Souvent décrit comme le chef de file du cubisme, Pablo Picasso a marqué durablement l’histoire de l’art. Aujourd’hui, ce personnage est controversé, à l’heure où le féminisme porte un autre regard sur l’Histoire.
Qui était Pablo Picasso? Pourquoi Picasso est-il si célèbre? Ensemble, découvrons son portrait !
NB : La plupart des informations de cet article sont tirées du livre Picasso, Le Minotaure (1881-1973) écrit par Sophie Chauveau. On te le recommande vivement !
Enfance et adolescence en Espagne (1881-1900)
Pablo Ruiz Picasso naît le 25 octobre 1881, à Malaga, en Andalousie. Son père, Don José Ruiz, est artiste et conservateur de musée. Sa mère, María Picasso López, lui donnera son nom de famille qu’il adoptera comme nom d’artiste.
Un nom… un peu long
Pablo Picasso étant espagnol, son nom complet est composé d’au moins une dizaine d’autres noms, faisant référence aux ancêtres de sa mère et de son père.
Son nom complet est donc : Pablo Diego José Francisco de Paula Juan Nepomuceno Crispín Crispiniano María de los Remedios de la Santísima Trinidad Ruiz Picasso.
Adulé par sa famille, entouré de tantes qui servent ses moindres désirs, Pablo grandit avec un don pour le dessin encouragé par son père. Sa mère construit une légende autour de son premier mot : il aurait babillé “piz”, du mot “lápiz”, le pinceau. Il possède déjà une force de caractère et est très capricieux.
Son talent pour la reproduction et la peinture est indéniable et aiguillé par son père, lui-même artiste-peintre sans succès. Toutefois, malgré un entourage dévoué, il connaît son lot de moments difficiles. Alors qu’il n’a que trois ans, son village est dévasté par un tremblement de terre.
Adolescent, il perd sa deuxième petite sœur, Conchita, d’une diphtérie. Cet évènement le traumatisera à vie. Toute sa vie, il fuira la vision de la mort et de la maladie, frôlant l’hypocondrie.
Pour le travail de son père, qui a l’opportunité de devenir prof d’art plastique à l’université, la famille Picasso déménage à La Corogne, dans le nord de l’Espagne. La famille, ne s’acclimatant pas au climat, si froid par rapport à l’Andalousie, victime de la xénophobie locale envers les andalous, et, surtout, meurtrie par le décès de la petite Conchita, migre à Barcelone, encore pour le travail de Don Ruiz.
C’est son oncle, Salvador Ruiz, qui finance les études d’arts du jeune Pablo. En 1895, il intègre les Beaux-Arts de Barcelone, la Lonja, à seulement 14 ans.
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Il bluffe le jury avec ses compétences hors-du commun. Le mythe Picasso commence à se former : et il ne fait que commencer.
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La vie d’artiste à Montmartre : le Bateau-Lavoir (1900-1912)
Quand Pablo Picasso pose ses valises à Paris, avec son meilleur ami, Carlos Casegamas, surnommé Casa, il est hypnotisé par l’effervescence de la capitale. Rappelons qu’à l’époque, il ne parle que l’espagnol, toutefois, il existe sur place une immense communauté espagnole et catalane.
Il est sélectionné pour l’Exposition Universelle de 1900, pour son tableau Derniers Instants.
Résidant au cœur de la butte de Montmartre, il rencontre Max Jacob, qui devient tout de suite son meilleur ami.
Pablo découvre une vie de bohème qui le séduit immédiatement. Son train de vie débauché est financé par son père et son oncle. Il vit également de sa peinture, en vendant ses toiles à Man’ach et à Berthe Weill, une marchande d’art.
Période bleue (1901-1904)
Cependant, le gris de la capitale, le suicide de son ami Casa suite à une liaison désastreuse avec une femme nommée Germaine, et l’angoisse d’attraper la syphilis en fréquentant des prostituées, atteignent son moral. Il entre alors dans la période bleue, s’inspirant de Cézanne, Goya, et Greco. Ses tableaux sont teintés de mélancolie et d’angoisses morbides.
Sa liaison avec Germaine 💓
Alors qu’elle est la raison du suicide de Casa, Picasso entretiendra une liaison avec Germaine, pendant près de 3 ans.
Picasso a, même dans les premières années de sa vie, un rapport compliqué et irrespectueux aux femmes. La seule qu’il respecte à peu près est Gertrude Stein, collectionneuse et mécène du cercle artistique parisien, mais seulement parce qu’elle est homosexuelle, et donc qu’il ne la considère pas comme une « vraie » femme.
