« L’éducation passe avant l’instruction, elle fonde l’homme », nous disait Saint-Exupéry. Le système éducatif est le reflet d’une époque, d’une ère géographique, de normes et de valeurs. Les étudiants français connaissent ainsi le « doux plaisir » du 8h-18h, tandis que nos voisins allemands préfèrent consacrer l’après-midi à des activités créatives et sportives.
Mais t’es-tu déjà demandé quelle a été l’évolution de l’éducation au cours de l’histoire ? À travers cet article, découvrons ensemble à quoi ressemblait le quotidien d’un étudiant, de l’Antiquité à aujourd’hui !
Être étudiant dans l’Antiquité 📜
L’éducation en Mésopotamie 👁🗨
Les premières écoles apparaissent avec l’apparition de l’écriture, en Mésopotamie, au milieu du IVᵉ siècle avant Jésus-Christ, vers 3500 avant JC.
👉 La première langue écrite est le sumérien, aussi appelée écriture cunéiforme (= qui s’apparente à des clous). Les Sumer (situés à la frontière de l’Irak et l’Iran) cherchent à retranscrire les sons et les significations, s’éloignant de la tradition orale et dessinée pour transférer les informations. Ils élaborent une forme primitive de l’alphabet.
L’écriture se transposait sur des tablettes en argile. Il fallait 12 ans pour apprendre cette écriture, tant elle était complexe !
Les cours de l’époque se déroulaient dans des temples religieux, où l’on formait des scribes et des futurs prêtres. Avec le temps, les premières écoles spécialisées dans l’apprentissage de l’écriture et de la lecture apparurent.
C’est quoi, un scribe ? ✍️
Le scribe, c’est celui qui était capable de rédiger, lire et classer des archives de documents. Commerce, littérature, militaire, intendance du palais… De nombreuses spécialisations étaient possibles.
Par contre, autant le dire tout de suite : avoir accès à une scolarité était rarissime, et réservée à une élite puissante et riche. L’accès à l’école était payant et réservé aux garçons, sauf cas exceptionnels (fille de roi, future prêtresse, etc.).
L’éducation en Égypte antique
Les hiéroglyphes apparaissent environ vers 3000 avant JC. Contrairement aux « clous » sumériens, ce sont des représentations dessinées de corps, animaux, objets. Il en existera plus de 700 en 2000 avant JC.
L’archéologie nous montre que les étudiants étaient assis à des bureaux, face à un professeur, et recevaient une base éducative riche (mathématiques, littérature, astronomie…), comme en Mésopotamie. On y apprenait aussi la religion de l’époque.
👉 À l’école des scribes, les étudiants devaient recopier plusieurs fois la même leçon sur un papyrus avec un « calame », sorte de stylo en roseau, jusqu’à ce qu’ils la maitrisent parfaitement.
L’éducation était très valorisée socialement, et commençait vers l’âge de sept ans. Toutefois, elle restait peu accessible pour les classes sociales pauvres.
Il existait une forte hiérarchie sociale en Égypte, et ta chance d’accéder à l’éducation baissait en fonction de ton niveau dans la pyramide (lol) sociale…
👧 Les filles recevaient une éducation à domicile, transmises par les femmes de la maison, généralement leur mère. Cependant, elles y apprenaient plus ce qui était attendu de leur genre à l’époque : poterie, couture, cuisine. Seules les filles d’un milieu social plus haut pouvaient espérer apprendre l’histoire, la politique, les mathématiques.
🧒 À partir de 14 ans, les garçons issus de classe artisanale commençaient à apprendre le métier de leur classe sociale : apprentissage de la maçonnerie, de la fabrication de papyrus…
Le quotidien d’un étudiant dépendait donc de la fonction à laquelle on le destinait. Généralement, c’était la même que celle de ses parents.
L’éducation en Grèce antique 🏺
Le mot école nous vient de skhole, ce qui signifie « arrêt du travail » en grec ancien.
