. Il incarne quelque chose de touchant ou d’instructif, à sa façon. C’est une figure qui n’est pas héroïque à proprement parler et qui inspire pour d’autres raisons que le héros conventionnel.
Pourquoi il peut nous faire rêver ? ☁️
La réponse se trouve dans la morale. L’antihéros nous autorise à penser hors des carcans, à nous projeter dans une vie immorale, souvent sans souci d’autrui, des conséquences de nos actes. Et ça fait du bien, le temps d’une œuvre, de se surprendre à aimer la désinvolture, la désobéissance voire l’individualisme morbide d’un personnage.
En fait, c’est un peu comme une catharsis. Voir un antihéros, c’est se délecter d’un spectacle auquel on ne participera jamais, c’est purger nos passions les plus noires, les plus tristes, les plus secrètes.
Bon à savoir 🧠
La catharsis vient du théâtre et signifie la libération de passion du spectateur lorsqu’il assiste à une pièce dramatique.
L’antihéros, tout comme le héros, évolue au cours de l’œuvre, et c’est ce qui fait son charme, contrairement à un méchant figé dans son rôle caricatural. On a accès à des informations sur lui qui nous rapprochent de son identité. Il a un nom, un physique et une tenue reconnaissables, une attitude, des manières de parler ou d’agir, qui le rendent unique.
Et plus encore, l’antihéros est aussi caractérisé par sa manière de penser, par sa psychologie. La connaissance d’éléments de son passé, de son origine ou de son hérédité, l’environnement dans lequel il a évolué, permet de créer un lien avec le lecteur ou le spectateur par le biais de l’empathie.
L’importance de la nuance
L’antihéros existe aussi pour apporter de la nuance dans les représentations. Un antihéros incarne la réussite en dilettante à laquelle on ne s’attendrait pas, grâce au romancier ou au cinéaste qui lui donne une place prépondérante dans son histoire.
Il peut susciter l’admiration ou la fascination chez le lecteur ou le spectateur comme un exemple de dissidence, de prise de risque, d’anticonformisme, d’honnêteté dans le fait d’assumer ses pulsions et ses doutes. C’est une figure d’affranchissement face aux règles. Autrement dit, c’est un anti-modèle qui se distingue par sa tendance à chercher la liberté.
L’antihéros permet d’exprimer une partie de ce qu’on cache d’habitude, de montrer des alternatives, de réhabiliter le petit, le bas, le malin. Et c’est précisément cette tendance à montrer un personnage vulnérable qui offre la meilleure chance de s’identifier à lui, ou pas…
En effet, la force d’un anti, c’est d’être polarisant dans la critique. Soit on l’aime, soit on ne l’aime pas. Mais sa force est de ne laisser personne indifférent.
Quelques antihéros pour illustrer
On va te présenter des personnages de films, de livres ou de la pop culture qui illustrent ces définitions. 🖌️
Deadpool
Deadpool, dans l’univers des films Marvel, est l’antihéros par excellence. Avec ses défauts qui en deviennent des qualités, il possède une ribambelle de traits de caractère à la limite de l’insupportable… Et pourtant il est attachant.
Un combo d’insolence, d’égoïsme et de friction chapeauté par un un tempérament impulsif, Deadpool est clairement un ovni dans l’univers Marvel. Avec son sens de la répartie et son narcissisme, la raison pourrait croire à un ado ordinaire imbu de lui-même. Mais Deadpool est bien plus que ça. Il fait rêver par sa désinvolture croustillante et rend à lui seul le film culte. Le monde de la critique fait consensus : pas besoin d’incarner quelque chose de noble au cinéma pour rentrer dans le cœur de la culture populaire.
De manière générale, les antihéros sont très présents parmi les personnages de bande dessinée et de comics, tout comme dans les films d’animation et les mondes enfantins comme Disney. Ça permet de rendre l’œuvre dynamique et truculente, avec des personnages atypiques.
Rebelle
Rebelle, cette princesse éponyme du film Disney dans lequel elle apparaît comme le personnage principal, était destinée dans l’histoire à épouser l’un de ses prétendants, alors invités par son père à disputer des épreuves pour se démarquer. Elle est une antihéroïne sans aucun doute.
Déjà, elle refuse les obligations qui lui sont imposées en affirmant fermement qu’elle ne se mariera pas. D’autre part, elle s’insurge contre les codes genrés, rêvant de liberté. C’est ainsi que Rebelle, qui porte parfaitement son nom, s’échappe avec son arc pour une vie d’aventure avant de revenir combattre son destin.
Tony Montana
Tony Montana, ce personnage emblématique du film Scarface, rongé par l’ambition au point que sa santé mentale en soit affectée, incarne l’antihéros gangster et rebelle pétri d’une vitalité frénétique aussi fascinante que terrifiante.
En effet, la détermination de cet homme à l’ego tranchant le conduit au succès et à la destruction de tout ce qui l’entoure. C’est une figure mythique qui incarne l’intégrité, le succès et la fougue, ruinés par le revers de la médaille. En définitive, les limites de sa force mentale sont les contours de son antihéroïsme, lui qui ne pensait jamais être dépassé par ses rêves.
Le Joker
La critique est unanime pour dire que le Joker incarné par Joaquin Phoenix est un antihéros. Dans l’univers de fiction sombre et poisseux qu’est Gotham City, il représente la classe sociale d’en bas, malchanceuse, celle du crime et de la survie. Il est instable, sadique, psychopathe et son acharnement à provoquer le chaos montre combien il est malheureux.
Il choisit de se venger, et devient étrangement bourreau et victime, remarquable et ordinaire, méchant et fragile. Il est également proche du peuple, contrairement à Batman qui est un élite jouant au sauveur. Le joker est en fait mieux placé pour vouloir faire exploser l’envers d’un décor cachant la misère et l’oppression derrière les inégalités sociales. Dès lors, le spectateur développe une certaine empathie pour ce paria tragique qui se force à rire du drame dans lequel il n’a plus rien à perdre.
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Meursault
Meursault, le protagoniste du roman L’étranger de Camus, est aussi un exemple d’antihéros qui se démarque d’un héros par sa simplicité. C’est un être banal : il vit comme les autres, n’a pas d’ambition particulière, et ressent peu d’émotions face à la vie qui renvoie à un néant de sens et de finalité.
Ce qui fait son intégrité, son entièreté, c’est son indifférence, sa marginalité, sa conscience individuelle. Il n’a pas de motivations morales en soi, de noble cause à défendre, ni de compte à rendre de sa liberté. Or, le parcours de Meursault relate l’absurde frontière entre la liberté individuelle et le principe de ne pas nuire à autrui, sans pour autant chercher à plaire.
Forrest Gump
Pour un dernier exemple, prenons Forrest Gump, un enfant boiteux et simple d’esprit, qui finit par accomplir de grandes choses et inspirer ses contemporains. Il s’agit d’un antihéros car ce personnage réussit des exploits malgré lui, par la force du destin. On dirait qu’il ne saisit pas ce qui lui arrive, et c’est pour cette naïveté, cette innocence que les spectateurs sont touchés au cœur et que les critiques encensent autant ce film.
Son exemplarité vient du fait qu’il fait de son mieux avec les compétences et les ressources dont il dispose, peu importe si elles sont grandes ou maigres. Le principal est de se surpasser, quelle que soit notre condition initiale : voilà l’enseignement de ce film entré dans la culture !
On espère que cet article sur les personnages antihéroïques t’a plu et que tu as appris des choses. Si tu as besoin de soutien pour faire décoller ta moyenne à la rentrée, tu peux trouver ton prof particulier sur le site des Sherpas ! 😉
