À retenir :
- Le coût du travail représente l'ensemble des dépenses de l'employeur pour un salarié, incluant salaire brut et cotisations sociales.
- Le coût du travail influence la compétitivité des entreprises et peut impacter l'emploi, surtout dans les secteurs exposés à la concurrence internationale.
- Les pouvoirs publics utilisent des politiques comme la réduction des cotisations sociales pour influencer le niveau d'emploi.
- Une baisse du coût du travail n'assure pas automatiquement une hausse de l'emploi, de nombreux facteurs comme la demande et l'innovation jouent un rôle crucial.
Définition et composantes du coût du travail
Pour saisir son influence sur l'emploi, il faut d'abord préciser ce que recouvre le coût du travail. Il s'agit de l'ensemble des dépenses de l'employeur pour chaque salarié : non seulement le salaire net versé, mais aussi toutes les cotisations sociales et contributions annexes.
Les principales composantes sont :
- Salaire brut : rémunération avant prélèvements
- Cotisations sociales patronales : sommes dues par l'employeur pour financer la protection sociale (santé, retraite, famille…)
- Cotisations salariales : part prélevée sur le salaire brut (mais c'est surtout la somme globale payée par l'entreprise qui compte dans le calcul du coût du travail)
En 2019, le coût horaire moyen de la main-d'œuvre dans les entreprises françaises de 10 salariés ou plus atteignait 39,1 euros en France contre 30,5 euros en moyenne dans l'Union européenne (Insee, “Coût du travail et salaires”, 2020; Eurostat, 2024). Cet écart éclaire certaines stratégies de localisation ou de délocalisation adoptées par les entreprises face à la concurrence internationale.
À quoi sert le coût du travail dans l'analyse économique ?
Le coût du travail permet d'évaluer la compétitivité des entreprises par rapport à leurs concurrents nationaux ou étrangers. Plus il est élevé, plus le prix de revient du produit est susceptible d'augmenter, sauf si la productivité des salariés compense cette hausse du coût.
L'analyse du marché du travail met également en lumière les déterminants économiques de l'emploi, qui interagissent étroitement avec le niveau du coût du travail. De nombreuses politiques économiques cherchent à agir sur ce levier. Par exemple, la réduction ciblée des cotisations sociales vise à encourager l'embauche, notamment pour les emplois peu qualifiés exposés à la concurrence mondiale.
Quels facteurs expliquent un coût du travail élevé ?
Le niveau du salaire dépend du marché de l'emploi, du pouvoir de négociation des syndicats et des qualifications exigées. Les cotisations sociales servent à financer la protection sociale (retraite, assurance chômage, santé).
Un montant élevé de cotisations offre une meilleure sécurité aux travailleurs, mais augmente les dépenses de l'employeur. La difficulté consiste donc à équilibrer le financement de la solidarité nationale avec la nécessité de maintenir une embauche dynamique.
Quelle relation entre coût du travail et productivité ?
Un coût du travail important n'entraîne pas automatiquement une perte de compétitivité si la productivité est élevée. Par exemple, un salarié français coûte plus cher qu'un salarié roumain, mais il crée aussi davantage de valeur ajoutée par heure travaillée (OCDE, Productivity Statistics, 2023).
Lorsque la différence de coût de la main-d'œuvre ne se justifie pas par un gain de productivité, les entreprises peuvent limiter leurs embauches ou envisager une délocalisation.
Impact du coût du travail sur l'emploi
Comment le coût du travail influe-t-il concrètement sur le niveau d'emploi ? L'approche classique considère qu'une hausse du coût du travail rend plus difficile l'embauche, surtout pour les moins qualifiés dont la productivité couvre mal ces coûts. Selon la DARES, les allègements de cotisations sociales sur les bas salaires ont permis de créer ou sauvegarder plusieurs centaines de milliers d'emplois depuis les années 2000 (DARES, 2012).
Ce lien entre coût de la main-d'œuvre et emploi varie selon les secteurs, la structure productive locale et la politique publique menée.
Quel effet sur les secteurs exposés à la concurrence internationale ?
Certains secteurs, comme l'industrie textile, l'électronique ou la métallurgie, cherchent à maîtriser le coût du travail car ils font face à des concurrents où la main-d'œuvre coûte nettement moins cher. D'après l'INSEE, plus de 37% des dirigeants industriels déclarent avoir adapté leur stratégie d'embauche ou envisagé une délocalisation pour cette raison (Enquête COI, 2022).
Ces choix stratégiques montrent combien la compétitivité repose aussi sur ce paramètre clé.
Le coût du travail entraîne-t-il toujours une délocalisation ?
Pas systématiquement. Les entreprises positionnées sur des activités à forte valeur ajoutée, comme le design ou l'ingénierie, continuent d'embaucher en France malgré un coût moyen élevé. Elles misent sur la qualité et les compétences locales. À l'inverse, celles axées sur le low cost privilégient parfois la délocalisation de tout ou partie de leur production.
Le lien entre coût du travail et emploi reste donc variable selon la structure de l'économie et le tissu productif.
Comment les pouvoirs publics agissent-ils sur le coût du travail ?
L'État dispose de différents moyens pour influencer le coût du travail : baisses ciblées de cotisations sociales, crédits d'impôt, aides à l'embauche des jeunes ou des demandeurs d'emploi longue durée, etc.
Depuis 2013, le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) a représenté jusqu'à 20 milliards d'euros de baisse annuelle du coût du travail. Ce dispositif a été remplacé par une réduction pérenne des cotisations patronales depuis 2019 (Le Point, 2018).
- Baisse du coût du travail non qualifié pour lutter contre le chômage
- Aides sectorielles lors de chocs extérieurs (crise sanitaire, transition écologique)
- Incitations à l'embauche de profils fragiles
Erreurs fréquentes concernant le coût du travail
- Pensiez-vous que le coût du travail correspond uniquement au salaire reçu par le salarié ? Il inclut aussi les cotisations sociales versées par l'employeur.
- Confondre coût du travail élevé et manque automatique de compétitivité : la productivité et la qualité jouent souvent un rôle décisif.
- Penser qu'une baisse du coût du travail assure mécaniquement des créations massives d'emplois néglige le poids de la conjoncture et de l'innovation.
Face à la diversité des situations, comment trouver un équilibre durable entre coût du travail, emploi et compétitivité ? Quels autres leviers pourraient être mobilisés pour conjuguer justice sociale et performance économique ?