Période Rose (1904-1907)
Pablo Picasso arrive au sein du Bateau-Lavoir en 1904. Ces ateliers d’artistes, délabrés, fournaises l’été et frigos l’hiver, se trouvent au cœur du 18ᵉ, place Émile-Goudeau. Picasso s’entoure d’artistes qui marqueront le XXᵉ siècle : Guillaume Apollinaire, Henri Matisse, Kees Van Dongen, Georges Braque, André Derain…
Le Bateau-Lavoir
Le surnom de ces ateliers d’artiste aurait été trouvé par Max Jacob, pour désigner, ironiquement, le linge étendu en dehors des fenêtres du bâtiment.
Inspiré par ses nouvelles amitiés et son amour pour Fernande Olivier, sa palette passe au rose, ses traits deviennent moins angoissés.
Le Bordel ou les Demoiselles d’Avignon : un tournant
Alors qu’il jouait déjà avec les formes et les couleurs comme Cézanne, sa plus grande inspiration, Picasso se lance dans un projet fou. Une toile de 2 mètres sur 2 mètres, qui prend tout son atelier. Il souhaite surpasser la folie colorée du fauvisme.
Vous avez dit Fauve ? 🐅
L’expression “fauvisme” est attribuée à Louis Vauxcelles, lors du Salon d’Automne du Grand Palais, en 1905. Il désigna la salle exposant les œuvres de Vlaminck, Matisse, Derain et d’autres jeunes artistes, comme “la cage aux fauves”.
S’inspirant des œuvres du musée ethnographique de Paris qui expose de l’art primitif, Picasso déforme les chairs, brise les proportions, joue avec les couleurs. Les figures font face au public, créant le malaise, brisant les plans du tableau. Ses « demoiselles » sont aussi une réponse à la toile Le Bonheur de vivre d’Henri Matisse.
Quand ses amis découvrent la toile, ils sont persuadés que Picasso est devenu fou. Son œuvre dérange tant qu’il la laisse de côté dans son atelier, sans l’exposer.
Il est pourtant clair que Les Demoiselles d’Avignon, nommées ainsi en référence à une ruelle à Barcelone où il fréquentait des prostituées, est le début d’une ère importante dans son art.
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Du vol de la Joconde à La Femme qui Pleure (1911-1936)
Lorsque la Joconde est volée en 1911, Guillaume Apollinaire et Pablo Picasso paniquent. En effet, Apollinaire a hébergé le principal suspect de l’époque, Géry Piéret, qui se vante d’avoir volé l’œuvre.
De plus, Géry a laissé chez Guillaume Apollinaire trois statues primitives volées. Paniqués, car en tant qu’immigrés, ils seront les suspects principaux, les deux amis déposent les œuvres devant la préfecture de police, anonymement. Quelques jours après, ils sont arrêtés.
Lors du procès, Pablo Picasso trahit Apollinaire en déclarant ne jamais avoir vu cet homme de sa vie. Il trahit alors plusieurs années d’amitié. Si les hommes se sortent du procès indemnes, ils ne seront plus jamais proches.
Un voleur patriote 🇮🇹
Le voleur était en fait un ouvrier italien travaillant au Louvre, Vicenzo Peruggia. Il voulait rendre Mona Lisa à son pays d’origine.
Cubisme et collage
En 1912, Pablo Picasso quitte le Bateau-Lavoir et s’installe dans le 6ᵉ arrondissement avec sa compagne Fernande.
Picasso commence à être affilié au terme « cubisme », qui désigne cette essentialisation d’un sujet par des formes. Il déclare :
De nos jours, on ne va plus à l’asile. On fait du cubisme.
Pablo Picasso
Artiste peintre
En effet, il ressent une quelconque réticence face à cette catégorisation. Il continue tout de même d’explorer son rapport aux formes, aux dimensions, aux plans.
Le rival de toujours de Pablo Picasso est Henri Matisse, qu’il jalouse autant qu’il admire. Il réalise des collages, encouragé par son ami Georges Braque, qui l’incite à rajouter de la dimension dans ses œuvres. Parmi ses plus célèbres, on retrouve sa Guitare, qu’il réalise en 1913.
Les femmes, Picasso, et la violence
Toute sa vie, Pablo Picasso enchaine les relations, en particulier durant l’Entre-deux-guerres.
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D’abord, il y a sa liaison avec Olga Khokhlova, jeune héritière russe qui plaque tout pour finir avec Picasso. Pendant ce temps, Picasso continue d’être infidèle, et refuse de divorcer d’Olga alors qu’elle le supplie.
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Il y a sa liaison avec Marie-Thérèse Walter, qui a 17 ans quand elle le rencontre, tandis que lui en a… 47. Il possède une véritable emprise sur elle, qui l’attend pendant qu’il multiplie les aventures.
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Il y a aussi sa relation avec Dora Maar, sa maitresse, qui sera très importante dans son œuvre.
L’historienne Julie Beauzac rapporte qu’il y aurait des traces prouvant la maltraitance conjugale de Pablo Picasso.
Il aurait forcé Marie-Thérèse à avoir des rapports sexuels avant chaque séance de pose, tandis qu’il aurait battu Dora Maar jusqu’à ce qu’elle perde connaissance.
