En raison du contexte de guerre en Ukraine, beaucoup de gens sont inquiets de l’escalade du conflit vers une 3ᵉ Guerre mondiale et c’est tout à fait légitime. Tu te demandes si on risque une guerre nucléaire ? Est-ce qu’il est possible qu’on se prenne une bombe sur la tête ? Tu ne sais pas ce qu’est la stratégie de dissuasion nucléaire ?
Dans cet article, on t’explique tout ce qu’il faut savoir sur la dissuasion nucléaire et pourquoi une guerre nucléaire ne profiterait à personne. C’est parti !👊
La dissuasion nucléaire : définition 🤯
On sait grâce à l’histoire que la dissuasion militaire est une doctrine qui a toujours existé. Pour faire simple, c’est un moyen de pression que tu exerces sur ton adversaire en créant chez lui un sentiment de crainte de représailles.
👉 En bref, si on nous attaque et qu’on est en mesure de riposter plus fort, d’un point de vue stratégique, on aura moins envie de nous attaquer.
La dissuasion nucléaire, c’est sensiblement la même chose, mais avec la grosse artillerie ! L’arme nucléaire fait passer la dissuasion à un niveau supérieur. Par le passé, on a pu voir le pouvoir dévastateur de sa détonation lors des explosions de Hiroshima et Nagasaki orchestrées par les États-Unis le 6 août 1945.
À lire aussi
Si tu souhaites en savoir plus sur ces événements nous avons un article complet ici 👇
La fin de la Seconde Guerre mondiale et le début d’un nouvel ordre mondial
Dans le scénario d’une attaque nucléaire, aujourd’hui, on parle de « risque de destruction mutuelle ». Si un détenteur de l’arme nucléaire en fait l’usage sur un autre détenteur, les deux pays seront rayés de la carte par l’effet de représailles.
Par définition, c’est une arme politique. On considère son utilisation uniquement en dernier recours pour protéger les intérêts vitaux d’une nation en visant le cœur d’une nation ennemie et ses sites stratégiques.
L’arme nucléaire fait partie de ce qu’on appelle les armes non-conventionnelles. Ce sont des armes qui sont nucléaires, biologiques ou chimiques. Elles sont classées dans la catégorie des « armes de destruction massive » à cause de leurs effets pratiquement incontrôlables dus à leur puissance et à leur impact néfaste sur l’environnement.
Le savais-tu ? 💡
En plus des immenses dégâts potentiels, une bombe nucléaire laisse derrière elle des retombées radioactives. Ce sont des matériaux radioactifs de petite taille en suspension dans l’atmosphère sous forme de poussière, un peu comme les cendres d’un volcan après une éruption. Ces matériaux « retombent » au sol, généralement à plusieurs kilomètres de leur provenance qu’ils contaminent pour plusieurs centaines d’années avant de cesser d’être radioactifs.
D’où vient la dissuasion nucléaire ? 🤔
Pour comprendre les origines de cette stratégie, il faut remonter près de 70 ans en arrière, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les États-Unis mettent au point la bombe atomique durant la première moitié des années 1940 dans le cadre du projet Manhattan, tandis que l’Union soviétique se dote de l’arme nucléaire en 1949.
Le monde était alors divisé en deux blocs. D’un côté, le bloc de l’Ouest (avec la France membre de l’OTAN) et de l’autre côté le bloc de l’Est : l’Union Soviétique.
Les missiles nucléaires soviétiques étaient braqués sur des villes américaines et européennes tandis que les missiles américains de l’OTAN ciblaient les villes de l’Union soviétique. Chacun des deux blocs menaçait l’autre avec une riposte qui serait plus conséquente que l’attaque. C’est la période qu’on appelle la Guerre Froide.
À lire aussi
C’est dans ce contexte de guerre froide que s’est déroulé la crise des missiles de Cuba, si tu veux en savoir plus c’est par ici 👇
L’Union soviétique disposait également de forces armées « classiques ». Les États-Unis ne savaient pas si la dissuasion nucléaire suffirait à empêcher les Soviétiques d’envahir l’Europe. Et la France ne savait pas si les États-Unis étaient prêts à déclencher le « feu nucléaire » pour défendre un territoire européen.
