Quelles stratégies permettent de lutter contre le chômage structurel ?

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Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi tant de personnes cherchent un emploi alors même que des postes restent vacants ? Ce paradoxe soulève la question du chômage structurel : pourquoi persiste-t-il et quelles solutions concrètes pouvez-vous envisager pour y remédier efficacement ?

À retenir :

  • Le chômage structurel résulte d'une inadéquation entre les compétences des demandeurs et les besoins des employeurs, persistant lors des périodes de croissance économique.
  • L'appariement efficace et la formation continue s'avèrent essentiels pour réduire les offres d'emploi non pourvues, notamment dans les métiers techniques en tension.
  • Les dispositifs de reconversion et d'allègement du coût du travail contribuent à limiter le chômage structurel en encourageant la mobilité professionnelle et l'embauche.
  • L'adaptation des institutions, avec une flexibilité accrue du marché du travail et un soutien à la mobilité géographique, aide à répondre aux variations économiques et à réduire les tensions régionales.

Comprendre le chômage structurel pour mieux l'attaquer

Le chômage structurel désigne une situation où l'offre d'emploi ne correspond pas aux compétences ou à la localisation des demandeurs d'emploi. Cela signifie qu'une inadéquation durable existe entre les besoins des employeurs et les qualifications disponibles dans la main-d'œuvre. Cette forme de chômage subsiste même lors des périodes de croissance économique.

D'après l'Insee, au quatrième trimestre 2023, environ 7,5% des actifs en France étaient au chômage. Parmi eux, près d'un tiers souffraient d'un problème d'appariement entre leur profil et les attentes du marché (Insee, Emploi, chômage, revenus du travail, 2024). Comment agir sur ce décalage qui perdure à travers les cycles économiques ?

Réduire l'inadéquation entre offre et demande d'emploi

L'appariement efficace entre travailleurs et emplois représente un levier central pour limiter le chômage structurel. Pourtant, employeurs comme candidats signalent régulièrement des offres non pourvues faute de « bon profil ». Les politiques de formation deviennent alors indispensables, notamment lorsqu'elles s'appuient sur l'analyse du marché du travail et du chômage.

Selon France Travail, 21,8% des offres déposées en 2023 sont restées sans réponse plus de trois mois, surtout dans des métiers techniques en tension (France Travail, Rapport annuel 2023). La formation continue et les programmes de reconversion professionnelle facilitent l'ajustement des compétences, rendant possible la mobilité intersectorielle des salariés.

Programmes de reconversion et formation adulte

Les politiques de reconversion aident chacun à s'adapter à un marché dynamique marqué par la transition numérique et écologique. En 2022, près de 442 000 contrats de formation ont été signés via le Compte personnel de formation (CPF), selon la DARES (DARES, Les chiffres clés de la formation professionnelle, 2023).

Des aides financières soutiennent ceux qui souhaitent changer de métier, limitant ainsi le risque de déclassement professionnel. Ces dispositifs réduisent l'inadéquation entre offre et demande sur le marché du travail.

Systèmes d'appariement renforcés

Un appareil d'appariement performant combine analyse fine des postes à pourvoir et accompagnement personnalisé des chercheurs d'emploi. Les institutions du marché du travail, comme France Travail, modernisent leurs outils numériques pour améliorer la collecte et le traitement des données sur les compétences locales.

L'intelligence artificielle joue désormais un rôle croissant : placement automatisé, recommandations personnalisées, anticipation des évolutions sectorielles, tout cela accélère la rapidité et la pertinence de l'appariement.

Adapter les institutions du marché du travail : flexibilité et sécurité

Limiter le chômage structurel suppose parfois d'adapter les institutions du marché du travail. Les politiques de flexibilisation visent à permettre aux entreprises et aux salariés de mieux s'ajuster aux variations des besoins économiques.

La flexibilité du marché du travail repose principalement sur deux leviers : assouplissement de la protection de l'emploi et développement des formes atypiques de travail (contrats courts, intérim, portage salarial). Cela facilite l'adaptation mais nécessite aussi des dispositifs de sécurité sociale pour protéger les parcours fragilisés.

Protection de l'emploi et salaire minimum : jusqu'où aller ?

En France, selon l'OCDE, le taux de contrats à durée déterminée (CDD) reste élevé (14,1% en 2022), signe d'une certaine flexibilité mais aussi d'incertitudes pour les salariés (OCDE, Employment Outlook, 2023). Alléger la protection de l'emploi peut faciliter les embauches et la mobilité, mais il faut renforcer les sécurités collectives.

La fixation d'un salaire minimum trop rigide peut décourager l'accès à certains emplois peu qualifiés. Le débat autour du salaire d'efficience, développé par Stiglitz (« Efficiency Wage Theory », Shapiro & Stiglitz, 1984), montre qu'il faut trouver un équilibre : stimuler la productivité sans freiner la création d'emplois à faible compétence.

Allégement du coût du travail et incitations à l'embauche

Pour limiter le chômage durable, de nombreux pays misent sur des allègements du coût du travail pour les bas salaires. En France, les exonérations de cotisations sociales (réduction Fillon) s'appliquent jusqu'à 1,6 fois le SMIC. Selon l'IPP, ces allègements ont permis de sauvegarder ou créer près de 800 000 emplois depuis 2019 (Institut des Politiques Publiques, 2023).

Des aides fiscales ciblées encouragent également l'embauche de publics spécifiques (jeunes, seniors, chômeurs longue durée), réduisant ainsi les freins à l'intégration professionnelle.

Erreurs fréquentes à éviter quand on pense chômage structurel

  • Confondre chômage structurel et chômage conjoncturel : le premier découle d'inadéquations durables, le second résulte de fluctuations temporaires liées à la croissance.
  • Penser que la seule formation suffit : elle doit être complétée par des dispositifs d'appariement et des politiques actives.
  • Oublier l'importance de la mobilité géographique et professionnelle, souvent freinée par des obstacles de logement ou de garde d'enfants.
  • Négliger l'impact des institutions et des réglementations sur la vitalité du marché du travail.

Quelle place accorderiez-vous à la formation, à la flexibilité ou à la mobilité pour répondre aux défis du chômage structurel dans votre région ?

Questions fréquentes sur la lutte contre le chômage structurel 🔍

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