À retenir :
- Le quantitative easing (QE) augmente la liquidité bancaire en achetant des obligations pour relancer l'économie, surtout quand les outils traditionnels échouent.
- Le QE réduit les taux d'intérêt, stimule l'investissement et la consommation, et lutte contre la déflation en augmentant la valeur des actifs financiers.
- Il comporte des risques, tels que l'inflation excessive et les bulles spéculatives, dus à une surabondance de liquidités sans production adéquate de biens et services.
- Le QE nécessite une coordination avec des mesures budgétaires pour maximiser son efficacité et prévenir une dépendance dangereuse au soutien monétaire.
Comment fonctionne le QE ?
Le quantitative easing consiste pour une banque centrale à acheter en grande quantité des titres financiers, principalement des obligations d'État ou d'entreprises. Le but affiché de ce rachat d'obligations reste l'injection de liquidités dans le système financier afin de stimuler l'économie lorsque les leviers traditionnels, comme la baisse des taux directeurs, ne suffisent plus.
La banque centrale crée alors de la monnaie pour effectuer ces achats de titres. Cette injection de liquidités permet aux banques commerciales de disposer de ressources financières supplémentaires. Elle contribue ainsi à la baisse du coût du crédit pour les ménages, les entreprises et même les administrations publiques. Entre mars 2015 et décembre 2018, la Banque centrale européenne (BCE) a injecté plus de 2 600 milliards d'euros dans l'économie de la zone euro (La Tribune, 2019).
- Baisse des taux d'intérêt sur les prêts bancaires
- Stimulation de l'économie via l'investissement et la consommation
- Hausse du prix des actifs financiers
Pourquoi recourir à l'assouplissement quantitatif ?
Les banques centrales activent le QE face à une croissance faible, un risque de déflation ou lorsque les taux directeurs atteignent zéro. Les outils classiques deviennent alors inefficaces. L'objectif reste toujours de soutenir la demande globale et d'éviter une spirale déflationniste qui freinerait durablement l'activité économique.
En 2015, la BCE lance son programme QE pour contrer une inflation trop basse, proche de 0,2%, loin de sa cible autour de 2% (Eurostat, 2015). L'assouplissement quantitatif vise donc surtout une lutte contre la déflation tout en soutenant la reprise de l'activité.
Comment agit le quantitative easing sur le système bancaire ?
L'achat massif de titres augmente directement les fonds disponibles dans le secteur bancaire. Ces nouveaux capitaux poussent les banques commerciales à prêter davantage, car leurs réserves excédentaires grossissent avec chaque injection de liquidités.
À mesure que la quantité de monnaie croît, les taux d'intérêt diminuent naturellement, rendant l'emprunt moins coûteux. Ce mécanisme stimule alors l'investissement des entreprises et favorise l'achat immobilier par les ménages. Par exemple, selon la Banque de France, le taux moyen des crédits immobiliers est passé de 3,20% fin 2014 à environ 1,10% fin 2021 (Banque de France, Stat Info, 2022).
Quels sont les effets attendus et observés du QE sur l'économie ?
Un quantitative easing bien piloté modifie plusieurs aspects majeurs de l'économie réelle et financière, notamment à travers les instruments non conventionnels de la politique monétaire. Sa première conséquence manifeste se trouve dans la stimulation de l'économie grâce à une circulation accrue du crédit et à la hausse du prix des actifs détenus par les agents économiques.
Plus globalement, cette stratégie vise aussi à restaurer la confiance des investisseurs et des ménages. En faisant croître la valeur des portefeuilles, le QE produit un effet richesse qui encourage la consommation et l'investissement. Le quantitave easing de la BCE a un effet positif et significatif sur le PIB réel et l'emploi dans la zone euro, principalement décrit comme une réduction du chômage et une relance de l'activité économique grâce à l'assouplissement des conditions de financement. (BdF, 2024).
- Augmentation de la consommation et de l'investissement
- Lutte contre la déflation et amélioration du taux d'inflation
- Effet positif sur la croissance économique
Quels risques et effets secondaires pour l'économie ?
Si le QE soutient l'activité, il comporte aussi plusieurs effets secondaires à surveiller. Une longue période d'injection de liquidités intensifie le risque d'inflation, surtout si la masse monétaire progresse plus vite que la production de biens et services. Certains économistes alertent également sur la possibilité de bulles spéculatives liées à la hausse rapide du prix des actifs.
D'après l'Insee (source), la période 2015‑2019 a été marquée par une hausse de la valorisation boursière des entreprises françaises cotées, accélérée par le recul des taux d'intérêt et les mesures de soutien public (CICE, baisse d'impôt sur les sociétés, etc.). Selon certains analystes, il convient donc de rester attentif à la stabilité financière à long terme. Adam Smith rappelait déjà que « Chaque individu… est conduit, sans le vouloir, à promouvoir l'intérêt de la société » (La Richesse des nations, 1776), mais une dynamique collective mal encadrée peut générer des déséquilibres inattendus.
Tableau récapitulatif : principaux effets du quantitative easing
| Effet | Description | Exemple ou donnée chiffrée |
|---|---|---|
| Baisse des taux d'intérêt | Coût du crédit réduit pour les ménages et entreprises | -67% sur les taux immobiliers en France entre 2014 et 2021 |
| Hausse du prix des actifs | Valorisation accrue des actions, obligations et immobilier | +53% pour la capitalisation du CAC 40 (1 240 milliards d'euros début 2015, plus de 1 900 milliards fin 2019) |
| Lutte contre la déflation | Relèvement du taux d'inflation vers l'objectif cible | Inflation annuelle passée de 0,2% à 1,3% (Zone euro 2015/2019 - Eurostat) |
| Risque d'inflation excessive | Excès de liquidité, poussée inflationniste potentielle | Suivi régulier demandé par BCE et OCDE |
Erreurs fréquentes à éviter
Des confusions persistent concernant le quantitative easing :
- Confondre le QE avec la “planche à billets” classique : ici, la création monétaire vise surtout la sphère financière, pas la distribution directe d'argent aux citoyens.
- Imaginer qu'il suffit d'imprimer de la monnaie pour relancer durablement l'économie : la confiance et les politiques structurelles restent essentielles.
- Sous-estimer le risque de bulles sur les marchés sous l'effet d'un afflux de liquidités mal encadré.
Autre point : le QE n'agit jamais seul. Il s'accompagne très souvent de mesures budgétaires ou structurelles pour renforcer son impact et garantir un équilibre macroéconomique.
Jusqu'où les banques centrales doivent-elles aller pour soutenir l'économie sans risquer de déstabiliser l'ensemble du système financier ? La question mérite réflexion, surtout face à des défis économiques de plus en plus complexes.







