\n
Pour un texte du XVIIIe si\u00e8cle, les descriptions sont tr\u00e8s graphiques et choquantes<\/strong>. Dans un retournement ironique, c\u2019est les Europ\u00e9ens qui apparaissent comme \u201cbarbares\u201d<\/strong> aux yeux de Zilia.<\/span><\/p>\n\n <\/div>\n <\/section>\n\n\n\nLettre deuxi\u00e8me<\/h3>\n\n\n\n
Zilia imagine qu\u2019Aza est toujours vivant et lui demande de se m\u00e9fier des Espagnols, qui font de fausses promesses. Elle est enferm\u00e9e en prison<\/strong> et d\u00e9crit son \u00e9tat comme celui d\u2019une esclave, insistant sur son horreur du manque de libert\u00e9. \u26d3\ufe0f<\/p>\n\n\n\nElle encourage Aza \u00e0 \u00eatre prudent et \u00e0 chercher la libert\u00e9 pour leur peuple, se rem\u00e9morant aussi leurs d\u00e9buts amoureux. Dans ses paroles, Aza est presque une divinit\u00e9, un \u201cSoleil levant\u201d auquel elle se r\u00e9f\u00e8re en tant que pr\u00eatresse.<\/p>\n\n\n\n
Lettre troisi\u00e8me<\/h3>\n\n\n\n
La nuit, les capteurs viennent chercher Zilia dans sa prison pour l\u2019emmener ailleurs, dans un espace encore plus \u00e9troit. Elle d\u00e9crit cet espace comme une \u201cmaison suspendue en balancement\u201d, sans savoir qu\u2019elle est \u00e0 bord d\u2019un bateau<\/strong>, un objet inconnu pour elle. Elle \u00e9voque les odeurs, les cris et le mal de mer, ce qui lui fait ressentir une impression de destruction, non seulement d\u2019elle-m\u00eame, mais aussi de la nature tout enti\u00e8re (un th\u00e8me pr\u00e9sent d\u00e8s la premi\u00e8re lettre). \ud83d\ude28<\/p>\n\n\n\nUn matin, elle entend un grand tumulte<\/strong>, puis des hommes ensanglant\u00e9s entrent dans sa chambre, ce qui la fait perdre connaissance. \u00c0 son r\u00e9veil, elle trouve un lit propre et d\u2019autres \u201cSauvages\u201d \u00e0 ses c\u00f4t\u00e9s, qui ne sont pas espagnols.\u00a0<\/p>\n\n\n\nLettre quatri\u00e8me<\/h3>\n\n\n\n
Zilia se trouve en route vers l\u2019Europe (ce que le lecteur devine) mais tout autour d\u2019elle lui est inconnu et nouveau. Elle est faible, malade et inqui\u00e8te. <\/p>\n\n\n\n
Elle remarque que deux \u201cSauvages\u201d ne quittent presque pas son chevet<\/strong> : l\u2019un est le Cacique<\/em> (chef), qui lui t\u00e9moigne du respect, et l\u2019autre tente plusieurs fois par jour de lui prendre la main (sans doute pour prendre son pouls), mais Zilia voit ce geste comme une superstition. Malgr\u00e9 sa faiblesse, elle trouve encore la force de nouer ses quipos<\/em>. \ud83e\udea2<\/p>\n\n\n\nLettre cinqui\u00e8me<\/h3>\n\n\n\n
Du temps a pass\u00e9, et Zilia explique que ses pers\u00e9cuteurs lui ont retir\u00e9 ses quipos<\/em>, voyant que ce travail l\u2019\u00e9puisait encore plus. Ils ont fini par les lui rendre.<\/p>\n\n\n\nLes \u201cSauvages\u201d l\u2019observent avec curiosit\u00e9.<\/strong> Elle ne comprend pas pourquoi certains aliments lui sont refus\u00e9s et supporte mal d\u2019\u00eatre retenue dans son lit. Pourtant, elle voit bien qu\u2019ils font tout pour la garder en vie. \ud83d\udc40\u00a0<\/p>\n\n\n\nElle s\u2019interroge sur leurs croyances religieuses : elle n\u2019a pas vu de culte rendu au Soleil<\/strong>, et se demande alors s\u2019ils v\u00e9n\u00e8rent les femmes. Leur mani\u00e8re de la traiter avec soin lui donne l\u2019impression d\u2019\u00eatre elle-m\u00eame une sorte de divinit\u00e9 pour eux.<\/p>\n\n\n\nLettre sixi\u00e8me<\/h3>\n\n\n\n
Zilia commence par \u00e9voquer une nouvelle surprise terrible : on l\u2019a enfin autoris\u00e9e \u00e0 se lever, et elle a pu apercevoir l\u2019ext\u00e9rieur par une fen\u00eatre. Elle comprend alors qu\u2019elle est sur un bateau<\/strong>, en pleine mer, et donc tr\u00e8s loin de son pays, de sa culture, et surtout d\u2019Aza. \u26f5<\/p>\n\n\n\nCette r\u00e9v\u00e9lation la plonge dans le d\u00e9sespoir. Elle \u00e9voque l\u2019envie de se jeter dans l\u2019eau pour \u00e9chapper \u00e0 sa douleur.<\/p>\n\n\n\n
