À retenir :
- Les marchés imparfaitement concurrentiels se manifestent lorsque la concurrence ne remplit pas tous ses critères, laissant un pouvoir de marché à certaines entreprises.
- Le monopole implique qu'une seule entreprise contrôle un marché, influençant ses règles de prix et production sans concurrence directe.
- Dans un oligopole, quelques grandes entreprises dominent un marché, nécessitant des stratégies d'interdépendance pour maximiser profits et prises de décisions.
- Les régulations par les autorités ciblent la limitation de la concentration, des abus de position dominante et veillent à préserver la diversité de l'offre.
Qu'est-ce qu'un marché imparfaitement concurrentiel ?
La concurrence parfaite suppose une multitude d'acheteurs et de vendeurs, une information complète et aucune barrière à l'entrée. Or, dans la réalité, de nombreux marchés ne répondent pas à ces critères. On parle alors de marchés imparfaitement concurrentiels, où certaines entreprises possèdent un pouvoir de marché important.
Ce pouvoir permet à ces acteurs de contrôler la fixation des prix et souvent d'imposer leurs conditions aux consommateurs. Les deux principales formes sont le monopole (une seule entreprise) et l'oligopole (quelques grands acteurs). Chacune présente ses propres enjeux et stratégies économiques.
Le monopole : comment fonctionne-t-il ?
Définition et caractéristiques du monopole
Dans une situation de monopole, une seule entreprise propose le bien ou service, détenant ainsi un contrôle total sur la production et surtout sur la fixation des tarifs. Selon l'INSEE, la distribution d'eau potable ou l'exploitation d'une ligne ferroviaire locale illustrent ce type de structure (INSEE, 2023).
En l'absence de concurrents, l'entreprise choisit son niveau de production pour maximiser son profit, en tenant compte de sa courbe de demande et de sa structure de coûts. Elle pratique alors un prix supérieur au coût marginal, car les consommateurs disposent rarement d'alternatives immédiates. Pour mieux comprendre comment s'organisent ces structures, il peut être utile de consulter les différents modèles de concurrence.
Les barrières à l'entrée et l'abus de position dominante
Pourquoi d'autres entreprises ne viennent-elles pas proposer une alternative ? Il existe des barrières à l'entrée : elles peuvent être techniques (brevets, technologies coûteuses), légales (réglementations réservant le monopole) ou économiques (investissements initiaux élevés).
L'abus de position dominante survient lorsqu'une entreprise profite de l'absence de concurrence pour imposer des pratiques limitant la liberté des acheteurs ou décourageant toute nouvelle entrée (tarifs prohibitifs, qualité dégradée, reports de l'innovation). L'Autorité de la concurrence surveille et sanctionne ces abus (Autorité de la concurrence, Bilan annuel 2022).
L'oligopole : quelles dynamiques ?
Caractéristiques de l'oligopole
L'oligopole désigne une structure où un petit nombre d'entreprises détient l'essentiel de l'offre. Par exemple, dans la téléphonie mobile en France, quatre opérateurs couvrent près de 99 % du marché résidentiel (ARCEP, Observatoire 2023).
Cette organisation crée une forte interdépendance stratégique : chaque acteur ajuste ses décisions (prix, publicité, innovation) en anticipant les réactions de ses rivaux. La prise de décision devient alors complexe et repose sur des tactiques élaborées.
Entente et fixation des prix : le risque de cartel
Dans certains cas, les firmes s'engagent dans des ententes afin de réduire l'incertitude : elles coordonnent secrètement la production, la répartition du marché ou la fixation des prix pour garantir des marges plus élevées.
L'Union européenne a estimé que le surcoût induit par les cartels représentait entre 10 % et 20 % des prix dans les secteurs concernés durant la dernière décennie (Commission européenne, Panorama des affaires antitrust, 2023). Les autorités réglementaires luttent activement contre ces pratiques pour protéger le consommateur.
Quels mécanismes structurent les marchés imparfaitement concurrentiels ?
Stratégies des entreprises pour conserver leur pouvoir de marché
Sur ces marchés, les grandes firmes mettent en place plusieurs stratégies pour préserver leur pouvoir de marché :
- Innovation et dépôts de brevets pour verrouiller l'accès aux concurrents
- Diminution temporaire des prix (stratégie de prédation)
- Investissement publicitaire massif pour ancrer leur marque
- Fusions et acquisitions pour éliminer ou absorber des rivaux
Par exemple, selon la DARES, les fusions-acquisitions en France ont doublé entre 2015 et 2022, atteignant plus de 29 milliards d'euros en 2022 (DARES, Rapport annuel, 2023).
Rôle de la politique de la concurrence
La politique de la concurrence vise à limiter la concentration excessive et les abus de position dominante. Elle impose une surveillance accrue lors des projets de fusion ou acquisition majeurs afin de prévenir les situations d'oligopole extrême. Des interdictions de fusions jugées dangereuses pour la concurrence apparaissent régulièrement.
En 2023, la Commission européenne a refusé plusieurs rapprochements stratégiques dans les transports pour maintenir la diversité des offres et éviter une hausse généralisée des tarifs (Commission européenne, Décisions 2023).
| Type de marché | Nombre d'entreprises | Pouvoir de marché | Exemple courant |
|---|---|---|---|
| Concurrence parfaite | Très grand nombre | Nul | Marché agricole local |
| Monopole | Une seule | Élevé | Distribution d'eau |
| Oligopole | Quelques-unes | Important | Télécommunications |
Erreurs fréquentes à éviter :
- Confondre oligopole et monopole collectif : dans l'oligopole, la compétition subsiste même si elle reste limitée.
- Croire que toutes les ententes sont autorisées : la plupart sont interdites car elles faussent la concurrence au détriment des consommateurs.
- Oublier l'importance des barrières à l'entrée : sans elles, tout nouveau venu viendrait contester le pouvoir établi.







