À retenir :
- Les externalités désignent les effets positifs ou négatifs des actions économiques sur le bien-être d'autrui, sans compensation monétaire directe.
- Les externalités positives, comme la plantation d'arbres, apportent des avantages collectifs, tandis que les externalités négatives, comme la pollution, nuisent au bien-être public.
- Mesurer et gérer l'impact des externalités reste complexe, nécessitant des outils comme la fiscalité écologique et des réglementations ciblées.
- Les interventions publiques, telles que taxes et subventions, sont essentielles pour corriger les externalités et aligner les intérêts privés et collectifs.
Que désigne une externalité dans l'analyse économique ?
Vous entendez souvent parler de consommation individuelle ou de production industrielle. Pourtant, vos choix entraînent parfois des répercussions positives ou négatives sur d'autres personnes, sans contrepartie financière directe : il s'agit alors d'une externalité. Un agent économique crée une externalité lorsqu'il modifie involontairement le bien-être d'autrui, sans transaction marchande liée à cet effet.
L'externalité positive ou négative se distingue selon que cette influence augmente ou réduit le bien-être collectif. Selon l'Insee, environ 17% des ménages français vivent à proximité immédiate d'infrastructures susceptibles de générer des effets externes importants (source : Insee, 2023). Ce chiffre rappelle que ces situations jalonnent notre quotidien.
Quels sont les principaux types d'externalités ?
Qu'appelle-t-on externalité positive ?
L'externalité positive survient lorsqu'un acte individuel procure des bénéfices pour autrui sans intention ni échange monétaire. Par exemple, si vous plantez des arbres devant chez vous, vous améliorez la qualité de l'air et rendez le quartier plus agréable : vos voisins profitent d'un avantage gratuit sans avoir participé ni payé. Les bénéfices peuvent être matériels (air pur, réduction du bruit) ou immatériels (meilleure image du quartier).
Le système éducatif illustre aussi ce phénomène. Une personne formée améliore son revenu potentiel, mais toute la collectivité bénéficie de ses compétences : selon l'OCDE, chaque année supplémentaire d'études élève la croissance du PIB par habitant de 0,3 point en moyenne (source : OCDE, Regards sur l'éducation, édition 2023). Investir dans l'éducation génère donc des retombées collectives majeures.
En quoi consistent les externalités négatives ?
À l'opposé, une externalité négative apparaît lorsqu'une action individuelle impose des conséquences indésirables à autrui. Une usine qui émet des fumées polluantes affecte la santé des riverains et détériore leurs biens : certains paient indirectement le coût d'une activité dont ils n'ont tiré aucun profit direct. La pollution atmosphérique en France cause entre 48 000 et 67 000 décès prématurés annuels liés aux particules fines (source : Santé publique France, 2023).
Il est important de retenir que dans la réflexion sur la gestion des externalités, on parle également de défaillances du marché et des prix qui empêchent le marché d'intégrer correctement toutes les conséquences liées à une production ou à une consommation donnée.
Le trafic routier fournit un autre exemple : un automobiliste contribue au bruit et à l'encombrement, créant ainsi une externalité négative pour les autres usagers. Ces effets externes représentent de véritables obstacles au bien-être collectif.
Comment mesurer et gérer l'impact des externalités sur la société ?
Mesurer l'effet externe : une nécessité complexe
La prise en compte des externalités pose des défis majeurs aux économistes comme aux pouvoirs publics. Comment quantifier l'avantage gratuit offert par un jardin partagé sur le moral des habitants ? Ou chiffrer le coût total des conséquences indésirables d'un festival nocturne sur le sommeil du quartier ? Le prix du marché exclut souvent ces dimensions.
Des outils comme le coût social de la pollution — estimé à 90 milliards d'euros par an pour la France (Banque Mondiale, 2022) — permettent d'approcher la réalité. Les politiques publiques recourent aussi à la fiscalité écologique : la taxe carbone intègre dans le prix du carburant ses impacts négatifs sur la société.
Réduire les externalités négatives et encourager les positives
Pour limiter les externalités négatives, l'État et les collectivités emploient divers moyens : réglementations anti-bruit, normes antipollution, subventions à l'isolation thermique, quotas d'émissions. À l'inverse, les externalités positives justifient la mise en place de soutiens spécifiques : financement des transports propres, aides à la plantation d'arbres, promotion du covoiturage.
Voici quelques dispositifs fréquents :
- Taxe sur les produits générant des conséquences indésirables (tabac, alcool, carburants fossiles)
- Subvention ou crédit d'impôt pour l'acquisition de véhicules électriques
- Campagnes publiques de vaccination avec effet de protection collective
- Création de parcs ou espaces verts financés par les impôts
Dans “Les principes de l'économie politique” (John Stuart Mill, 1848), on lit : « il y a beaucoup de choses bénéfiques à la société qui ne trouvent aucun soutien dans le calcul privé ».
Quels liens entre externalités, marchés et politiques publiques ?
Les économistes rappellent que les marchés laissés à eux-mêmes négligent ces effets externes. Le prix du lait, par exemple, ne tient pas compte du coût collectif lié au méthane rejeté lors de la production bovine. De même, le tarif d'un billet de train ignore souvent les bénéfices diffusés en diminuant la congestion automobile ou la pollution urbaine.
Pareto et Pigou, deux figures majeures, soulignent que seules des interventions extérieures — taxes, subventions, règlements — alignent l'intérêt privé sur le bien-être collectif. Ces mécanismes servent de corrections pour rapprocher l'issue obtenue de l'optimum social théorique.
| Type d'externalité | Exemple courant | Outil de gestion |
|---|---|---|
| Positive | Vaccination antigrippale | Financement public, campagnes incitatives |
| Négative | Pollution industrielle | Taxe, réglementation, quotas d'émission |
| Positive | Rénovation énergétique d'immeuble | Prime, crédit d'impôt |
| Négative | Bruit nocturne festif | Décret municipal, amende |
Erreurs fréquentes à propos des externalités
- Se concentrer uniquement sur les coûts visibles : de nombreux agents économiques sous-estiment l'impact global de leurs décisions.
- Supposer qu'un avantage gratuit reste localisé : certaines externalités d'apparence locale prennent rapidement une ampleur nationale, voire mondiale.
- Mélanger externalité et redistribution : une aide sociale volontaire ne constitue pas une externalité selon la définition économique stricte.
- Penser que seuls les marchés règlent ces questions : l'action publique joue un rôle nécessaire dans la correction des externalités.
Pensez-vous que chacun d'entre nous devrait modifier ses choix quotidiens pour réduire les externalités négatives ? Où fixer la limite entre responsabilité individuelle et intervention collective ?







