À retenir :
- Le coefficient de Gini mesure les inégalités de revenu avec un chiffre unique, facilitant les comparaisons internationales et temporelles.
- L'indice va de 0 à 1, où 0 représente l'égalité parfaite et 1 une inégalité extrême.
- La courbe de Lorenz visualise les inégalités et complète l'analyse du coefficient de Gini.
- Bien qu'utile, le coefficient de Gini ne couvre pas toutes les inégalités et nécessite une interprétation prudente.
Quels fondements derrière le coefficient de Gini ?
Pour comprendre la mesure des inégalités, il faut partir d'une idée : comment passer d'un constat intuitif - certains gagnent plus que d'autres - à une analyse fine et chiffrée ? Le coefficient de Gini vise exactement cela. Développé par le statisticien Corrado Gini en 1912, il occupe une place centrale dans les sciences économiques et sociales.
La distribution des revenus décrit comment les richesses se répartissent entre individus ou ménages. Un indicateur synthétique comme le coefficient de Gini traduit cette dispersion par un chiffre unique, permettant ainsi d'étudier l'évolution des inégalités de revenu partout dans le monde (OCDE, 2023). Mais alors, comment calcule-t-on cet indice ? Et surtout, comment le lire concrètement ?
Du concept à la corrélation : variation entre 0 et 1
Que signifient les bornes du coefficient de Gini ?
L'indice de Gini varie entre deux extrêmes faciles à retenir. Une valeur de 0 indique l'égalité parfaite : chaque personne reçoit exactement le même montant de revenu. À l'opposé, un coefficient de 1 reflète une inégalité extrême : tout le revenu est concentré sur une seule personne alors que les autres n'ont rien. La plupart des économies réelles se situent évidemment entre ces deux pôles.
Exprimé soit sous forme décimale (par exemple, 0,30) soit en pourcentage (30), il montre directement à quel point la distribution des revenus diffère de cette situation idéale d'égalité parfaite. En France métropolitaine, selon l'Insee (2023), le coefficient de Gini après redistribution s'élève à 0,288, illustrant une inégalité assez modérée comparée à de nombreux autres pays (Eurostat, 2023).
La courbe de Lorenz : base visuelle de la mesure
Derrière chaque indice de Gini, se cache toujours une courbe de Lorenz. Cette représentation graphique classe la population du plus pauvre au plus riche sur l'axe horizontal ; l'axe vertical indique la part cumulée du revenu total. L'écart entre la courbe de Lorenz réelle et la diagonale qui symbolise l'égalité parfaite donne visuellement le degré d'inégalité. Plus la courbe s'éloigne de la diagonale, plus le coefficient de Gini augmente.
Pour approfondir la compréhension de ce type d'indicateurs, vous pouvez consulter les indicateurs synthétiques en SES afin d'enrichir votre analyse des différentes mesures statistiques en sciences économiques et sociales.
Cette méthode permet, en un coup d'œil, de visualiser la concentration des ressources. Ainsi, si vous regardez deux pays ayant des coefficients de Gini très différents, celui dont la courbe "colle" au trait d'égalité aura une société où les écarts de richesse sont moindres.
Pourquoi le coefficient de Gini sert-il autant à comparer les sociétés ?
Avantages de l'indicateur synthétique
L'intérêt de cet outil ne se limite pas à la théorie. Il offre des avantages essentiels pour la mesure des inégalités :
- Facilité de comparaison internationale ou temporelle ;
- Simplicité de lecture pour interpréter rapidement un niveau d'inégalité ;
- Adaptabilité aux différentes sources de revenu ou de patrimoine.
Grâce à lui, vous pouvez suivre les choix politiques ou économiques et mesurer leur impact chiffré à travers le temps ou entre plusieurs territoires. Par exemple, en 2021, le coefficient de Gini était de 0,41 aux États-Unis, contre seulement 0,25 en République tchèque (OCDE, Statistiques sur la distribution des revenus). Ces chiffres montrent immédiatement l'écart qui existe entre sociétés en matière d'inégalités de revenu.
Limites et précautions lors de l'interprétation
L'indice de Gini présente néanmoins des limites importantes : il ne représente pas l'ensemble des formes d'inégalité (ex : accès à l'éducation ou santé). De plus, deux sociétés peuvent avoir exactement le même coefficient tout en présentant des situations sociales opposées : l'une pourrait concentrer ses inégalités parmi les plus défavorisés, l'autre parmi les plus riches.
Il faut aussi bien différencier les mesures avant et après redistribution. Les prélèvements obligatoires et les prestations sociales réduisent fortement le coefficient de Gini dans la plupart des pays européens (source : OCDE, 2023).
Repères chiffrés sur les inégalités de revenu
Voici quelques données pour mieux saisir la diversité des inégalités de revenu selon les pays :
| Pays | Coefficient de Gini (2021) | Niveau d'inégalité |
|---|---|---|
| France | 0,288 | Modéré |
| États-Unis | 0,410 | Élevé |
| Suède | 0,270 | Faible |
| Brésil | 0,530 | Très élevé |
Ces chiffres soulignent comment variations culturelles, politiques et économiques influencent directement le coefficient de Gini. Ils permettent aussi de questionner les mécanismes structurels créant ou atténuant la distribution des revenus.
Erreurs fréquentes sur la lecture du coefficient de Gini
- Confondre l'indicateur avec une valeur absolue de richesse : il mesure un écart, non un niveau de vie moyen.
- Penser qu'un même indice implique une situation sociale identique dans différents pays.
- Oublier l'effet des impôts et transferts sociaux : ceux-ci modifient largement l'indice de Gini observé au final.
L'indice de Gini ne signale pas qui sont les bénéficiaires ou les perdants concrets de la redistribution des revenus. Il ne doit jamais être utilisé isolément sans explorer la réalité vécue par les ménages concernés.
À votre avis, quelles politiques publiques pourraient faire évoluer durablement le coefficient de Gini dans votre pays ?