👉 Pour ces raisons, la France s’est dotée de l’arme nucléaire. Le développement du programme nucléaire militaire française est à l’initiative du Général de Gaulle qui souhaitait rattraper le retard de la France dans une logique de défiance envers les États-Unis, mais aussi pour se défendre face au bloc soviétique.
Le 8 juillet 1996, la Cour internationale de justice déclare que :
« La menace ou l’emploi d’armes nucléaires serait généralement contraire aux règles du droit international applicable dans les conflits armés […] la Cour ne peut cependant conclure de façon définitive que la menace ou l’emploi d’armes nucléaires serait licite ou illicite dans une circonstance extrême de légitime défense dans laquelle la survie même d’un État serait en cause. »
La force de dissuasion nucléaire 💣
On appelle « force de dissuasion nucléaire » ou « force de frappe » les systèmes d’armements nucléaires dont dispose un pays dans le cadre de sa stratégie de dissuasion nucléaire.
À titre d’exemple, La France est l’un des sept États qui possèdent l’arme nucléaire à l’aube du 21ᵉ siècle. Elle est aussi le quatrième pays à avoir développé l’arme nucléaire lors de la course à l’armement de la guerre froide après les États-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni.
💡 Aujourd’hui, l’arme nucléaire est officiellement détenue par les États-Unis (le seul pays à l’avoir utilisé), la Russie, l’Angleterre, la France, la Chine, l’Inde, le Pakistan. Israël n’a jamais reconnu l’existence de son programme nucléaire militaire malgré de fortes présomptions internationales. Plus récemment, les regards se tournent vers la Corée du Nord et l’Iran.
On parle de missile stratégique quand on se réfère à l’arme nucléaire. Ce missile est une avancée technologique parmi les plus complexes conçues par l’humanité. Il a l’apparence d’une fusée capable de traverser l’eau, de voyager dans l’atmosphère, et même dans le vide spatial ! À son bord, le missile peut contenir plusieurs ogives nucléaires de plusieurs mégatonnes. Toutes les armes nucléaires sont similaires à un missile, elles sont juste déployées différemment.
👉 Pour que la dissuasion nucléaire soit efficace, il faut qu’un pays puisse riposter en cas d’attaque. Pour cela, les gouvernements détenteurs de missiles stratégiques utilisent plusieurs méthodes pour déployer leurs défenses.
Posséder un seul site de lancement ne serait pas stratégique, même bien caché, un unique site serait facilement vulnérable face aux progrès dans les technologies de détection. Pour cette raison, les pays en possession de missiles stratégiques utilisent 3 différents moyens de lancement développés pendant la guerre froide, on les appelle « la triade nucléaire ».
Le savais-tu ? 💡
Pour mesurer l’énergie dégagée lors de l’explosion d’une arme nucléaire, on utilise une unité de mesure de l’énergie : la mégatonne ou Mt. Cette unité qui correspond à la quantité d’énergie produite par l’explosion d’un million de tonnes de trinitrotoluène, la fameuse TNT !
Les missiles à terre dit « sol-sol » 🚀
Il en existe deux catégories principales :
- Missile balistique intercontinental ou ICBM, il dispose d’une portée minimale de 5500 kilomètres. La Russie, les États-Unis, la Chine, la France, l’Inde, le Royaume-Uni et la Corée du Nord sont les seuls pays à disposer d’ICBM opérationnels aujourd’hui.
- Missile balistique à moyenne portée ou MRBM. Sa portée maximale est comprise entre 1 000 et 3 000 km
Ces missiles balistiques peuvent être déployés à partir de véhicules appelés « lanceurs monteurs de transporteurs » ou « TEL ». Ils sont capables de déplacer les missiles pour les tirer depuis des positions stratégiques. Les premiers missiles conçus étaient tirés au sol depuis des bases militaires à l’intérieur de « silos ».
Le savais-tu ? 💡
Un seul État membre de l’Union européenne dispose d’une force de dissuasion nucléaire : la France. Avant sa sortie de l’Europe, il y avait également le Royaume-Uni.
La Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie ne possèdent pas l’arme nucléaire, les États se contentent de l’héberger sur leur territoire dans le cadre de la politique de dissuasion nucléaire de l’OTAN.
Les missiles dit « air-sol » ✈️
Il s’agit ni plus ni moins d’un avion bombardier, qui transporte l’arme nucléaire. En France, l’armée de l’air utilise des avions Rafales et Mirages pour délivrer des frappes nucléaires avec des missiles téléguidés pouvant contenir plusieurs ogives.
👉 Cette composante de l’armée de l’air assure en permanence la stratégie de dissuasion nucléaire française depuis sa création en 1978. Comme pour toute autre mobilisation de l’arme nucléaire, les tirs se font sur ordre du président qui est le chef des armées.
Jusqu’en 1980, les armées utilisaient généralement ce qu’on appelle, une bombe à gravité, aussi connue comme une bombe stupide. C’est une bombe classique larguée par avion qui ne contient pas de système de guidage, elle suit simplement une trajectoire balistique quand elle est lâchée dans le vide. C’est ce type de bombe qui a été utilisé sur Hiroshima.
Les missiles dit « Mer-Sol » 🚢
Ils sont tirés depuis un sous-marin nucléaire lanceur d’engins ou SNLE. c’est un sous-marin qui dispose d’un réacteur nucléaire comme moteur, lui permettant de faire de très longues missions. Les SNLE garantissent une riposte en cas d’attaque, ils sont presque impossibles à localiser lorsqu’ils sont en plongée.
Cette difficulté à les localiser et à les identifier permet aux sous-marins lanceurs d’engins de frapper les premiers, avec un avantage : la riposte ne saura pas qui frapper parmi les possesseurs de SNLE, en théorie, sans revendication de l’auteur de l’attaque, cette dernière peut rester anonyme, c’est ce qui fait la force de la dissuasion.
💡 À ce jour, les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, la Chine et l’Inde disposent de tels sous-marins. D’ailleurs, on estime que les États-Unis et la Russie possèdent à eux seuls 80% de la flotte de sous-marins en activité.
La force de dissuasion nucléaire française 🇫🇷
François Hollande, l’ancien chef de l’État français s’était exprimé en février 2015 pour faire preuve de transparence face au reste du monde en révélant la composition de l’arsenal nucléaire français :
Le temps de la dissuasion nucléaire n’est pas dépassé. […] Dans le domaine du nucléaire militaire, de nouvelles puissances sont apparues ces vingt dernières années [et] d’autres cherchent encore à émerger.
François Hollande
Ancien Président de la République
Depuis la chute du mur de Berlin en 1989 suivi de l’effondrement de l’URSS en 1991, la guerre Froide est terminée. Les États membres de l’ONU se sont mis d’accord pour organiser un effort commun de désarmement. C’est dans ce contexte que l’ancien chef de l’État Français prononçait son discours. Il ajoutait également que la priorité de la France était « l’arrêt définitif de la production de matières fissiles. »
Depuis la fin de la guerre froide, la France diminue son arsenal nucléaire tout en maintenant ses stratégies de défense. Les anciennes bombes sont démantelées. Le plutonium et l’uranium contenus dans l’ogive nucléaire à l’origine de l’explosion sont recyclés pour produire de nouvelles armes, les plus anciennes devant être renouvelées pour des questions de sécurité de stockage.
À ce jour, la France compte 4 sous-marins SNLE :
👉 Le Triomphant
👉 Le Téméraire
👉 Le Vigilant
👉 Le Terrible
Ils se relayent continuellement pour assurer en permanence la dissuasion nucléaire. Ils sont complétés par la « composante aéroportée » de la force de dissuasion nucléaire française. Il s’agit de l’ensemble des avions transportant l’arme nucléaire à bord du Porte-avion Charles de Gaulle et des avions décollant depuis le sol français.
Lors de son discours François Hollande avait révélé que la France dispose de trois lots de 16 missiles dans ses sous-marins et de 54 missiles contenant des ogives nucléaires équipant les avions de combat de la composante aéroportée de la dissuasion.
