À retenir :
- Le NAIRU désigne le taux de chômage où l'inflation ne s'accélère pas, essentiel pour comprendre la relation entre emploi et stabilité des prix.
- Le NAIRU influence les politiques économiques car descendre en dessous de ce seuil conduit à l'inflation, affectant les décisions monétaires des banques centrales.
- Il est crucial de différencier le NAIRU du chômage conjoncturel, ce dernier étant lié aux cycles économiques tandis que le NAIRU touche au chômage structurel.
- Critiques du NAIRU concernent son imprécision et sa dépendance aux calculs statistiques, bien que les institutions continuent de l'utiliser pour surveiller la stabilité des prix.
Comment définir le NAIRU et quels sont ses fondements ?
Le NAIRU désigne le taux de chômage n'accélérant pas l'inflation. Ce concept théorique, formulé dans les années 1970, indique le niveau de chômage sous lequel la stabilité des prix disparaît, laissant alors place à une augmentation de l'inflation (Phillips, The Relationship Between Unemployment and the Rate of Change of Money Wage Rates in the United Kingdom, 1958).
Contrairement aux idées reçues, le marché du travail ne réagit pas comme celui d'un bien standard : toute baisse du chômage ne provoque pas automatiquement une envolée des salaires puis des prix. Le NAIRU marque ainsi un point d'équilibre, proche de ce qu'on nomme parfois le taux de chômage naturel, avec toutefois quelques distinctions méthodologiques.
Naissance et évolution du concept
Milton Friedman a souligné que descendre sous ce seuil entraîne principalement plus d'inflation sans effet durable sur l'emploi réel (A Theory of the Consumption Function, 1957). Depuis lors, le NAIRU sert de boussole aux banques centrales dans la définition de leur politique monétaire.
L'OCDE estime actuellement le NAIRU français à environ 7% (OCDE, Economic Outlook, 2023), tandis que le taux de chômage effectif atteignait 7,5% fin 2023 selon l'Insee. Cet indicateur économique varie selon les périodes et les pays, d'où sa mesure délicate et évolutive.
Différences entre chômage structurel et chômage conjoncturel
Il convient de distinguer le NAIRU du chômage conjoncturel, qui dépend des cycles économiques. Le NAIRU représente au contraire la part incompressible du chômage, liée à la transformation technologique, aux rigidités salariales, à la formation ou encore aux règles du marché du travail.
Prenons l'exemple d'un magasin local : il conserve souvent une rotation d'intérimaires, même lors des périodes de forte activité. Ce minimum d'emplois vacants et de personnes temporairement sans poste illustre le chômage structurel, très proche du NAIRU.
Pourquoi le NAIRU influence-t-il la stabilité des prix et les politiques économiques ?
Le taux de chômage n'accélérant pas l'inflation guide les décisions publiques. Si le chômage descend nettement sous ce seuil, les entreprises intensifient la concurrence pour recruter, augmentant alors salaires et tarifs. Cette dynamique nourrit l'inflation et menace la stabilité des prix. Pour approfondir la compréhension de ces mécanismes, il est essentiel d'étudier la relation entre chômage et inflation.
Un chômage supérieur au NAIRU limite généralement la progression des salaires et donc des prix. Les banques centrales, notamment la BCE, surveillent attentivement cet indicateur lorsqu'elles ajustent leurs taux directeurs ou modulent leur politique monétaire, afin de préserver la stabilité macroéconomique.
Exemples chiffrés et conséquences réelles
En France, l'Insee observe que tant que le taux de chômage effectif reste au-dessus du NAIRU, l'inflation demeure contenue. Entre 2020 et 2022, le taux de chômage oscillait autour de 7 à 8%, pendant que l'inflation annuelle atteignait 5,2% en 2022 puis 4,9% début 2023 (Insee, Indicateurs Conjoncturels, 2023).
Dans la zone euro, la BCE note que lorsque le chômage effectif tombe bien en dessous du NAIRU estimé (environ 6,7%), les tensions inflationnistes s'accentuent à moyen terme (BCE, Bulletin Économique, 2023). Ces constats expliquent certaines hausses de taux d'intérêt décidées après la pandémie ou face à la crise ukrainienne.
Limites et controverses autour du concept
Des économistes critiquent l'imprécision du NAIRU, car il repose sur de nombreux calculs statistiques et tient compte de facteurs sociaux difficiles à mesurer (Blanchard & Summers, Hysteresis and the European unemployment problem, 1986). Les innovations, la mondialisation ou les normes sociales font évoluer ce taux chaque année.
D'autres recherches rappellent qu'une attention excessive au NAIRU pourrait freiner les politiques actives d'emploi, par crainte de déclencher l'inflation, alors que le lien chômage-inflation se relâche parfois. Malgré ces débats, la plupart des institutions internationales continuent d'utiliser le NAIRU comme signal d'alerte sur la stabilité des prix.
- NAIRU estimé en France pour 2023 : 7% (OCDE)
- Taux de chômage effectif France T4 2023 : 7,5% (Insee)
- Inflation observée en France en 2022/2023 : 5,2% à 4,9% (Insee)
- NAIRU zone euro : environ 6,7% (BCE, 2023)
| Pays | NAIRU 2023 (%) | Taux de chômage effectif (%) | Inflation (%) |
|---|---|---|---|
| France | 7 | 7,5 | 5-5,2 |
| Allemagne | 4,5 | 3,1 | 7,2 |
| Espagne | 13 | 12,8 | 5,8 |
Erreurs fréquentes sur le NAIRU
Voici les principaux pièges à éviter concernant le taux de chômage n'accélérant pas l'inflation :
- Supposer que toute baisse du chômage déclenche forcément l'inflation : tout dépend du rapport avec le NAIRU.
- Confondre NAIRU et plein emploi : le plein emploi vise un taux très bas, alors que le NAIRU tolère un certain chômage structurel.
- Négliger l'évolution du NAIRU : ce n'est pas une constante naturelle, mais un indicateur influencé par de multiples paramètres sociaux, démographiques et économiques.
Pour éviter ces confusions, analysez les situations concrètes en étudiant également les taux locaux ou sectoriels, et non seulement le chiffre national globalisé.
À votre avis, comment la prise en compte du NAIRU devrait-elle évoluer face aux transformations actuelles du marché du travail et aux défis environnementaux ?