En Grèce Antique, le système scolaire dépendait de si l’on se trouvait à Athènes ou à Sparte (grande ville du sud de la Grèce). Encore une fois, le niveau d’éducation reçu dépendait de notre milieu social, mais il était attendu que les garçons aient un niveau minimum d’éducation.
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L’éducation en Grèce Antique était basée sur l’apprentissage de l’écriture et de la lecture, et valorisait le sport et la musique, surtout la lyre qui permettait de mieux mémoriser des textes importants. Exit papyrus et tablettes en argile, bonjour aux tablettes en cire d’abeille, aussi très populaires chez les Romains !
L’éducation des filles 🚺
- Athènes
Les filles restent dans le gynécée (territoire des femmes) et apprennent à être de bonnes futures épouses. Les filles de milieu privilégié ont accès à un apprentissage plus poussé (calcul, histoire).
- Sparte
Les filles sont encouragées à avoir une éducation, prise en charge par la Cité. Elles font du sport et surtout des activités artistiques.
L’éducation des garçons 🚹
- Athènes
L’école est payante et privée, valorisant beaucoup l’activité physique. L’apprentissage de la philosophie et de la rhétorique était réservé aux riches adolescents, vers l’âge de 15/16 ans. À 18 ans, le service militaire, l’éphébie, est obligatoire pour devenir un citoyen à l’âge de 20 ans.
- Sparte
L’éducation est prise en charge par la cité. Dès 12 ans, les plus remarquables sont formés pour devenir des soldats, loin de leur famille. À 16 ans, ils sont envoyés au sein de la krupteia, une force militaire. La formation se déroule dans la jungle à Messenia.
Les écoles de philosophie
Les fameuses écoles de philosophie apparaissent au milieu du IVᵉ siècle avant Jésus-Christ. Ce sont les premières « écoles de pensées » occidentales, car c’est là où l’on enseigne normes et valeurs de pensée.
Lycée = Λύκειον
Le mot « lycée » provient du grec ancien « lukeion », le quartier d’Athènes où Aristote, disciple de Platon, enseignait.
L’école d’Aristote, née en -355, était aussi désignée sous le nom d’école péripatéticienne (= discuter en se promenant). Réfléchir et professer en marchant à travers les allées était l’une des façons préférées d’Aristote pour enseigner. Il valorisait l’importance de communautés intellectuelles où échanger sur la politique, l’avenir de la cité et des sciences.
De longues sessions de débats au cours de banquets étaient encouragées afin de pousser les disciples à développer leur rhétorique et leur logique.
D’autres écoles de pensée grecques s’inspireront de ce système et verront le jour : l’école mégarique, l’école d’Élis …
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Être étudiant au Moyen-Âge : la naissance de l’université ⚔️
Si, aujourd’hui, on associe souvent le Moyen-Âge à l’obscurantisme, cette époque a été très riche. Elle a durée de la fin du Vᵉ siècle jusqu’au XVᵉ siècle. C’était aussi l’âge d’or des universités, ce qui a façonné les bases de l’éducation universitaire moderne.
Le développement des facultés en Occident était principalement financé par l’Église, qui souhaitait créer des lieux où préserver et diffuser les connaissances humaines et religieuses. Elles permettaient ainsi de pouvoir se consacrer pleinement à l’apprentissage, en fournissant logement et nourriture.
La plus vieille université est marocaine ! 🇲🇦
L’université Al Quaraouiyine, située à Fès au Maroc, est considérée comme la plus vieille université encore en activité par l’UNESCO. Elle a été créée en 859.
Beaucoup d’universités très importantes du monde occidental ont été fondées à cette époque.
On peut citer :
🇮🇹 l’université de Bologne en Italie, fondée en 1088 (la plus vieille université du monde occidental) ;
🇫🇷 la Sorbonne, bâtie en 1105 sur ordre du théologien Robert de Sorbon ;
🇬🇧 et comment ne pas citer l’université d’Oxford, créée au XIIIᵉ siècle, qui brille de sa réputation encore aujourd’hui ?
