Quelles défaillances empêchent le marché de fonctionner efficacement ?

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Avez-vous déjà observé que certaines activités profitent à toute la société, même sans rémunération directe, ou qu'il est parfois difficile d'accéder à des services essentiels malgré vos moyens financiers ? Ces situations illustrent plusieurs défaillances du marché, mises en lumière par les économistes.

Le marché ne garantit pas toujours une allocation optimale des ressources. Pourquoi de telles imperfections de marché persistent-elles ? Nous allons analyser les principales causes qui entravent l'efficacité du marché, notamment les externalités, les biens communs et les asymétries d'information.

À retenir :

  • Les défaillances du marché incluent les externalités, les biens communs et les asymétries d'information, qui empêchent l'allocation optimale des ressources.
  • Les externalités perturbent le marché en causant des nuisances ou des bénéfices non comptabilisés, nécessitant des solutions politiques pour corriger ces effets.
  • Les biens communs posent un problème de gestion, car sans réglementation, ils risquent la surexploitation au détriment de l'intérêt collectif.
  • L'asymétrie d'information nuit à l'échange équitable en favorisant la méfiance et en pénalisant les transactions, appelant à une intervention étatique pour garantir la transparence.

Pourquoi le marché échoue-t-il dans certains domaines ?

Le fonctionnement du marché repose sur l'offre et la demande pour déterminer les prix et organiser la production. Ce système aboutit souvent à un équilibre efficace, mais il existe de nombreux exemples où ce mécanisme se révèle insuffisant.

Parmi les principaux obstacles figurent : la présence d'externalités, la gestion des biens collectifs et des biens communs, les asymétries d'information et le pouvoir de marché. Chacune de ces notions met en évidence des tensions entre intérêt individuel et bien-être collectif.

Comment les externalités perturbent-elles l'efficacité du marché ?

Prenons l'exemple d'une entreprise rejetant ses déchets dans une rivière : les habitants situés en aval subissent une nuisance sans être indemnisés. Cette situation correspond à une externalité négative, c'est-à-dire une conséquence d'un acte économique qui touche des individus extérieurs à la transaction.

L'inverse existe aussi avec les externalités positives. Par exemple, lorsqu'un foyer aménage un jardin agréable, tout le voisinage bénéficie d'un cadre plus plaisant, alors que seul le propriétaire a financé cet investissement.

  • La pollution atmosphérique coûte environ 100 milliards d'euros par an à la France (Insee, 2021).
  • Les externalités sanitaires liées à la vaccination ont permis de réduire la mortalité infantile de plus de 90 % en un siècle (Santé publique France, 2023).

Si le marché ignore ces effets, il produit trop de nuisances (externalités négatives) ou pas assez de bénéfices collectifs (externalités positives), ce qui nuit à l'efficacité globale. Pour mieux comprendre pourquoi ces situations surviennent et quelles solutions peuvent être envisagées, il est pertinent d'explorer les limites des mécanismes de marché.

Pourquoi les biens collectifs posent-ils problème au marché ?

Qu'est-ce qui différencie biens publics, mixtes et communs ?

Certaines ressources comme l'air pur ou un phare marin bénéficient à tous en même temps : leur consommation par une personne n'empêche pas celle des autres. On parle alors de biens non excluables et non rivaux. Les économistes distinguent trois grands types :

  • Biens publics purs : éclairage public, défense nationale.
  • Biens communs : poissons dans l'océan, pâturages ouverts.
  • Biens de club/mixte : accès limité (péage autoroutier), partage entre membres inscrits.

Le marché ne prend généralement pas en charge la production de ces biens, car personne n'accepte de payer seul pour un avantage partagé. Le risque du passager clandestin, décrit par Mancur Olson ("La logique de l'action collective", 1965), freine l'investissement privé.

Comment gérer la surexploitation des biens communs ?

La pêche intensive illustre parfaitement ce phénomène : chaque pêcheur cherche à maximiser son gain immédiat, mais la ressource s'épuise pour tous. Garret Hardin évoquait en 1968 la tragédie des biens communs. Selon la FAO, près de 34 % des stocks mondiaux de poisson étaient surexploités en 2019.

L'absence de règles claires ou de propriété définie empêche le marché de préserver ces ressources naturelles. Des mesures politiques (quotas, permis) deviennent nécessaires pour éviter la disparition du bien commun.

Quels sont les effets des asymétries d'information sur l'efficacité du marché ?

En quoi consiste une asymétrie d'information ?

Lors d'un achat immobilier, l'acheteur ignore certains défauts connus du vendeur. Ce déséquilibre d'accès à l'information fragilise la confiance et perturbe la fixation des prix.

Ce problème apparaît fréquemment sur le marché de l'automobile d'occasion, où les vendeurs disposent d'informations précises, contrairement aux acheteurs. George Akerlof a qualifié cette situation de "marché des lemons" ("The Market for Lemons", 1970).

  • Selon la DGCCRF, 20 % des litiges annuels concernent la vente de véhicules d'occasion (rapport 2022).
  • Dans l'assurance santé, l'asymétrie d'information favorise la sélection adverse : les personnes malades consomment davantage, décourageant les adhérents en bonne santé.

Quelles solutions limitent ces imperfections de marché ?

L'État intervient avec diverses mesures politiques : certification des produits, normes de sécurité, obligation de transparence lors des transactions (diagnostics énergétiques, contrôle technique).

Face à l'incapacité des acteurs privés à garantir une information parfaite, des dispositifs collectifs s'imposent pour améliorer l'efficacité du marché.

Quand le pouvoir de marché fausse-t-il la concurrence ?

Un marché fonctionne idéalement avec plusieurs acteurs libres d'offrir et d'acheter. Quand une entreprise domine un secteur (monopole), elle impose ses tarifs, limite la production et maximise ses profits au détriment des consommateurs.

L'Autorité de la concurrence surveille ces pratiques : en 2022, 38 décisions ont sanctionné des ententes visant à contrôler les prix ou à verrouiller l'accès à la concurrence (Autorité de la concurrence, rapport annuel 2022).

  • Les télécommunications, le transport ferroviaire et l'énergie présentent un risque élevé de monopoles naturels.
  • Des mesures politiques telles que la régulation tarifaire ou l'ouverture à la concurrence cherchent à limiter ces excès de pouvoir de marché.

Erreurs fréquentes à éviter

  • Supposer que le marché résout naturellement tous les conflits entre intérêt individuel et collectif.
  • Confondre biens publics et biens gratuits : certains biens non marchands coûtent cher à produire.
  • Omettre l'existence d'externalités positives.
  • Imaginer que l'information circule sans obstacle entre tous les agents économiques.

Comment pensez-vous que les politiques publiques pourraient mieux répondre à ces défaillances du marché ? Quels nouveaux défis émergent aujourd'hui avec les enjeux numériques et environnementaux ?

Questions clés autour des défaillances du marché 🔍

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