À retenir :
- Le capital naturel inclut les ressources naturelles et les écosystèmes qui fournissent des services essentiels pour l'humanité, comme les sols fertiles et la biodiversité.
- Les services écosystémiques du capital naturel se divisent en régulation (purification de l'air), approvisionnement (bois, eau douce), soutien à la vie (fertilité des sols), et aspects culturels (tourisme).
- Préserver le capital naturel est crucial pour éviter la dégradation économique et environnementale, notamment face aux pressions démographiques et au changement climatique.
- La préservation efficace du capital naturel nécessite des actions individuelles et collectives, incluant des politiques publiques et des innovations technologiques.
Définition et composantes du capital naturel
Le capital naturel regroupe l'ensemble des ressources naturelles fournies par la planète ainsi que les écosystèmes vivants qui permettent à l'humanité de bénéficier de multiples services écosystémiques. Il inclut notamment les sols fertiles, l'eau douce, l'air pur, mais aussi la biodiversité présente dans la faune et la flore.
On distingue souvent le capital naturel du capital physique (bâtiments, outils) ou du capital humain (compétences, savoir-faire). La reconnaissance de sa valeur économique progresse, comme l'indique le rapport Dasgupta remis au gouvernement britannique en 2021 : « La nature est notre bien le plus précieux » (Dasgupta, The Economics of Biodiversity, 2021). Cette prise de conscience souligne son rôle fondamental dans l'économie globale.
Quels sont les principaux services écosystémiques ?
Régulation et approvisionnement
Les services écosystémiques issus du capital naturel se répartissent en plusieurs catégories. Les fonctions de régulation couvrent la purification de l'air, la gestion de l'eau potable, la pollinisation ou encore la limitation des catastrophes naturelles. Par exemple, la filtration naturelle de l'eau permet aux collectivités françaises d'économiser près de 600 millions d'euros chaque année en traitements chimiques supplémentaires (Insee Références, 2023).
L'approvisionnement désigne l'ensemble des biens fournis directement par la nature : bois, ressources halieutiques (poissons), eau douce, minéraux. En France, on prélève environ 32,6 milliards de mètres cubes d'eau douce par an pour l'agriculture, l'industrie et les usages domestiques (Ministère de la Transition écologique, Bilan national 2023). Ce contexte rend d'autant plus cruciale la préservation des ressources environnementales pour maintenir l'équilibre entre besoins humains et durabilité écologique.
Soutien à la vie et aspects culturels
La biodiversité assure la fertilité des sols, la formation et le renouvellement des nutriments indispensables à l'agriculture. Un hectare de sol vivant héberge jusqu'à 15 tonnes d'organismes variés, essentiels à sa santé (Muséum national d'Histoire naturelle, 2022).
Les services culturels offerts par les espaces naturels jouent également un rôle majeur : paysages, forêts, littoraux favorisent le tourisme et l'éducation. Le tourisme lié à la nature représente plus de 40 % des séjours en France (DGE, Étude annuelle, 2022), illustrant ainsi la valeur sociale et économique des écosystèmes préservés.
Pourquoi la préservation du capital naturel est-elle indispensable ?
Effets sur l'activité économique
La dégradation du capital naturel entraîne une fragilisation de la croissance et du bien-être collectif. Par exemple, la perte de fertilité des sols réduit les rendements agricoles : selon la FAO, cette baisse atteint 20 à 30 % dans les zones méditerranéennes (FAO, État mondial des sols, 2022). Ces effets provoquent des tensions économiques, sociales et alimentaires croissantes.
La pollution atmosphérique, facteur clé du déclin du capital naturel urbain, coûte chaque année près de 100 milliards d'euros à la France en dépenses de santé et pertes de productivité (Commission d'enquête sénatoriale, 2015).
Pression démographique et changement climatique
L'augmentation de la population mondiale intensifie la pression sur les ressources naturelles. L'OCDE prévoit une hausse de 55 % des besoins en eau d'ici 2050 sans action rapide (OCDE, Perspectives de l'environnement mondial, 2018).
Le dérèglement climatique accentue le phénomène : la disparition accélérée de nombreuses espèces, estimée à 1 million menacées selon l'IPBES (2019), diminue la variété et la quantité des services écosystémiques dont dépend notre société.
Comment peut-on préserver efficacement le capital naturel ?
Actions individuelles et collectives
La préservation implique une mobilisation de tous. Adopter une consommation responsable, limiter le gaspillage, privilégier les circuits courts allège la pression sur les ressources naturelles. Trier ses déchets, réduire l'usage du plastique participent activement à la sauvegarde des milieux naturels.
À l'échelle collective, la mise en place de zones protégées renforce la conservation de la biodiversité. Aujourd'hui, la France protège 33 % de son espace maritime et 22 % de son territoire terrestre (AFB, 2023), assurant ainsi la survie de nombreux écosystèmes complexes.
Politiques publiques et innovations technologiques
Les politiques institutionnelles intègrent désormais la préservation du capital naturel. La Politique agricole commune européenne encourage l'agriculture durable et la restauration des sols. La taxe carbone, en augmentant le coût des ressources non renouvelables, vise à intégrer les coûts environnementaux dans le prix final des biens (Commission européenne, Rapport Carbone 2022).
L'innovation technique contribue également à la préservation. Les solutions fondées sur la nature - restauration des zones humides, végétalisation urbaine - renforcent la capacité des écosystèmes à filtrer l'air, stocker le carbone ou limiter les inondations. Plus de 2 000 projets pilotes ont vu le jour en France depuis 2020 (Ademe, Baromètre Innovation & Environnement, 2023).
- Réduire sa consommation de plastique
- Soutenir l'agriculture locale et biologique
- Privilégier les transports doux
- Favoriser la réutilisation et la réparation d'objets
| Type de ressource naturelle | Situation en France (2023) | Pression principale |
|---|---|---|
| Sols | 49 % de terres agricoles impactées par la perte de matières organiques | Agriculture intensive |
| Eau | 15 % des nappes phréatiques en tension | Urbanisation, irrigation |
| Biodiversité | 18 % des espèces évaluées menacées | Pollution, fragmentation des habitats |
| Air | Nombreux dépassements des seuils réglementaires | Transports, industrie |
Erreurs fréquentes :
- Limiter le capital naturel à sa seule valeur marchande sans considérer la richesse offerte gratuitement par les services écosystémiques.
- Confondre systématiquement consommation raisonnée et absence totale de développement économique.
- Imaginer que seule la protection absolue (réserves, interdictions) garantit l'efficacité, en oubliant les stratégies de gestion durable ou de compensation écologique.
- Oublier le rôle essentiel de la biodiversité invisible (pollinisateurs, microbes du sol) dans la stabilité de nos milieux de vie.
Comment imaginer de nouveaux modèles économiques et sociaux capables d'assurer le respect et la transmission du capital naturel aux générations futures ?