L’université, uniquement masculine, devait permettre une certaine mobilité sociale en permettant aux jeunes de rejoindre le clergé. La vie universitaire devait donc, en théorie, répondre à des critères moraux : s’habiller de façon modeste, éviter les bagarres ou de fricoter avec des femmes…
En réalité, les étudiants, découvrant une vie communautaire libre, aimaient aller boire au pub du coin, s’amuser et provoquer des combats, comme certains étudiants d’aujourd’hui.
Au XIIIᵉ siècle, le Pape Innocent III décide de mettre un peu d’ordre dans le système universitaire. Les étudiants sont soumis à la loi ecclésiastique et non à la loi civile (loi qui est un peu plus à la dure), sauf en cas de crimes.
⬆️ Dans le nord de l’Europe
Les étudiants avaient une éducation généraliste qui se divisait en trivium (réthorique, logique, grammaire) et quadrivium (arithmétique, musique, géométrie, astronomie), avec un grand focus sur le latin.
⬇️ Dans le sud de l’Europe
On visait plus à former des carrières que de futurs membres du clergé : un étudiant pouvait donc aspirer à devenir médecin, avocat ou enseignant, par exemple.
Un exemple : la vie étudiante à Bologne 🍝
À Bologne, les étudiants se regroupaient en nations et en sociétés d’entraide, en fonction de leur pays ou de leur région d’origine.
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Cette organisation leur conférait une certaine protection contre les autorités locales et leur donnait un certain pouvoir dans leurs relations avec les enseignants, les libraires et les propriétaires.
Au début du XIIIe siècle, ces nations se sont regroupées en deux corporations :
L’universitas cismontanorum, composée d’étudiants italiens mais non originaires de Bologne.
L’universitas ultramontanorum, composée d’étudiants du nord des Alpes.
Autant dire que ces organisations étudiantes avaient du pouvoir ! Les organisations étudiantes déterminaient le calendrier académique, la manière dont les cours étaient dispensés et le moment où les honoraires des professeurs étaient payés.
Les professeurs supervisaient les examens et les diplômes, et à partir de 1219, l’archidiacre de la ville accordait aux étudiants l’autorisation d’enseigner après avoir réussi leurs examens.
Être étudiant à l’ère de l’industrialisation : un grand pas pour l’éducation élémentaire 🏭
Petit rappel historique
L’industrialisation (fin XVIIIᵉ-fin XIXᵉ) désigne la période de développement technique et industriel en Occident.
Cette période s’illustre par le début des grandes industries et du transport ferroviaire (tchou tchou!).
👉 En conséquence, les gens migrent de la campagne jusqu’à la ville massivement (l’exode rural), et surtout, toute la société doit contribuer et s’adapter à ces grands bouleversements techniques qui sonnent le glas de beaucoup d’entreprises locales et artisanales.
Les objets manufacturés (textiles, pièces détachées), l’agriculture, les énergies, tous les secteurs ont dû s’adapter à ce tsunami industriel.
👉 C’est à cette époque également que la société est fragmentée entre classe ouvrière et classe bourgeoise, et que les luttes sociales sont en plein essor. En fait, il y a toujours eu des inégalités sociales à travers l’histoire, mais les conditions de vie ouvrière rendent ces différences flagrantes.
Entre niveaux de vies, coutumes et consommation, tout change au XIXᵉ siècle. Et l’éducation n’est pas épargnée.
Une nouvelle industrie
👉 Cet essor technologique permet une plus grande spécialisation de métiers et de nouvelles opportunités. L’éducation était un très bon moyen de former une nouvelle élite industrielle. Contremaitre d’usine, ouvrier spécialisé, travailleur en laboratoire pharmaceutique…
Les écoles des Arts et Métiers 👷♂️
En France, les écoles d’Arts-et-Métiers voient le jour, pour qualifier des ouvriers et contremaitres, leur permettant, petit à petit, d’élever leurs compétences. On peut citer l’école de Lille en 1900, de Cluny en 1901 et de Paris en 1912.