Les deux femmes se battaient pour les faveurs du peintre, qui déclarait que l’une était douce, l’autre intelligente, et, qu’ainsi, il ne pouvait pas choisir.
Ainsi, de nombreux mouvements féministes demandent à cesser de glorifier ses relations amoureuses, et à les désigner comme ce qu’elles étaient vraiment : de l’emprise et de l’abus.
Dora Maar, une grande photographe
Si son histoire d’amour chaotique avec Pablo Picasso l’a reléguée au simple rôle d’amante, Dora Maar était avant tout une brillante photographe, jouant avec les codes cinématographiques et surréalistes pour créer des œuvres captivantes.
Guernica et conviction politiques (1937-1948)
Guernica est avant tout une œuvre politique.
Politiquement, Picasso se rapproche de la gauche, en pleine effervescence en 1936 avec la création du Front Populaire en France.
Le 26 avril 1937, Pablo Picasso apprend, sous le choc, le bombardement dévastateur de Guernica, ancienne capitale des pays basques, qui fait plus de 1600 morts et environ 900 blessés. Le drame arrive en pleine guerre civile espagnole, pendant laquelle le général Franco traque et tue ses opposants, particulièrement communistes.
Cela serait Dora Maar, très engagée, qui l’aurait supplié de prendre son pinceau et de créer une œuvre dénonçant l’horreur de la guerre, en apprenant la mort de son père lors des bombardements en Espagne.
D’ailleurs, un autre de ses tableaux les plus connus, La Femme qui Pleure, peint en 1937, est une représentation de Dora Maar désespéré. Il est récurant que Picasso se nourrisse du chagrin de ses amantes, telle une essence créative.
Dans Guernica, il représente le moment du bombardement, représenté par l’ampoule, qui génère la destruction et la mort. Il utilise le noir et blanc, le cubisme et le surréalisme pour traduire la tragédie humaine.
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Le taureau est le symbole de l’Espagne fasciste et bestiale.
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La femme criante serait inspirée de Dora Maar.
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La colombe représentant la paix est à peine visible, comme pour signifier que la paix s’évanouissait petit à petit.
Son œuvre aura vite l’effet d’un ras de marée, et sensibilisera le public français à la situation en Espagne.
Politisation et pacifisme
Sous l’Occupation, en 1943, Pablo Picasso, qui ne participe pas à la guerre, est protégé par l’allemand Arno Breker, collectionneur féru d’art, qui adore les œuvres de Picasso. Ainsi, il peut continuer d’exercer sa peinture.
Toutefois, Picasso reste contestataire, et en 1944, il rejoint le Parti Communiste Français. Toute sa vie, il aura une position ambivalente face au communisme.
Par exemple, il est contre la guerre en Corée et condamne le massacre des civils de l’armée rouge à Budapest en 1956. Cependant, il réalise le très controversé portrait en hommage de Joseph Staline, à la mort du dictateur en 1953.
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Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il perd son ami de toujours, Max Jacob, qui meurt en camp de concentration, déporté, car il était juif et homosexuel.
Traumatisé par ce demi-siècle de l’horreur, Pablo Picasso peint sa fameuse Colombe de la Paix en 1949, révélant ses convictions pacifiques.
Résidence à Vallauris et fin de vie (1948-1973)
Après la guerre, Pablo Picasso déménage à Vallauris, en 1948, accompagné de Françoise Gilot. Dans le sud de la France, sur la Côte d’Azur, il continue d’avoir un succès fou, jusqu’à sa mort, et de multiplier les conquêtes et les mariages.
Au total, Picasso aura quatre enfants, de femmes différentes, laissant un héritage dispersé :
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Paulo Picasso, fils de Pablo Picasso et d’Olga Khokhlova
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Maya Widmaier-Picasso, fille de Pablo Picasso et de Marie-Thérèse Walter
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Paloma Picasso et Claude Picasso, naissant de l’union de Pablo Picasso et de Françoise Gilot
Combien d’œuvres Picasso a-t-il créées au cours de sa vie?
On considère que Pablo Picasso a laissé derrière lui plus de 50 000 œuvres.
Picasso meurt le 8 avril 1973 d’une embolie pulmonaire, lui qui craignait tant la maladie. Il ne laisse derrière lui aucun héritage, car, superstitieux, il pensait que cela porterait malheur d’en rédiger un. Ainsi, ses seuls héritiers officiels sont son fils Paulo et Jacqueline, sa deuxième compagne au moment de sa mort.
Ses anciennes compagnes et ses autres enfants n’ont pas le droit d’assister à l’enterrement.
Ainsi, Pablo Picasso a laissé derrière lui un héritage artistique pharaonesque, et est considéré comme l’un des artistes contemporains les plus marquants du XXᵉ siècle. On espère que tu en as appris plus sur cet artiste ! ✨