Une dissuasion qui a fait ses preuves 🔍
Les essais nucléaires français
Entre 1946 et 1996, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont effectué des centaines d’essais nucléaires sur des îles du Pacifique.
La France a arrêté ses tests de la bombe nucléaire dans l’atmosphère en 1974, à partir de cette date, les tests ont été réalisés au milieu de l’océan Pacifique, loin de toute habitation et à l’écart des trajectoires navales et aériennes. Ces tests ont eu lieu dans l’enceinte des bases militaires situées dans les atolls de Mururoa et Fangataufa en Polynésie française.
Les tirs ont été réalisés dans des puits sous-marins dont la profondeur varie entre 500 à 1000 mètres de profondeur. Ils sont fabriqués en béton afin de piéger les résidus radioactifs de la bombe qui resteront radioactifs pendant des milliers d’années.
Il se peut qu’il y ait quelques fuites, certains résidus peuvent alors se retrouver dans les eaux du lagon puis dans l’océan, mais un rapport commandé par l’état français indique que les quantités de radioactivité ne sont pas dangereuses pour la santé puisqu’elles sont grandement diluées dans l’eau.
Le savais-tu ? 💡
Le site NUKEMAP permet de simuler le champ d’action des effets d’une bombe nucléaire n’importe où sur le globe d’après les nombreux tests qui ont été menées. Le calculateur répertorie notamment plusieurs dizaines de références de bombes officielles et actuellement dans les arsenaux militaires du monde.
Des inquiétudes et des menaces sérieuses 😖
En 2019, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a fait part de ses inquiétudes quant à de possibles fuites de matériaux radioactifs d’un cratère coiffé d’un dôme de béton sur un îlot voisin dans l’archipel des îles Marshall. Le cratère renferme les résidus de 12 années d’essais nucléaires américains dans le Pacifique.
Cette solution de stockage devait pourtant être temporaire. Les États-Unis avaient expliqué que pour des raisons de coût, le fond du cratère n’avait pas été isolé avec une couche de béton, d’où les craintes d’inondation du cratère et la fuite des matières radioactives.
Après avoir été exposé aux éléments pendant près de quatre décennies, des fissures ont commencé à apparaître sur le dôme. La structure est aujourd’hui d’autant plus menacée par la montée des eaux provoquée par le réchauffement climatique. Le sommet des atolls n’atteignant pas plus de 10 mètres de haut, le risque d’immersion est très grand. On n’imagine pas les conséquences d’une inondation des cratères. 😬
La dissuasion nucléaire aujourd’hui 🧐
Suite au développement du conflit entre la Russie et l’Ukraine, dans un discours télévisé diffusé dimanche 27 février, Vladimir Poutine a annoncé : “mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat”.
Puisque le résultat de l’opération militaire russe ne satisfaisant pas le Kremlin, cette annonce ne serait autre qu’un coup de communication. Plusieurs experts en géopolitique expliquent qu’il s’agirait d’une “vraie-fausse menace”. 🥸
Il y a une frustration russe face à la résistance ukrainienne.
David Khalfa
Chercheur à la Fondation Jean Jaurès à Paris
Dans une interview accordée au journal L’Express, Benjamin Hautecouverture, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, explique que l’idée selon laquelle “dans un accès de folie Vladimir Poutine pourrait appuyer seul sur le bouton rouge” est impossible.
« Le pouvoir nucléaire ne marche heureusement pas comme ça, même en Russie. Le dispositif de communication crypté destiné à ordonner le lancement d’une frappe nucléaire fonctionne en coordination avec le ministre de la Défense et le chef d’état-major des armées. C’est l’action combinée de ces trois personnes qui peut déclencher le feu nucléaire«
Le protocole exact de déclenchement d’une attaque nucléaire russe reste inconnu aujourd’hui, mais à l’époque de l’Union Soviétique, on sait que le processus nécessitait plusieurs personnes. Comme pour les restes des pays dépositaires de l’arme nucléaire, la décision de l’utilisation du feu nucléaire n’est jamais dans les mains d’une seule personne.
Wouaw merci c’est hyper complet je vais m’inspirer pour mon grand oral !
Avec plaisir et bonne chance pour ton grand oral ! 🙌