Le contrecoup de cette nouvelle industrie est surtout le travail forcé des enfants, surtout issus de classes ouvrières. Par exemple dans les usines de textiles, les enfants étaient « utiles », car ils pouvaient se glisser sous les machines pour enlever les pelotes de laine qui obstruaient les mécanismes. On te laisse imaginer le nombre d’accidents…
Heureusement, des lois commencent à encadrer fortement le travail des enfants et leur sécurité, comme le « Factory Act » en 1833 au UK.
L’importance de l’éducation
👉 C’est à cette époque que l’on commence à souligner l’importance d’une éducation accessible à un plus grand nombre : l’éducation publique. Par exemple, Jean-Jacques Rousseau parle de l’importance d’apprendre et d’inculquer des valeurs à un enfant dans Émile ou De l’Éducation (1762).
Cet essor pour une éducation moins élitiste se répercute dans la loi.
🇫🇷
En France, bien sûr, comment ne pas penser à l’école de la IIIᵉ République ! Une école incarnée par les lois Jules Ferry (1870-1872), qui rendent l’école gratuite, laïque et obligatoire aux yeux de l’État, du moins, jusqu’à 12 ans.
🇬🇧
Même chose chez nos voisins anglais, qui en 1870 instaurent « l’Elementary Education Act », qui crée le premier réseau d’écoles primaires publiques en Angleterre et au pays de Galles.
Résultat : le niveau d’éducation en Europe double à partir du XIXᵉ siècle ! Yay.
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Du XXᵉ à aujourd’hui : quel futur ? 🛸
À partir de la deuxième moitié du XXᵉ siècle, on parle d’une « massification de l’éducation ». Le travail amorcé au XIXᵉ pour rendre l’éducation plus accessible porte ses fruits.
Des problématiques variées
Cependant, les étudiants modernes se battent pour de nouvelles causes.
👉 Par exemple, un des combats de mai 68 était pour la mixité dans le système éducatif. Aujourd’hui, la question de l’inclusivité du féminin et des minorités de genre dans le vocabulaire français fait débat au sein de l’Éducation nationale.
👉 De nombreuses personnes dénoncent également le mythe de la « méritocratie » à la française, en soulignant que la possibilité d’ascension sociale par l’éducation représente plutôt une minorité. On tend à remarquer une reproduction en fonction des classes sociales (selon cette théorie, un fils d’agriculteur deviendra probablement agriculteur plutôt que médecin).
Toutefois, les jeunes d’aujourd’hui sont plus diplômés que jamais.
Ce qui donne aussi lieu à un paradoxe.
- Certes, nous sommes une génération plus qualifiée, mais nous souffrons aussi d’un taux de chômage élevé.
- La précarité étudiante reste aussi un gros problème : de nombreux étudiants doivent s’endetter pour pouvoir poursuivre leurs études.
Numérique et éducation
La technologie et les réseaux sociaux peuvent permettre une éducation à distance, véritable opportunité pour ceux souhaitant obtenir un diplôme tout en ayant une activité ou pour ceux qui ne peuvent pas se rendre à l’école physiquement (CNED). Cette technologie a aussi permis à des étudiants de suivre leurs cours même pendant la pandémie.
Toutefois, le numérique peut-il se substituer à l’enseignement réel ? 🧐 Une étude réalisée par une enseignante neuroscientifique de Montréal a démontré que 68% des étudiants interrogés sont moins motivés à participer à un cours en ligne qu’à un cours classique.
Sans compter que la sociabilité est un aspect indéniable de la vie étudiant. Un Skype ne peut pas remplacer une bonne vieille réunion associative ou une fête entre amis (on dirait ton vieil oncle relou qui te parle, là).
Et comment gérer des phénomènes comme le cyber-harcèlement ?
Eh oui, la technologie révolutionne notre rapport à l’éducation, et nous devons penser à ces questions ensemble pour trouver un équilibre entre numérique et réalité !
Comme tu l’as vu dans cet article, l’éducation est un phénomène évolutif. L’accès à l’éducation et ses modalités sont le reflet d’une époque et d’une culture. En tout cas, il y a quelque chose d’émouvant à revivre le passé des étudiants d’autrefois et de voir, qu’au fond, ils nous ressemblaient beaucoup ! ✨