Lettre septi\u00e8me<\/h3>\n\n\n\n
Zilia raconte qu\u2019elle a tent\u00e9 de se jeter \u00e0 la mer, mais que les \u201cSauvages\u201d l\u2019ont arr\u00eat\u00e9e \u00e0 temps. Elle confie qu\u2019\u00e0 ce moment-l\u00e0, sa raison n\u2019avait plus de force face au d\u00e9sespoir : elle ne voyait plus de valeur \u00e0 sa vie et avait m\u00eame oubli\u00e9 l\u2019amour d\u2019Aza. <\/p>\n\n\n\n
Honteuse de son geste, elle observe autour d\u2019elle un changement d\u2019atmosph\u00e8re : les Sauvages paraissent joyeux<\/strong>. Elle les voit danser, crier et boire une liqueur rouge. Elle ne comprend pas ce culte sans lien avec le Soleil ni avec les rites qu\u2019elle conna\u00eet. \ud83d\udd7a<\/p>\n\n\n\nElle remarque cependant que le Cacique<\/em> ne participe pas \u00e0 cette agitation. Depuis sa tentative de suicide, il se montre encore plus respectueux et attentionn\u00e9 envers elle. Le regard qu\u2019il lui porte lui rappelle celui d\u2019Aza, ce qui la trouble. Elle semble deviner qu\u2019il est attir\u00e9 par elle.<\/p>\n\n\n\nLettre huiti\u00e8me<\/h3>\n\n\n\n
Le Cacique<\/em> encourage Zilia \u00e0 regarder de nouveau par la fen\u00eatre, ce qu\u2019elle redoute. Il lui tend un objet qu\u2019elle ne conna\u00eet pas (une longue-vue) et elle aper\u00e7oit enfin la terre. Cette vision la soulage profond\u00e9ment. <\/strong>Par des gestes qu\u2019elle commence \u00e0 comprendre, le Cacique<\/em> lui fait savoir que le navire se dirige vers cette terre, ce qui explique les r\u00e9jouissances de la veille.\u00a0<\/p>\n\n\n\nZilia interpr\u00e8te cette terre comme faisant encore partie de l\u2019Empire d\u2019Aza, puisque le Soleil l\u2019\u00e9claire aussi. Cette id\u00e9e la r\u00e9conforte : elle esp\u00e8re \u00e0 nouveau le retrouver. \u2600\ufe0f<\/p>\n\n\n\n
Lettre neuvi\u00e8me<\/h3>\n\n\n\n
Zilia commence \u00e0 comprendre quelques mots <\/strong>dans la langue des Sauvages. Elle apprend que le nom du Cacique<\/em> est D\u00e9terville, qu\u2019ils voyagent sur un vaisseau<\/em>, et que la terre o\u00f9 ils se rendent s\u2019appelle France<\/em>, un nom qu\u2019elle n\u2019a jamais entendu dans le royaume d\u2019Aza. \ud83e\udd14<\/p>\n\n\n\nConvaincue qu\u2019elle va bient\u00f4t revoir son fianc\u00e9, elle imagine qu\u2019Aza devra combler D\u00e9terville d\u2019honneurs et de richesses pour l\u2019avoir prot\u00e9g\u00e9e et ramen\u00e9e vers lui. Elle plaisante presque en disant que le Cacique <\/em>se comporte comme son esclave, tant il est attentif \u00e0 elle.<\/p>\n\n\n\nMais une situation troublante se dessine : D\u00e9terville lui fait r\u00e9p\u00e9ter des mots dans sa langue, avec douceur et insistance, comme \u201coui, je vous aime\u201d ou \u201cje vous promets d\u2019\u00eatre \u00e0 vous\u201d, qu\u2019elle dit sans en comprendre le sens. Lui semble ravi.<\/p>\n\n\n\n
Lettre dixi\u00e8me<\/h3>\n\n\n\n
Zilia raconte leur arriv\u00e9e sur cette terre inconnue, qui s\u2019av\u00e8re \u00eatre une ville construite au bord de la mer (probablement Marseille). Elle observe avec \u00e9tonnement l\u2019architecture tr\u00e8s diff\u00e9rente de celle de son pays.<\/p>\n\n\n\n
Elle vit une exp\u00e9rience troublante en se heurtant \u00e0 un miroir<\/strong>, croyant voir une autre pr\u00eatresse. Cela souligne le d\u00e9calage entre sa culture et ce nouveau monde. \ud83d\ude05<\/p>\n\n\n\nD\u00e9terville continue de prendre soin d\u2019elle : il lui a donn\u00e9 une China<\/em> (servante), ainsi que d\u2019autres personnes pour l\u2019assister. Zilia d\u00e9couvre peu \u00e0 peu les codes de cette nouvelle soci\u00e9t\u00e9<\/strong>, tout en restant perdue face \u00e0 ce monde inconnu.<\/p>\n\n\n\n